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73 de l'aborder, sinon le roi, qui l'aima trèsfort, et, pour parler à elle plus privément, donna quelque commission au comte son mari, en laquelle il demeura fort longuement et, durant ce temps, le roi fit grand'chère avec sa femme. » Ainsi débute la neuvième nouvelle, cinquième journée de l'Heptaméron. Puis, il nous raconte comment le succès du roi ayant encouragé d'autres galants à courtiser cette comtesse, elle en accepta trois, l'un après l'autre, en moins d'un mois, ayant cru pouvoir le faire en secret. C'est leste; mais, tant que ce n'est qu'un conte... Brantôme, qui le cite, n'en parle pas comme d'une aventure réelle, du moins aussi positivement que d'autres nouvelles de l'Heptameron. Seulement, les trois galants se nomment Astillon, Valnebon, Duracier. Comment ne pas reconnaître Valnebon pour gramme de Bonneval? Astillon, pour l'abréviation de Chastillon? et Duracier, mieux déguisé, ne s'en prête pas moins à désigner Bourdillon de la Platière, la platière étant une pièce de l'armure d'alors." L'association de ces trois noms rappelle aussitôt le vieux distique :

Chastillon, Bourdillon, Bonneval,
Gouvernent le sang royal.

l'ana

C'est-à-dire Charles VIII dont ils étaient les favoris. Mais irons-nous plus loin, et trouverons-nous le nom de la comtesse? Il en est une que semblent nommer tout d'abord, et l'époque, et la qualité d'étrangère et si en effet elle a été la maîtresse de Charles VIII, voilà tout expliquée la haine constante que lui a portée Anne de Bretagne. Mais d'autres circonstances cadrent peut-être moins bien; et surtout, peut-on admettre qu'une fille ait raconté pareilles histoires de sa propre mère?

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O. D.

Saint-Médard et le parapluie. On sait que lorsque fut créé le Régiment de la Calotte, cette colossale boutonnerie ne touchait de près ni de loin à la question cléricale, et que ce n'est que beaucoup plus tard que, détournant ce mot de son sens primitif, on en a fait une appellation injurieuse à l'adresse spéciale des ecclésiastiques. Ceci rappelé, je dirai que le 1er sep tembre 1721, fut joué à la foire Saint-Laurent un opéra-comique de Lesage, intitulé le Régiment de la Calotte. Au nombre des personnages était un M. Pluvio, et ce nom est expliqué par la note suivante: « Un particulier cette année-là, voyant qu'il pleuvoit le jour de la fête de Saint-Gervais, paria des sommes considérables contre plusieurs personnes qu'il pleuvroit quarante jours de suite. If fit effectivement de la pluie pendant quinze jours; mais le temps se mit au beau et ruina le partisan du proverbe.» Aujourd'hui, c'est à Saint-Mé

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dard qu'appartiennent les pluies de quarante jours. Faut-il donc supposer une erreur dans la rédaction de cette note? Ou les deux bienheureux étaient-ils en concurrence? Ou enfin faut-il voir dans Saint-Médard un audacieux usurpateur des droits et prérogatives de Saint-Gervais; et à quelle époque, postérieure à 1721, remonterait cette usurpation? Le costume de M. Pluvio est ainsi décrit : « Il a un manteau de toile cirée, et un chapeau couvert de la même toile.» Point de parapluie, ce qui eût pourtant été bien l'occasion. Les parapluies étaient-ils encore inconnus en 1721, tandis que les parasols sont de temps immémorial? Et alors à quand remonte cette découverte que l'on n'apprécie jamais tant, que lorsqu'on s'en dégoutte?

O. D.

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Plan de Lyon au XVIe siècle. existe aux archives de Lyon un plan panorama de cette ville, exécuté au XVIe siècle. Ce plan mesure 2m,50 de largeur sur 1,50 de hauteur; il est composé de vingt-cinq feuilles gravées et l'on n'en connaît qu'un exemplaire, d'après lequel le père Menestrier a publié (à la suite de son Histoire consulaire) un plan fort réduit et retouché.

Cette immense estampe porte au centre un ange soutenant un cartouche avec le mot Lyon; en haut, à droite et à gauche, se trouvent les armes de France et celles de la ville; au bas, deux grands cartouches très-remarquables par le caractère de leurs figures décoratives qui rappellent le style de Goujon. Ce plan ayant été rogné aux quatre côtés, le nom du graveur a disparu. Il serait intéressant de savoir: 1° si les planches de cuivre existent encore; 2o si l'on connaît dans une collection publique ou particulière un second exemplaire de cette pièce importante; 3o le nom du gra(Lyon.) V. DE V.

veur.

