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dont l'aîné surtout se fait remarquer par une solide érudition. La congrégation perdit, au commencement de ce siècle, un homme d'un vaste savoir et d'une critique sûre, le docteur Zohrab, traducteur de la chronique d'Eusèbe, et qui sortit de l'ordre de SaintLazare à cause de fâcheuses explications provoquées par la publication de cette œuvre scientifique.

Saint-Martin, dans ses Mémoires sur l'Arménie, porte ce jugement sur la littérature arménienne: « Cette littérature, dit-il, sans avoir l'intérêt et la richesse de la littérature des Arabes, des Persans, des Hindous et des Chinois, ne mérite cependant pas l'oubli dans lequel elle est restée jusqu'à présent; le grand nombre d'écrivains qu'elle a produits la rendent recommandable à tous égards. On doit surtout distinguer parmi eux les historiens qui, sans compter qu'ils nous font connaître l'histoire de feur patrie, moins fertile, il est vrai, en grands événements que celle des autres pays de l'Orient, peuvent encore servir à remplir une lacune assez considérable dans les annales de l'Asie, et nous fournissent en outre de grandes lumières et des renseignements très-importants pour l'histoire des Grecs de Constantinople, des rois de Perse de la dynastie des Sassanides, des Arabes musulmans, des Turcs seldjoukides, des croisades, des Mongols, et, en général, de tout l'Orient, depuis le commencement du quatrième siècle jusqu'aux temps les plus modernes.

α

Il est bien certain

que les historiens ont ordinairement le mérite de mettre beaucoup plus de soin dans le choix des événements qu'ils racontent, de rapporter moins de faits peu importants, et de soigner plus généralement le style de leurs ouvrages, que les historiens arabes et persans; on peut même assurer qu'ils sont bien supérieurs à la plupart des écrivains du Bas-Empire. Par rapport aux beautés de la diction et aux agréments du style, ce n'est pas ce délire d'imagination qui emporte les autres écrivains orientaux, lorsqu'ils veulent

être éloquents. Sans quitter tout à fait ce qui constitue le style oriental, les écrivains arméniens savent néanmoins s'abstenir de ces comparaisons bizarres, de ces métaphores ambitieuses qui font assez généralement le caractère distinctif de l'éloquence arabe et persane; on peut même assurer, sans exagération, qu'il en est plusieurs, tels que Moïse de Khoren, Elisée, Lazare P'harbatsi, le patriarche Jean VI, et quelques autres, qui ne seraient pas indignes de l'attention d'un lecteur européen, par leur éloquence, la pureté soutenue de leur style, et la contexture savante de leurs périodes oratoires, et qui pourraient encore se faire lire avec intérêt, après les grands modèles que nous possédons, et après ceux même que Rome et la Grèce ont produits.

La littérature sy

riaque peut encore tirer de grands secours de celle des Arméniens, tant pour l'histoire politique que pour l'histoire ecclésiastique et la Patristique. Lors de l'introduction du christianisme en Arménie, il s'y établit beaucoup de Syriens qui vinrent y prêcher la doctrine évangélique, y fonder des monastères, et y ériger des siéges épiscopaux. Toute la partie du sud-ouest de l'Arménie, entre le Tigre et l'Euphrate, les environs d'Amid et de Miafarekin, la province de Sophène et les autres contrées voisines devinrent, pour ainsi dire, des dépendances de la Syrie, au moins sous les rapports religieux et littéraires. Tous les évêques de ces provinces étaient Syriens, et dépendants du patriarche d'Antioche; tous les moines et les écrivains ne se servaient, dans l'office divin ou dans leurs ouvrages, que de la langue syriaque. Les prêtres syriens étaient si puissants, qu'ils tentèrent, au com. mencement du cinquième siècle, de s'emparer de la dignité patriarcale.

