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tel affront! Ayyde! hé! se peut-il rencontrer sous la calotte des cieux une plus malheureuse que moy? ayyde. » (La Rencontre de Gros Guill. avec G. Garguille.)

III. ÉPENTHÈSE: Estatue, esquelette (statue, squelette):

J'ay ce Testament très estable

Faict de dernière voulenté.

(Fr. Villon, Gr. Test. X, pag. 45.)

<<< Selon notre coutume qui met un e devant les mots qui commencent par un s (l'auteur devrait dire par deux consonnes dont la premiére est un s) nous disons estude, esprit, espée, Espagne, et ainsi des autres mots, quoique nous nous soyons heureusement défaits d'estatue et d'estupide, que les Provençaux retiennent encore. » (Sarrazin, opinion du nom et du jeu des eschecs, p. 261.)

Tous les mots de formation populaire dont la racine commence par deux consonnes dont la première est un s, ont pris en français l'e épenthétique. Scabeau (Marot. ps.) et scadron (Du Bellay), après une courte lutte, sont devenus définitivement au XVIe siècle escabeau et escadron. Escorpion (J. Mol. p. 194. Le Calendrier) n'a pas survécu. Cf. Cur. inouies, p. 255 et 485.

L'épenthèse a encore lieu par l'interposition du son e (eu) entre deux consonnes dont la seconde est une des liquides r ou 7; Ex.; peupelier, perions, berouette (peuplier, prions, brouette.)

C'est paine pour la chamberière
De la porter hors de ce lieu.

(Fr. Villon, p. 314.)

« A l'égard des silabes ions dans prions, crions, publions, etc. et des silabes ier dans sanglier, meurtrier, etc., l'usage qui veut qu'on en fasse deus paroit bien établi à cause des deux consonnes consécutives dans la même silabe; ces deus consones font que l'on est forcé de prononcer en trois silabes fisiques perions, kerions, pubelions, etc., et en quatre les mots sanguelier, meurterier, etc., quoique l'e muet n'y soit point écrit. » (Biblioth. des Enf. p. 168.)

On ajoute aussi un r dans renchardissement, subst. du verbe renchardir pour renchérir.

IV. APHÉRÈSE. L'aphérèse est le retranchement d'une aspiration, d'une lettre ou d'une syllabe initiale :

Cette funeste défaite d'Huguenots.

(Cur. in. p. 124.)

Je sors donc de ma chambre, hâté de cette escorte.

Hâté se doit aspirer.

(Not. de Malh. sur Desp.)

Très aut et très noble prince.

(Lett. de Rois, I, p. 206.)

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Comment les lices et les chaffaulx du champ sont le siège de la croix. (Cérim. des gages de batailles, pag. 20.)

Le crime fait la honte et non pas le chafaud.

(Lettre de Ch. Corday; arch. de l'Empire, hôtel Soubise.)

Le masle de l'épervier est appelé mouchet.

V. SYNCOPE.

(H. Est. Précell. p. 131.)

C'est la suppression d'une syllabe médiale :

Rossignoletz doux et mélodieux

Et chardonnetz d'apprendre estudieux.

(Le Maire, fol. CLXXI. v°)

Ou pas a pas le long des buissonnetz

Allois cherchant le nid des chardonnetz.

(Cl. Marot, Tom. I. p. 108.)

Les Centaures étaient animaux monstreux.

(J. de Montl. p. 695.)

VI. APOCOPE OU RETRANCHEMENT D'UNE SYLLABE FINale. Prime, preume ou preu; seg ou seug; aristo; démoc-soc, nigaud, etc.

Or faisons un jeu. Quel vieux-tu ?

-

Je commencherai volontiers

Em preu. (1)

(Li gieus de Robin, etc. Buchon, pag. 120.)

(1) Cf. avec le grec xi, so, etc. Voir Burnouf, Gr. Grecq. par 189.

Empreu et deux.

(Mire P. Path. p. 36.)

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VII. MÉTATHÈSE. Il y a deux lettres que l'on transpose en blaisois, la liquide et surtout la liquide r; quelquefois quand elles sont suivies d'un o, toujours quand elles sont suivies d'un e; Ex.: barbis, berton, queurquien, pimpernelle ou pimpeurnelle, un froumi (brebis, breton, chrétien, pimprenelle, une fourmi.)

