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la Géométrie et la Mécanique eurent pris rang parmi les sciences, elles ne dédaignérent pas de payer tribut à la passion des Grecs pour les jouissances de l'imagination. Deux illustres mathémaciens, Archytas et Eudoxe, se plurent, suivant l'expression de Plutarqué (Marcell., cap. XVIII) à égayer et à embellir la géométrie, en lui faisant produire quelques applications • usuelles ou simplement divertissantes. Le philosophe Favorinus d'Arles, contemporain d'Hadrien, nous a transmis, avec de précieux détails, le souvenir d'une invention d'Archytas bien propre à étonner la foule. C'était une colombe de bois qui volait. L'impulsion, dit Favorinus, était donnée à ce volatile artificiel par une certaine quantité d'air qui le remplissait intérieurement; mais, une fois tombé, l'oiseau ne reprenait plus son vol, ne pouvant se soutenir que pendant un temps déterminé. La cause motrice est ici fort difficile à deviner. Faut-il voir, dans cet air qui remplissait l'intérieur de la colombe, un gaz ou au moins, comme dans nos premières mongolfières, de l'air raréfié par la chaleur, qui, rendu plus léger que l'atmosphère, déterminait l'ascension? Dans tous les cas il était dans le tour et la nature du génie grec de donner, à ce premier essai des aérostats, les formes et les apparences de la vie, jointes à une sorte d'intérêt merveilleux et dramatique. Il existe sur la colombe volante d'Archytas, une dissertation de Schmidt von Helmstadt. Iéna, 1682, que je n'ai point vue.

Feu CHARLES MAGNIN,
(de l'Institut).

De la vraie dimension du poulet de coquille (VI, 226). - Je subis, sans me plaindre, les justes exigences de l'Intermédiaire, et je coupe mon papier de mon mieux. La question de dimension est si grosse de difficultés, que je n'ose la traiter ici, mais Mercier, dans son Tableau de Paris, répond, en partie, à l'interrogation posée par M. Cz. « C'étaient, autrefois, en Italie, les vendeurs de poulets qui portaient les billets doux aux femmes ; ils glissaient des billets dans l'aile du plus gros, et la dame avertie ne manquait pas de les prendre. Ce manége ayant été découvert, le premier messager d'amour qui fut pris, fut puni par l'estrapade, avec des poulets vivants attachés aux pieds. Depuis ce temps, poulet est synonyme de billet

doux.»

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Le mot Lord (VI, 241, 169). Le mot lord est un titre purement honorifique, et ne s'applique spécialement à aucun grade de la noblesse. On l'emploie dans la conversation en s'adressant à un membre de la noblesse, depuis le simple baron jusqu'au duc. La noblesse anglaise se compose uniquement des membres de la Chambre des pairs, au nombre de 481, au moment actuel, dont seize femmes. Aux yeux de la loi, les enfants et les frères d'un pair ne sont que des commoners, ou roturiers, bien qu'ils portent des titres de courtoisie. Lord John Russell a porté le titre de lord toute sa vie comme fils du duc de Bedford, mais il siégeait dans la Chambre des communes comme un simple particulier. Dans un acte légal il se trouverait indiqué par ses simples noms John Russell, en y

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ajoutant «< communément appelé lord John Russell.» Depuis qu'il a été créé pair, il siége à la Chambre des pairs comme comte Russell et s'appelle familièrement lord Russell, en omettant le prénom qui indique qu'on est un cadet de la famille. Lord Palmerston était chef d'une famille de la pairie irlandaise qui ne siége dans la Chambre des pairs du royaume que par quelques membres élus comme pairs représentatifs. Il en est de même de la pairie écossaise. Plusieurs membres de ces deux pairies siégent comme pairs d'Angleterre. MM. Gladstone et d'Israëli sont fils de simples roturiers et ne peuvent jamais porter le titre de lord. M. d'Israëli a refusé la pairie, mais l'a acceptée pour sa femme qui est vicomtesse Breconsfield et pourrait transmettre le titre à ses enfants. Le titre de lord se trouve lié à certains offices tels que ceux de juges des hautes cours de justice et aux évêques dont un certain nombre sont pairs ecclésiastiques et siégent dans la Chambre haute. (London.)

