Zémire aura le fort que tant d'autres ont eu. AZOR. Ne la compare point à tout ce que j'ai vû. ZA LEG. Je m'attendois à ce difcours ; Car, en fait de maîtresse, il arrive toûjours Qu'on croit que la derniére eft la plus merveil leufe. AZÓ R. 'Ah, quelle différence! Et que j'ai de raisons Que dis-je ? Elle en connoit le prix. Mes confeils font reçus avec reconnoissance. Que le fonds de fon cœur & de fon caractére. Que je prends tous les jours d'une éléve fi chére, Et ne voit-elle rien à travers ce mystére ? De l'ordre rigoureux qui me force à me taire, Que faute d'être préparé. C'est ainfi que mes foins, agréez par Zémire, La ménient pas-à-pas vers l'amoureux empire; Elle s'attache à moi, fans s'en appercevoir. Elle s'accoutume à m'entendre ; La fincére amitié qu'elle me laiffe voir, ZALE G. Ce moment pourroit bien n'arriver de long-temps. Suppofez que Zémire,à qui vous pourriez plaire, Ait pour vous cet amour qui vous eft nécessaire ; S'il demeure fecret, il vous fervira peu. Il faut qu'elle en faffe l'aveu, De façon que la Fée en foit bien convaincue : Et fans aucune obscurité, Zémire dife d'elle-même ; J'aime Azor ; c'est Azor que j'aime. Ce font les mots prefcrits. จ AZOR. Helas! je le fçais bien. ZA LEG. Tous les équivalens ne ferviroient à rien. Zémire les dira. AZOR. ZA LEG. La chimére eft nouvelle ! Elle ne les fçait pas ; comment les dira-t-elle ? Comment ? A ZOR. ZALE G. Oui ; répondez à cette objection. La nature & l'amour les lui pourront apprendre. Ah Seigneur c'eft fort bien le prendre. Pourra-t-elle, avec vous, en faire aucun ufage, Quand vous en feriez adoré, Ira-t-elle au-devant d'un amour ignoré ? AZOR. Ainfi le veut la Fée. ZALE G. Ah! je crois mieux l'entendre. Je compte, en dépit d'elle, être bien-tôt heureux. J'ai trouvé le fecret d'éluder fa deffenfe. AZOR. Tu fçais ce qui peut t'en coûter. ZA LEG. Ne craignez rien pour moi. J'ai chargé du meffage Certains jeunes oifeaux dreffez pour cet ufage. Nadine, avant la fin du jour, Aura bien entendu parler de mon amour. Va donc, & réüffis. AZOR. ZALE G. Je n'en fuis pas en peine. Adieu. SCENE II. AZOR feul. Voici l'heure à peu près : Voyons dans la route prochaine Si Zémire n'est point fous ces ombrages frais. Ces prétendus plaisirs ne flattent plus mes fens. En trouvez-vous ici de plus intéreflans? Pour moi j'irois plutôt au bord de nos ruisseaux : eaux ; Affife fur les fleurs qu'ils font fans ceffe éclore; |