Saül le quereit et pursieveit tus jurz. (Rois, XXIII.) Je note au hasard dans le même ouvrage ureisun, herneis, segreit, rei meisme, paleis, etc. Tu as parleit si com une des foles femmes. (M. s. J.) Et tes dedeins vint sor moi. (Id.) Granz est, chier freire, li sollempniteiz de la nativiteit. Ne remaint...... Ne mur, ne temple, ne paleis : De si fait damage n'orrez mais. (Id. vs. 1850.) Se li ad un pain demandei, K'il li aveit, ce dist, prestei. (M. de Fr., fabl. IV.) Que se il sun cunseil velt creire A mult bun chief en purreit treire. (Id. fabl. LXIII.) Chacun la conoetra vreye. (Peletier, 1555, dialogue de l'ortografe.) le Voir passim le Dialog. précité de Peletier, et le Trecté de la grammere francoeze de Meigret, 1550. 2o Exemples de ai représenté par e. Vous prie et seupli que les prieus faciez mettre en pésible possession et en bone pes. (Lettr. de Rois, etc., p. 178. 5 févr. 1275.) J'ai eu en ma grant nécessité afère de trois cent écus. (Lettr. de Phil. de Com.) De ses choses n'ay jusques ici fet nulle poursuite, mes en attenderay leur plesir. (Id.) Je vous prie que vous plese le croire. (Id.) En meisme l'an et en cele sésoun. (Rel. de diverses hostilités à la suite des Lett. des Rois, Reines, etc.) Se estoit en ma religion Servir a Dieu tout mon desir En cloistre par devotion Dire mes heures a lesir. (') Or m'est venue la mort sesir; Au monde n'ay point de regrẻ. Face Dieu de moy son plesir. (De Mac. des Femmes, p. 30.) C'est fait, il n'en peut eschapper. (Bonav. des Périers, l'Andrie, p. 248.) Pour me venger, je souhette L'un se changer en planette, etc. (Joach. du B. De sa peine et des beautez de sa dame.) Je trouve même un exemple de aient où la diphthongue ai est représentée par ae, de même que souvent dans les textes du moyenâge le son où est noté par oe. Qu'ele s'apercoeve que mes prieres li aet valu. (Lett. de Rois, p. 153.) Voir Marot, tom. II. pag. 309 et 351: aesles pour ailes. J'ai dit que ai sonnait non-seulement é, mais encore en mainte circonstance ée, forme écrite qui reproduit très exactement le son traînant qu'affecte cette diphthongue dans le dialecte blaisois, toutes les fois qu'elle ne termine pas immédiatement un mot. J'en (1) Comparer ce mot lesir, ainsi écrit par un é, avec le même mot dans la Chanson de Roland (I, 10): Sa costume est qu'il parole a leisir. Et dans Chron. des Ducs de Norm. N'i out del renoer leisir. (vs. 16370.) V. pleisir, id. vs. 17562. ai trouvé de nombreux exemples dans le Tome I des Lettres de Rois et de Reines. En voici quelques-uns : Vous aviez fait bon pées et accord. Et me maunderent que je me teince en pécs a grant damage. (L. d'Alphonse, baron d'Espagne, 1277.) Je vos verée, si Dieu plest, a nostre pallement. (L. de Maurice de Craon.) Mon deshonneur Se y perdroit a tousjours mais. Et comme quoy? - Pour ce qu'en Bée Il me paya subtilement. (Test' de Path. p. 201.) Conjuguez ainsi, dit Dubois en son Isagoge (1531), l'imparfait d'avoir : J'havé ou j'havée. (1) Tu havés ou tu havées Et il ajoute : « Ces terminaisons en ée, ées, éet usitées en Normandie et dans le nord de la France me paraissent préférables à celles qui sont aujourd'hui adoptées par l'usage: oi ou oie, ois, oit, etc. >> Il immole, dévot, à Neptun, dieu de l'eau, Il faudra donc bien se garder, comme l'ont fait quelques auteurs, de crier à la rime fausse, quand on rencontrera des mots dont la terminaison est aujourd'hui ouverte, rimant avec des mots à terminaison fermée. La rime était juste alors et conforme à la prononciation. (1) Rob. Estienne est le premier grammairien, qui, en son traité de la Conjugaison franç. 