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Jadis labouroye,

A par moi houoye,
Et seulet plantoye
En ses terres fermes;

De riens paour n'avoye,
Brigans ne voyoye,

Ne point je n'oyoye

Le bruit des gens d'armes,

Lances ou guysarmes,
Mais moines et carmes,
Bourgeoises et dames
Tousjours rencontroye.
Las! bon temps j'avoye,
Dont adès lermoye

A mout chaudes lermes.

(Martial de Paris, Vig. de la M. de Ch. VII.)

Pleurant à grosses larmes

Sans tenir autres termes.

(Ch. norm. anc.)

Qui tare a, guare a.

(Le Péd. joué, II, 2, p. 34.)

3o I se change en e (ou ei), rarement en u.

A l'ore de meie nuit.

(S' Bern.)

Lors fiert de grand angoisse pleine

Son espée dans sa poitrine.

(R. de la Rose, vs. 9052.)

De bon vin payez chopine

C'est bon loyer pour la peine.

(01. Bass. p. 19.)

Le roy, scachant vos peines,

Vostre tourment

Fait arrêter Conchine

Tout promptement.

(Ch. sur la mort du marq. d'Ancre, 1607. Recueil Z, p. 56.)

Ton humeur est, Cathereine,

Plus aigre qu'un citron vard;

On ne sait qui te chagreine, etc. (1).

(Reproch. à Catherine; Ch. et chans. popul.)

4° U en i; Ex.: himeur, liméro (humeur, numéro).

Elle teignoit en rouge le brignon.

(Rec. des poèt. III, 339.)

Cf. limingon et lumignon.

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Lorsque tu me fais la meine'
De ce que j'aime Colas
Et que ton himeur chagraine
S'oppose à tous nos ébats.

(Rép. aux reproch. à Cather. Ch. et chans. popul.)

TRANSFORMATION D'UNE VOYELLE EN DIPHTthongue.

1° E en eu:

Em preu.

(Th. fr. au moy.-âge, Buchon, p. 120.)

J'ai trouvé le gîte du glieuve (2)

Mais le glieuve n'y était pas,

Le matin, quand il se leuve,

Il emporte tous les draps, etc.

(Ronde du pays angevin.)

E sonne-t-il eu, ou eu e dans ces vers de la chanson de Roland (Mull. vs. 676.)

E dist al rei : « Salvez seiez de Deu!

De Sarraguce ci vos aport les clefs. » (3) `

(1) Cf. Péd. joué, II. 2. La vegne de la Courtille (p. 32); ous faites tant de menes

(p. 34); ce n'estet encore qu'une varmene (p. 36).

(2) Cf. le Péd. joué, p. 37 : deux glieues.

(3) Cf. Hug. Salel, liv. V, p. CLV, trefve, abreuve.

2° 0 en ou:

Que tu escriz souvent en rithme et prose ;
Par ce te pry que ta main se dispouse, etc.
(Jeh. Lem. Dédicace, p. 1, col. 2.)
Laisser le bon, ouster le superflu.

3o U en cu:

(Id. id. col. 4.)

Qui (Sichée) les cruels autels, sauvegardes mal seures,
Luy monstre avec les mains, sanglans de ses blesseures.
(Les Dél. de la poés. p. 145.)

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1° Ai en a; pament, vrament pour paiement, vraiement.

Je ne trouve d'exemples de cette transformation que dans quelques expressions rustiques des comédies de Cyrano de Bergerac (') ou de Molière. C'est ainsi que j'aimaisse (amassem) est devenu j'aimasse, et déclairer déclarer, et braisier brasier.

Et le braisier beuvard.

(Jeh. de Montl. p. 42.)

Ses vaisseaux elle embraise

Et des encensemens mêle parmi la braise.
(Jeh. de Montl. p. 222.)

(1) Qu'en fera-je de dix?

(Le Péd. joué, II, 2, p. 33.)

Hé! vrament oui.

(Le Péd. joué, II, 2, p. 38.)

2o Au en a:

La dame

En choisist un, odorant comme basme.
(Hug. Salel, Iliad. VI, p. CCVII.)

3o Eu en u:

<< Et dit-on de plus qu'ayant ramassé tous les bonnets des morts, elle se monstrait ici avec un rouge, là avec un blanc, ailleurs avec un gris ou un blû. » (Hre de Carcass, aux arch. de Carcassonne, cité par Bull. du bouq.) 4° Ou en 0:

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V. Chap. V, p. 49 où j'ai démontré l'attribution du son eu à la voyelle u.

V. TRANSFORMATION D'UNE TRIPHTHONGUE EN UNE AUTRE

TRIPHTHONGue.

Eau en iau:

Vela un biau vaissiau.

(Le Péd. joué, II, 2, p. 34.)

(1) Cf. sarqueu et sarcou, feu et fou, etc. et les terminaisons normandes en ur, bourguignonnes en or.

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