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12o Du temps de Pontanus, le poëme de la Nature des choses était de circon stance. L'Italie était gouvernée par une foule de petits princes qui pratiquaient la politique athée ou atomique, cent ans avant que Machiavel en eût rédigé le formulaire.

13o La première édition de ce poëme est sans date. On la suppose de 1476; la seconde est de 1486.

14o Le prétendu Lucrèce dirige tout l'effet de son poëme contre les peines éternelles. Du temps de Cicéron et de Sylla, il aurait perdu son temps. Pour les peines éternelles, il faut la résurrection des corps. Avant l'Evangile, sauf Isaïe et Job, personne n'y avait pensé. D'ailleurs, l'éternité biblique était inconnue aux Romains. Le mot æternus, chez eux, est synonyme de perpetuus.

150 Le faux Lucrèce est tellement ignorant, qu'il écrit son poëme pour réfuter la création, sortie du néant (ex nihilo nihil), tandis que jamais aucun écrivain de Rome n'avait eu cette pensée. Dieu étant alors seulement l'ouvrier du monde, et la matière étant éternelle, il est absurde de réfuter une opinion qui n'existe pas.

Suivent des considérations sur la valeur littéraire du poëme.

On le voit, c'est un réquisitoire en règle. M. du Mesnil parle-t-il sérieusement? On le dirait. Pourtant, il ne faut jurer de rien. Les jeux d'esprit sont à la mode, et le bon vin de Volnay pourrait bien avoir la vertu de faire aimer le paradoxe. Quoi qu'il en soit, il nous a semblé curieux de communiquer ces détails à l'Intermédiaire.

Qu'il me soit permis de poser ces deux questions:

1o Existe-t-il dans les œuvres poétiques et littéraires de Jean Pontanus (Giovanni Gioviano Pontano) quelque document pouvant légitimer l'hypothèse par trop fantaisiste qui attribue à cet auteur du XVe siècle la paternité du poëme de la Nature des choses?

2o La première édition de Lucrèce estelle réellement sans date? F. BOISSIN.

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omis de le copier, le quatrain reste pour moi anonyme. L'est-il pour tous les lecteurs? G. J. J.

Un vers faux de Jean Reboul. Tout le monde connaît cette ravissante élégie : l'Ange et l'Enfant, qui a fait la réputation du poëte-boulanger de Nîmes. Les œuvres de Reboul forment à peu près trois volumes in-12. Il y a là dedans des épîtres, des satires, des tragédies et même un poëme épique : le Dernier jour, qui a une véritable valeur. Mais ces productions n'ont pas dépassé le cercle restreint des amis du poëte. Il n'en est pas de même de l'Ange et l'Enfant. Cette pièce a une renommée européenne. Un puriste me fait pourtant remarquer qu'elle contient, à la seconde strophe, un vers horriblement défectueux, grammaticalement parlant. Le voici :

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Un ange au radieux visage,

Penché sur le bord d'un berceau,
Semblait contempler son image,
Comme dans l'onde d'un ruisseau.

Charmant enfant qui me ressemble: Disait-il, oh! viens avec moi;

Viens, nous serons heureux ensemble, La terre est indigne de toi.

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Il est de fait que ce premier vers pèche contre la langue et contient une faute de grammaire. Qui me ressemble est pour : Toi qui me ressembles. En ce cas, la rime n'existerait plus avec ensemble. · Reboul a-t-il eu conscience de cette irrégularité et s'est-il sciemment permis une licence poétique? Nous ne le pensons pas. On trouve bien, il est vrai, dans les anciens traités de versification et dans nos poëtes du XVIIe siècle, principalement dans Corneille, des exemples de la suppression de l's, à la deuxième personne de l'indicatif présent de certains verbes. Ainsi je croi, je voi, je reçoi, pour je crois, je vois, je reçois; mais nous ne connaissons ni règle ni exemple qui autorisent le poëte à supprimer l's dans les verbes de la première conjugaison. Jamais, que je sache, on n'a dit tu ressemble, tu tremble, tu honore. Le Courrier de Vaugelas, si compétent sur ces matières, pourrait peut-être lever la difficulté.

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Reste à savoir si le vers de Reboul est bien authentique, et s'il n'a pas subi dans son itinéraire classique quelque altération. Ce qui nous le ferait supposer, c'est que nous trouvons dans le Havrais (2o année, no 11, en date du 3-7 janvier 1869) cette poésie l'Ange et l'Enfant, reproduite avec une variante. On lit, en effet, ainsi la seconde strophe:

Charmant enfant pour qui je tremble,
Disait-il, oh! viens avec moi;
Viens, nous serons heureux ensemble:
La terre est indigne de toi.