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La mort de Voltaire. Dans un ouvrage anonyme, imprimé à Porentruy en 1781, et intitulé Voltaire, recueil des particularités curieuses de sa vie et de sa mort, avec cette épigraphe: Qualis vita, talis mors, se lit, à la page 126, une note ainsi conçue « C'est après la sortie de « MM. le curé de Saint-Sulpice et l'abbé « Gaultier, que M. Tronchin, médecin de «Voltaire, le trouva dans des agitations << affreuses, criant avec fureur: « Je suis «< abandonné de Dieu et des hommes! » et

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vante:

« Le groupe monumental, élevé sur la place de l'ancienne barrière de Clichy, est maintenant débarrassé de la cage en planches qui le cachait au public. Če groupe, œuvre de M. Doublemard, se compose de trois figures. Une femme représentant la ville de Paris, debout et enveloppée dans les plis d'un drapeau, soutient de la main droite un aigle aux ailes éployées.

«En avant d'elle, le maréchal Moncey étend la main gauche pour la défendre; il tient de la main droite un sabre turc.

« A gauche de la figure de Paris, un jeune homme, en costume militaire, mortellement blessé, tombe en regardant l'aigle. Ce jeune homme est un élève de l'Ecole polytechnique.

« Ce groupe symbolise la défense de Paris en 1814 plutôt qu'il ne consacre la légende de la barrière de Clichy, popularisée et peut-être créée par un tableau d'Horace Vernet. Il n'est pas bien certain, en effet, qu'il y ait eu combat à la barrière de Clichy. Tout l'effort de la bataille du 30 mars 1814 se porta sur une ligne allant de Charenton à la Villette, mais surtout à Pantin, aux Buttes-Chaumont et à Belleville, où Marmont soutint une lutte héroïque, faisant perdre à l'ennemi plus de soldats qu'il n'en avait lui-même. La redoutable position de Montmartre, que l'ennemi croyait formidablement défendue, fut abordée seulement vers le soir; l'ennemi, à sa grande surprise, n'y trouva qu'une batterie de canons abandonnée.

«En 1814, Napoléon avait créé douze batteries d'artillerie de la garde nationale, à Paris, dont trois formées d'élèves de l'Ecole polytechnique. Le 28 mars, les élèves furent chargés de servir une réserve de 28 pièces, qui, le 30, fut placée en travers de l'avenue de Vincennes. Attaqués par les Russes, les élèves, qu'aucune infanterie ne soutenait, faillirent être enlevés avec leur batterie. Dégagés par l'intervention des gardes nationaux postés à la barrière du Trône, les jeunes artilleurs allèrent, avec leurs pièces, se mettre sous les ordres du commandant Paixhans, et prirent une part active à la défense des hauteurs de Charonne.

« Le monument de la place de Clichy semble exclusivement consacré à la dé

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fense de Paris par l'armée, tandis que le tableau de Vernet l'était surtout au courage de la garde nationale.

"La conduite de l'armée fut admirable devant Paris, le 31 mars 1814, et le chef qui la commandait, Marmont, fut digne d'elle il fit le coup de fusil comme un simple soldat, dans les rues de Belleville. Malheureusement pour lui, vint l'affaire, encore obscure, d'Essonne. Quant à la garde nationale, quant au peuple parisien, s'ils ne firent rien, ou firent peu de chose, la faute en est au gouvernement impérial, qui ne sut ou n'osa organiser ni l'une ni l'autre.

« Si l'on ajoute des bas-reliefs au monument de la place de Clichy, il ne faudra pas oublier Joseph Bonaparte s'enfuyant du Château-Rouge à toute bride, et refusant même de donner un ordre aux marechaux que Napoléon avait placés sous le commandement de ce déserteur. »>

Cette note (dont je n'ai pas de raison pour ne pas m'avouer l'auteur) soulève une question historique: Y a-t-il eu réellement combat à la barrière de Clichy, le 30 mars 1814? Tous ceux qui ont écrit une histoire de Paris, et je suis du nombre, rapportent le fait comme certain. Cependant, quand on lit une relation détaillée de la bataille de Paris, on est amené à douter du fait. M. Thiers, qui a sans doute consulté des documents officiels, mentionne en trois lignes seulement l'incident de la barrière de Clichy.