J. B. DITCHField.

Inscriptions singulières (VI, 249, 184, 148). — Un honorable coabonné veut bien me dire que j'ai mieux expliqué la question la deuxième fois que la première. Mais non! je ne l'ai pas expliquée, puisque M. O. D. se trompe encore en disant que le maçon, ne sachant pas lire, aura fait la bévue de sceller la dalle de travers.

Encore une fois, il ne dépendait de personne de la redresser, puisque l'inscription ayant été gravée à l'envers avec intention évidente, ne saurait être lue couramment qu'en la présentant devant une glace.

Ne serait-ce pas le cas de vous gronder un peu, mon cher Intermédiaire, de n'avoir pas reproduit, dès la première fois, l'inscription énigmatique telle qu'elle existe? d'autant plus qu'un autre correspondant, M. L. G., en donnant une nouvelle et ingénieuse explication, parle de lettres renversées, ce qui n'est point le cas, puisque les lettres sont simplement retournées de gauche à droite et non renversées. J. BRUNTON.

--

Edition originale de « Candide » (VI, 251, 215). - Ce roman inimitable, que tout le monde lit, a lu ou lira plusieurs fois, mérite bien l'attention et les minuties des bibliographes.

J'ai entre les mains un volume in-12, qui renferme deux parties, dont la première est intitulée : « CANDIDE, ou l'Optinisme, traduit de l'allemand de M. le docteur Ralph, par M. de V. M.DCC.LIX (1759). La seconde partie est intitulée comme la première, jusques et y compris le nom de Ralph, après lequel il y a : « Seconde partie, M.DCC.LXI (1761). »

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La première partie a, table comprise, 215 pages, et la seconde 132. Dans la première partie, les caractères (corps 12), changent dès la page 193, et deviennent corps 10. Les caractères (corps 12) ont été employés pour toute la seconde partie. Voilà des indications précises, de nature à compliquer la question et à ajouter aux perplexités du curieux qui l'a posée. Je remarque, en outre, que le mot Fin est au bas de la page 212, et que le dernier chapitre de la première partie porte pour titre : Conclusion. (Lyon.) V. DE V.

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Pauvres enfants! quoi! vous croyez encore
Qu'on peut crier: « Vive la liberté! »
Et sous les plis du drapeau tricolore
Fêter celui qui l'a ressuscité?...
Mes méchants vers, dont vous gardez mémoire,
Oubliez-les! je viens les renier;

Si j'y croyais, je maudirais ma gloire...
Ah! pardonnez au pauvre chansonnier!

Par quels côtés ce temps qu'on fait revivre
Ressemble-t-il aux jours rêvés par moi?
Moi qui jamais n'ai cessé de poursuivre
Laquais, flatteurs, empereurs, pape et roi!
Si j'eus des chants pour un grand capitaine,
C'est qu'il était sans sceptre et prisonnier;
Brumaire était puni par Sainte-Hélène...
Ah! pardonnez au pauvre chansonnier!
Pour moi Nisard sera-t-il l'éloquence?
Et Leverrier un second Arago?
Suis-je l'ami de la nuit, du silence,
Et Belmontet me tient-il lieu d'Hugo?
Enfin, mon Dieu si clément, si bonhomme,
Est-il le Dieu du sbire et du geôlier?
Est-il celui que l'on protége à Rome?...
Ah! pardonnez au pauvre chansonnier!

Oui! j'ai chanté l'épopée héroïque
Des habits bleus par la victoire usés;
C'étaient les fils de notre République
Battant vingt ans les rois coalisés.
Mais ce soldat bien brossé qui nous guette,
Qui nous tûrait pour passer officier,
Est-il le mien trinquant à la guinguette?...
Ah! pardonnez au pauvre chansonnier!

A la Pologne, à la noble Italie,

La France doit une dette de sang:

(1) En l'empruntant au deuxième volume de l'Histoire du second empire de M. Taxile Delord.

N° 128.]

L'INTERMÉDIAIRE DES CHERCHEURS ET CURIEUX.

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Le canon gronde, - en avant!... Mais folie!
Si près de nous le terrain est glissant.
Allons porter plus loin l'indépendance,
Au Turc, dût-il se faire un peu prier.
Peuples! voilà votre sainte alliance!...
Ah! pardonnez au pauvre chansonnier!...
20 mars 1856.

