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insensible aux injures et n'évitait-il que les échecs. Ses adversaires n'étaient pas même des ennemis pour lui; s'il se croyait faible, il leur cédait sans honte; s'il était puissant, il les emprisonnait sans haine. Richelieu avait tué ceux qui s'opposaient à lui; Mazarin se contenta de les enfermer. Sous lui, l'échafaud fut remplacé par la Bastille. Il jugeait les hommes avec une rare pénétration, mais il aidait son propre jugement du jugement que la vie avait déjà prononcé sur eux. Avant d'accorder sa confiance à quelqu'un, il demandait; «< Est-il heureux ? » Ce n'était point de sa part une aveugle soumission aux chances du sort; pour lui, être heureux signifiait avoir l'esprit qui prépare la fortune et le caractère qui la maîtrise. Il était incapable d'abattement et il avait une constance inouïe, malgré ses variations apparentes. Si le cardinal de Richelieu, qui était sujet à des accès de découragement, était tombé du pouvoir, il n'y serait pas remonté; tandis que Mazarin, deux fois fugitif, ne se laissa jamais abattre, gouverna du lieu de son exil, et vint mourir dans le souverain commandement et dans l'extrême grandeur. MIGNET.

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L'élève fera, sur le morceau suivant, un devoir récapitulatif sur la place des compléments et sur l'emploi des auxiliaires. Il analysera à cet effet tous les verbes en italiques.

Prophétie de Joad

Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ?
Quel est dans ce lieu saint ce pontife égorgé ?
Pleure, Jérusalem; pleure, cité perfide,
Des prophètes divins, malheureuse homicide:
De son amour pour toi, ton Dieu s'est dépouillé ;
Ton encens à ses yeux est un encens souillé.

Où menez-vous ces enfants et ces femmes ?
Le Seigneur a détruit la reine des cités :
Ses prêtres sont captifs, ses rois sont rejetés;
Dieu ne veut plus qu'on vienne à ses solennités :
Temple, renverse-toi; cèdres, jetez des flammes.
Jérusalem, objet de ma douleur,

Quelle main en un jour t'a ravi tous tes charmes?
Qui changera mes yeux en deux sources de larmes
Pour pleurer ton malheur?

Quelle Jérusalem nouvelle

Sort du fond du désert brillante de clartés,
Et porte sur le front une marque immortelle ?
Peuples de la terre, chantez:

256. Le parfait défini exprime une action tout à fait achevée, dont les circonstances sont déterminées.

Compère le renard se mit un jour en frais,

Ex: Et retint à dîner commère la cigogne. LA FONTAINE. Je vis hier une chose assez singulière, quoiqu'elle se passe tous les jours à Paris. MONTESQUIEU.

257. Le parfait indéfini s'emploie pour exprimer un fait passé dans un temps non écoulé ou indéterminé.

FENELON.

Ex: Le roi m'a nommé aujourd'hui archevêque de Cambrai.
J'ai été enrhumée ces jours-ci, et j'ai gardė ma chambre.
Mme de SEVIGNÉ.

En comparant les trois premiers temps passés, on reconnaît que l'imparfait est le temps qui convient à un tableau, le parfait défini à un récit soutenu, et le passé indéfini à la conversation.

REM.: Comme le présent s'emploie pour un futur prochain, le parfait indéfini s'emploie pour le futur antérieur. Avez-vous fini votre tâche ?

J'ai fini dans un instant.

258. Le parfait antérieur et le plus-que-parfait expriment tous deux une action achevée avant une autre; mais il y a cette différence qu'avec le parfait antérieur la succession est immédiate, tandis qu'avec le plus-que-parfait, elle est indéterminée.

Ex: A peine eus-je parlé, qu'il s'éleva dans l'assemblée un bruit sourd. FENELON. Ma gaîté témoignait que j'avais vécu seul tout le jour; j'étais bien différent quand j'avais vu de la compagnie. J.-J ROUSSEAU.

259. Le futur s'emploie à la 2a personne du singulier pour exprimer un commandement.

Ex: Israël, tu n'auras point d'autre Dieu que moi, dit l'Éternel sur le Sinaï.

Jérusalem renaît plus charmante et plus belle.
D'où lui viennent de tous côtés

Ces enfants qu'en son sein elle n'a point portés ?
Lève, Jérusalem, lève ta tête altière;
Regarde tous ces rois de ta gloire étonnés;
Les rois des nations, devant toi prosternės,
De tes pieds baisent la poussière;
Les peuples à l'envi marchent à ta lumière.
Heureux qui, pour Sion, d'une sainte ferveur
Sentira son âme embrasée !

Cieux, répandez votre rosée,

Et que la terre enfante son Sauveur !

EMPLOI DES MODES ET DES TEMPS

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RACINE.

Dans le morceau suivant, les verbes à l'infinitif doivent être au présent de l'indicatif comme exprimant des actions habituelles avec une affirmation positive. L'élève devra faire l'accord avec le sujet.