Il doit exister encore des acteurs de cette journée. On m'a cité comme tel M. le général de La Rue, sénateur. Quelqu'un d'eux voudrait-il apporter un témoignage précis sur ce point. Pour qu'un maréchal de France fût présent à la barrière de Clichy, il a fallu qu'il y eût là quelque grand intérêt militaire. Cependant, il n'est pas question d'un seul engagement entre la Villette, limite extrême de la résistance vers l'ouest, et la barrière de Clichy, ligne assez étendue, qui domine la butte Montmartre dont l'ennemi n'aborda que dans la soirée les pentes fort abruptes du côté du nord et où, contre son attente, il ne rencontra aucun obstacle.

M. Camille Rousset, l'érudit historiographe du ministère de la guerre, pourrait retrouver dans les Archives du dépôt les rapports sur cette journée. Certainement, si l'on s'est battu à la barrière de Clichy, et sous les ordres d'un maréchal, un rapport en a été fait.

C'est là une simple question d'exactitude historique. Avec ou sans combat à la rue de Clichy, la défense de Paris, au 30 mars 1814, n'en est pas moins un très-beau fait d'armes. FRÉDÉRIC Lock.

L'abbé Chatel et l'Eglise française. J'ai en ma possession un Eucologe à l'usage

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« Ferdinand-François Chatel, par la miséricorde divine, évêque-primat, seul fondateur de l'Eglise catholique française.

« Vu le droit de propriété qui nous appartient sur les livres d'église à l'usage de l'Eglise catholique française, comme Missels, Rituels, Catéchismes, Eucologes et autres livres, tant pour les ecclésiastiques que pour les laïques, imprimés par notre autorité, nous avons permis et permettons, par ces présentes, à M. Auguste Auffray, imprimeur, passage du Caire, no 54, à Paris, de tirer à 2,000 exemplaires l'Eucologe catholique français, dont nous lui remettons le manuscrit, ouvrage devant former un volume in-18 de 360 pages à peu près, Cette permission, toutefois, n'est donnée que pour cette première impression, et peut être révoquée par nous à volonté.

« Ledit sieur Auffray sera obligé de soumettre à notre approbation un modèle des caractères et papier qu'il devra employer à la confection dudit livre, et de se conformer en tout aux corrections et changements que nous jugerons à propos d'y faire.

« Donné à Paris, en notre Eglise primatiale, rue du Faubourg-Saint-Martin, no 59, le 21 juin 1832, sous le sceau de l'Eglise catholique française et le contre-seing du prêtre français soussigné.

« FERDINAND-FRANÇOIS CHATEL, « Evêque-Primat, fondateur de l'Eglise catholique française. « Par mandement de M. l'Evêque-Primat, « JOURNIAC, prêtre catholique français. Viennent ensuite, comme dans les Eucologes de l'Eglise catholique romaine, les prières du matin et du soir, l'ordinaire de la messe, le propre du temps, les vêpres, les complies, etc., avec cette particularité que le latin en est absolument exclu: tout y est en français depuis le commencement jusqu'à la fin. — J'ajouterai que si dans ce volume qui doit être assez rare, on trouve des prières pour l'Evêque-Primat, on en chercherait vainement une seule pour le Pape dont il n'est pas plus question que s'il n'existait pas. Peut-être y a-t-il encore d'autres dissemblances plus graves, mais, vu mon incompétence en pareille matière, je serais fort empêché de les dé

couvrir.

Je me souviens d'avoir assisté, il y a trentecinq ans, aux exercices du culte de l'Eglise française qu'on célébrait au fond de la cour du no 59 de la rue du Faubourg-St-Martin dans un corps de logis occupé aujourd'hui, je crois, par le laboratoire d'un café-concert. J'étais alors un tout jeune enfant et partant incapable de rien comprendre aux réformes et aux prédications nouvelles; aussi, serais-je infiniment reconnaissant envers les personnes qui voudraient bien me communiquer quelques notes sur la vie

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et la doctrine de l'abbé Chatel et même, si cela était possible, sur ses coopérateurs. A. B. D.

-

Tournevent. Dans les comptes des ducs de Bourgogne, il est fait mention qu'en 1383, on met des tournevents dans une chambre. Qu'est-ce donc qu'un tournevent? Dr LEJEUNE.

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Nobiliaire du P. Hugo. Qu'est devenu le Nobiliaire de Lorraine, composé par le P. Hugo, abbé d'Etival?

D. Calmet (Bibliothèque Lorraine, p. 515) dit que le manuscrit, déposé au greffe de la chancellerie, à Lunéville, fut envoyé à Vienne, lors de la réunion de la Lorraine à la France.

