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Ensi disoit Huon, ly damoisiaulx faitis.

(Hug. Cap. vs. 35.)

VI. TRANSFORMATION D'UN SON MOUILLÉ EN UN SON

NON MOUILLÉ.

1° Ail en al :

Adorable copie et dont l'original

N'est que d'or et d'azur, d'ébène et de coral.

(Desmar. Les Visionn.)

2° Euil en eu:

Au verger eut daims et chevreulx

Et aussi beaucoup d'escureulx.

(R. de la Rose, p. 47.)

VII. TRANSFORMATION D'UNE LIQUIDE EN VOYElle.

1 L en i; Ex.: Empiastre, il pieuvait (emplâtre, il pleuvait). Usité surtout dans la partie du département de Loir-et-Cher qui avoisine la Sarthe.

« Plaisir : aujourd'huy quelques-uns en font piasir. » (H. Est. Précell. p. 202.)

VIII. TRANSFORMATION D'UNE LIQUIDE EN UNE AUTRE.

1° N en l; Ex.: trombole, velin (trombone, venin). Dragons, serpens, crapaus, tous velins et ordures.

(Le Déb. du Corps, p. 62.)

C'est ainsi qu'aner (adnare) est devenu aller et orphenin, orphe

lin, et qu'on dit en blaisois caler pour caner.

2o Lenn, et réciproq. Ex.: caneçon, luméro ou liméro.

Dit's à ma tante que son n'veu

A éu l'liméro deux.

(Le conscrit de Corbeil.)

Et l'on redira les hauts féts
D'une charmante hospitalière

Sauvée par un calonnier francé.

(G. de la Landelle, dans l'Etoile, journal de l'ouest, du

6 juin 1873.)

3° R en 1; Ex.: colidor, poltrait, pallement.

<< Je vous envoie le poltrait de la ville ou je suis. » (Ltre de Henri Placé, soldat de l'arrond' de La Flèche, Sarthe, en envoyant à ses parents une vue de Magdebourg, où il était prisonnier. Vu à la montre de Coudray père, encadreur à La Flèche, le mardi 28 février 1871.)

C'est ainsi que plurier est devenu pluriel et peregrin (peregrinus) pélerin (').

« Les règles ne s'opposent point qu'un mot qui a un singulier n'ait aussi un plurier. » (2) (Nelles obs. quest. VI.)

IX. TRANSFORMATION D'UNE LIQUIDE EN CONSonne.

1° Renz et s et récipr.

D'euvre qui fust si maleuseuse. (3)

(M. du S. d'Orl. vs. 16868.)

De le presse qu'il font fut grande la pourrière.

(Hug. Cap. vs. 3539.)

V. M. du S. d'Orl. p. 89, musailles (murailles); vs. 7247, vois

(1) Voir Brachet, Dict. Etym., pag. LXXVI, et Turneb. 344. 60.

(2) Cf. Prendray-je un autre cristère?

(Mire P. Path.)

Cf. passim dans les auteurs du moyen-âge Challes (Charles), paller (parler), uller (hurler), etc.

(3) Maleuseuse me semble signifier ici malheureuse, et n'est point, comme on pourrait s'y tromper, le féminin de maleuseur (maluseur, qui usc mal):

Encontre gens diffamateurs
Maleuseurs, larrons, decepveurs.

(M. du S. d'Orl. vs. 18300.)

(voir); vs. 16869, désiz (désirs); vs. 12052, rebouz (rebours); vs. 4271, 4505, 4996, plaisa (plaira).

X. TRANSFORMATION D'UNE CONSONNE EN UNE AUTRE.

1o B en p, (') et réciproq.

«S'il faut écrire absinte ou apsinte avec un p. » (Nelles obs. p. 21.)

« L'èkspédia t'apsolu qu'y adopt' lé z'apsurd z'opticie toucha l'acsion d'eu l'activité dès axidan z'accessoir z'a bie dè z'objècsio zopscurz' à egzaminé; pour moè, j'egzalt'san z'opstacl lè bauté etc. (Bibl. des Enf. p. 234.) par une opération inverse que capriole est devenu cabriole. (Cf. Cyr. de Berg. contre les Sorc. p. 105.)

C'est

Réciproquement en changeant p en b on dit coube (couple) accoubler; tribe, tribler; quadrube, quadrubler, etc.

2° Men b:

Sy comme la flambe de leur cuisine monstroit.

3o C en g:

(Trés. des hist. ch. VII; Biblioth. de Valenciennes.)

Et pour savoir de son père en segret.

(J. Peletier, Odiss. I. ch. I. p. 10.)

