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Tertullien, ORIGÈNE, EUSÈBE, S. AUGUSTIN, MONTAIGNE, BACON, GROTIUS,
DESCARTES, RICHELIEU, ARNAUD, DE CHOISEUL-DU-PLESSIS-PRASLIN, PASCAL,
PÉLISSON, NICOLE, BOYLE, BOSSUET, BOURDALOUE, LOCKE, LAMI, BURNET,
MALEBRANCHE, LESLEY, LEIBNITZ, LA BRUYÈRE, FÉNELON, HUET, CLARKE,
DUGUET, STANHOPE, BAYLE, Leclerc, du PIN, JACQUELOT, TILLOTSON,
DE HALLER, SHERLOCK, LE MOINE, POPE, LELAND, RACINE, MASSIL-
LON, DITTON, DERHAM, D'AGÜESSEAU, DE POLIGNAC, SAURIN, Buffier,
WARBURTON, TOURNEMINE, BENTLEY, LITTLETON, FABRICIUS SEED,
ADDISON, DE BERNIS, JEAN-JACQUES ROUSSEAU, PARA DU PHANJAS,
STANISLAS I, TURGOT, STATLER, WEST, BEAUZÉE, BERGIER,
GERDIL, THOMAS, BONNET, DE CRILLON, EULER, DELAMARE,
CARACCIOLI, JENNINGS, DUHAMEL, LIGUORI, BUTLER, BUL-
LET, VAUVENARGUES, GUÉNARD, BLAIR, DE POMPIGNAN,
DELUC, PORTEUS, GÉRARD, DIESSBACH, JACQUES, LA-
MOURETTE, LAHARPE, LE coz, DuVOISIN, DE LA LU-
ZERNE, SCHMITT, POYNTER, MOORE, SILVIO PELLICO,
LINGARD, BRUNATI, MANZONI, PERRONE, PALEY,
DORLEANS, CAMPIEN, FR. PERENNÈS, WISEMAN,
BUCKLAND, MARCEL DE SERRES, KEITH,
CHALMERS, DUPIN AINÉ, S. S. GRÉGOIRE XVI,
CATTET, MILNER, SABATIER, MORRIS, BOL-
GENI, LOMBROSO ET CONSONI, CHASSAY

Traduites, pour la plupart, des diverses langues dans lesquelles
elles avaient été écrites;

REPRODUITES

INTÉGRALEMENT, NON PAR EXTRAITS;

ANNOTÉES ET PUBLIÉES PAR M. L. MIGNE, ÉDITEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE DU
CLERGÉ OU DES COURS COMPLETS SUR CHAQUE BRANCHE DE LA SCIENCE ECCLÉSIASTIQUE.
OUVRAGE ÉGALEMENT NÉCESSAIRE A CEUX QUI NE CROIENT PAS,

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A CEUX QUI DOUTENT ET A CEUX QUI CROIENT.

20 VOL., PRIX: 120 FR.

TOME CINQUIÈME,

CONTENANT LES DÉMONSTRATIONS DE TERTULLIEN,

ORIGÈNE, EUSÈBE.

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S'IMPRIME ET SE VEND CHEZ J.-P. MIGNE, EDITEUR,
AUX ATELIERS CATHOLIQUES, RUE D'AMBOISE, AU PETIT-MONTROUGE,
BARRIÈRE D'ENFER DE PARIS.

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Les livres du Nouveau-Testament sont authentiques.
Les livres de l'Ancien-Testament sont authentiques.
L'Ancien-Testament renferme beaucoup de prophéties, plusieurs se sont
accomplies; toutes les prophéties de l'Ancien-Testament conviennent au
Messie. Jésus de Nazareth est le Messie.

41-81

81-480

481-933

La religion chrétienne est vraie.

933-936

Avertissement du traducteur. — Préface et notice sur le docteur Clarke.
Démonstration de l'existence et des attributs de Dieu.

936-946

947-1037

Lettres d'un gentilhomme de la province de Glocester au docteur Clarke.
Autres lettres d'un théologien de Cambrigde avec les réponses de l'auteur sur
la Nécessité et la Liberté des actions humaines.

1039-1056

1057-1068

Discours sur les devoirs immuables de la religion naturelle et sur la vérité

de la religion chrétienne.

