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EDME CHAMPION. Esprit de la Révolution française. Paris, C. Reinwald,

1887.

Un jugement à reviser. Revue bleue, 23 février 1889. ALEXIS BERTRAND. Le texte primitif du Contrat social. Paris, Alphonse Picard, 1891.

A. CHUQUET. J.-J. Rousseau (Hachette, collection des Grands Écrivains français. 1893).

LETTRES CHOISIES DU XVII® SIÈCLE

Principale édition.

Choix de lettres du xvire siècle, publiées avec une introduction, des notices et des notes par M. G. LANSON. Paris, Hachette, 1890.

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N. B. Ce recueil dispensera généralement les étudiants d'avoir recours aux éditions complètes de chaque auteur,ou les y renverra, au besoin.

Ouvrages de critique à consulter.

Paul Albert. Le genre épistolaire chez les anciens, chez les modernes: LA PROSE, p. 386-435, Paris, Hachette.

GASTON BOISSIER. Cicéron et ses amis. Paris, Hachette, 1865, Introduc

tion.

Madame de Sévigné, dans la collection des Grands

Écrivains français. Paris, Hachette, 1888.

R. VALLERY-RADOT. Madame de Sévigné. Paris, Lecène et Oudin, 1888. LE COMTE D'HAUSSONVILLE. Madame de la Fayette, dans la collection des Grands Écrivains français. Paris, Hachette, 1891.

G. LANSON. L'Introduction et les Notices de l'édition ci-dessus.

LETTRES CHOISIES DU XVIII® SIÈCLE

Principale édition.

Choix de lettres du xvII° siècle, par M. G. LANSON. Paris, Hachette, 1891 (qui fait suite au précédent avec les mêmes qualités).

Ouvrages de critique à consulter.

GUSTAVE MERLET. L'étude sur la correspondance de Voltaire, cidessus. Études littéraires, tome II, p. 552-591.

G. LANSON. L'Introduction et les Notices de l'édition ci-dessus.

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JEAN-JACQUES ROUSSEAU

LETTRES DU XVIIe ET DU XVIIIe SIÈCLE

CHANSON DE ROLAND

-

I. FAITS HISTORIQUES.

La Chanson de Roland, et les traditions historiques. Éginhard. L'Astronome Limousin. Si l'épopée a le privilège de charmer l'enfance ou la jeunesse des peuples, on ne saurait nier que la France, elle aussi, et plus qu'aucune autre nation moderne, ait entendu la voix de la Muse héroïque. En effet, durant les temps qui furent l'aurore du moyen âge et de la société féodale il y eut une telle floraison de poésie guerrière et chrétienne, chevaleresque et galante, féerique et romanesque, que la critique achève à peine de s'orienter parmi la masse de ces poèmes dits, dès le XIIe siècle, chansons de Geste, dont le nombre est d'une centaine et dont l'étendue va de mille ÉTUDES LITTÉRAIRES. II. - - 1

à vingt mille vers. Ils gravitent autour des noms idéalisés par l'enthousiasme populaire, et se ramènent à ces trois groupes dits du cycle français, du cycle breton et du cycle antique, que le trouvère Jean Bodel d'Arras distinguait déjà, en ces termes, au début de sa Chanson des Saxons (XIII° siècle) :

Ne sont que III matières à nul homme antandant
De France et de Bretaigne et de Rome la grant.

Mais ce n'est pas ici le lieu d'agiter les problèmes qui intéressent cet épanouissement touffu de poèmes indigènes 1. Il nous suffira d'observer que chaque grande famille, chaque province, chaque race eut ses héros, et qu'au-dessus de ces figures em pruntées à des légendes locales grandit et finit par dominer celle de Charlemagne, et que de toutes les chansons dont ses gestes ou hauts faits furent le centre, la plus mémorable est celle de Roncevaux.

Elle fut inspirée par le retentissement prolongé d'un fait his. torique, du moins s'il faut en croire ce que raconte le vieux chroniqueur Angilbert, dans une page des Annales qu'on a longtemps attribuées à Eginhard. La voici traduite du latin original : « L'an du Christ 777, Charlemagne était à Paderborn, lorsque l'émir Ibinalarabi vint se présenter à l'empereur, avec d'autres Sarrasins ses compagnons, pour lui faire don de sa personne et des cités que le roi des Sarrasins avait confiées à sa garde. L'année suivante, cédant aux conseils des Sarrasins, et entrainé par l'espoir bien fondé de conquérir une partie de l'Espagne, Charlemagne rassembla son armée, et se mit en marche. Il franchit la cime des Pyrénées, dans le pays des Gascons, attaqua d'abord Pampelune, dans la Navarre, et reçut la soumission de cette ville. Ensuite il passa l'Ebre à gué, s'approcha de Cæsaraugusta (Saragosse), capitale de cette contrée, emmena les otages que lui offraient Ibinalarabi, Aubuthaur et quelques autres chefs, puis revint à Pampelune. Il en rasa les murs jusqu'au sol pour que ses habitants ne pussent se révolter. Alors, résolu au retour, il

1. On trouvera un résumé de l'état actuel de la philologie et de la critique sur les principaux d'entre eux, dans le Précis historique et critique de la littérature française par M. Eugène Lintilhac, t. I, 2o éd., p. 40-59 (Paris, André-Guédon).

