Où les noirs ouragans, poussés en tourbillons, Ces six vers sont cruellement disparates; ils font mal. Était-ce donc à ces horreurs, à ces menaces de la nature que devait conduire ce beau tableau des belles nuits? Tant cet homme a de peine à marcher droit quand il n'y a personne devant lui pour le conduire! Mais grâce pour cette fois; car ce qui précède était fort bon, et ce qui suit, et qui aurait dû suivre immédiatement, vaut encore mieux. J'oserai plus je veux par-delà tous les cieux, Promènent dans les airs tous les célestes corps; Le fond de toutes ces idées est partout; mais du moins il y a connexion entre la lumineuse sérénité des nuits d'août et l'élévation des conceptions astronomiques; et l'espèce d'extase qui les suit, et la réflexion qui les termine, sont naturelles et justes. C'est là que s'offrait de soi-même un bel épisode sur la naissance de l'astronomie dans les plaines de Sennaar, sous le ciel pur de la Chaldée. Il y a pourtant ici quelques taches. J'arrive est froid, et de plus vous avez vu qu'il est parasite dans les vers de l'auteur: Je les vois eût été beaucoup meilleur. Quels fleuves n'est pas non plus le mot propre : océans et torrens, oui; mais l'aspect des plus hauts cieux n'offre aucun rapport avec les fleuves. Quels accords promènent est encore plus impropre : gouvernent me semble l'expression qui rend l'idée, car les accords sont ici pour les lois de l'harmonie céleste. Roucher est bien rarement pur une page suite; mais ici les fautes sont peu de chose devant les beautés, et en total le morceau lui fait beaucoup d'honneur. de Nous n'en trouverons plus guère de ce genre; car depuis le mois d'août, la seconde moitié de l'ouvrage ne va plus que de mal en pis. Je m'arrêterai pourtant en décembre, à la complainte de l'auteur sur la destruction de ces bois épais qui couvraient autrefois la fontaine de Budé, à Hières, près de la petite rivière de ce nom. J'ai habité dans ma jeunesse ce charmant pays, et tous ceux qui le connaissent ont regretté, comme Roucher, et la délicieuse solitude de la fontaine de Budé, et les beaux ombrages qui l'environnaient. J'ai vu sous le tranchant de la hache acérée, Tes chênes sont tombés, tes ormeaux ne sont plus. : Fuyez l'aspect hideux des ronces, des buissons, Il faudra que j'oublie, et ces ombrages verts, Le morceau pouvait, je crois, être meilleur; mais le ton et les mouvemens en sont naturels, et la versification n'est pas mauvaise, malgré quelques fautes. Il fallait surtout, pour amener les outrages du jour, donner une épithète au jour. L'hiver règne, et la neige, Suspendue en rochers dans les airs qu'elle assiége, Cet océan nouveau goutte à goutte forme, La neige au gré des vents, comme une épaisse laine, Et confond les vallons, les chemins, les hameaux. Aux rochers près, qui ne peuvent absolument figurer les brouillards épais qui précèdent la neige, cette description est généralement bonne. L'auteur y a emprunté fort à propos une image très-juste, dat nivem sicut lanam, qui est dans les psaumes; mais je n'approuverai pas déguise la hauteur, qui ne peint rien. Pour clore ces citations, encore un morceau sur les beautés et les ressources de l'hiver dans les climats du Nord. Il est plus original que les derniers que j'ai rapportés, et il a de l'éclat. Ces climats, il est vrai, par le nord dévastés, Fière de sa blaucheur, là s'égare l'hermine; Voyez sur leurs canaux les peuples s'assembler, Un éclat que D'un groupe de soleils l'Olympe s'y décore, etc. Rénes et rennes, dont l'un est très-long et l'autre très-bref, riment d'autant plus mal, que les deux mots sont plus ressemblans. C'est, je crois, la seule imperfection de ce morceau, qui se termine aux aurores boréales et à l'épisode dont j'ai parlé plus haut. Je ne le transcrirai pas, parce qu'il n'est qu'une traduction; mais cette traduction est élégante. L'examen des notes me mènerait trop loin, et n'est pas même du sujet qui nous occupe. Il y règne une érudition très-peu éclairée et une philosophie très-erronée. Roucher a voulu s'y mesurer encore avec Racine le fils, dans la traduction en |