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« Old England! » — Pourquoi l'enthousiasme anglais se traduit-il toujours par le cri de: Hurrah pour la vieille Angleterre!

En tant que nation, l'Angleterre est loin d'être la plus vieille des nations modernes; elle doit compter près de quatre cents ans de moins que la France.

Je sais bien qu'à un moment il y a eu, de par le monde, une nouvelle Angleterre; mais il y a longtemps déjà que les deux sœurs ont rompu tous liens de parenté. Cependant le Old England existe toujours de l'autre côté de la Manche.

Remarquez, en outre, que le Français, lorsqu'il parle de sa patrie avec un sentiment de fierté ou d'admiration, dit : « La belle France! Le doux pays de France! Le gai pays de France! - La jeune France!» toutes phrases exclamatives qui donnent de notre pays plutôt une idée de jeunesse et de beauté, que de respectability.

Faut-il penser que le Français n'aime sa patrie que comme on aime une maîtresse, et que l'Anglais aime la sienne comme on aime une mère? BRUNO.

Le cinname de V. Hugo. L'auteur des Feuilles d'Automne s'est écrié dans La Prière pour tous :

O myrrhe! O cinname!
Nard cher aux époux!
Baume! Ether! Dictame!
De l'eau, de la flamme
Parfums les plus doux!

Je voudrais bien savoir si ce cinname est dans quelque autre grand écrivain. Le Dictionnaire de l'Académie ne donne que le mot cinnamome. Le Dictionnaire de Trévoux, de même. Voltaire et Chateaubriand ont employé la forme cinnamome. M. Littré n'a cité que V. Hugo en faveur de la forme cinname. EUQORRAL.

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Un numéro de collection, imprimé sur une gravure, la déprécie-t-elle ? Et incidemment, les fameux timbres bleus, de la commission du Colportage, rabaissent-ils la valeur artistique de nos gravures modernes ?

Je possède une gravure représentant une Chaste Suzanne, signée :"Antonius de Triviis, inv. fecit. (c'est, je crois, un élève du Guerchin). Un des vieillards, celui qui est vu de face, est privé d'un œil : la place en est en blanc (par la faute de l'artiste sans doute). Cette gravure a 18 cent. de haut. sur 13 de larg.; elle porte le no 169, au bas, à gauche. Elle doit être très-rare, puis qu'un des experts de la vente, à Paris, des gravures de M. Delebecque, de Gand (en 1845), m'a même dit qu'elle n'existait dans aucune des collections publiques de Londres, de Paris et de Bruxelles, ni dans celle de M. Delessert. Je fus trouver alors le conservateur de la Bibliothèque Royale à Paris, qui me dit, qu'en effet il n'en possédait point d'exemplaire; mais, qu'à cause du numéro de collection qui la stigmatisait, elle n'avait aucune valeur vénale. Làdessus, il me cita un collectionneur du XVIIe ou XVIIIe siècle, dont le nom se terminait en .....tius.

Je fais, en conséquence, appel à tous les lecteurs de l'Intermédiaire et surtout à l'obligeance et à l'érudition de M. H. V. (Oran.)

L'opéra de « Charles VI, »>

P. N.

d'Halévy,

n'a pas été repris, à Paris, depuis 1846, année où il a été représenté pour la pre

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Languedorbe. Dans des lettres patentes de Charles VII, données à Chinon, le 3 janvier 1430, au profit du peintreverrier Henry Mellein, je lis :

« Charles, par la grâce de Dieu Roy de « France, à nostre amé et féal messire « Regnier de Boullagny, général et con«seiller de par notre ordonnance sur le fait « et gouvernement de toutes nos finances « en Languedorbe et Languedoc, aux ca«pitaines, etc. »>

Qu'est-ce que Languedorbe?

Dans le texte imprimé, ce mot est en italique, mais il n'y a aucune explication. L'Intermédiaire pourrait-il m'en fournir E.-G. P.

une?