C'est dans les livres arméniens que l'on peut espérer de trouver le plus de renseignements positifs propres à éclaircir l'histoire des rois de Perse de la dynastie des Sassanides, et à nous faire connaître les opinions

religieuses des anciens Persans, sectateurs de Zoroastre. Après la destruction de la monarchie arménienne, les mages cherchèrent à profiter de la puissance et de la protection des rois de Perse, pour établir leur religion en Arménie; et les théologiens de ce pays furent très-souvent obligés de défendre contre eux, par écrit, la religion chrétienne, pour empêcher les princes arméniens d'embrasser la croyance des étrangers, qui fit, malgré cela, parmi eux, un grand nombre de proselytes. C'est dans ces écrits polémiques qu'il faut rechercher une foule de traits et de traditions d'autant plus importants, qu'ils se trouvent dans des livres composés par des hommes qui vivaient au milieu des peuples dont ils combattaient la doctrine. Les Arméniens possèdent encore plusieurs traités de théologie destinés à combattre les erreurs de divers hérétiques ou sectaires, qui ne sont peut-être que les successeurs des disciples de Bardesanes, de Marcion, de Valentin et de Manès, qui, pendant longtemps, furent très-nombreux et très-puissants à Édesse, à Harran, et dans le reste de la Mésopotamie. Quoiqu'ils aient, à diverses époques, éprouvé de sanglantes persécutions, il paraît qu'il en existe encore en Arménie, du côté de la ville de Knous, et dans la Mésopotamie, où on les nomme Jezidi.

<< Malgré les nombreux avantages que je viens d'énumérer, la littérature arménienne est restée entièrement inconnue en Europe jusqu'à nos jours. Il est bien difficile de déterminer précisément les raisons de l'indifférence que l'on a montrée pour elle : le défaut de dictionnaires, de livres élémentaires, et le très-petit nombre de manuscrits que nous possédons dans nos bibliothèques, en sont sans doute les principales causes; mais elles ne semblent pas suffisantes pour l'expliquer d'une manière satisfaisante, parce que ces mêmes causes auraient dû également nous détourner de l'étude des autres littératures de l'Orient. Ce qui me paraît avoir contribué le plus puissamment à perpétuer jusqu'à nous cette

indifférence, c'est l'état complet d'asservissement où se trouvait l'Arménie, lorsqu'au milieu du dix-septième siècle, la littérature biblique cessa d'être l'objet presque exclusif des travaux des orientalistes, et que l'on commença à se livrer à l'étude des langues de l'Asie, dans des vues purement littéraires. Depuis longtemps les Arméniens avaient perdu, avec leur indépendance, le rang politique que l'étendue et l'importance de leur pays leur donnaient droit de tenir parmi les autres nations de l'Asie. Il était difficile de penser qu'un peuple, dont la plus grande partie était soumise au joug des musulmans, et l'autre errante et dispersée dans toutes les parties de l'ancien monde, s'occupât de belles - lettres et qu'il possédât une langue savante, fixée depuis fort longtemps, et polie par un grand nombre d'ouvrages de tout genre. Partout le goût des Arméniens pour le commerce les faisait confondre avec les juifs; et leur langage vulgaire, rempli de mots et de façons de parler, arabes, persans ou turcs, empêchait de les distinguer de leurs dominateurs. Ainsi une première injustice, qu'on avait faite aux Arméniens eux-mêmes, est devenue la source d'une injustice plus grave, que l'on continuera peutêtre longtemps encore de faire à leur littérature. >>

Nous ne croyons pouvoir mieux terminer ce tableau rapide de la littérature arménienne que par quelques détails sur le couvent de Saint-Lazare de Venise, d'où sont sortis tous les travaux propres à nous faire connaître la langue et la triple histoire religieuse, politique et littéraire des Arméniens. Ces renseignements sont extraits de l'histoire de la société religieuse de ce couvent, que nous y avons publiée en 1835, pendant notre séjour à Venise.

SOCIÉTÉ RELigieuse arménienne des MÉCHITARISTES DE L'ILE DE SAINT-LAZARE PRÈS VENISE.

Parmi les îles semées dans les lagunes de Venise et toutes occupées an

ciennement par d'humbles religieux (*), qui avaient dévoué leur vie à Dieu ou au soulagement des maux de l'humanité, il en est une surtout peu distante du Lido, dont les murs rougeâtres de ses cloîtres, dominés par un blanc clocher et environnés de jardins spacieux et verdoyants, flattent merveilleusement la vue. Au commencement du dernier siècle, cette petite île était stérile et déserte; son église et les murs délabrés de la maison qui y attenait rappelaient seulement qu'autrefois elle avait servi d'asile aux lépreux, et plus tard d'hôpital aux pauvres de la ville. Le nom de Lazare qu'elle portait lui convenait parfaitement, car elle était nue et délaissée comme le pauvre ami du Sauveur.

