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nanie, obtint la permission de se retirer à Zante (1). Tel fut le résultat de la campagne des Turcs dans l'Acarnanie et l'Étolie, où Mavrocordatos venait de nommer Marc Botzaris stratarque de la Grèce occidentale, quand il reçut des dépêches du comte Métaxas, qui l'informait du résultat de sa mission auprès du congrès de Vérone.

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La lettre d'André Métaxas, écrite d'Ancône, le 15 janvier 1823, contenait, parmi une foule de lieux communs, certaines observations dignes d'être rapportées. «< Dans ma correspondance avec les mi«nistres des augustes souverains réunis à Vérone, <«< écrivait-il, en parlant de la situation politique et militaire de la Grèce, ainsi que des exploits << des Hellenes combattant sous l'étendard de la « Croix, j'ai évité soigneusement toute expression susceptible de pouvoir être qualifiée de séditieuse <<< et d'incendiaire. Le sénat m'avait chargé d'expo«ser les griefs, les besoins des Hellènes, et de dé<«<fendre leurs droits. Malheur à moi si je les avais <«< soutenus avec des armes propres au mensonge «et à l'erreur; j'ai dû témoigner, et j'ai témoigné <«< la vérité. J'ai fait le mieux qu'il m'a été possible,

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(1) On l'y vit paraître avec autant de plaisir que le buste du lord haut- commissaire Maitland. Mais comme on n'avait pas de sentinelles pour éloigner le public, il dut en partir, et, après avoir erré dans plusieurs îles de l'Heptarchie, se retirer sur l'écueil de Calama, où il vecut l'objet des 'anathèmes de l'église qui l'a rejeté de son sein. Il se trouvait en 1824 auprès d'Omer Brionès, mais il est probable qu'il ne tardera pas à recevoir le châtiment dû à ses forfaits.

«< car il n'était pas en mon pouvoir de m'élever à la << hauteur de mon sujet. Que n'aurais-je pas donné << pour posséder le génie et le talent de l'éloquent « Athénagore! A défaut de ses moyens, si un vif désir de servir la patrie avait pu y suppléer, j'au<< rais sans doute réussi (1).

(1) Que ferons-nous de la Grèce? Que ferons-nous de Constantinople? se demandaient, dit-on, les diplomates réunis à Vérone. La réponse la plus simple et la plus naturelle à ces questions ambigues aurait été de dire: Faites de Constantinople ce qu'elle a été, ce qu'elle doit être, c'est-à-dire un trône chrétien, indépendant, et vous ne serez plus embarrassés de faire de la Grèce ce qu'elle doit être, ce qu'elle ne devait jamais cesser d'être, une nation européenne, légalement libre et politiquement indépendante. Cessez de mentir à votre conscience en défigurant le motif de la cause nationale des Grecs, qui est essentiellement celle du christianisme et de la civilisation européenne. Renoncez à l'idée de représenter comme dangereuse aux souverains une insurrection sacrée, et tout évangélique!

Dans vos théories fallacieuses la nation grecque n'est comptée pour rien; personne ne l'interroge, aucun de vous ne daigne consulter ses besoins, ni embrasser ses intérêts. Seule, isolée, attaquée même par quelques lâches chrétiens, elle verse son sang par torrents; tandis que vous proclamez l'abolition de la traite des nègres, disons le mot, vous cherchez à remettre les Grecs sous le joug du successeur des caliphes. Pourquoi avez-vous refusé d'entendre les envoyés des Hellènes? Il eût été moins inique de les faire renfermer dans les cachots de Mayence. Là on les aurait interrogés à huis-clos; ils auraient parlé; et la vérité, qui plus d'une fois a retenti du fond des prisons, aurait peut-être produit quelques grandes conversions. Voy., pour l'éclaircissement de cette question, une brochure intitulée: Lettre Messénienne, sur l'intervention des puissances alliées dans les affaires de la Grèce. Paris, 1824.

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«Eh quoi! des individus, parce qu'ils occupent quelques postes éminents parmi les hommes, et prêts comme eux à devenir la pâture des vers, << sans penser qu'ils auront à rendre compte à « Dieu de leur passage sur la terre, ont osé nous représenter aux monarques chrétiens comme des « Carbonari? Hélas! Dieu en est témoin! il n'y «< a peut être pas trente personnes en Grèce qui sachent, dans le sens qu'on l'entend, ce que c'est << que cette secte, dont le peuple même ignore le

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«<< nom.

