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Bretagne et du consul Meyer, qui méditaient la ruine

des Hellènes.

Ainsi l'Épire, naguère au moment de s'affranchir, passait de nouveau sous le joug de ses oppresseurs. Déja l'Acrocéraune était entrée en arrangement avec les Turcs par l'entremise des Anglais; Mavrocordatos reguéait l'Achéloüs, qu'il n'aurait jamais dû passer; et les Souliotes, livrés à eux-mêmes, ne voyaient plus que des ennemis victorieux autour de leurs montagnes, quand sept tatars ou courriers, expédiés de Khourchid pacha au vaivode de Prévésa, annoncèrent l'entrée de l'armée de Mehemet Dramali en Morée, la reprise de l'Acrocorinthe par les Turcs, la dispersion du sénat des Hellènes, le renversement de ses nouvelles institutions, et l'arrivée de l'escadre du capitan pacha

à Patras.

La Grèce retombait dans les fers. Cette nouvelle communiquée officiellement au consul d'Angleterre Méyer, à Prévésa, par le vaivode Békir Dgiocador, fut envoyée au général qui commandait à Corfou à la place de sir Th. Maïtland, d'où elle retentit dans la Selléide, et bientôt après par toute la chrétienté.

Une joie barbare éclata parmi les Turcophiles, qui voulaient que l'holocauste des chrétiens fût entier. Des ordres inhumains émanés du Pandémonion de Corcyre, défendirent de recevoir aucun Grec dans les lles Ioniennes : tous étaient condamnés à périr. Ainsi on avait vu, l'année précédente,

repousser des mêmes rives une foule de pélerins, sujets de l'empereur Alexandre, revenant de la Palestine, qui, aussi mal accueillis à Trieste qu'à Corfou, durent à la charité du comte Golowkin, qui se trouvait à Vienne, d'être tolérés sur les terres inhospitalières d'Autriche et de pouvoir rentrer dans leur patrie. Cette fois on écarta des bords de la Tauride ionienne jusqu'aux fugitifs de Chios, qui n'avaient pour recommandation que les larmes

et la voix du malheur.

CHAPITRE IV.

Odyssée diffamé. Tentatives de Khourchid pacha pour le

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corrompre. Le sénat des Hellènes se prépare à occuper Nauplie. Méhémet Dramali passe les Thermopyles. Troubles et massacres à Athènes. Odyssée est rappelé au commandement de l'armée. Plan des Grecs contre les Osmanlis. Marche insensée des barbares.

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· Leurs succès. Mort de Kyamil bey. - Reddition honteuse de l'Acrocorinthe. -Achille, qui l'avait abandonnée, se tue. Résolution des insurgés. Mesures de défense qu'ils adoptent. — Entrée des mahométans dans l'Argolide. - Dispositions respectives des parties belligérantes. — Belle conduite de D. Hypsilantis. — Nauplie débloquée. — Combat d'Argos.—Bombardement de la citadelle Larissa. Ordre de brûler Nauplie,

resté sans exécution. - Arrivée de Colocotroni à l'armée.

et des défilés de la Ordre de harceler les Turcs. Combat du 20

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Les Grecs s'emparent de l'isthme Corinthie. août. Retraite et déroute des infidèles; - leurs désastres;

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sont battus de toutes parts. - Translation du gouvernement hellénique à Astros.

LE serasker Khourchid pacha, informé de ce qui se passait aux Thermopyles, avait profité des dissensions survenues entre Odyssée et D. Hypsilantis, pour le succès de l'entreprise qu'il méditait. Persuadé que le soldat n'a point de morale, et qu'il s'attribue le droit de propriété sur tout ce qu'atteint son glaive dévastateur, en même temps qu'il promettait le pillage de la Grèce à son armée, il s'appliquait à diviser les chrétiens, en semant parmi

eux le doute et la suspicion. Ainsi, tandis que ses émissaires secrets accusaient à Corinthe le fils d'Andriscos du meurtre de Palascas et d'Alexis Noutzas, il faisait par d'autres voies répandre le bruit que leur soi-disant assassin, tel qu'un autre Coriolan, demandait à passer sous ses drapeaux pour venger l'injure faite à son nom. Odyssée, ajoutaient quelques-uns de ses agents, avait vendu son épée à Khourchid pacha au prix de deux mille bourses, de façon qu'il ne se passait pas un jour sans qu'un bruit, plus ou moins mensonger, ne tendît à décréditer, à avilir et à perdre celui que les Turcs avaient le plus grand intérêt à priver de la confiance des Hellènes.

On faisait, à ce sujet, des versions non moins erronées dans les îles ioniennes, où le système de tyranniser ses contemporains pour fonder dans l'avenir des jours prospères était érigé en principe, parce que l'esprit dominant des hommes d'état de notre siècle se fonde sur cette erreur que les plans qu'ils enfantent ne doivent jamais finir. Agissant comme ces laboureurs qui traceraient des sillons pour des saisons que le soleil n'éclaire pas encore, on prétendait que les gens qui aspiraient à une régénération, soin qu'ils auraient dû léguer à leur postérité, pour ne pas déranger certaines combinaisons de l'amour-propre, allaient enfin payer la peine de leur présomption, et on ne craignait pas, tant on était sûr des moyens qu'on avait employés, de fixer le terme fatal de l'insurrection à la campagne de l'année 1822. Alors renaissaient les beaux

jours de la Turquie; le despotisme vainqueur allait régner sur des ruines et rendre pour des siècles à la Hellade dépeuplée, la paix des tombeaux.

Odyssée était un traître, un transfuge; tous les Grecs, des brigands ou des lâches! Au milieu de ces bruits, précurseurs de la tourmente, le ministère et le sénat des Hellènes, croyant à l'accomplissement de la capitulation qui devait leur ouvrir les portes de Nauplie, étaient descendus à Argos avec cet empressement inconsidéré d'hommes plus avides de jouir d'un succès, que de songer à s'assurer les avantages qu'ils avaient obtenus. Vainement, avant de s'éloigner, on avait fait de nouvelles tentatives auprès de Kyamil bey, ancien toparque de la Corinthie, pour découvrir ses trésors; le rusé mahométan continuant à protester qu'il avait dépensé tout ce qu'il possédait à la défense de Tripolitza, on l'abandonna à la merci d'un Chiliarque qui avait ordre de le surveiller et de vaincre son obstination.

On avait également laissé, faute d'argent pour l'approvisionner, l'Acrocorinthe à la garde d'Achille, prêtre de l'église orthodoxe, homme brave, mais sans expérience dans l'art militaire; enfin D. Hypsilantis, qui aurait dû rester à ce poste important, partit lui-même pour se rendre dans l'Argolide. Et dans quel moment? on ne peut se le dissimuler : lorsqu'une armée turque était à la veille de passer le Sperchius, et quand l'isthme de Corinthe était abandonné à la garde des dervendgis, de Mégare.

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