Attendez-le, que jà venra praici.

(M. des Vierg. sag. etc. Buchon, p. 4.)

Que il monteploie et pourfite.

(J. Bodel; Buchon.)

De souffrir que mi gage

Voisent à tel povertė.

(M. de Théoph. Buchon, p. 152.)

Je ne sé si en Bertangue l'aseteront (Lett. de Ph. de Com.)
Pernez mil Francs de France notre tere.

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VIII. ATTRACTION. 1° R se change généralement en / quand

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il est suivi de cette dernière lettre.

Dieu tousjours les tourmente et grève

De soubs et sus par tot aller,
Et devant les barons paller.

(Guill. de Lorris.)

Volontiers à eux palleroient
S'il ensemble avoir les pouoient.

(St Graal, vs. 1400.)

Seigneur d'Illande. (Phil. III, roi de France; Lett. de Rois, etc. I. p. 244.)

Je vos verée, si Dieu plest, à notre pallement de la St Michiel. (Maurice de Craon, id. id. I, p. 274.)

On oit sur la nuit tarde en courroux rugissans
Les sangliers porte-seie et les ours es estables
Forcener, et les loups huller espouventables.
(J. de Montl. p. 543.)

Les hullemens affreux des mâtins d'Hécalé.
(Id. p. 223.)

2o R se change par attraction en b dans arbre; en c dans mercredi; prononcez ábre-abbre, meccredi et par métathèse mékerdi.

<< Il est vray qu'autrefois on prononçoit à la cour abre et mabre pour arbre et marbre, mais mal; aujourd'hui cela est changé, on prononce l'r; comme à plus (1) on ne prononçoit pas l'l, et aujourd'hui on la prononce. >> (Vaugelas, Rem. sur la lang. fr.)

<< Le meilleur usage est non seulement de prononcer, mais aussi d'escrire mecredy sans r, et non pas mecredi. » (Id. id.)

En cet heureux jour de lundy
J'ay sceu de ma belle inhumaine
Que je la verrois mercredy.
Amour, oste à cette semaine
L'incommode et jaloux mardy.

(Rec. des poèt. IV. 210.)

Il est aujourd'huy mecredy

Du mois de juin le XVo.

(M. du S. d'Orl. vs. 18070.)

« Le P. B. dit que l'r de mecredi ne se prononce point, et communément ne s'écrit plus. J'ai trouvé le même avis dans le livre de la politesse de la langue françoise, imprimé il y a plus de cinquante ans.» (Bibl. des enfans, 1733, p. 149.)

(1) Cf. Le Péd. joué, II, 2.

Je ne sçay pus qui je sis.

«R ne se prononce pas dans mecredi, chirugien. » (L. Chamb. p. 70, 1775.)

3° S suivi de la syllabe finale te la change par attraction en se;

Ex.: Augusse, jusse, posse, dentisse pour Auguste, juste, poste, den

tiste.

Pourquoy larron me faiz nommer?

Pour ce qu'on me voit escumer

En une petiote fuste?

Se comme toy me peusse armer,
Comme toy empereur je feusse.

(Fr. Villon, Gr. Testament, XVIII.)
Le progrès march'rue de l'Écrevisse ;
Ch'min de l'Eventail pour la fraîcheur;
Et rue des Planch's les ébénisses

Que c'est comme un bouquet de fleurs.

(Le Mans, dix minutes d'arrêt, Revue fantaisiste par V. Collodion, représ. le 8 novembre 1871.)

Y avait là des étalagisses

Des vanneurs et des charpentiers,

Enfin pour rendre à tous justice

Y avait des gens d'tous les métiers.

(Figaro, no du 30 juillet 71, pag. 3, col. 4.)

4° S, suivi de la syllabe finale me, tantôt se supprime comme dans catéchime-catéchisme, tantôt change par attraction I'm initial en s comme dans rhumatisse-rhumatisme, cataplasse-cataplasme. Cf. Rom. de la R. vs. 4177.

Pour ce est fol qui s'en aprime,

Car quand on fait bon silogisme...

S devant une consonne, c'est un phénomène bien connu, ne sonnait pas dans la vieille langue. Paste, beste se prononçaient pâte, béete. Pasquier affirme avoir entendu dans sa jeunesse prononcer

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