Inutile d'ajouter que l'air indiqué était : Dis-moi, soldat, dis-moi, t'en souviens-tu ?.. A. DE LA TAILLE.

amateur.

Anonymes et pseudonymes. - Un vieil Il existe un ouvrage intitulé: Almanach des Gourmands, servant de guide dans les moyens de faire excellente chère, par un vieil AMATEUR, VIIe année, 1810, Paris.

Le Journal des Arts, des Sciences et des Lettres (no 1 du 15 avril 1810, p. 18-22, in-8, Ier volume), a consacré à cet ouvrage un article d'analyse de quatre pages, signé : L.

Les Supercheries littéraires dévoilées de Quérard (seconde édit., tome I, 1869, colonnes 286 à 295), donnent l'indication, sur cinq pages, de soixante-sept pseudonymes, qui se sont déguisés sous le nom: AMATEUR. Mais le vieil AMATEUR n'y est pas indiqué. S. P.

Delille, et un des vers de son poëme : « l'Imagination. »- Le même journal dont on vient de parler, le Journal des Arts, donne, dans son numéro 6, du 10 mai 1810 (Ier vol., p. 144), l'anecdote suivante :

« Un plaisant, assistant à une séance publique du Collège de France, et ayant entendu l'abbé Delille réciter le fragment du poëme de l'Imagination, où se trouve

ce vers :

Il ne voit que la nuit, n'entend que le silence,

proposa à l'auteur d'y ajouter le suivant pour compléter l'image:"

Ne touche que le vide et ne sent que l'absence.

Au reste, ce vers n'appartient point à l'auteur des Jardins; il est de Théophile, qui a dit avant lui :

Il ne voit que la nuit et n'oit que le silence.

Cependant, ajouterai-je à la note du Journal des Arts, on ne peut pas, il est vrai, entendre le silence; mais on peut voir la nuit, et on la voit quand elle est venue.

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[10 mai 1870.

si l'on ne va pas au-devant des pensées, que la parole doit reproduire.

La ponctuation est d'un grand secours pour la lecture. Sans son utile assistance, il ne serait pas possible de préciser le sens des phrases, que la ponctuation seule détermine.

Sans ponctuation, pas de lecture possible. Il faut donc mettre du soin à bien ponctuer lorsqu'on écrit, et à bien savoir la valeur de chaque signe de ponctuation, lorsqu'on veut bien lire.

Presque tous les signes de ponctuation sont placés de façon à indiquer aux lecteurs les temps d'arrêt qu'ils prescrivent. Il en est deux pourtant qui font exception; c'est le point interrogatif et le point d'exclamation. Ces points placés, l'un et l'autre, à la fin des phrases, qui peuvent être longues, il faut, pour ainsi dire, les deviner, rien ne les indiquant à l'avance. C'est un grave inconvénient.- Les Espagnols y ont obvié en mettant ces signes au commencement des phrases interrogatives ou exclamatives. Ils se trouvent ainsi, au commencement et à la fin de ces phrases, avertis que les phrases sont interrogatives ou exclamatives, par les points qui se trouvent ainsi placés en vedette; le lecteur peut don ner dès lors le ton particulier qui convient à ce que l'on lit. Pour prévenir d'ailleurs toute confusion, les points que j'appellerai points moniteurs sont renversés. Cette facon de procéder a de précieux avantages. Il est inconcevable que ce procédé aussi simple qu'ingénieux et utile n'ait pas été adopté en France, où l'on aime généralement trop les innovations et où il s'en pro duit de si étranges, pour ne pas dire de si déplorables. Comment ne s'est-il pas trouvé, parmi les imprimeurs éclairés de notre pays, des hommes qui aient tenté d'y importer l'excellent usage espagnol? Il n'est pas douteux qu'il ne s'y fût bientôt natu ralisé, et nous espérons que cette simple note pourra contribuer à l'y faire introduire. Nous prions l'Intermédiaire de la publier dans cette pensée, et en vue de ce désirable résultat. NADJOUR.

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L'Intermédiaire

DES CHERCHEURS ET CURIEUX

(CORRESPONDANCE littéraire, NOTES and QUERIES français.)

--

289.

