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En comparant ce texte à celui que nous avions donné le 10 déc. 1865, dans la juste « crainte des sergents, » on pourra voir ce que le conseil bienveillant d'un magistrat (mieux placé que personne pour nous guider, et abonné, lui aussi, de notre petite feuille), nous avait moralement forcé de supprimer, pour ne pas coudøyer la politique d'alors. Quelle niaiserie, en définitive, quand on revoit ces choses-là aujourd'hui de sang-froid, après si peu de temps écoulé et un si grand changement opéré, comme par miracle, grâce à cette foi qui transporte les montagnes!... M. de Montalembert a eu, du moins, la joie de chanter son cantique de Siméon: Nunc dimittis. On sait qu'à la veille même de sa mort, il avait écrit à M. Emile Ollivier une remarquable lettre pour le presser de se présenter à l'Académie française. Il voulait, pour lui donner sa voix, se faire transporter, à tout risque, à l'Institut, le jour de l'élection, désireux d'affirmer ainsi « son estime pour celui qui n'avait pas désespéré de la conquête pacifique et du rétablissement régulier des libertés; pour celui qui, méprisant les clameurs hostiles, se plaçant au-dessus des passions de la foule et des vulgaires appétits d'une vaine popularité, avait mis au service d'une grande cause un grand talent et une sérénité d'âme et de conscience plus grande encore. » C. R.

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Le sonnet de Filicaia. Tous les érudits connaissent le célèbre sonnet patriotique de Filicaia :

Italia, Italia, o tu, cui feo la sorte
Dono infelice di bellezza.....

L'un d'eux voudrait-il bien me dire quel est l'auteur de l'heureuse traduction latinę suivante, dont il m'est impossible de retrouver le nom :

Italia, infausto cœli quæ munere pulchra,
Huic referenda vides uni infortunia doti,
Quæ te tamque premunt et fronti inscripta le-
[guntur,

Oh! utinam, vel pulchra minus, vel fortior esses,
Ut, vel amare minus, vel te magis ille timere
Disceret, exitium qui victus amore minatur!...

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Non ego nunc ruere alpinis effusa viderem Castra jugis, non Eridanum nunc sanguine fœ[dum

Strage recens biberet Gallus, nec, milite cincta Non proprio, externa tentares prælia dextra, Ut vixtrix, seu victa, jugo des colla superbo.

Comme remercîment à l'avance, je donne ci-après, du même sonnet, une traduction française qui, à défaut d'autres mérites, a du moins celui d'être littérale et correcte:

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Manuscrit original de la traduction française de Tite-Live par Pierre Berceure (1). Le bénédictin Pierre Berceure (en latin Petrus Berchorius) naquit au village de Saint-Pierre-du-Chemin, près de Maillezais (Vendée), à la fin du XIIIe siècle. Attaché au cardinal Duprat, à Avignon, vers 1330, il fit de vastes compilations latines, appelées Reductorium morale, Repertorium, Breviarium morale, dont il existe beaucoup de manuscrits et d'imprimés.

Il fut ensuite écolier de l'Université de Paris, puis chambrier de Notre-Dame de Coulombs (Eure-et-Loir); enfin, en 1355, il devint prieur de Saint-Eloi de Paris. Il y resta jusqu'à sa mort (1362).- Pendant les dernières années de sa vie, à l'instigation de Fétrarque et sur l'ordre du roi Jean,

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165 P. Berceure avait entrepris et terminé une traduction des Décades 1, 3 et 4 de TiteLive, qui est un des plus curieux monuments de l'histoire de notre langue. De cette traduction fort importante, puisque c'est la première que le moyen âge ait essayée d'un auteur de l'antiquité classique, il reste de nombreux manuscrits (1).

J'en connais pour ma part quarantetrois. Malheureusement, tous ces manuscrits, dont quelques-uns sont magnifiques, diffèrent entre eux. Pour l'étude que j'ai entreprise de la langue de ce traducteur, il me serait important de posséder un bon texte. Or, c'est celui que m'offrirait certainement le manuscrit original ainsi décrit dans l'Inventaire de la bibliothèque du Louvre sous Charles V, fait par Gilles Malet et publié par Van Praet : « N° 33. L'original de Titus Livius, en françois, la première translation qui en fut faite, escript de mauvaise lettre, mal enluminé et point ystoriée. »