J'ai écrit à M. Alfred d'Arneth, directeur des archives de Vienne; il a bien voulu faire faire des recherches, et ni aux archives, ni à la bibliothèque Impériale, on n'a trouvé trace de l'ouvrage du P. Hugo.

M. Digot, auteur d'une notice sur le laborieux historien, se borne à répéter, au sujet du Nobiliaire, ce qu'en dit D. Calmet. Quelque lecteur de l'Intermédiaire pourrait-il me renseigner? KNOW NOTHING.

Le bibliographe Du Verdier torturé. On lit dans la vie inédite de Jean Dorat, par Guillaume Colletet (mss. du Louvre): «Et à propos de ce bibliothécaire et prosopographe Du Verdier, j'ay dans mon cabinet une lettre et des vers adressés à M. Dorat, où il se plaint extrêmement d'une exécution tortionnaire qui luy avoit esté faicte.» Quelle fut cette exécution? Les contemporains de l'auteur de la Bibliothèque françoise en ont-ils dit quelque chose? La lettre et les vers que conservait le zélé collectionneur G. Colletet sont-ils définitivement perdus ? T. DE L.

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Le moyen de parvenir. L. Willem, libraire, rue des Beaux-Arts, 8, à Paris, qui prépare en ce moment une nouvelle édition du Moyen de parvenir, désirerait avoir en communication les exemplaires de ce livre annotés par Jamet, l'un porté au n° 799 du catalogue Aimé Martin (1847), et l'autre sous le n° 1405 du catalogue Longuemare (1853). Dans les cas où les possesseurs de ces exemplaires ne voudraient pas les communiquer, L. Willem les prie de vouloir bien lui donner une copie des notes, qu'il s'empressera d'utiliser pour son édition illustrée. L. W.

D

Le « Tableau du nouveau Palais-Royal. —– Connaîtrait-on l'auteur de l'ouvrage anonyme suivant, que je ne trouve indiqué nulle part dans les divers Dictionnaires spéciaux que je possède: Tableau du nouveau Palais-Royal. Première et Seconde parties. (Ludere, non lædere.) A Londres; et se trouve à Paris, chez Maradan, libr., rue des Noyers, no 33. 1788. - 2 vol. pet. in-12, de 219 et 212 pp., (avec deux Vues gravées, format in-8° oblong, de l'Ancien et du Nouveau Palais-Royal.)?

Réponses.

ULR.

Latude, le baron de Trenck, etc. (II, 490). J'ai sous les yeux trois petits volumes in 18, intitulés: Le Despotisme dévoilé, ou Mémoires de Henri Masers de Latude, etc., rédigés sur les pièces originales, par M. Thiery, avocat, membre de plusieurs académies. Dédiés à M. de la Fayette. A Paris, imprimé aux frais de M. de Latude. Se vend chez lui, rue Bétisy, no 1, au coin de celle de la Monnaie, et chez les principaux libraires, 1792.

En tête du Ier volume, le portrait du héros, montrant la Bastille en démolition, avec un quatrain au-dessous; la planche n'est pas signée. Le faux-titre, répète les parties du titre que j'ai italiquées; la préface, signée par Latude, est du 2 août 1790.

J'ai aussi les Mémoires de Trenck, mais format in-12. Ceux de Latude me paraissent répondre à la question de M. l'abbé V. Dufour.

0.

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Origine des rimes latines (V, 371). Il est difficile de traiter ici des questions de cette nature qui, avec les preuves à l'appui, comporteraient la matière de plusieurs volumes. M. C. le Gentil (Mémoires de l'Académie d'Arras) prétend retrouver, dans les lois des XII Tables, et dans les maximes que Justinien a conservées de l'ancienne législation, au titre de Regulis (Digeste), des témoignages de la mesure syllabique, et de l'assonance, cette sœur aînée de la rime :

Bona fides non patitur
Ut bis idem exigatur.
Fere quibuscumque modis
Obligamur,

Iisdem in contrarium actis
Liberamur :
Cum quibus modis
Acquirimus,

Iisdem in contrarium actis
Amittimus.

(Digest., lib. L, tit. xvII.)

Si in jus vocat

Atque eat;

Ni it, aut et samino.
Igitur em capito.
Assiduo
Vindex assiduus esto
Proletario
Cuiqui volet vindex esto.

(L. des XII Tabl., I.)

