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gue, fur qui je vous prie, tomberoit le ridicule?Cet impertinentBouffon fe trouveroit dans le même cas que l'Auteur des Remarques fur le Chef-d'Oeuvre. Examinons encore quelques droits de ces Remarques, qu'il a fans doute crû les meilleurs endroits de fonLivre. Je fuis perfuadé qu'il s'eft bien applaudi lui-même, lorfqu'il a défini ce que c'eft qu'une chemife (a) pour fe mocquer de l'Editeur des Oeuvres de Defpreaux, qui a fait une remarque pour expliquer ce que c'eft qu'une fontange. Mais il a fait voir par là fon peu de fens & de jugement. Car il n'y a perfonne en Europe qui ne fçache ce que c'eft qu'une chemile; au lieu que la fontange étant un ajustement de mode, qui a pris fon nom de la perfonne qui l'a inventé ; ce mot doit être expliqué en faveur des étrangers,. & des François même qui déja ne l'entendent point. Un des principaux devoirs. des Commentateurs, c'eft d'expliquer tout ce qui dépend des Mœurs, des Coûtumes, &c. Si on avoit fait des remarques femblables à celle-ci fur les Auteurs François qui ont écrit du tems de nos Peres, on nous auroit donné des lumières

(4) Pag. 87.

que nous n'avons pas, & qui nous empêchent d'entendre plufieurs endroits de ces Auteurs. Quel avantage ne tireroiton pas de ces fortes de remarques, from en avoit fait fur les Ecrivains Grecs & Latins, dans le tems qu'on fçavoit ce que c'étoit que les coûtumes ou les ajuftemens dont ils parlent? Combien de volumes nos Commentateurs ne font-ils pas obligé de confulter pour nous en donner quel qu'idée ? & l'utilité de leurs recherches ne mérite-t'elle pas qu'on leur en fçache gré? Cet Auteur ne pouvoit donc pas mieux faire connoître fon mauvais goût, qu'en turlupinant une chofe férieufe & qui n'eft fufceptible d'aucun ridicule?

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Voici un autre endroit où en bouffonant il a découvert fon ignorance dans la Langue Latine, auffi - bien que fon peu de difcernement. Après avoir dit (a) que dans an des Vers de fa Chanfon la derniere fyllabe du mot qui finit ce Vers

doit

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Vers fuivant,

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il cite Horace où l'on trouve des exemples de cette efpece de Verfification. Il rapporte enfuite la Chanfon que M. Per(4) Pag. 70. 71

rault fit pour la tourner en ridicule ; & ajoute que fi cet Académicien avoit vû le Chef-d'Oeuvre, qu'on donne aujourd'hui au Public, il auroit appris à respecter_dans Horace une chose qu'un excellent Poëte François n'avoit pas dédaigné de mettre en œuvre. Veut-il railler ici Horace? Mais où eft le fondement de fa raillerie? Entend-il mieux la Langue d'Horace qu'Horace même?Ne devroit-il pas fçavoir que chaque Langue a fes ufages, & que ce qui eft bon, ou même élegant dans une Langue, seroit mauvais & infupportable dans une autre ? Pourquoi compare-t'il donc une faute groffiere, une ridiculité d'une Chanfon du Pont-neuf, avec des Vers qu'Horace a compofez en Latin, conformé-ment au génie de fa Langue, & avec une délicateffe admirée de tous les Connoiffeurs de fon fiécle ? Le trait qu'il rappor te de M. Perrault, n'eft pas un de ceux qui ont fait le plus d'honneur à cet Académicien.M. Perrault ne fçavoit point de Grec, & n'entendoit que médiocrement le Latin mais il a pris à tâche de décrier les Anciens, & d'exalter les Modernes ; & cela fuffit à l'Auteur des Remarques pour adopter tout ce qu'ila dit & devenir le finge de ce que Perrault avoit de plus mauvais.

:

Quelle extravagance ne fait-il pas paroître en difant (a) que fa Chanfon du Pont-neuf eft parfaitement conforme aux préceptes que nous a donné Horace dans fon Art Poëtique? Ces regles, fondées fur la raifon même, ont toujours été admirées, & le feront tant que le bon-fens fubfiftera dans le monde. Cependant el les n'ont pû échaper aux bouffonneries de l'Auteur des Remarques fur leChef-d'Oeuvre de l'Inconnu. Où eft le plaifant de cela? A-t'il deffein de nous dire que ces regles ne valent rien? Si fon but été de rendre ridicule le Matanafe qui fait cette remarque, il a fort bien réuffi. Mais il me permettra de l'en regarder comme l'Auteur. On n'ira jamais s'imaginer qu'il ait eu envie de critiquer les Commentateurs, qui ont fait avec juftice ces mêmes remarques fur les écrits des Anciens. Car il eft tres-poffible qu'ils les ayent faites à propos. S'il avoit envie de ridiculifer ceux qui les ont mal adoptées, il devoit faire voir que le morceau qu'il commentoit avoit une parfaite reffem-. blance avec quelques Ouvrages des Anciens qu'on a commentez; que fes remarques font precifément les mêmes que celles qu'on a faites fur ces Ouvrages ; & (4) Fage 197. & fuivantes.

qu'il les donne auffi à propos, ou auffi mal-à-propos que les Commentateurs l'ont fait. C'eût été une Critique vive & raifonnée de ces Commentateurs; au lieu. qu'il n'a fait qu'une fade raillerie, qui n'eft capable que de faire rire les laquais, les pages, & les Libraires qui vendent

fon Livre.

L'Ouvrage d'ailleurs eft d'une longueur infupportable. On a mefuré les pages pour augmenter le volume & le prix. C'eft ce qui me fait croire que quelques Libraires Hollandois, ou peut-être Allemands (qui à l'imitation des Libraires François fe piquent aujourd'hui de Bel efprit) ont part à fon Ouvrage, ou du moins à la groffeur du Volume.

La Differtation où l'on met Homere & Chapelain en parallele, eft dans le même goût que les Remarques fur le chef-d'Oeuvre. On a eu raifon de les joindre, car jamais deux Ouvrages ne fe reffemblerent mieux & ne furent plus dignes d'aller de compagnie. Il feroit bien difficile de décider lequel eft le plus mauvais. Ces fortes d'Ecrits deshonorent les Lettres en faifant voir qu'il fe trouve parmi ceux qui les profeffent des gens qui ont l'efprit fi mal fait, & le goût fi dépravé. On ne peut imaginer autre chofe en lifant cette Dif

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