Du Béranger? Non, certes pas! Vous avez, cher Intermédiaire, publié in extenso, dans vos dernières Trouvailles (VI, 286), une chanson attribuée à Béranger, à notre Béranger, chanson dont M. Taxile Delord n'avait donné qu'un couplet dans son Histoire du second Empire. Un couplet, c'était déjà trop, car la chanson n'est pas de Béranger. J'en appelle à tous les contemporains, qui le savent, et qui doivent le proclamer, pour l'honneur de l'immortel chansonnier. Nous savons tous que Béranger s'est toujours refusé à composer une seule chanson satirique contre le second Empire, malgré des excitations et des sollicitations qui lui venaient de toutes parts: aussi, trouva-t-on tout naturel, sinon tout à fait honnête, de faire paraître sous son nom cinq ou six chansons de même farine, qui avaient d'abord circulé de bouche en bouche. Nous ne ne nommerons pas l'auteur de ces apocryphes, dans la crainte d'une erreur ou d'une indiscrétion. En tous cas, Béranger fut très-chagriné de ces attributions et de ces chansons malsonnantes : il en parla plus d'une fois à ses amis, qui eurent le tort de ne pas réclamer pour lui. L'éditeur, l'ami, le légataire de Béranger, le bon, l'excellent Perrotin, aurait voulu une protestation éclatante. Béranger préféra s'abstenir, en disant que les chansons étaient mort-nées, et que d'ailleurs <«< on ne s'y tromperait pas. »

Rappelons avec tristesse, cher Intermédiaire, la réaction politique et littéraire que les partis extrêmes ont essayé de faire contre la gloire de Béranger, après sa mort! Ces partis extrêmes étaient menés par les tristes chansonniers qui avaient mis leurs haines, leurs vengeances et leurs chansons sous la rubrique du grand poëte populaire Béranger, qui avait été en correspondance avec le prince Louis-Napoléon, bien avant la nomination du président de la république de 1848; Béranger, qui avait été depuis l'objet des déférences les plus honorables de la part du neveu de Napoléon Ier; Béranger, qui devait ses succès, sa popularité, son talent même aux souvenirs patriotiques de 1814; Béranger,

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incapable de renier son passé et de fouler aux pieds tout ce qu'il avait aimé, admiré, glorifié, pendant sa vie entière. Il faut être bien ignorant sur l'histoire de la Restauration, pour ne pas savoir que le parti libéral, à cette époque, n'a vécu, n'a grandi, qu'en se rattachant aux gloires de l'Empire, car le cri de vive l'empereur était le seul qui eût de l'écho dans le peuple, et tous les chefs de l'opposition, à l'exception de La Fayette, de Manuel et de quelques autres, ne se défendaient pas d'être bonapartistes ou de le paraître.

J'en reviens à la chanson: Aux étudiants, pour vous démontrer péremptoirement qu'elle n'est pas de Béranger et qu'elle porte en elle-même le dementi formel que je lui adresse, au nom des admirateurs du Vieux sergent et du Vieux drapeau.

er couplet. Béranger connaissait l'histoire de la République et n'eût pas dit en méchants vers, que Napoléon avait ressuscité le drapeau tricolore:

FÊTER celui qui l'a ressuscité;

Car le jeune Bonaparte n'était que lieutenant d'artillerie lorsque le drapeau tricolore devint le drapeau de la France.

C'est donc Louis-Philippe qui ressuscita ledit drapeau tricolore, et le faux chansonnier était homme à chanter la Parisienne :

D'Orléans, toi qui l'as porté (le drapeau

[tricolore).

Le même chansonnier fait dire à Béranger en parlant de ses méchants vers: si jy croyais. Ce n'est pas là, si j'y crois, la langue de Béranger.

2e couplet. Le chansonnier apocryphe a oublié que Béranger était pensionnaire de Lucien Bonaparte, quand il lui prête ce joli vers:

Brumaire était puni par Sainte-Hélène...

S'il eût été question du Deux-Décembre, on aurait pu mettre aussi correcte

ment :

Décembre était puni par Guernesey.

3 couplet. Béranger était l'ami de Désiré Nisard, membre de l'Académie

TOME VI. - ΙΟ

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française, un de nos fins critiques, un de nos plus élégants écrivains; il ne l'eût pas insulté dans ce méchant vers, d'autant plus méchant qu'il détonne avec le sui

vant :

Pour moi Nisard sera-t-il l'éloquence?