<«< Pourquoi donc ces messieurs sont-ils si scrupuleux à l'égard des mots drachme, second, absolu, etc., qu'ils n'oseroient écrire dragme, segond, apsolu? » (Bibl. des Enf. p. 217.)

« J'eu n'ègzamine poên... Jeu m'apstie da mo n'egzil; j'optiē par ceu moïïen l'egzercis familié, etc.» (Bibl. des Enf. p. 234. - Cf. Wailly, p. 416.)

4 D en g, très commun en blaisois, toutes les fois que d est suivi de deux voyelles dont la première est un i; Ex. : I'n'eume ni quieu, ni guidbe. (V. IV partie, des dentales D, T, Règ. 2o p. 232.)

(4) Cf. Quintil. I, 7; Turneb. 877, 47.

Parguié, monsigneur Ventremille,
L'on ne voit que nous à la ville.

(Le remerciement et harangue des paysans de Sarcelles à Meneur de Vintimille leur archevesque, etc., Aix, 1732.) 5o Ten q ou k, très commun en blaisois dans les terminaisons en tien, tier, tière, tion, tiot; Ex.: chrétien, métier, laitière, j'étions, petiot, pron. : keurquian, mékier, léquiéere, j'ékions, pequiot, etc. (V. IVe partie, des dental. D, T; du T, Règ. I, p. 232.) C'est de la noblesse à Maquieu Furon.

(Le Ped. joué, II, 2, p. 34.)

6o X en s. Escuse, esploit pour excuse, exploit

K'il desirst l'esploit d'altrui.

(St Bern. p. 569. Cf. Rois. p. 244.)

En composition populaire, ex devient toujours es. Cf. le latin de ex devenu en français dès.

XI. TRANSFORMATION D'UNE VOYELLE EN Consonne.

Cette transformation est rare dans les substantifs. Je ne connais que brégement pour breiement (broiement), nom dérivé de bréger, plus usité que breyer (broyer). Néger, (') usité quelquefois en place de néier (noyer) n'a pas laissé de substantifs dans le dialecte, où l'on emploie néiade, équivalent au fr. noyade et néie, ou mieux néye, fosse d'un jeu de boule où les boules vont se perdre, se noyer. Quelques autres verbes, employés surtout dans les parties du Blaisois qui touchent au Berry ou au Maine, comme éméger, séger pour éméier (émoyer), séier (soyer-scier) n'ont pas de substantifs dérivés de la forme en ger, bien que je n'oserais pas affirmer n'apas entendu émégement pour émoi.

voir

C'est ainsi que brayette diminutif de braie, tend à devenir ou plutôt est devenu de nos jours braguette. En revanche, nous avons

(1) Cf. le Péd. joué, p. 49 : C'est ly qui s'alit néger à la grand mare.

une tendance très marquée à transformer baguette en bayette, ce qui semblerait attester que la métamorphose de l'y en g dur dans brayette est provoquée par la présence de l'r dans la syllabe immédiatement précédente. Cf. sur la prononciation du g allem. en i, Jans-Ganz, Phil. Chasles, Ét. sur l'All. p.

XII. FIGURES DE PHONÉTIQUE.

21.

Le dialecte blaisois s'éloigne du français, non seulement par l'application aux mots usités dans l'un et l'autre idiôme d'une prononciation différente, mais encore par l'emploi de certaines figures de phonétique, dont les principales sont la synérèse, la diérèse, l'épenthèse, l'apocope, l'aphérèse, la syncope, la métathèse, l'attraction.

I. SYNÉRÈSE: Flau (fléau), péezan (paysan).

Ainsi, mon gentil Belleau,

De l'ignorance le fleau.

(Est. Pasq. II. 217.)

Car qu'eust peu lors savoir le paisan apelé
Avecques le bourgeois confusément meslé ?
(Vauq. de la Fr. Art poétiq. p. 74.)

Et la bonne paysanne, apprenant mon désir.
(L'école des Femmes, I, 1.)

Voir même scène : Je sais un paysan... (sans synérèse.)
II. DIÉRÈSE : Aïde, aïder (aide, aider). J'haïs (je hais.)

Se je l'aïde a desserrer.

Ne par moi n'i aurez aïe.

(R. du Ren. vs. 629 et 2577.)

Amy, ne t'en esbaby;

Mon jugement et ma plume

Sont forgez dessus l'enclume

D'une que j'aime et hay.

(Est. Pasq. au Lecteur.)

« Ah! Jupiter! ayyde! hé! pourquoi souffrez-vous qu'il me soit fait un

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