1069--1283

Défense du docteur Clarke pour prouver l'immatérialité de l'âme et son

¿mmortalité

1291

IMPRIMERIU DE MIGNE, ▲ MONTROUGE

HUET (PIERRE-DANIEL), évêque d'Avranches, né à Caen le 8 février 1630, acheva son cours de belles-lettres à 14 ans, étudia en philosophie sous le Père Pierre Membrun, jésuite, et deviat en peu de temps géomètre, mathématicien, théologien, antiquaire et poète. Il alla à Paris en 1650, où il prit du goût pour la philosophie dans les Principes de Descartes, et pour l'érudition dans la Géographie sacrée de Bochart. Il accompagna ce dernier en Suède, en 1652, où Christine lui fit l'accueil dont elle honorait les savants les plus distingués. De retour dans sa patrie, il institua une académie de physique, dont il fut le chef, et à laquelle Louis XIV fit sentir les effets de sa libéralité. En 1670, le grand Bossuet ayant été nommé précepteur du Dauphin, Huet fut choisi pour sous-précepteur. C'est alors qu'il forma le plan des éditions ad usum Delphini, éditions qu'il dirigea en partie. Ses services furent récompensés par l'abbaye d'Aunai en 1678, et en 1685 par l'évêché de Soissons, qu'il permuta avec Brujart de Syllery, nommé à celui d'Avranches. Les travaux de l'épiscopal ne purent ralentir ses travaux littéraires. Comme il se tenait continuellement enfermé dans son cabinet et dans sa bibliothèque, ses domestiques, craignant de l'interrompre, répondaient à ceux qui venaient lui parler d'affaires, qu'il étudiait : « Eh! pourquoi, dirent un jour de bonnes gens, le roi ne nous a-t-il pas donné un évêque qui ait fait ses études?» Voyant que le temps qu'il voulait donner au travail l'empêchait de remplir les devoirs de l'épiscopat, il se démit de cet évêché, et obtint à la place l'abbaye de Fontenay, près de Caen. Il se retira peu de temps après chez les jésuites de la maison professe à Paris, auxquels il légua sa bibliothèque; ily vécut, partageant ses jours entre l'étude et la société des savants, jusqu'à sa mort, arrivée le 26 janvier 1721, à 91 ans. Il était de l'académie française. L'érudition chez Huet n'était ni sauvage ni rebutante. Humain, affable, prévenant, d'une conversation aisée et agréable, il instruisait les savants, et savait plaire aux ignorants même. Sa politesse découlait de son caractère; c'était la douceur d'un littérateur indulgent. Ce prélat à beaucoup écrit en vers et en prose, en latin et en français. Ses principaux ouvrages sont : | Demonstratio evangelica, Paris, 1679, in-folio. Cet ouvrage est un prodige d'érudition, et suffirait seul pour donner l'immortalité à son auteur. Ceux qui ont dit qu'il était faible en raisonnements avaient peutêtre quelque intérêt à le trouver tel. Ils n'ont pas considéré que c'était une démonstration historique, un argument de fait, un groupe d'événements, de prophéties, de figures; un tableau de rapports si multipliés, si visibles; un ensemble si bien lié dans toutes ses parties, que la démonstration se forme d'elle-même, sans qu'il soit besoin de la réduire en forme dialectique. | De claris interpretibus, et de optimo genere interpretandi, la Haye, 1683, in-8°; une Edition des Commentaires d'Origène sur l'Ecriture sainte, Rouen, 1668, 2 vol. in-fol., en grec et en latin; Cologne, 1685, 3 vol. in-fol.; | un savant traité de l'Origine des romans, in-12, à la tête de celui de Zaïde. Il regardait ce genre de livres, quand ils sont sagement écrits, comme propres à tromper l'homme par l'appât du plaisir, adoucir la vérité des préceptes par l'agrément des exemples, et corriger ses défauts en les condamnant dans les autres. Quæstiones Alnetanæ de concordia rationis et fidei, Caen, 1690, in-4°; | Traité de la faiblesse de l'esprit humain, Amsterdam, 1723, in-12, traduit en latin; Amsterdam, 1738, et en allemand, par Christian Grosse; Francfort, 1724, avec des notes où le commentateur prétend réfuter le texte. Ce traité est une traduction de la première partie des Quæstiones Alnetane. Quelques savants ont cru y voir une espèce de plagiat des Hypothèses pyrrhoniennes de Sextus Empiricus; mais les deux ouvrages sont très-différents. Voltaire (Siècle de Louis XIV) dit que ce Traité a fait beaucoup de bruit, et a paru à quelques-uns démentir sa Démonstration évangélique; mais un critique moderne remarque que ceux-là n'ont sans doute pas fait attention que l'on trouve les mêmes principes dans les préliminaires de la Démonstration. Le dessein de Huet est de montrer que le système des anciens sceptiques, réduit à de certaines bornes, n'est pas si déraisonnable qu'on le croit communément; qu'il n'est point opposé aux preuves de la religion, qui resterait démontrée quand même le doute se répandrait sur la plupart des sciences humaines, et qu'enfin les démonstrations morales ne le cèdent point aux démonstrations mathématiques. De la situation du paradis terrestre, Amsterdam, 1701, in-12; | Histoire du commerce et de la navigation des anciens, in−12, réimprimée à Lyon, chez Duplain, in-8°, en 1763. Ces deux ouvrages renferment une érudition immense. Le premier satisfit les curieux, et le second les bons citoyens. | Commentarius de rebus ad eum pertinentibus, 1718, in-12; des Poésies latines et grecques, des Odes, des Elégies, des Eglogues, des Idylles, des Pièces héroïques, et son Voyage en Suède, Utrecht. 1700, in-12. Quelques-uns lui attribuent un Poème sur le sel, mais il est de Joseph Thoulier d'Olivet. Les vers de ce prélat respirent l'antiquité; la latinité en est aussi pure qu'élégante. Censura philosophiæ cartesianæ, in-12; critique qui suppose autant de connaissances dans la bonne physique que de justesse dans le raisonnement. L'auteur dévoile et détruit plusieurs erreurs de Descartes. | Origines de Caen, Rouen, 1706, in-8°; | Diane de Castro, 1728, in-12. IL orna de notes le Manilius ad usum Delphini, donné par du Fay. L'abbé de Tillader fit imprimer, DEMONST. EVANG. II.-V. (Une.)