1542, ait signalé la terminaison de la 1re pers. des imparf. et des condit. en s. Cet usage, préconisé par Ronsard, fut d'abord facultatif. Il ne devint obligatoire qu'au XVIIe siècle. Ex.: Et Messire Florent d'Illiers Avec mes gens pres a pres (Mist. du S. d'Orl. vs. 17879.) Vous deux ensemble vous irez A Paris, et par exprez Amerez vivres a puissance, (Vous savez le besoin qui est) (') Et artillerie abondance. (Id. vs. 7892.) Lisez Illiée, prée, esprée, s'i vous plée, irée, qui ée. Voisin, ne songe en procez: On en a toujours assez. (Ol. Bass. p. 41.) Tous vos procez (J. le Houx, p. 138.) Et toy, mon pere cher, te plaise en ta main prendre A moi n'aguere issu, ce seroit forfaiture Les toucher de la main. (J. de Montl., p. 25.) Tu revestis de verdeur les forės; Tu peints de fleurs et champs et prés. (Id. p. 506.) (1) Née ne serait-il pas pour n'est en ces vers d'Eust. Deschamps, poète du XIVe siècle, (P. 152): Quand jadis fu assenée, (mariée) Honourée Et bien amée, Fors doubtée Du plus vaillant cœur que née. J'aimerais mieux cette explication que de supposer l'ellipse de riens dans cette phrase que riens née, que chose née, si souvent usitée dans le sens de qu'âme qui vive. Le vaillant Briarée et Cotte avec Gygés Gardes de Jupiter, loiaux, y sont logés. (Id. p. 84.) Mon ventre affamé abaye Comme l'oisillon qui bée. (Est. Pasq. Jeux poét. Ambition.) Et les mépris des grands Dieux immortels (') Mère des Rois, etc. (Rons. Franciade, III° ch.) La cause et la façon. (G. du Bartas, la Vocation.) Et cette prononciation d'ai et è en é fermé s'est, de l'aveu des grammairiens, prolongée dans un grand nombre de mots jusques en plein XVII siècle. « L'ai ou ay, dit le P. Chifflet, se prononce comme un é masculin en ces mots : j'ai, je sçai, aisne, lisez : J'é, je scé, éne, et en tous les ai qui terminent les futurs et les prétérits des verbes j'aimai, j'aimerai, lisez : j'aimé, j'aimeré. Mais ne prononcez pas en é masculin comme l'enseigne un grammairien, (il y avait donc encore au moins un grammairien fidèle à la prononciation du moyenâge) bréviaire, grammaire, paire. Autrement nos petits écoliers. diront: Je porte ma grand-mère dans mon sac, et à ce compte l'on dirait Deux péres de bottes. >> Pour comprendre le sel de cette plaisanterie, il faut savoir que dans père et mère l'e au XVIIe siècle était fermé, absolument comme aujourd'hui dans le dialecte blaisois. « Dans piége, liége, siége, pére, mére, frére, dit le même auteur, on pro (1) Els qui primitivement sonnait eus se prononçait depuis longtemps és: Je m'en retouray à l'ousté (hôtel) De mon bon père et de ma mère, Que vous avez cueur enhorté. (M. du S. d'Orl. vs. 7256.) Apprenez, enfans, et notez : ....Gentilshommes de bons hôtels. (Coquillart.) Quand par son poix ces corps faux et cruels Furent gisans, desrompus et tués. (Marot, 1r livr. des Métam. d'Ovide.) Cf. Belfort et Béfort. |