Je puis affirmer que cet original n'est pas compris dans les quarante-trois exemplaires que j'ai vus ou dont j'ai lu la description. Mais ce n'est pas à dire pour cela qu'il soit perdu. Du moins pouvons-nous le suivre pendant quelque temps encore. Le catalogue de Gilles Malet est de 1373: vingt ans après (1392), le précieux manuscrit était toujours au Louvre. Mais une note ajoutée cette année-là à l'inventaire nous apprend que le 13 octobre, il fut prêté au duc de Bourbon, Louis II, dit le Bon et le Grand. Depuis, le volume ne rentra pas à la bibliothèque du roi, et cela pour deux raisons. D'abord, outre qu'il avait déjà pu être égaré durant la vie passablement agitée de son emprunteur, quel cas, après la mort du duc en 1410, ses héritiers purent-ils faire d'un manuscrit mal écrit et sans miniatures, fùt-il original, alors qu'ils trouvaient dans la «< librairie » de leur père beaucoup d'autres volumes richement « enluminés et historiés? » Ils ne le rendirent donc pas; et la preuve, c'est que, dans l'inventaire de la bibliothèque de Charles VII, dressé en 1423, le brouillon de Berceure n'est certainement pas indiqué. Qu'est donc devenu ce manuscrit entre les mains des ducs de Bourbon? Servit-il, comme tant d'autres, de couverture aux premiers produits de l'imprimerie, ou se cache-t-il ignoré dans une collection publique ou privée de la France ou de l'Europe?

Je désirerais savoir si quelque lecteur de l'Intermédiaire peut me donner des nouvelles de ce manuscrit désiré. A défaut d'une des quarante-trois copies et des éditions imprimées qui sont assez rares, on pourra, pour comparer, trouver des ex

(1) Elle a été, en outre, imprimée trois fois, entre autres par Antoine Vérard, Paris, 1486, 3 vol. in-fo goth.

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traits du texte de la traduction dans les Manuscrits français de M. Paulin-Paris, t. I, p. 32, et dans l'Histoire littéraire de la France, t. XXIV, p. 173.

Je serais, en outre, fort obligé aux correspondants de ce journal, qui voudraient bien me communiquer, d'après les documents originaux, des détails biographiques ou bibliographiques sur Pierre Berceure, afin de compléter les renseignements que je possède, et que j'ai, à cet effet, résumés en commençant. LEOPOLD PANNIER.

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Condamnation de l'«Emile» de J.-J. Rousseau. Où trouver le réquisitoire de l'avocat du roi au Parlement; le discours que prononça le Dr Gervaise, syndic de la Faculté de théologie, le 1er juillet 1762, et la censure de la Sorbonne contre cinquantehuit propositions de l'Emile, non comme les seules condamnables, mais comme les plus coupables?

Musset-Pathay parle de ces pièces, mais il ne les donne pas, et je n'ai pu découvrir jusqu'ici que l'arrêt du Parlement. Un renseignement à cet égard obligerait fort un vieil ami du citoyen de Genève.

F. B.

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Hipolyte (Auguste), acteur et peintre. Quelqu'un des lecteurs de l'Intermé diaire pourrait-il nous dire à quel théâtre était attaché Hipolyte (ou Hyppolite)? Si c'était un pseudonyme? Quand et où il est né? quand et où il est décédé? — Hipolyte a exposé, en 1799, 1806, 1808 et 1814, des miniatures, notamment en 1806 le portrait de M. Sowsouw, acteur russe. Hipolyte était élève de Regnault, et les divers catalogues des expositions précitées lui attribuent comme adresse à Paris : rue Saint-Honoré, 201, au café Militaire. Devouge, au Salon de 1806, exposa le portrait de M. Hypolite, acteur et peintre. E. BELLIER DE LA CHAVIGNERIE.

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Schwytz. « L'étymologie du nom de Schwytz se dérobe à toutes les investigations,» dit M. Adolphe de Circourt dans le dernier numéro du Correspondant. Se dérobera-t-elle aux investigations des chercheurs de l'Intermédiaire? P. R.

