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Les voilà, vos Gaulois, sur ce vaste escalier,
Triple précinction, de toutes parts remplie.
Combattez devant eux, loin de votre patrie,
Pauvres gladiateurs, et jouez votre vie!...
L'Amphithéâtre, c'est le peuple tout entier!

Des temps évanouis merveilleux témoignage!
Secours inespéré, magique enseignement,
Qu'apporte à votre histoire un pareil monument !...
Et de le saccager l'on parle en ce moment!
On parle d'effacer cette étonnante page!

Epargnez-vous, de grâce, un semblable succès.
Sunt lacrymæ rerum! Ce n'est pas tout de rire
Ici-bas! Que la Muse, en passant, vous inspire
Quelque chose de mieux que ce qu'on entend dire:
«Que rien en France n'est sacré... pour les Français!

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ajoute: « Quand on se remémore ces vieilles histoires de statues conviées à des repas, et manifestant leur bon ou leur mauvais vouloir par des mouvements de tête, on comprend par quel amalgame de souvenirs antiques et de légendes locales s'est formé, dans l'Espagne du moyen âge, le conte populaire, si émouvant et si dramatique, du Convidado de piedra, le célèbre convié de pierre. » Mais le Festin de Pierre, comme nous disons, est-il réellement une légende du moyen âge? Je n'en trouve aucune trace dans le Romancero de M. Damas-Hinard, et la Biographie Didot (au mot Tirso) ne me paraîtrait pas non plus favorable à cette idée, car elle dit seulement que Tirso de Molina avait pu trouver dans Lope de Vega (l'Argent fait

325 l'honneur) une esquisse du caractère qu'il « a développé le premier avec une énergie et une crudité sans pareilles » dans le personnage de D. Juan.

Ce fait d'une légende remontant au moyen âge, serait surtout contraire à ce que raconte M. E. de La Bédollière, dans son édition de Molière. « D. Juan Tenorio n'est pas un personnage imaginaire. La chronique de Séville fait mention de ce débauché qui enleva la fille du commandeur Gonzalo de Ulloa. Ce fut en essayant de poursuivre le ravisseur que le malheureux père fut frappé mortellement d'un coup d'épée. Tels étaient le rang et l'influence de D. Juan, que les lois furent impuissantes contre lui, et qu'il poursuivit longtemps en paix le cours de ses iniquités. Un soir une femme inconnue lui donna rendez-vous nuit, dans l'église Fran

cindizes. Ils allai et ne répare delus. On suppose qu'il fut tué par les moines qui voulaient venger Gonzalo Ulloa, leur bienfaiteur. Ils firent courir le bruit que D. Juan était venu insulter la statue du commandeur au fond de sa chapelle mortuaire, et que la terre l'avait englouti. Pour faire croire plus aisément au miracle, Gabriel Tellez, sous le pseudonyme de Tirso de Molina, composa un drame intitulé: El Burlador de Sevilla. » Il ne faut pas comprendre que Tellez ait déguisé son nom pour cette œuvre seule : Tirso de Molina était son nom de littérature habituel. Cela du reste ne détruirait pas le rapprochement ingénieux de Magnin: seulement ce serait directement le dramatiste espagnol qui se serait rappelé les lectisternia romains et en aurait tiré un incident de sa pièce.

Cette pièce porte-t-elle deux titres, ou n'en a-t-elle qu'un seul et est-ce le Convié de pierre, ou le Raille-tout de Séville? La Biographie-Didot n'indique aussi que celui de El Burlador de Sevilla, et Voltaire, qui a broché quelques notes sur Molière, est pour El Combibado de piedra. Il faut remarquer que ce sujet ne nous est pas venu directement d'Espagne, quoiqu'à cette époque notre littérature lui fit tant d'emprunts, mais d'Italie, où le drame de Tirso avait été traduit sous le nom de Convivato di Pietra. Ne serait-ce pas ce titre de la traduction italienne qui, facilement retraduit en espagnol par Dorimond ou Villiers, aurait passé pour celui de l'original? O. D.

