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Alez, vous pri, au rei Othon;

ין

Si li dites cum je l' semun. (Chr. d. d. de Norm. vs. 18144.)

Prononcez Outhoun, coume je l'semoun.

D'en sum del munt un flume sort

Qui dreit vers Oriant s'en curt.

(Chr. d. d. de Norm vs. 319.)

XVII soni, vaut bien chis contes?

Pinchedé, warde que t'empruntes.

(Jehan Bodel, Buchon, p. 183.)

Je crois également qu'il faut lire our, oure les rimes en or, ore qu'on rencontre si fréquemment au XVIIe siècle, surtout chez les écrivains bourguignons; Ex.:

Or puis avoir nom Chante-plore,

Qui de duel chante et de tristor.

Mult a Deus au monde en pou d'ore

Tolu quanqu'il avait d'onor;

Escossé en at tote flor;

Et nature ses desonore,

La ou la mors est au desore;

Et ele emporte lo meillor.

(Floire et Blancheflor, Ch. hist., I. 137.)

En effet dans les poètes du XII et du XIIIe siècle, souvent dans le même poète, les mêmes mots sont écrits tantôt en or, tantôt en our. Il y avait entre les trois principaux dialectes français pour cette terminaison différence d'orthographe; je ne pense pas qu'il y ait eu différence de prononciation. Les Picards écrivaient eur et our, les Normands ur, les Bourguignons or; (Voir Burguy, I, 17, 70.) tous disaient our, excepté les Picards, qui semblent avoir généralement préféré eu à ou, mais qui parfois néanmoins écrivaient eur et prononçaient our.

PLORE : J'en ai au cuer si grant dolour

Qu'a biau semblant souspir et plour. (Ch. hist. I. 96.)

Plourez, plourez, flour de chevalerie.

(Eust. Desch. p. 27. Cf. Ibid. 27, 44, 117, 231.)

TRISTOR: Plaine de doulour

De tristour

Et de plour,

Dame de toute langour,

Que n'est ma vie finée! (Eust. Desch. p. 151. Cf. Ibid. 66.)

ORE: Sire, je suis venu a oure et a tens garder mon jour. (Assises de Jérusal. ch. 50.)

ONOR :

FLOR:

De ci a icele oure qu'ert prise la cité.

(Gui de Bourgogne, V. 391.)

Ains l'ama de si bonne amour

Que mieux de li garda s'onour. (Ch. hist. I. 94.)
La dame est ja par la verdour,

En un vergier, cueillant la flour. (Id. id. I. 98, id.)
DESONORE: Et Jupiter sers et honnoure;

A luy sacrifier laboure. (R. de la Rose, vers 9124.)

DESORE: Une grant roche dessoure appeirt.

(Saint-Grég. livr. I. ch. 8, dans Roquef.)

MEILLOR : Ahi, amors, com dure departie

Me convenra faire de la meillor

Qui onques fust amée ne servie!

Diex me ramaine a li par sa douçour. (Ch. hist. I. 113.)

Du reste, la division admise par Burguy des trois terminaisons our, ur, or, attribuées à chacun des trois principaux dialectes est loin d'être complètement justifiée. Si Marie de France, ce charmant poète anglo-normand, écrit presque toujours ur:

Et sun Barun li respundi

Que il ot veu sun Lecheur

Qi li fist hunte et desonur. (M. de Fr. II. p. 209.)

l'auteur de la chronique des ducs de Normandie écrit le plus sou

vent or :

Mars, qui est deus de bataille,

Fu estrait de lur anceisors:

De c'unt joie, c'est lur honors. (Vs. 479.)

J'ai dit presque toujours, car Marie de France, pour ne citer ici qu'elle, bien que la terminaison en ur domine dans ses écrits, ne se fait point de scrupule, si le texte de Roquefort est exact, d'employer également les deux autres, ce qui vient à l'appui de ma thèse, que ces trois syllabes finales n'avaient qu'un seul et même son; Ex.:

Par cet Fable puvez savoer
Que nuz hum ne puit avoer
Chant e biauté tute valor;

Pregne ce qu'a pur le meillor. (M. de Fr. Fabl. 43.)