Confrérie Notre-Dame de Montserrat. —

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J'ai cueilli, jadis, dans un sac de procureur, une pancarte in-4° datée de 1697, portant en tête une représentation grossière de Nostre-Dame de Montserrat, « bonne en toute tribulation. » A la suite d'une oraison très-dévote, on y lit ce qui suit :

« Item, tous les jours, Dieu, par l'intercession de sa très-sacrée mère, sous l'invocation de Notre-Dame de Montserrat, fait de grands miracles à l'endroit des confrères et bien-faicteurs de cette sainte confrérie, qui dévotement la réclament en leurs maladies et nécessitez; comme beaucoup jugez à la mort et délaissez par les médecins, des blessez, sourds, muets, aveugles et captifs, qui ont reçu santé, guérison, ouïe, parole, vue, liberté ; les pendus délivrez du gibet, et les navigeans sauvez de la tourmente et conduits à bon port; les femmes qui sont en travail d'enfant (chose que l'on voit d'ordinaire), les unes qui demeurent quatre jours, d'autres huit jours, jusqu'à douze jours, s'est vu demeurer avec douleurs incroyables, et se recommandant de bon cœur à la très-sacrée Vierge, et récitant une oraison de Notre-Dame de Montserrat, ou allumant une chandelle de cire vierge bénie, que les procureurs dudit Montserrat baillent à ceux qui donnent quelque aumône honnête pour l'entretenement de l'hôpital dudit Montserrat et nourriture des pauvres pèlerins, elles sont bientôt délivrées, comme aussi de toutes autres sortes de maladies et inconvéniens. >>>

A quelle époque remonte l'origine de cette confrérie? existe-t-elle encore?

S.-J.

Des soufflets donnés aux dames qui accompagnaient Marguerite de Valois. M. Feuillet de Conches, racontant, dans ses charmantes Causeries d'un Curieux (t. III, p. 93), l'arrestation de Marguerite et de ses dames aux environs de Paris, le 8 août 1583, s'exprime ainsi : « M. Berger « de Xivrey, en une note de son Recueil « des Lettres missives de Henri IV, t. I, « p. 511, raconte que l'officier qui arrêta « les dames ne se borna point à leur por <«< ter la main à la figure pour leur enlever <«<leur masque, afin de s'assurer s'il n'y « avait pas là quelque homme déguisé, « mais qu'il les aurait souffletées. M. de <«<Xivrey était un homme exact, et il a dû « trouver quelque part la mention de cette « aggravation d'insulte; mais j'avoue que je n'ai pu, sur ce point, retrouver l'au«torité contemporaine. » Ni moi non plus. Donc, prière aux chercheurs de voufoir bien nous dire s'ils ont été plus heu

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reux que nous.

T. DE L.

De qui la «< Disputatio perjucunda, etc.?»

169 - On a longtemps attribué, au philologue allemand Valens Acidalius, un opuscule intitulé: Disputatio perjucunda, mulieres non esse homines (1644, in-12), que Meunier de Querlon, cent ans plus tard, a traduit en français sous ce titre : Problème sur les femmes (1744, in-12). Si le docte Acidalius n'est pas l'auteur de ce scandaleux traité, qui c'est-il donc? EUQORRAL.

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Le livre «<les Chaînes de l'Esclavage » est-il de Marat? - - Tout le monde sait que Marat a publié, en 1792, à Paris, un livre intitulé les Chaînes de l'Esclavage, qu'il donnait comme la traduction d'un livre publié par lui en anglais, à Londres, vers 1774. Dans la nouvelle édition des Supercheries littéraires, de Quérard, je trouve, au t. II, col. 1046, Marat indiqué comme auteur supposé des Chaînes de l'Esclavage. L'autorité de Quérard est le numéro de la Patrie du 11 mai 1852, citant une lettre publiée dans le Gentleman's Magazine de Londres. Cette lettre n'établit guère qu'une chose, c'est que ce livre n'aurait laissé aucune trace dans la librairie de la Grande-Bretagne. D'un autre côté, M. Alfred Bongeart, dans son travail si consciencieux sur Marat, publié en 2 vol. in-8, en 1865, ne doute pas que les Chaînes de l'Esclavage aient été publiées d'abord par lui en anglais, et il explique fort bien (comme Marat l'avait expliqué lui-même) qu'il s'en trouve peu de traces dans la librairie. Les deux passages des Supercheries de Quérard et du Marat d'A. Bougeart sont trop longs pour être transcrits. Je prie les lecteurs de l'Intermédiaire, que ce point intéresserait, de s'y reporter et de donner leur avis.

H. T.

Les mémoires de Fabert. Que sont devenus les mémoires manuscrits d'Abraham Fabert, cités par le P. Barre ou de La Barre, dans sa Vie du Maréchal Fabert (Paris, 1752, 2 vol. in-12)? EUQORRAL.