La sœur Anne et le prophète Elie. J'extrais, textuellement, le passage suivant d'une lettre que je viens de recevoir :

« A propos d'Elie, de son serviteur et du Carmel, avez-vous remarqué que l'illustre auteur de la Barbe-Bleue n'était ici qu'un copiste? Le plus bel effet de ce conte, celui qui nous faisait, il y a bien longtemps, palpiter le cœur d'espérance ou d'effroi, le moment enfin où ma sœur Anne monte sur la tour pour voir si elle ne voit rien venir, cet effet est copié de l'histoire d'Elie, au chapitre 18 du ler livre des Rois. Seulement le serviteur du prophète regarde sept fois, et Perrault réduit le nombre à trois. Je trouve qu'il a eu tort, dramatiquement parlant. Le résultat cependant est le même: le serviteur, au bout de sept fois, voit le nuage, et la sœur Anne, au bout de trois, aperçoit les sauveurs; mais l'effet n'est pas si bien amené. Mon opinion vous paraît-elle juste? »>

Avant de répondre à mon ami, je demande aux lecteurs de l'Intermédiaire ce qu'ils pensent de son opinion?

D. CHARRUAUD.

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affaire entre le duc et les Florentins. Quelle est cette affaire ? D. LEJEUNE.

<< Pataqu'estce » est-il français ?— Cette faute de langage qui consiste à faire entendre un t final quand il y a un s, et vice versa, n'a-t-elle pas une origine, une étymologie quelconque? Quelle est la véritable orthographe de ce mot barbare? A-t-il été employé par quelque auteur accrédité? LAURENT.

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Faire p.... le cheval de bronze. D'où peut venir cette étrange locution, aussi malsonnante que retentissante, pour exprimer l'idée d'une libéralité subite, expansive et anormale, faite par un avare, ou tout au moins, par une personne d'habitudes peu prodigues? Le récent Dictionnaire de la Langue verte, de M. Alfred Delvau, où l'on rencontre tant de choses fortes, est muet sur cette expression. Qu'est-ce encore que l'injure énigmatique: « Chien d'aumônier du cheval de bronze », que le poëte Vadé (Œuvres poissardes, 1788, in-12, p. 55), met dans la bouche, n'est-ce pas la gueule qu'il faudrait dire d'une de ses mégères?

Cz.

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Date de la mort de Jacob Mareschal, imprimeur à Lyon? Quand vivait, et quand est mort l'imprimeur J. Mareschal, de Lyon? Je possède une très-curieuse Bible latine, petit in-4°, gothique, admirablement imprimée, avec des portraits au commencement de chaque chapitre, dans la lettre initiale; cette Bible sort de l'officine de cet imprimeur. Le titre a été refait à la main avec une date intraduisible. Elle porte de plus cette mention: Ex bibliotheca fratrum Minimorum Heraldi Castrensium.

J'ignore quand fonctionnaient les presses de Mareschal et quand florissait le couvent des Minimes de Castries? En sorte que j'ignore la date de mon exemplaire. D. CH.

Equipement d'un cavalier jacobin. Quel est cet équipement? Je serais reconnaissant envers celui des lecteurs de l'Intermédiaire, qui me renseignerait sur cette

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question intéressante au point de vue de l'histoire du costume militaire. A. B.

Du véritable nom de l'auteur de l' Archithrenius ». L'Archithrenius est un poëme allégorique et moral en neuf livres, dont l'auteur, né en Normandie vers le milieu du XIIe siècle, est nommé Jean de Hantville dans le tome XIV de l'Histoire littéraire de la France, Hauteville dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (dissertation de Bonamy, tome XV) et dans le Moréri de 1759, Hanvill dans la Biographie universelle,etc. On trouverait encore d'autres variantes. Quel nom doit garder, en définitive, l'auteur de l'Archithrenius ? YEZIMAT.

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«Heures perdues... » et autres heures. Connaît-on aujourd'hui l'auteur d'un petit recueil de contes, intitulé: Les Heures

perdues de R. D. M., cavalier français ? Le Dict. de Barbier, au moins l'édition que j'en ai consultée, en parle de manière à faire supposer qu'il n'avait jamais vu ce livre, mais seulement rencontré dans le catalogue de la bibliothèque du médecin Baron la mention d'un exemplaire en deux volumes in-12, Paris, 1662. Čelui que j'ai eu entre les mains était en un seul volume et si je me souviens bien), petit in-8°. Le bas du titre était coupé, supprimant le nom de la ville et le millésime. Le Manuel de Brunet dit que ce livre a paru pour la première fois en 1615. Il ne faut, du reste, le confondre ni avec les Contes aux heures perdues de d'Ouville, ni avec les Heures perdues du chevalier de Rior, par Gayot de Pitaval.