Aujourd'hui son nom est connu dans tout le monde savant de l'Europe, et il est devenu célèbre dans l'Orient. Comment s'est opéré ce changement si soudain ?

Pour cela, un seul homme a suffi; c'est Méchitar (**), qui vit le jour vers la fin du dix-septième siècle. Né à Sébaste, en Arménie, l'an 1676, il manifesta dès son bas âge la volonté formelle d'entrer dans l'état religieux. Il se livra spécialement à l'étude des Écritures saintes et des Pères de l'Église. Ayant formé quelques liaisons à Alep avec des missionnaires européens, il conçut le projet d'aller en Occident, et de travailler activement à la régénération spirituelle de l'Arménie. De nombreux obstacles s'opposèrent longtemps à l'exécution de son dessein; enfin il obtint la permission de bâtir un monastère dans la Morée. Mais ce pays, qui avait été tant de fois le théâtre de combats sanglants, fut envahi de nouveau par les Turcs, en sorte que Méchitar se vit poursuivi dans cet asile par les mêmes ennemis auxquels il avait espéré se soustraire en venant en Occident.

Il se réfugia à Venise, où la république lui concéda la petite île de SaintLazare, qui, vers le douzième siè

(*) Voy. la planche no 14.
(**) Voy. la planche no 15.

cle, avait servi d'hôpital aux lépreux.

Il eut la douce consolation de vivre quelques années dans ce couvent, qu'il voyait chaque jour prospérer, et qu'il édifiait par ses vertus.

Il avait pris d'abord pour base de son ordre la règle de Saint-Antoine, généralement adoptée dans les monastères d'Arménie; mais plus tard il la modifia, et il choisit celle des bénédictins. En effet, outre de simples et d'humbles religieux adonnés à tous les exercices de la vie ascétique, il fallait encore des hommes de science et d'études, embrassant chacun une spécialité, et pouvant concentrer au besoin leurs recherches et leurs travaux sur une même matière. Ils devaient se proposer deux choses dans leurs études : l'acquisition de certaines connaissances, puis l'emploi de ces mêmes connaissances acquises pour l'enseignement spirituel, oral ou littéraire des autres; car chaque Méchitariste doit être ou vartabied, c'est-à-dire, docteur spirituel, prêchant et évangélisant comme missionnaire, lorsqu'il le faut, ou varjabied, c'est-à-dire, docteur èslettres, enseignant et initiant les enfants à la science, et enfin auteur et écrivain tenant un rang dans le monde littéraire; et, bien que la chose soit difficile, plusieurs membres de la société réunissent dans leur personne ces trois qualités ou conditions.

Tout en les faisant participer aux lumières et à la science d'Occident, Méchitar mettait cependant en première ligne de leurs études la connaissance approfondie de leur langue, de leur histoire et de leurs Pères. Il voulait qu'en s'unissant à la foi et à la communion catholiques, ils restassent toujours Arméniens: c'était le seul moyen d'atteindre le but qu'il se proposait, d'exercer une action directe sur sa nation, qu'une dispute de mots mal compris peut-être sépare seulement de l'unité chrétienne, et qui, extrêmement jalouse de la gloire qu'ont répandue sur l'Église arménienne ses premiers patriarches, n'a pas répondu aux tentatives d'union faites à diverses époques, que parce qu'elle croyait sans

doute qu'on voulait porter atteinte à ses anciennes traditions, à la mémoire de ses saints pontifes et de ses docteurs, ou du moins qu'on ne les respectait pas assez.

La première condition exigée pour être reçu dans la société est d'être Arménien d'origine; et, afin de se mieux pénétrer de son esprit et de l'objet de ses institutions, on préfère les sujets encore jeunes, élevés dans la maison, sans qu'il soit fait la plus légère distinction entre le riche et le pauvre. Lorsque ces jeunes gens ont fait preuve de leur capacité et de leurs dispositions, ils revêtent la robe, costurbe de l'ordre; ils habitent un corps de bâtiment séparé, nommé le Noviciat, où ils ont des maîtres capables de les diriger dans leurs études, qui correspondent alors à celles de nos gymnases ou colléges. Lorsqu'elles sont terminées, et qu'à une bonne santé capable de supporter les travaux de la vie de savant ou de missionnaire se joint une capacité intellectuelle suffisante, on les laisse libres d'entrer dans la société. S'ils manifestent le désir d'être admis, on les présente à la société, dont la majorité des membres doit opter pour leur admission. Alors ils passent dans l'école appelée Professorat, où ils se livrent à l'étude de la théologie et de la philosophie, en y joignant celle des Pères.