Il n'existe point parmi nous de ces esprits inquiets qui peuvent tout souffrir excepté le repos, <«<et qui ont besoin de troubler l'ordre public des <«< états! mais je dois vous dénoncer les complots « des ennemis du genre humain, qui veulent nous << enlever, comme ils l'ont déjaravie aux Parguinotes, « jusqu'à la consolation de mêler nos cendres avec «< celles de nos aïeux. A la faveur de leurs calomnies, ils sont venus à bout d'empêcher les rois << pasteurs des peuples de la chrétienté de nous << tendre une main secourable. Ils vont oser plus <<< encore : frémissez! ils vont intriguer auprès du Grand-Seigneur pour tâcher de vous porter le « dernier coup.

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<«< Si on peut vaincre l'orgueil du Sultan, on « vous proposera une amnistie; on vous don<<nera de l'argent, des terres, en vous promettant « des garanties pour votre existence et votre for«< tune. Si vous acceptez, vous êtes perdus!..... A «peine vos tyrans auront ressaisi le pouvoir, que

«<vous ne pourrez plus sortir de la Grèce; et, ce « qu'ils vous auront accordé, ils le reprendront avec «usure. Enlevés à vos familles, vous serez bientôt après transportés comme esclaves dans l'Asie-Mi<«<neure, en ne laissant sur le sol paternel que vos «eufants pour les faire élever dans la servitude la «<plus abjecte, afin de les parquer et d'en user « comme on le fait des nègres dans les colonies. Ces «créatures infortunées, qui formeront une espèce «dégradée, deviendront la propriété des barbares, «et seront rangées au nombre des animaux exclu<< sivement attachés à la glèbe.

<< Tel est le plan projeté par des maîtres impi« toyables, et tel est le sort qui vous attend si vous «<fléchissez. Ne frémissez-vous pas d'horreur à une

pareille idée? Et, pour vous la rendre plus sen«<sible, ramenerai-je vos regards sur l'affligeant ta<<< bleau des maux que vous avez endurés? Vous mon<«<trerai-je l'humanité dégradée par la servitude; la «vie rendue à charge par la barbarie de vos maî<< tres; le luxe et la décadence de ces lâches maho« métans; l'arbitraire de leurs pachas; leurs dépré<< dations?

«O Grèce, comment a pu ton antique et majes<«<tueux vaisseau résister à un si long orage? .... Elle « a été ébranlée, elle a chancelé, elle tombait, notre «< chère patrie, si le Seigneur, le seul miséricor«< dieux, ne l'eût pas soutenue.

<< Bénissez son bras puissant; et, en vous rappelant ce que vous étiez hier, jugez des bienfaits « de Dieu par ce que vous étes aujourd'hui. Vous

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étiez esclaves, il vous a rendus libres. Voudriez« vous donc transiger avec vos anciens maîtres et « redevenir leurs esclaves?

« De tous les biens dont l'Éternel combla l'homme « créé à son image, le premier, c'est la liberté, sa «jouissance est son besoin le plus impérieux. Vous << l'avez prouvé en résistant, non à des hommes, << mais aux tigres altérés de sang qui ont dévasté <«<l'île de Chios. Que dis-je? ce n'est ni le sang que «<les Turcs ont répandu, ni les plaies que leurs mains impies ont faites à notre patrie que je veux attester «< contre leur barbarie, c'est eux-mêmes !

«Les voyez-vous? ils se déchirent; soldats, généraux, ministres, monarque, ils s'égorgent; ils <<< nagent dans une mer de sang; on ne distingue <«<leurs physionomies qu'à la lueur des incendies. <«< Autour d'eux, parmi eux, dans leurs cités, au << sein des campagnes, tout n'est que brigandage, «< meurtre, immoralité, anarchie, et ils n'invoquent <«< le ciel, ils ne lui adressent leurs prières que pour << demander la mort des chrétiens. Mais, diront les «<instigateurs qui vous approcheront, les Turcs ne << se sont livrés à tant excès que parce qu'ils ont <<< trouvé de la résistance. S'ils n'avaient pas craint « pour eux-mêmes, si le succès..... Comme si la << Providence pouvait trahir la cause de la religion « et de l'humanité!

« Ainsi les augustes souverains, trompés par de << faux rapports, car il est probable que nos lettres << ne sont pas venues à leur connaissance, nous << abandonnent à nos propres moyens. Qu'ils nous

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