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Sorel, qui l'a publiée sous le pseudonyme de Nicolas Moulinet, sieur du Parc. 1o Chaplis, querelle. 2° Raquedenare, appliqué à un avare. 3o Jambette; d'après le sens de la phrase, ce serait une sorte de couteau. 4° Mercadan, sorte de marchand interlope; il semble que ce mot ait inspiré à Balzac le nom de Mercadet. 50 Morfer, se morfer. -6° Nivetterie; d'après le sens général, mièvrerie ou, au contraire, niaiserie. -7° Fretinfretailler. 80 Frisé à la Bordère. 9° Pâté de béatilles. 10° Vin de singe; serait-ce du vin trop sûr qui fait faire des grimaces comme celles du singe et danser les chèvres? 11o Braquet, arme. Serait-ce de ce mot que viendrait le mot briquet? 12° Soye fiammette. 13° Galoureau. 14° Chiquenille. 15o Epée à la Miraumonte.

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a Mirai commencé qu'un peu tard à noter les mots singuliers ou inconnus pour moi que je rencontrais. Peut-être, dans le commencement du livre, y aurait-il encore à glaner. Mais je n'ai pas le courage de chercher de nouveau; la paresse est une si bonne chose! E. G. P.

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Un vers de sept pieds dans Racine. — Ce vers est un vers latin. Au troisième acte des Plaideurs, l'Intimé décrit, dans son fameux plaidoyer, l'état de l'univers avant la création, et il cite ces deux vers, tirés des Métamorphoses d'Ovide.

Unus erat toto naturæ vultus in orbe, Quem Græci dixêre Chaos, rudis indigestaque [moles.

Si cette leçon, qu'on voit dans toutes les éditions courantes de Racine, est la bonne, je voudrais bien savoir pourquoi il a surchargé d'un Græci complémentaire le second de ces hexamètres qui, avec ses quinze syllabes réglementaires, paraîtrait déjà assez long au milieu de nos alexandrins. DICASTÈS.

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François Briot, orfévre.

Pourrait-on

me donner des renseignements précis sur cet artiste remarquable? A quelle époque et où travaillait-il? Pourquoi avait-il dépensé tant de talent sur une matière de peu de valeur comme l'étain? J'ai vu quelque chose sur lui quelque part, mais où ? Je crois me rappeler qu'il était établi à Bâle vers le milieu du XVIe siècle et que, à cette époque, des lois somptuaires ayant interdit l'usage de l'argenterie, Briot se serait rejeté sur l'étain. Qu'y a-t-il de vrai là-dedans?

Je possède plusieurs pièces admirables de lui, et, entre autres, deux grands chandeliers hauts de trente-deux centimètres et ornés, dans l'empattement, de sujets représentant les quatre saisons. Ils proviennent de la vente Rattier, mars 1859. Quelqu'un en connaîtrait-il de semblables?

Existe-t-il encore quelque part des pièces de Briot en argent? A-t-il jamais travaillé autre chose que l'étain?

NITRAM.

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Date de la mort de François Ier. On donne généralement, comme date de la mort de François Ier, le 31 mars_1547. Paul Emile, dans son histoire de France écrite en latin, donne le 31 mars 1546. D'un autre côté, j'ai trouvé dans deux actes pour l'aveu de la terre de Cangé (Indre-etLoire) des indications qui me semblent devoir faire préférer 1546. Le premier acte est passé au nom de Henri II et est daté du 16 octobre 1547, première année du règne. Le deuxième constate la présentation de l'acte précédent et est daté du 19 janvier 1547.

Quelle date faut-il prendre pour la mort de François Ier? E. Q.

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Pseudonymes à découvrir. - La se conde édition des Supercheries littéraires de Quérard se poursuit avec activité; il a déjà paru cinq parties de ce vaste travail, et la sixième partie, qui doit compléter le troisième volume et achever la partie des pseudonymes verra le jour au mois de juillet prochain. Tous les amis des livres qui ont examiné cette publication ont remarqué que le nombre des pseudonymes signalés était plus que le double de ce qu'offrait la première édition, et qu'on y avait inséré les noms supposés intercales dans le Dictionnaire des Anonymes de Barbier, noms que Quérard avait en grande partie passés sous silence. Nul doute qu'il n'y ait dans cette édition nouvelle quel