après la mort d'Huet, 2 vol. in-12 de Dissertations et de Lettres, presque toutes de ce prélat. Voyez son Eloge au-devant de l'Huetiana, in--12, recueil qui renferme des Pensées diverses et des Poésies: il a été publié par l'abbé d'Olivet, son ami et son confrère d'académie, à qui le savant évêque l'avait confié. On trouve des détails sur sa vie dans d'autres éloges de ce prélat, qui se trouvent dans le recueil de l'académie de Caen pour 1766. Huct est un des trois prélats qui ont le plus honoré le siècle de Louis XIV par leurs lumières. Le mérite de Fénélon et de Bossuet balance depuis longtemps les suffrages: pourquoi ne placerait-on pas avec eux, dans cette espèce de concurrence, l'illustre évêque d'Avranches? Son savoir a peut-être moins de grâces françaises, mais il a plus de grâces grecques et latines; il a moins d'éclat, mais peut-être plus de profondeur, et certainement plus de variété et d'étendue. L'usage modeste et sans prétention qu'il en a fait, le silence et la retraite qui l'ont dérobé aux yeux des hommes, semblent ajouter encore aux titres de sa gloire.

(Dictionnaire de Feller.)

Démonstration Evangélique,

Par Pierre Daniel HUET, Évêque d'Avranches,

TRADUITE DU LATIN.

PRÉFACE.