FAITS HISTORIQUES.

3

s'engagea dans les défilés des Pyrénées; mais les Gascons s'étaient placés en embuscade au sommet des monts. Ayant assaillí l'arrière-garde, ils jettent l'armée tout entière dans une grande confusion. Les Francs semblaient supérieurs par l'armement et la valeur; mais le désavantage des lieux et la nouveauté d'un combat trop inégal causèrent leur défaite. Dans cette affaire périrent la plupart des officiers du palais (aulicorum) chargés par le roi du commandement des troupes; les bagages furent pillés, et l'ennemi, favorisé par la connaissance qu'il avait du pays, se dispersa aussitôt de toutes parts. Un si cruel revers obscurcit presque entièrement dans le cœur du roi la joie des succès remportés en Espagne 1. »

D'ailleurs Eginhard lui-même, dans la Vie de Charlemagne, son maitre, avait narré ainsi le désastre : « Tandis que l'armée, dans un étroit défilé, se trouvait forcée de marcher sur une seule ligne, longue et mince, les Gascons, embusqués sur la crête des montagnes, où l'épaisseur des forêts favorise les surprises, fondirent en courant sur la queue des bagages et les troupes d'arrière-garde. Ils les culbutèrent au fond de la vallée, et là se livra une bataille où les Francs furent anéantis jusqu'au dernier.... Dans ce combat périrent Eggihard, maître d'hôtel du roi, Anselme, comte du Palais, Roland, préfet de la marche de Bretagne (Hruodlandus Britannici limitis præfectus), et beaucoup d'autres 2. » On ne saurait donc nier un événement attesté par des témoignages si précis dont l'authenticité ne paraît pas douteuse, et par un deuil universel dont la douleur fut si profonde qu'un autre chroniqueur, l'Astronome Limousin, pouvait dire :

Je me dispense de citer les noms de ceux de l'arrière-garde royale qui furent tués à cette même montagne, parce qu'ils sont connus de tous 3 ».

Le désastre de Roncevaux,

la légende populaire.

Les anachronismes de Ajoutons qu'une tradition constante place le théâtre de cette défaite à Ronceveaux, en Espagne, à deux pas de notre frontière, sur la route qui va de Pampe

1. Édition de la Société de l'Histoire de France, t. I, p. 170 (Vie de Charles). 2. Vie de Charles, t. I, ch. 1x, p. 31.

3.

Nomina, quia vulgata sunt, dicere supersedi.» (Vita Hludovici II, 608, dans les Scriptores de Pertz.)

lune à Saint-Jean-Pied-de-Port 1. Déjà, près de deux siècles auparavant, en 635, un des douze lieutenants de Dagobert envoyé par lui contre les Gascons qui pillaient l'Aquitaine, avait succombé pareillement, non loin de ce défilé, dans la vallée de Subola ou Mauléon. Plus tard, en 812, au lendemain d'une expédition en Espagne, Louis le Débonnaire faillit aussi être surpris dans ces gorges néfastes. Enfin, en 824, ces mêmes montagnards écrasèrent les ducs Èble et Asinaire qui avaient voulu châtier leurs continuelles déprédations.

Tous ces griefs se confondirent bientôt en un seul, celui qu'illustrait la grande mémoire de Charlemagne : car le peuple aime à simplifier ses souvenirs par des anachronismes où se complaisent ses oublis et ses ignorances. Grâce à la même illusion, l'instinct national ne tarda pas à falsifier les circonstances du drame lointain qui avait ému le cœur de la France. Sous le coup de l'effroi causé par les invasions musulmanes, on s'était habitué à ne voir que des Sarrasins dans toute armée embusquée derrière les Pyrénées; et l'idée fixe du péril présent ou prochain préoccupa tellement les esprits, qu'ils attribuèrent à l'ennemi permanent le guet-apens de Roncevaux. Cette erreur s'accrédita d'autant mieux que l'idée de la croisade germait déjà dans les foules. Lors même que le poète aurait su la vérité, il se serait bien gardé de la dire; car ses auditeurs n'eussent pas voulu l'entendre. Pour les émouvoir, il fallait réveiller leurs colères et prêcher la revanche. A la veille du jour où la guerre sainte allait éclater, le rapsode ne pouvait donc que préluder aux belliqueux sermons de Pierre l'Ermite. Voilà pourquoi son chant devint un appel aux représailles qui prétendaient écraser les vautours dans leur nid et détruire Mahomet au siège même de son empire.

Ubiquité de Roland. - Il devint l'Achille chrétien du moyen âge. C'est ainsi que se joue le caprice de la légende; elle aime à exalter et à transfigurer les humbles. Tandis que l'ombre s'épaissit sur les héros historiques dont l'apparition a ébranlé la terre, et que le silence pèse sur les exploits d'un Sésostris, d'un Cyrus, d'un Attila ou d'un Gengis-khan, la fantaisie de la

1. En 1794, les Français renversèrent un monument élevé par les Espagnols, à Roncevaux, en mémoire de cette victoire lontaine.

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