Quant à Belmontet, qui n'était pas son ami, je l'avoue, il l'aurait mis en cause dans un meilleur vers:

Et Belmontet me tient-il lieu d'Hugo?

Béranger, dans son bon style français, n'eût pas compris qu'on lui laissât pour compte un pareil vers hiéroglyphique':

Suis-je l'ami de la nuit, du silence?

4 couplet. Pauvre Béranger, voilà les vers qu'on ose t'imputer :

Battant vingt ans les rois coalisés...

Est-il le mien trinquant à la guinguette?... 5e couplet. Ah! pauvre Béranger! La France doit une dette de sang... Que diable signifie cet affreux grimoire ?

En avant!... Mais folie!

Si près de nous le terrain est glissant.

Que signifie cette indépendance qu'on va porter plus loin, au Turc? Fi! fi! vous n'êtes pas notre Béranger, chansonnier de vaudevilles non républicains, chansonnier masque, chansonnier de mensonge!

Dis-moi, soldat (plus de soldats!), dis-moi, [t'en souviens-tu?

Turlututu. Quoi qu'on fasse et quoiqu'on chante, les méchants vers de Béranger sont immortels, comme la patrie, comme les héros qu'il a chantés. P. L.

Notre correspondant M. P. L. nous a tout l'air d'avoir tout à fait raison. Qu'en pensent MM. A. de La Taille et Taxile Delord?

Le plébiscite (VI, 283, 226).- Eh bien! les canards l'ont bien passé. Donc, tire, lire, lire!... Mais que de bonnes gens ont voté la chose, sans savoir l'étymologie du mot, sans même pouvoir s'habituer à l'articuler! Que de fois j'ai, de mes oreilles, entendu des personnes, même huppées, dire Le plébiciste, le publicide, voire même le publicite ou le plébicide! Quant à l'explication du mot, voici celle que j'en ai entendu donner: « Ça, c'est une maladie du genre de la phlebite, de la péritonite, de la gastrite et de l'entérite; c'est une inflammation de la plèbe. » — « Soit! Eh bien alors, qu'on n'y revienne pas trop souvent. Les maladies, ça n'est pas sain,

- ༥

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dit un interlocuteur qui n'y voyait pas malice. S. D.

Voici comment Justinien définit le plébiscite (Inst., lib. I, tit. 2, de jure naturali, gentium et civili): « Plebiscitum est quod plebs, plebeio magistratu interrogante (veluti tribuno), constituebat, » par opposition à la loi : « Lex est, quod populus romanus, senatorio magistratu interrogante (veluti consule), constituebat. » Ainsi, la loi était l'oeuvre du peuple entier, le plébiscite émanait des plébéiens seuls en effet, ajoute le jurisconsulte couronné, « plebs a populo eo differt quo species a genere. » Je n'ai pas besoin de faire ressortir combien cette dénomination est impropre sous un régime d'égalité et de suffrage universel. Si on tenait à donner un nom latin à ces manifestations de la volonté nationale, on aurait au moins dû emprunter à certains commentateurs du droit romain le mot populiscite. La masse des électeurs ne l'aurait pas plus compris que plébiscite et elle aurait eu tout autant de peine à le prononcer. DICASTÈS.

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Dans son dis

cours de réception, prononcé à l'Académie le 16 mai, M. Auguste Barbier cite un vers de Virgile dont le premier mot est altéré UNO avulso non deficit alter. C'est le mot primo, et non uno, qui doit commencer le vers cité, et c'est ainsi qu'il est écrit dans toutes les bonnes éditions du poëte romain (Enéide, liv. VI, vers 143). Il est bien vrai que ce vers est presque généralement ainsi altéré, mais il n'appartient plus à un académicien de le faire. M. Ed. Fournier, dans son charmant volume l'Esprit des autres, cite un autre exemple de cette altération. L'anecdote vaut d'être rapportée : « Camerline, lit-on dans le Chevræana, qui était un fameux arracheur de dents, et qui en remettait d'autres en leur place, avait fait mettre à côté de son portrait exposé à sa fenêtre, le vers de Virgile, et l'application était heureuse. » — «‹ -«Seulement, ajoute M. Ed. Fournier, c'est primo au lieu de uno qu'on lit dans Virgile. » J. BRUNTON.

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