Je ne serais pas éloigné de voir, dans les chants des frères Arvales, non-seulement une certaine mesure syllabique, mais encore des assonances; ce qui me paraît d'autant plus naturel qu'à cette époque la quantité, d'origine grecque, n'avait pas encore été importée à Rome.

Il est probable que la rime a pris naissance aux bords du Gange, dès les temps les plus reculés; c'est l'opinion de M. Mary

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Fraudes pieuses. Tromperies honnêtes (V, 501). - La ville de Trèves porte encore de nos jours le nom de Trier.

Dans une église de cette ville se trouve une prétendue relique, consistant en une camisole sans couture, faite par la vierge Marie pour son fils (comme celle d'Argenteuil), au sujet de laquelle les populations catholiques des provinces rhénanes faisaient encore, il y a peu de temps, des pèlerinages.

Peut-être ont-ils cessé depuis l'époque à laquelle un prêtre de la Silésie, nommé Ronge, lança contre l'archevêque de Trèves un anathème qui échauffa les têtes des bons Allemands, vers 1845 ou 46.

PHILIPPE AUGUSTE.

Personnages publics ou historiques sur les enseignes (V, 504). M. Saint-Joanny me saura gré, je suppose, de lui citer (d'après la curieuse Etude de M. Albert de la Fizelière: Vins à la mode et Caba rets au XVIIe siècle, in-12, fig. Paris, Pincebourde, 1866) la jolie anecdote que voici :

« Il est un vin muscat qu'on récolte à Montefiascone, dont la réputation est européenne, et qui doit à une singulière aventure le nom de vin d'Est, sous lequel il est

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mot est, en gros caractères, sur la porte de l'auberge où il l'avait découvert.

« L'évêque fut de cet avis, et il en but une telle quantité, qu'il mourut sur la place. On l'enterra dans l'église de SanFlaviano, et le mot est, trois fois répété, fut écrit en guise d'épitaphe sur son monument. Chaque année, le mardi de la Pentecôte, on répandait deux muids de vin sur la tombe. Čet usage dura longtemps, jusqu'à ce que le cardinal Barberigo, évêque de Montefiascone, fit distribuer aux pauvres le prix annuel de ces deux muids.

« Le cabaret où l'événement s'est passé a encore pour enseigne un gros homme à table, avec cette inscription: Est, Est, Est, et le vin du pays a gardé ce nom. » (Vid. loc. citat., pp. 32, 33.)

ULR.

Quatrain attribué à Mme de Staël (V, 570). De nos jours, force gens étudient non pas les littératures mais bien les langues étrangères, et cela encore uniquement en vue du commerce et des richesses qu'il procure. Aussi, est-ce pitié de voir comment chez nous le titre des chefs-d'œuvre et jusque au nom de leurs auteurs est indignement travesti par la prononciation. Ainsi l'épopée de Klopstock est intitulée LA MESSIADE. Or l'allemand DER MESSIAS signifie LE MESSIE, en latin MESSIAS, messiæ, sur Æneas, Æneæ. Celle du Camoëns est inscrite Les LUSIADES; et il est fort petit le nombre des lecteurs qui, par Lusiades, comprennent les descendants de Lusus, les Portugais en un mot, comme par Æneades, nom patronymique à la façon des Grecs, on entend les Troyens, issus du fils d'Anchise. Bon nombre d'esprits illettrés s'imaginent qu'il est permis de dire: Une Lusíade, deux Lusiades, comme ils sont tentés de dire: Une Henriade, deux Henriades. Pour ce qui est du nom des écrivains, nous l'écrivons mal et nous le prononçons de même. Après avoir tracé: WALKENAER, au lieu soit de WALKENAR, soit de WALKENÆR; GOETHE, au lieu soit de GOTHE, soit de GOETHE, nous articulons en quatre syllables WALKENAER, et en trois syllables GOETHE. De là apparemment: Le poëte Goëte dans sa boëte (boîte).

Mais c'est surtout l'auteur de « Corinne >> qui aurait le plus à se plaindre sous ce rapport. Car on écrit STAEL, et pourtant ce mot se prononce chez nous autrement qu'il n'est tracé. Cette fois, en vérité, on a inventé, pour une femme extraordinaire, une insolite façon de se fourvoyer. D'où vient donc la prononciation STAL? — D'une malice contre qui s'en est permis beaucoup, et des plus fines. Au fait, en allemand, ACIER se dit STAHL. Or, une plume acérée (aciérée), une langue piquante, et telle qu'on la voit vibrer entre

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