Lorsque je me proposais d'employer un nouveau moyen de démontrer la vérité du christianisme, je pensais bien rencontrer de nombreux contradicteurs; je savais qu'il fallait m'attendre à subir les impitoyables critiques des méchants, peut-être même leurs jalousies, leurs calomnies. Aucun écrivain n'est à l'abri de cette épreuve; mais je voyais que j'y serais exposé plus qu'un autre, car j'allais attaquer l'impie jusque dans ses retranchements; j'allais m'en prendre à ces hommes corrompus et de mœurs dépravées, qui ont tout intérêt à effacer de l'esprit des autres l'idée de Dieu, les premières notions de la foi, et tout principe religieux. J'avais aussi quelques motifs particuliers de redouter le fiel de la malveillance et de la haine; je n'en avais été que trop souvent la victime, quoique bien injustement; et puis comment pourrait-on me pardonner de traiter un sujet qui est la base de la théologic, a moi qui n'ai point végété sur les bancs de l'école ? condition pourtant indispensable comme chacun sait, pour faire un bon théologien ! Ne devais-je pas d'ailleurs m'attendre à trouver peu de justice chez les écrivains qui se seraient déjà occupés de la même matière ? A leurs yeux j'allais labourer dans leur champ, chercher à recueillir une moisson qu'ils avaient déjà méritée. Les plus rudes coups encore devaient me venir de ceux qui, pour se faire proner, ont recours à la coalition, et qui, par leurs manœuvres ténébreuses, mettent en jeu les paroles, les actes et les écrits de leurs partisans, dépréciant sans scrupule tout ce qui n'est pas de leur bord. Rien pourtant n'a pu me détourner d'un projet utile au public; le désir de répandre la connaissance du christianisme a eu plus d'empire sur moi que la crainte des méchants et des envieux. J'entrevoyais d'ailleurs que j'aurais pour moi le suffrage des hommes droits, qui accueilleraient consciencieusement mon travail et me tiendraient compte des motifs purs et louables qui me l'ont fait entreprendre. Je ne me suis pas trompé. Il s'est trouvé à l'étranger et même en France plusieurs savants et des hommes honorables, que leur position mettait à l'abri d'être soupçonnés de vouloir me flatter, ou de vouloir me favoriser par indulgence; je n'avais pu les séduire ni par l'éclat de ma réputation, ni par l'appåt de l'intérêt; et cependant mon ouvrage a obtenu leur haute approbation. J'aurais pu inscrire en tête de ce livre le pompeux éloge qu'ils en ont fait, si l'amour de la gloire avait pu me tenter; mais je laisse à d'autres cette vaine pâture de l'orgueil. Toutefois je dois dire qu'un étranger de distinction qui vit loin d'ici, homme qui a servi son pays avec éclat, écrivain célèbre par ses doctes travaux, que l'Eglise a le regret de ne pas compter parmi ses enfants, après avoir lu mon ouvrage en a été tellement frappé, qu'il eût voulu voir la logique et le talent que j'ai mis à combattre les ennemis du christianisme consacrés à trancher les difficultés de controverse qui, depuis si longtemps et surtout de nos jours, ont divisé les chrétiens en deux camps, où l'on ne se borne pas à des querelles de plumes, mais où l'on se fait des blessures mortelles. Ce vou, chez lui, n'est pas resté un vœu stérile; sous prétexte de répondre à son frère qui lui aurait fait hommage de mon livre, il m'a adressé à ce sujet une lettre fort remarquable, et me l'a fait passer par l'intermédiaire de l'ambassadeur du roi de France, qui m'honore de la plus tendre amitié. Il m'engageait vivement à entreprendre cette œuvre. Je l'eusse fait, du moins de mon mieux, si j'avais cru trouver chez ses co-religionnaires parmi nous la bonne volonté dont il était animé lui-même.

Le public a prouvé son adhésion à cet ouvrage, en épuisant promptement les diverses édi

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tions qui en ont paru, et un grand nombre de savants de tous les points de l'Europe se sont sentis stimulés par mon exemple à entreprendre la défense du christianisme. C'est une chose incroyable que le nombre de volumes qu'on a écrits sur ce sujet, tous savants et méthodi

quelques-uns pleins de force et d'élégance. Je serais content quand je n'aurais obtenu d'autre résultat que de faire naître chez plusieurs la pensée d'écrire, de leur avoir fourni des matériaux, des preuves, des citations et de nombreux extraits d'auteurs anciens. C'est ce qui est arrivé, avant même que mon ouvrage eût vu le jour; car, ainsi que nous l'avons fait remarquer dans la première édition, on s'en arrachait les feuilles au fur et à mesure qu'elles étaient imprimées. Au reste, cette adhésion des savants et l'empressement, l'approbation du public ne m'ont pas tellement ébloui, que je ne puisse endurer volontiers les contradictions de la critique. Je ne demande pas à dominer dans le royaume des lettres; or, c'est vouloir dominer, et même injustement, que de détruire la liberté de jugement, et d'imposer à tout le monde ses paroles et sa manière de voir. Aussi ai-je accueilli tranquillement toute observation bienveillante, tout conseil ménagé convenablement; j'ai donné toute liberté à mes amis sur moi et sur mon œuvre, provoqué leurs aveux et encouragé leurs critiques. Mais la critique elle-même doit se renfermer dans de sages limites, il ne doit pas s'y méler d'aigreur; si elle s'oublie, si elle en vient aux injures, on peut bien user de représailles, et se venger d'une flétrissure par une autre: la loi civile en donne le droit. A Dieu ne plaise que je veuille m'en servir! J'aime mieux suivre la loi de patience qui nous est trapar Jésus-Christ: Ne rendez ni mal pour mal, ni outrage pour outrage; mais, au contraire, bénissez ceux qui vous maudissent : c'est à quoi vous avez été appelés, afin d'être héritiers de la bénédiction de Dieu (I Pierre, III, 9). Autrefois lorsque Caton-le-Censeur, qui s'est fait une illustration par sa vertu, écrivit sur la discipline militaire, il s'attendait à trouver des ennemis prêts à se faire valoir en dépréciant un travail qu'ils seraient incapables de juger, mais pour prouver combien leur malveillance le touchait peu, il avait d'avance fait cette déclaration : Je sais que plusieurs trouveront à chicaner sur ce que j'écris, quand je l'aurai mis au jour; mais ce seront tous des hommes suns idée de la vraie gloire : je m'inquiète peu de leur opinion. L'exemple d'un homme aussi grave et aussi sage a bien quelque valeur; cependant le précepte de Jésus-Christ doit avoir un plus grand poids.

