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nir dans une entiere retraite; & qui n'ayent befoin de s'occuper faintement aux œuvres exterieures de charité. Elles divertiffent faintement l'efprit qu'une entiere folitude rendoit languiffant, & étant bien réglées, elles fervent à le préferver de la corruption du monde, n'y ayant rien qui puiffe plus contribuer à faire méprifer l'éclat & les plaifirs de la vie, que la vûe continuelle des miferables. Et c'est pourquoi auffi ceux qui aiment les aifes évitent autant qu'ils peuvent ces objets qui leur font defagréables; parcequ'ils les avertiffent des miferes de ce monde; dont il eft impoffible qu'ils ne voyent qu'ils font menacés.

SUR L'EVANGILE

DU V. DIMANCHE

E

D'A PRES

PASQUE

EVANGILE. Jean. 16. 23.

il

N ce tems-là, JESUS dit à fes Dif ciples: Oui, je vous le dis & je vous en affure; Si vous demandez quel que chofe à mon Pere en mon nom, vous le donnera. Jufques ici vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez & vous recevrez, afin que votre joie foit pleine & parfaite. Je vous ai dit ces chofes en paraboles. L'heure vient en laquelle je ne vous entretiendrai plus en paraboles, mais je vous parlerai ouvertement de mon Pere. En ce jour-là vous demanderez en mon noms je ne vous dis point que je prierai mon Pere pour vous; car mon Pere vous

7.24.

que

aime lui-même, parceque vous m'avez aimé, & vous avez cru que je fuis forti de Dieu. Fe fuis forti de mon Pere, & je fuis venu dans le monde : maintenant je laiffe le monde, & je m'en retourne à mon Pere. Ses Difciples lui dirent: vous parlez dès maintenant tour ouvertement, & vous n'ufez d'aucunes paraboles. Nous voyons bien à préfent que vous favez toutes chofes, & que vous n'avez pas besoin que personne vous interroge, c'est pour nous croyons que vous êtes forti de Dien.

I.

EXPLICATION.

cela

que

J Apôtres dans cet Evangile, que for
Efus Chrift, après avoir affuré fes

Pere leur accorderoit tout ce qu'ils lui
demanderoient en fon nom, leur reproche
enfuite de ne lui avoir jamais rien de-
mandé, en cette maniere: Ufque modo
non petiftis quidquam in nomine meo. Il nous
découvre par là la caufe de l'imperfection
des Apôtres pendant fa vie mortelle. Ils
étoient fujets à beaucoup de défauts: mais
tous ces défauts avoient caufe com-
pour
mune & génerale l'imperfection de leurs
prieres. Il leur marque même en particu-
lier l'une de ces imperfections, qui eft

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qu'ils ne demandoient rien au nom de
Jefus-Chrift, quoique ce foit le moyen
d'obtenir l'effet de leurs prieres. Chacun
peut tirer la même confequence de tous
les fiens. Car s'il fe trouve sujet à quanti-
té de foibleffes, s'il eft peu ferme dans la
vertu, s'il fe fent dépourvu des graces de
Dieu, il faut qu'il y ait de l'imperfection
dans fes prieres, qu'il ne prie pas affez,
ou qu'il ne prie pas comme il faut. Si un
Roi puiffant, & qui eût des trefors iné-
puifables, s'étoit obligé d'enrichir tous
ceux qui s'adrefferoient à lui, & qui lui
demanderoient de quoi foulager leur
pauvreté, on pourroit conclure furement,
quand on verroit quelqu'un dans l'indi-
gence, qu'il ne s'eit donc pas adreffé au
Roi, & qu'il n'a pas eu recours à fa bon-
té. L'Evangile de ce jour nous donne lieu
de tirer la même confequence à notre
égard. Car puifque Jesus-Chrift nous y
promet que fon Pere nous accordera tout
ce que nous lui demanderons en fon
nom, ne s'enfuit-il pas que fi nous fom-
mes pauvres, imparfaits & dépourvûs des
biens de la grace, c'est que nous ne les
demandons pas comme il faut. Ainfi tous
nos défauts & toutes nos imperfections
nous avertiffent du défaut & de l'imper-
fection de nos prieres. Vous ne recevez pas, Fac. aå
dit l'Apôtre faint Jacque, parceque vous

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demandez mal. Et c'est la premiere réflexion que toutes nos miferes nous doivent porter à faire. Nous devons donc tou jours en chercher la caufe dans notre peu d'ardeur à la priere, & le remede en pu rifiant nos prieres des défauts que nous y mêlons, & qui en empêchent l'effet.

II. Jefus Chrift nous marque un de ces défaits dans cet Evangile, qui eft qu'on ne prie pas en fon nom. Ce qui empêchoit les Apôtres de le faire, eft qu'ils n'étoient pas encore parfaitement inftruits de ce qui étoit renfermé dans la foi du Médiateur, & de la néceffité de s'appuyer uniquement fur lui, & non fur foi-même. C'étoit une connoiffance que JefusChrift avoit differé de lui donner jusqu'après fa refurrection. Mais ce n'eft pas cette connoiffance fpéculative qui nous manque, c'eft la pratique de cette connoiffance. Car ce n'eft pas la pratiquer que de dire à Dieu fimplement de bouche, qu'on lui demande quelque grace au nom de Jefus-Chrift. Il faut que ces paroles foient accompagnées d'une difpofition effective & interieure, qui confifte à être pleinement dépouillé de toute confiance en foimême, à être profondément convaincu de fon indignité, & à avoir en même tems une grande confiance en JefusChrist, qui nous porte à nous adresser à

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