Qi si cunseillent lur Seignour,

Qi plus lur vient a deshounour. (Id. Fabl. 63.)

Ou en repos ou en dolur,

Solunc lur ævre et lur labur.

(Id. le Purgat. de Saint-Patrice, vers 147.)

On peut donc dire qu'au XIIIe siècle le son ou était représenté à la fois par les signes ou, o, u et de plus par la forme écrite ol, dont j'aurai à m'occuper plus tard. Ex.:

O et U :

Deu doint a tus cels joie d'amurs

Qui a danz Noel ferunt honors.

(Ch. du XIIIe siècl. Musée Britanniq.)

Bel compain, od vus en irrum

Et le sepulcre garderum.

Nul n'i vendra qui ne prengum,

N'il ne levera que ne l'sachoms.

(La résurrect. du Sauveur, Buchon, p. 19.)

Et sire Roger de Leyburne,

Que ca et la sovent se torne. (Ch. hist. I. 199.) OU et 0:

Sire Simoun,

Ly prodhom,

E sa compaignie

En joie vont au ciel amount

En pardurable vie. (Ch. hist. I. 209.)

OU et U Seignors, ore entendez a nus:
De loinz sumez venuz a wous

Pur quere Noel.

(Ch. du XIIIe siècl. Musée Britanniq.)

OL et 0 Trente sols! lasse! trente sols!

:

Or viendra caiens le prevoz.

(Auberée, A. Jub. Neau rec. p. 219.)

Lisez sous, prevouz. (V. Gr. de Colyng., règl. 23.)

Je m'attends ici à une objection: Si o sonnait ou, comment pouvait-on discerner les cas où il conservait son véritable son, et ceux où il empruntait le son ou?

Je vais essayer d'y répondre en formulant quelques règles, que j'appuierai par des exemples:

1° Toutes les fois que o est suivi d'un m ou d'un n dans la même syllabe, il sonne ou; Ex.: moun, toun, soun, renoum, houmme, tounnerre. (Palsgr., ch. V, pag. 7.)

Et l'ont laissé à leurs bons successeurs.

Prononcez :

Et l'oun laissé a leur boun seuksesseurs. (Id. pag. 61.) Ambition, compréhension, circonspection, démonstration; abondèrent, fondèrent; songe, mensonger; avons, donne, sont;

Prononcez Aumbicioun, counprehensioun, circounspectioun, démounstratioun; abounderent, founderent; sounge, mensounger; avouns, doune, sount. (Palsgr. p. 60, 61, 62, 63, 64.)

On le voit, cette règle est signalée par Palsgrave, et elle constate une prononciation non seulement usité au XVIe siècle, comme elle l'est encore dans une foule de mots au pays Blaisois, mais datant, il est facile de s'en convaincre d'après les citations suivantes, des origines mêmes de la langue :

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2o Toutes les fois que o est suivi ou précédé de r, il sonne et s'écrit même souvent ou. (Voir l'exemple précédent folour, amour, honour.) Ex.:

Et s'averés pain de fourment,

Bon froumage, et clere fontaine.

(Li Jus du Pelerin, Buchon, p. 112.)

Et Jalousie et malle bouche

Qui n'ayme que maulvais reprouche.

(R. de la Rose, vs. 4194.)

Je n'en seray a nul four fait. (J. Bodel, Buchon, p. 169.)

Le toict de la maison envers toy fort s'approuche,

Car tu giez sur le bas, le hault joint à la bouche;

Tu n'as membre sur toy, qui n'ait aucun reprouche.

Os, char et cuir pourrit, tu n'as dent qui ne louche.

(Le déb. du Corps, p. 57.)

Quel chiere fait-il? Triste et morne.

Et que fait-il? Sans dire mot,

Il attend que le vent se tourne. (Ch. hist. I. 361.)
Enfermés comme (en) une tour

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