cée

Si parmi les hommes ordinaires j'avais dû rencontrer des improbateurs, je comptais du moins avec confiance sur l'appui tutélaire de ceux qui par état sont assujettis à une vie plus sainte; et, champion de la cause de la religion, j'espérais plaire à ceux qui la pratiquent. C'est tout-à-fait le contraire qui est arrivé. Bon nombre m'ont fait sentir leurs insolentes tracasseries; mais il en est surtout deux dont l'insolence a dépassé toutes bornes je tais leurs noms, quoiqu'ils n'aient guère ménagé le mien. Je n'ai jamais rien dit ni rien fait qui pût les blesser ; je ne les avais jamais vus, j'ignorais jusqu'à leur nom. L'un est un homme simple et sans malice: il a voulu traiter le même sujet que moi; mais comme il est tout àfait au-dessous de cette tâche, il s'est mis à me piller, il s'est approprié mes citations et jusqu'à mes propres phrases, de sorte que si je voulais reprendre mon bien, il ne lui serait rien resté que la ridicule nudité du geai de la fable. Poussé par je ne sais quel mauvais conseiller, il a assaisonné son travail d'une certaine malveillance; et, de même que la science qu'il étale est une science empruntée, on peut dire aussi que le fiel et les méchancetés dont il m'inonde lui viennent d'ailleurs. Dans son énorme volume, il n'y a pas une page où il ne vomisse contre moi quelque grosse injure. Tout ce qu'il dit de la doctrine exposée dans mon ouvrage, je l'ai discuté ailleurs; quant à ses injures, le brave homme, je les lui pardonne volontiers, car elles ne sortaient pas de son propre fonds; et, en outre, d'après l'injonction qui lui en a été faite, il a reconnu son tort d'assez bonne grâce. Si nous étudions pour nous instruire, nous écrivons pour instruire les autres; je n'ai donc pas été fâché de voir que, grâce à moi, il avait fait assez de progrès pour se croire déjà capable d'enseigner. Mon autre antagoniste se porte le défenseur d'une cause déplorable: il s'arme contre moi de ses injures à défaut de bonnes raisons; mais il a traîné tant de bons écrivains aux gémonies, que désormais ses outrages sont un titre de gloire pour celui qui les subit. Je ne dirais rien s'il s'était contenté d'imiter ce rhéteur qui chaque fois qu'il lui arrivait un malheur s'en vengeait en écrivant un traité sur la fortune. Au lieu de cela, déclarer la guerre comme il le fait à tout le genre humain, s'en prendre brutalement à tous ceux qui se trouvent sur son passage, c'est d'un furieux qu'il faut lier; il n'y a pas à raisonner avec lui. J'aurais pu punir le dévergondage de sa pédantesque éloquence, et m'appuyer de l'exemple des savants de notre époque qui prennent feu pour le plus petit mot, et rendent injures pour injures; aussitôt qu'ils lancent un écrit, ils le font aussitôt suivre de quelques autres, comme d'autant de sentinelles destinées à le protéger de leurs armes. Pour moi, ce n'est ni de mon caractère, ni de ma dignité, de faire une guerre de paroles injurieuses; je ne suis pas ainsi fait; toute ma vie proteste contre cet usage, et je me garderai bien de trahir par ma couduite la doctrine de l'Evangile que je cherche à défendre par mes écrits. Quant à mes adversaires qui veulent passer pour de bons chrétiens, qu'ils sachent que si leur religion les excite à l'outrage, la mienne m'oblige à la patience. Examinons cependant ce que mon charitable critique attaque dans mon commentaire. Il l'appelle une compilation de rabbinisme et de disputes sur les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, et sur certains passages de ces livres ; mais c'est flétrir du même coup plusieurs habiles critiques de son parti, dont les écrits sont fort estimés, et qu'en Angleterre on vient de réunir en un seul corps d'ou

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