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Les fils des croisés du palais de Versailles. Je n'ai pas lu dans les journaux judiciaires le compte rendu détaillé du procès de ce faussaire phénoménal, VrainLucas, qui a, d'une manière si prodigieuse, exploité le naïf et fanatique amour d'un illustre géomètre pour les autographes et les documents inédits (Interm., V, 561). Mais il me semble qu'on l'a signalé comme ayant été jadis occupé chez un nommé Courtois. Or, n'est-ce pas ce Courtois qui avait une collection, d'où sont sortis à foison les titres d'une foule

de gens qui ont justifié de leur droit à inscrire leurs noms dans la fameuse salle des

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Croisades, imaginée au musée de Versailles, par le bon roi Louis-Philippe Ier? Ces titres n'étaient-ils pas uniformément des emprunts d'argent faits par des chevaliers français à des banquiers de Gênes, pour faire le voyage d'outre-mer et courir sus aux mécréants? Sije ne me trompe, toute cette banque Courtois ne serait-elle pas aujourd'hui véhémentement suspecte de... Vrainlucasserie?... Je viens de lire le trèsinstructif article de MM. H. Bordier et E. Mabille dans la Revue contemporaine du 28 février, et je sollicite l'avis de ces deux savants amis de l'Intermédiaire sur la question dont il s'agit. E. E.

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Rabaut-Pommier (Jacques-Antoine). La vaccine. Aujourd'hui qu'on s'occupe de nouveau beaucoup de vaccine, j'aimerais savoir s'il est bien constaté que « Jac« ques-Antoine Rabaut connaissait la vac« cine dès 1784, mais qu'il n'en donna « communication qu'à peu de monde. » (Voir le Dictionnaire universel de Bouillet.) Cela ne prouverait toutefois pas qu'il en eût fait la découverte. C'est au Dr Jenner que l'humanité est redevable de ce bienfait (n'en déplaise au savant Pamphilus Von Gegenbach, que vient de me faire connaître un charmant feuilleton de M. Ed. Laboulaye, dans le Journal des Débats). << Jenner avait découvert et propagé la « vaccine, dit Bouillet, à Berkeley (Glou«cestershire), dès 1776, mais ne la rendit « publique qu'après l'avoir confirmée par « vingt années d'observations et de re«< cherches. >>

J'ai un billet de la Commune de Paris, « emprunt forcé de l'an IV, »> assignats, valeur nominale, 10,000; valeur réelle, 100 (malheureusement, celle-ci vaut cellelà, c'est-à-dire rien du tout). « Je, soussi« gné Deherain, notaire, reconnais avoir « reçu du citoyen Jacques-Antoine Ra« baut, etc. » Il était fils de Paul Rabaut, et frère de Rabaut Saint-Etienne, qui fut décapité. Ministre comme lui du saint Evangile, il siégea aussi à la Convention. Bouillet dit qu'il mourut en 1808, et il ajoute qu'il fut exilé en 1815. L'année de sa mort ne serait-elle pas 1818? Il fut des soixante-treize députés incarcérés par Robespierre, et que délivra sa mort. P. A. L.

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A la preuve qu'avec Brizeux nous en a déjà donnée M. R. de S., M. de Carné (Revue des Deux Mondes, 15 déc. 1867) va en joindre une autre qui remonte aux temps de Louis XIV. L'année 1675 vit éclater en Bretagne une insurrection motivée par l'illégalité d'impôts nouveaux, mais qui en basse Bretagne, en Cornouailles surtout, prit bientôt l'allure d'une jacquerie. Quatorze paroisses se confédérèrent pour opérer une révolution dont M. de Carné résume ainsi les tendances : « L'imagination populaire s'était complu à tracer le programme d'une société idéale, telle que ce peuple enfant la pouvait rêver... Les aspirations du communisme moderne se mêlent à des idées découlant d'une source toute différente. C'est une étrange mixture de naïveté et de convoitise, un plan de guerre contre les nobles, dont la principale disposition consiste à épouser leurs filles, afin d'être anobli par elles. » Aux nobles, leur hostilité associait, quoique à des degrés inégaux, les agents du fisc, la dîme, les cabaretiers, le clergé propriétaire et les meuniers. L'article 8 de leur charte mérite d'être mentionné : « Que l'argent des fouages anciens sera employé pour acheter du tabac, qui sera distribué avec le pain bénit aux messes paroissiales, pour la satisfaction des paroissiens. »