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ques erreurs; c'est inévitable; ce qu'on peut y relever aussi, c'est un grand nombre d'omissions. Tous les ouvrages publiés sous des noms supposés ou sous une simple initiale, ou bien encore avec des astérisques (combien de livres offrent-ils seulement sur le frontispice: par M. ***?) n'y figurent point, et ceci par la très-bonne raison que ni Barbier, ni De Manne, ni Quérard, ni ses continuateurs, ni les vieux bibliographes qui se sont occupés de recherches de ce genre, n'ont pu connaître les véritables pères de tous les enfants ayant forme de papier imprimé. C'est déjà beaucoup d'avoir à cet égard révélé 20,000 ou 25,000 mystères, et ces découvertes n'ont pu avoir lieu qu'à la suite des recherEches les plus persévérantes. Cependant il serait bien désirable de tenter quelque moyen pour arriver à la connaissance de tant de pseudonymes inconnus, de ceux du moins qui offrent quelque intérêt. On sait que Quérard avait, dans son infatigable ardeur, relevé tous les pseudonymes qu'il n'avait pu découvrir; son travail, que personne à coup sûr ne sera tenté de refaire, existe encore; n'y aurait-il pas lieu de l'imprimer, en partie du moins? On pourrait aussi provoquer, par la voie de l'Intermédiaire, des renseignements sur divers pseudonymes dont il y aurait intérêt à lever le masque. En arrêtant ici ces considérations qui paraîtront, j'espère, dignes de quelque sympathie de la part des amis des livres, je me bornerai à poser une question:

Unsavant bibliographe allemand qui s'est fort occupé des pseudonymes, M. Emile Weller, signale un écrit de Pierre Bayle publié en 1707 sous le nom de Maxime et Eusèbe. Ce pseudonyme ne figure point dans la seconde édition de Quérard. Quel est le titre de cet ouvrage? M. Weller ne l'indique pas. L. R.

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Question de clocher. — L'Annuaire du Bureau des longitudes publie chaque année un tableau des hauteurs de quelques édifices au-dessus du sol, dans lequel figure en première ligne la plus haute des pyramides d'Egypte (146 m.), puis immédiatement après la tour de Strasbourg (142 m.). D'où vient que la flèche de l'église Notre-Dame de Bruges, qui a, dit-on, 145 mètres d'élévation, n'a pas pris son rang de taille dans ce tableau? Est-ce une simple omission des rédacteurs de l'Annuaire, ou bien le Bureau des longitudes a-t-il voulu ménager notre amour-propre national? J. MT.

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que la matière n'est pas facile à traiter. Voltaire... (mais d'abord remarquons que les Questions sur l'Encyclopédie auxquelles nous renvoie l'antique défunt, sont fondues dans le Dictionnaire philosophique, depuis l'édition de Kehl) Voltaire parle de Paparel comme d'un homme de son âge, peut-être même déjà mort. « Nous avons connu le trésorier Paparel qui... » Il écrivait cela en 1770. C'est beaucoup plus tard, 1806, que Charles Rémard, alors bibliothécaire du château de Fontainebleau, publia son poëme de la Chézonomie. Il appartenait tout à fait à son sujet de chanter les excentricités gastronomiques de Paparel; mais il en fait un créole de SaintDomingue: au lieu du trésorier Paparel, c'est un certain Paparel; au lieu de laitières, ce sont des mulâtresses. Et comme si Rémard ignorait ou oubliait qu'il pouvait s'appuyer sur l'autorité imposante (1806) de Voltaire, il a recours à cette note: « Je tiens cette anecdote d'un témoin oculaire, qui la raconte si souvent et si affirmativement à qui veut l'entendre, qu'il faut l'en croire sur parole. » Est-ce qu'il y aurait eu deux Paparel, par exemple le père et le fils, chez qui les traditions paternelles se seraient religieusement con

servées?

O. D.

Lady Castlereagh. Je lis la phrase suivante dans un roman de Jules Lecomte La croisière de la Mouche, par l'auteur des Aventures d'un lieutenant de marine, Dumont, 1837 (tome II, p. 149): « Le collet de velours de son habit et son gilet de soie étaient chargés d'une pro« fusion si considérable de gouttelettes de pluie, qu'à la couleur près, on eût pris « sa poitrine pour celle de la douairière lady Castlereagh, à une soirée d'Al

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Les demoiselles Carpeaux... et le Régent. On sait combien ces filles de notre Carpeaux, « l'éminent sculpteur, » ont été calomniées! Elles lèvent un peu... la jambe, ce qui ne déplaisait pas autrement à M. Eug. Vermesch, du Figaro (12 août 1869), qui s'en fut depuis au Père Duchesne, l'irascible époux de Jacqueline, après avoir foudroyé Philippe d'Orléans et sa noble séquelle:

« Nous ne sommes plus au temps où le Régent et ses roués faisaient danser leurs maîtresses nues derrière un rideau de tulle... >>

Eh bien! là, citoyens corépondants, avons-nous de solides autorités? - L'Intermédiaire, on l'a dit, non est begula; mais, proh pudor! rien de Touchard

Lafosse!