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l'heure du berger. » J'ai cherché inutilement cette expression d'heure du charretier dans l'Evangile des Quenouilles, qui fait partie de la Bibliothèque Elzévirienne. Mais ce dernier livre n'est pas le seul qui porte ce titre. Evidemment, ce n'est pas le même Evangile des Quenouilles dont le Magasin pittoresque parlait dans son numéro dejuillet 1851 ; et M. Arthur Dinaux pensait que, sous ce même nom, on trouvait autrefois à peu près dans tous les châteaux un gros registre où l'on consignait toutes les notions importantes, préceptes de religion ou de morale, recettes de médecine ou de cuisine, légendes ou contes joyeux, recueillis dans les conversations que l'on tenait en filant.

Faut-il comprendre que R. D. M. veuille dire que heure du charretier est la véritable locution et que celle de heure du berger lui a seulement été substituée, comme plus douce et plus poétique, par les hommes de bon ton, par les cavaliers français. Et si telle est son idée, peut-on admettre en effet cette étymologie de heure du berger? Quant à Heure du charretier, son origine ne saurait être douteuse. Elle viendrait évidemment de la cinquante-quatrième des Cent Nouvelles nouvelles, où une femme, jusque-là fort sage, se jette tout à coup à la tête d'un charretier. Un gentilhomme, aux séductions de qui elle avait vertueusement résisté, lui témoignet-il son dépit de n'avoir pas eu la préfé rence, elle répond ingénument: «... Si vous fussiez venu à l'heure du charreton, que autant eussé-je fait pour vous que je fis pour lui... - Il vint à bonne heure; le diable y ait part, quand je ne fus si heureux que de savoir votre heure. Vraiment, dit-elle, il vint à l'heure qu'il falloit ve

nir. »

O. D.

la

Un livre d'Arnault de La Borie. - Quelqu'un connaît-il un livre de François Arnault de Laborie, chanoine de Périgueux, livre que la Bibliothèque historique de la France cite sous ce titre : Des antiquités de Périgord? On donne à cet ouvrage date de 1577. J'avertis que beaucoup de bibliographes croient que le travail de François Arnault de La Borie, dont François de Belleforest s'est servi dans la Cosmographie universelle (1575, in-fol.), est resté manuscrit. Dans ce cas, qu'est devenu ce manuscrit ? Que sont aussi devenus des mémoires manuscrits du même auteur sur la vie de Charles IX, indiqués par Moréri? T. DE L.

Edition originale de « Candide. » — Cet ouvrage de Voltaire, publié sous le nom de M. le docteur Ralph, a paru en 1759. Je possède deux exemplaires de cette date; quoique paraissant identiques, l'un d'eux

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de fierté nationale, que déjà les Bénédictins auxquels nous devons l'admirable histoire universelle, connue sous le titre de l'Art de vérifier les dates, avaient déclaré, à la fin du siècle dernier, que c'était là « un conte. »> Voir la Chronologie historique des rois de Bohême, p. 33 du tome VIII de l'édition in-8o de 1818. T. DE L.

Robert d'Arbrissel (V, 706, 596). Comment n'a-t-on pas songé à citer, sur cette matière délicate, les judicieuses observations de Dom Rivet dans le tome IX de l'Histoire littéraire de la France (p. 365368), et surtout la décisive dissertation de M. de Pétigny dans un des premiers volumes de la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes? EUQORRAL.

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Dieu bénit les nombreuses familles (VI, 6, V, 59). Ce n'était pas l'avis de BussyRabutin, si j'en juge par sa réponse à la charmante lettre de sa charmante cousine, qui lui annonçait, le 15 mars 1647, qu'elle était accouchée d'un garçon et qu'elle en ferait encore bien d'autres pour lui faire des ennemis : « Au reste, dit-il, ma belle « cousine, je ne vous régale point sur la « fécondité dont vous me menacez; car, depuis l'an de grâce, on n'a pas plus d'es« time pour une femme; et quelques mo« dernes même, fondés en expérience, en « ont fait moins de cas. » Par contre, parmi les modernes, le général Bonaparte, interpellé par Madame de Stael, lui répondit qu'à son avis, la première femme du monde était celle qui avait fait le plus d'enfants. P.-A. L.

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Balzac Monographies, etc. (VI, 11). — M. de La S. émet le doute que Balzac ait composé les quatre jolis sonnets la Marguerite, la Paquerette, le Camélia, la Tulipe, qui enrichissent les Illusions perdues. Une étude sur Balzac, due à la plume sinon de Sainte-Beuve, du moins de M. Paul de Saint-Victor, et publiée au Moniteur universel, en 1868, je crois, établit que ces quatre sonnets étaient dus à quatre poëtes de ses amis, qui sont cités. J'ai oublié leurs noms, mais l'un d'eux est certainement M. Théophile Gautier. On y indique aussi l'auteur des chansons insérées dans les romans de Balzac.

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