Les castors

Les castors (commencer) par s'assembler au mois de juin ou de juillet pour se réunir en société; ils (arriver) en nombre et de plusieurs côtés, et (former) bientôt une troupe de deux ou trois cents: le lieu du rendez-vous (être) ordinairement le lieu de l'établissement, et ce (être) toujours au bord des eaux. Si ce (être) des eaux plates, et qui se (soutenir) à la même hauteur comme dans un lac, ils (se dispenser) d'y construire une digue; mais, dans les eaux courantes, et qui (être) sujettes à hausser ou à baisser, comme les ruisseaux, les rivières, ils (établir) une chaussée; et, par cette retenue, ils (former) une espèce d'étang ou de pièce d'eau qui (se soutenir) toujours à la même hauteur. La chaussée (traverser) la rivière comme une écluse, et (aller) d'un bord à l'autre ; elle (avoir) souvent quatre-vingts ou cent pieds de longueur sur dix ou douze pieds d'épaisseur à la base. Cette construction (paraître) énorme pour des animaux de cette taille, et (supposer) en effet un travail immense; mais la solidité avec laquelle l'ouvrage (être construit) (étonner) encore plus que sa grandeur. L'endroit de la rivière où ils (établir) cette digue (être) ordinairement peu profond; s'il (se trouver) sur le bord un gros arbre qui puisse tomber dans l'eau, ils (commencer) par l'abattre pour en faire la pièce principale de leur construction. BUFFON.

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Le maître demandera à l'élève de peindre sur ce modèle le retour des hirondelles et la construction de leurs nids, ou bien le travail des fourmis, des abeilles, des vers à soie, etc.

260. Les verbes devoir, aller, venir s'emploient, en quelque sorte, comme des auxiliaires devant les infinitifs pour exprimer certaines nuances des temps futurs ou passés.

Je dois partir demain futur certain.

Il va tomber

Il vient de sortir

futur prochain.

passé peu éloigné.

20 Le conditionnel

261. Tandis que le mode indicatif exprime un fait réel, certain pour celui qui parle, le mode conditionnel indique une supposition, une probabilité.

Ex:

Si tu n'avais servi qu'un meunier comme moi,
Tu ne serais pas si malade.

L'aigle, si vous sortez. fondra sur vos petits.
Obligez-moi de n'en rien dire ;

Son courroux tomberait sur moi. LA FONTAINE,

262. De même que le futur correspond à une condition marquée par si suivi du présent de l'indicatif, le conditionnel correspond à une condition marquée par l'imparfait.

Ex: Je partirai ce soir s'il fait beau.

Je sortirais avec vous si j'en avais le temps.

263. Le conditionnel s'emploie, en outre, pour exprimer un souhait, un désir. Aussi peut-on rendre le conditionnel présent par l'imparfait du subjonctif et le conditionnel passé par le plus-que-parfait.

.....

Je voudrais, m'en coûtât-il grand'chose,

Pour la beauté du fait, avoir perdu ma cause. MOLIÈRE.
Le galant en eût fait volontiers un repas.

LA FONTAINE,

264. On emploie le conditionnel au lieu de l'indicatif pour paraître moins affirmatif, moins tranchant. Je voudrais est moins dur que je veux; je ne saurais est plus conciliant que je ne puis. Tout ce que vous prêchez est, je crois, bel et bon; Mais je ne saurais, moi, parler votre jargon. MOLIÈRE.

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Dans le récit ci-après, les verbes seront au présent pour rendre les faits plus frappants et exciter plus d'intérêt. L'élève les fera accorder avec le sujet.

La retraite de Moscou

Le 6 novembre 1812, l'azur du ciel (disparaître). L'armée (marcher) enveloppée de vapeurs froides. Ces vapeurs (s'épaissir); bientôt c'est un nuage immense qui (s'abaisser) et (fondre) sur elle en gros flocons de neige. Il (sembler) que le ciel descende et se joigne à cette terre et à ces peuples ennemis, pour achever notre perte. Tout alors (être) confondu et méconnaissable; les objets (changer) d'aspect on (marcher) sans savoir où l'on (être), sans apercevoir son but; tout (devenir) obstacle. Pendant que le soldat (s'efforcer) pour se faire jour au travers de ces tourbillons de vents et de frimas, les flocons de neige, poussés par la tempête, (s'amonceler) et (s'arrêter) dans toutes les cavités; leur surface (cacher) des profondeurs inconnues, qui (s'ouvrir) perfidement sous nos pas. Là, le soldat (s'engouffrer), et les plus faibles, s'abandonnant, y (rester) ensevelis. Ceux qui (suivre) (se détourner), mais la tourmente leur (fouetter) au visage la neige du ciel et celle qu'elle (enlever) à la terre; elle (sembler) vouloir avec acharnement s'opposer à leur marche. L'hiver moscovite, sous cette forme, les (attaquer) de toutes parts; il (pénétrer) au travers de leurs légers vêtements et de leur chaussure déchirée. Leurs habits mouillés (se geler) sur eux; cette enveloppe de glace (saisir) leurs corps et (roidir) tous leurs membres. Les malheureux se (trainer) encore, en grelottant, jusqu'à ce que la neige, qui (s'attacher) sous leurs pieds en forme de pierre, quelque débris, une branche, ou le corps de l'un de leurs compagnons les fasse trébucher et tomber. Là, ils (gémir) en vain; bientôt la neige les (couvrir); de légères éminences les (faire) reconnaître : voilà leur sépulture! PH. DE SEGUR.

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Dans le tableau ci-après, l'élève mettra à l'imparfait de l'indicatif tous les verbes dont l'infinitif est en italiques, et il les fera accorder avec le sujet.

La simplicité d'autrefois

Nos ancêtres ne (savoir) point se priver du nécessaire pour avoir le superflu, ni préférer le faste aux choses utiles: on ne les (voir) point s'éclairer avec des bougies, et se chauffer à un petit feu : la cire (être) pour l'autel et pour le Louvre (1). Ils ne (sortir) point d'un mauvais dîner pour monter dans leur carrosse; ils (se persuader) que l'homme (avoir) des jambes pour marcher, et ils (1) Alors résidence des rois.

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