H. DE S.

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Réponses.

L'Ode sur les Funérailles de sir John Moore (VI, 106, 19). Permettez à un Anglais de répondre à la question de paternité de l'ode sur les funérailles de sir John Moore. Moi aussi je dirai: Quant à l'authenticité de la pièce française, voici tout ce que je puis dire. J'ai entre mes mains les « Mémoires de Lally-Tollendal dont je transcris ici le titre : Memoirs of count Lally, from his embarking in the East Indies, as commander in chief of the French forces in that country, to his being sent Prisoner of war to England, after the surrender of Pondicherry consisting of pieces written by himself and addressed to his judges, in answer to the charges brought against him by the Attorney general of his most Christian Majesty. London, 1766, 8°.

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Mais je ne trouve dans ce livre aucune notice des Funérailles de Beaumanoir. Et pourquoi? Parce que ces vers n'ont été écrits qu'en 1835, c'est-à-dire un siècle après, et parce que c'est une mystification d'un des plus instruits et audacieux de nos littérateurs, le Rév. Francis Mahoney, plus connu sous le pseudonyme de Father Prout. Si Acheté veut bien lire The Reliques of Father Prout, il y trouvera les « Funérailles de Beaumanoir » et bien d'autres canards encore. Votre correspondant possède sans doute bien la langue anglaise «come se fosse sua propria. » C'est pourquoi je transcris ici cette saillie de l'éditeur de Notes and Queries: «The Lally Tollendall theory has crapped up again in our excellent contemporary, l'Intermédiaire, where a writer signing himself Acheté gravely inquires whether Wolfe was traducitore o traditore. It is clear that Acheté has been sold.» (Manchester.) WILLIAM-E.-A. Axon.

Le duc de Bourgogne et les Florentins (VI, 137). - Nos historiens modernes, et particulièrement Sismondi, ne manquent guère, on le sait, d'exagérer les désordres de l'administration et les malheurs de la France dans les époques antérieures à la déclaration des principes de 1789. Pour ce qui est de Philippe le Bel, c'était un prince triste, ombrageux, de foi douteuse, j'y consens; mais il ne fut jamais accusé d'être prodigue et d'avoir encouragé les officiers de la cour à déployer un grand luxe d'ameublement, etc. Ses contemporains lui faisaient des reproches contraires. Pour les frères Franzezi, riches marchands florentins, qui furent, dit encore Sismondi, employés par Philippe le Bel comme ministres et comme banquiers, « on ne voit pas « comment le roi leur aurait cédé le revenu

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« de diverses provinces. » Ici je rappellerai seulement que les deux changeurs florentins qui furent accusés d'avoir encouragé Philippe le Bel à suivre l'exemple des tyrans italiens, altérant les monnaies, se nommaient l'un Biccio Borno, l'autre Mucciato Francezi. Il se peut qu'ils aient été frères comme les « Franzezi » de Sismondi. Mais je tiens à rappeler ici deux passages jusqu'à présent demeurés obscurs de la Chronique de Godefroi de Paris, contemporain de Philippe le Bel. Godefroi a joué sur le nom de ces banquiers, Biccio et Musciato. Du premier passage on doit conclure qu'ils étaient de la faction des Guelfes et qu'ils avaient grande autorité en Italie, puisque c'est par eux que Charles de Valois avait été accueilli dans le Milanais. Icèle année Mouche et Biche

Receurent à grant compagnie
En la terre de Lombardie
Charles, le frère au roy de France,
Qui s'en alloit pour faire aidance,
En Calabre, au roy de Cezille.

Dans le second passage, Godefroi regrette que Philippe le Bel se soit laissé ruiner par les deux mêmes changeurs, et c'est à la parcimonie avec laquelle il payait ses hommes d'armes qu'il attribue le désastre de Courtrai, en 1303. Flamands, dit-il, ont de grandes richesses:

Dont ils sont larges, non pas chiches,
Et maint homme en ont soudoier,
Car largement se veut paier.
Mès le roi, chascun si le triche.
En sa cour avait Mouche et Biche,
Qui durement l'ont esmouchié.
Et lor a le roi tout couchié,
Si en demoura sans argent.

Je le répète, si l'on ne sait quel était le nom de ces deux changeurs, il est impossible de comprendre le sens attaché aux mots Mouche et Biche. P. P.

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