Cette levée de boucliers eut les ravages et la rapidité d'un torrent. Ils massacrèrent, pillèrent, détruisirent, et quand le gouverneur de la province, le duc de Chaulne put arriver avec des troupes, ils furent massacrés, pillés, détruits. Leur charte tomba entre les mains du duc qui l'envoya à Versailles, en la désignant comme le Code paysan. Mais les insurgés ne l'avaient pas intitulée ainsi. « Règlement fait par les habitants des quatorze paroisses unies du pays armoricain, situé depuis Douarnenez jusqu'à Concarneau, pour être observé inviolablement entre eux jusqu'à la Saint-Michel prochaine, sous peine de torrében. » C'est-à-dire, d'avoir la tête brisée à coups de bâton. Et cette pièce était signée : « Torrében et les habitants. >>

Il me semble que cette manière de personnifier une insurrection en laissant dans l'ombre le nom des meneurs, rappelle assez ce qui s'est passé il y a une trentaine d'années, justement parmi une population de même sang que les Bas-Bretons, lorsque le pays de Galles fut un moment bouleversé par Mademoiselle Rébecca et ses filles. O. D.

<< Le moyen de parvenir » (VI, 99).-Dans le cas où M. Willem voudrait aussi consulter l'édition Gosselin, 1841, je lui signalerais deux endroits où je crois que l'habile commentateur s'est trompé : XXVI: Les pays du roi d'Espagne où l'on parle français sont la Franche-Comté, l'Artois,

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une partie de la Flandre; il est peu probable qu'on ait jamais parlé français à Barcelone. LIV: Mme l'Amirale ne peut être Julienne d'Estrées, puisque, fût-il certain que son mari, neveu d'un amiral, a été amiral lui-même, il resterait encore que le nom de cette dame ne se prête pas à la plaisanterie de la belle Dubois. Il faut remonter jusqu'à l'amiral Chabot (de 1525 à 1543), qui avait épousé Françoise de Longwy.

L'on peut soupçonner, page 316 de ladite édition, au premier mot de la trentième ligne, une faute d'impression qui amène un non-sens, ou tout au moins un pléonasme. Je pense qu'il ne faudrait là que la première lettre avec des points. Egalement, à l'avant-dernier vers du qua train qui termine le livre, ne vaudrait-il pas mieux: Apportez quatre gros (la pièce de monnaie ainsi nommée) ès (pour aux) troncs (le tronc dont on vient de parler.) Sans doute, le Moyen de parvenir ne recule guère devant une políssonnerie toute nue; mais quand il tâche de la draper d'un jeu de mots, il ne faut pas que l'impression la déshabille.

Si M. Willem a l'intention d'indiquer des origines de contes, je ne lui rappellerai pas que ceux de la Main graissée (XVIII) du Droit d'aînesse (XL) de... de l'Enfant blessé d'une pierre (XCII) remontent aux fabliaux, et celui de la Bouche scrupuleuse (XCIII) aux Cent Nouvelles (N. 48); que celui du Curé qui quitte un pestiféré (LXXXI) doit être emprunté aux Contes d'Eutrapel (ch. 16), et Marciole (VIII) au Diarium de Burchard (récit des noces du duc de Ferrare et de Lucrèce Borgia); que Pogge peut réclamer le conte du Testament (XXVI), celui du Songe (XLV), peutêtre même celui du Piège à rat (L), que pourtant l'on chercherait plus utilement dans Fæneste (L. 2, ch. 14), le texte de d'Aubigné et celui de notre livre se commentant et s'expliquant l'un l'autre. Tout cela est trop connu; mais ce qui l'est peutêtre moins, c'est que le conte de Rodrigue das Yervas (XXXIII) est d'origine orientale (Mille et une Nuits de Hammer, t. III, p. 273 de la traduction Trébutien, 1828). Pareilles histoires se trouvent aussi dans Bebelius et dans les Heures perdues du cavalier français. Cependant la citation de quelques mots espagnols dans le Moyen de parvenir, rend presumable que ce livre a tiré son conte d'un auteur espagnol, qui l'avait tiré de l'arabe. De même, le conte de la Controverse par signes (C) est évidemment emprunté à Rabelais; mais Rabelais doit l'avoir lui-même pris quelque part, puisqu'il se trouve dans les Quarante Visirs, roman turc, traduit de l'arabe, dont Pétis de la Croix a donné, sous le titre de Contes turcs, une traduction fort incomplète.

Dans son ensemble, le Moyen de pár

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