Lorsqu'ils ont achevé ce nouveau cours, ils reçoivent le sacerdoce, et on leur assigne pour chambres celles qui sont occupées par les docteurs. S'ils en sont dignes, et s'ils soutiennent avec avantage les examens requis, ils reçoivent aussi le titre de vartabied, et, suivant leur vocation ou les dispositions qu'ils montrent, on les envoie dans les missions d'Orient, ou ils restent dans le couvent pour vaquer aux travaux littéraires.

Trois fois par jour les religieux s'assemblent dans l'église pour réciter en commun leurs prières; les jeunes enfants seulement sont dispensés de la prière du matin faite dans l'église. Outre tous les exercices qui occupent les religieux durant la journée, il leur

reste sept heures complètes de travail.

Une imprimerie a été établie dans le monastère, et la beauté de ses types, la correction et l'élégance de tous les ouvrages qui en sortent, non-seulement la mettent à la tête des autres presses arméniennes que l'on trouve à Constantinople, à Smyrne, à Madras, à Vienne, à Saint-Pétersbourg, à Londres ou à Paris, mais encore ces qualités lui valent l'honneur d'être classée parmi les premières imprimeries orientales de l'Europe.

Les travaux de la société peuvent se diviser en deux classes: la première comprend ceux exécutés dans le but de servir à l'éducation spirituelle et morale, ou à l'instruction de la jeunesse; il faut ranger dans la seconde ceux qui ont un caractère proprement scientifique, et qui, s'adressant à tout le public littéraire, ont un intérêt tout particulier pour les orientalistes.

A notre première classification se rapportent les œuvres ascétiques destinées à diriger la conduite des fidèles en tout ce qui tient à la religion : telles sont la Vie des Saints du calendrier arménien, les Commentaires de l'Écriture sainte, le Bréviaire, le Missel et le Rituel de l'Église arménienne, une Doctrine chrétienne, et une multitude d'autres livres dont l'énumération fatiguerait le lecteur. Dans le domaine de la littérature profane, nous trouvons des traductions d'ouvrages européens, et particulièrement français, correspondants aux diverses branches de l'instruction, comme l'Histoire de Rol lin, Télémaque, la Vie des hommes illustres de Plutarque, la Mort d'Abel de Gessner, le Paradis perdu de Milton, les Pensées de Young, les Caractères de Théophraste, des Traités d'arithmétique, de géométrie, de trigonométrie, de perspective, une Géographie universelle, un Traité de médecine pratique, et plusieurs autres ouvrages.

La seconde classe des travaux plus importants, et directement utiles à la science européenne, comprend la Grande Histoire universelle de l'Arménie du P. Tchamtchean, les Antiquités d'Arménie et sa Géographie, par

le P. Ingigean, la Chronique d'Eusèbe, par le P. Jean-Baptiste Aucher.

Une riche collection de manuscrits arméniens orne la bibliothèque du couvent; chaque jour de nouvelles acquisitions viennent enrichir ce trésor littéraire, et, sans la dissidence religieuse qui ferme aux Méchitaristes l'entrée des monastères de l'Arménie, il est à présumer qu'ils seraient en possession d'un certain nombre d'autres écrits précieux que l'on croit perdus. Espérons qu'un jour un voyageur européen pourra constater la vérité de ce fait. Il ne trouverait pas les mêmes obstacles qu'un Arménien, et il pourrait s'acquérir quelque gloire scientifique.

La partie la plus riche de l'ancienne littérature est celle qui traite des origines du christianisme en Arménie, et qui comprend les vies et les actes des saints. Nous empruntons ici à un écrivain du cinquième siècle, Agathange, le récit du martyre de la sainte dont le nom est aussi populaire dans cette contrée que celui de Geneviève en France, et d'Élisabeth en Hongrie; elle s'appelait Ripsymée. Nous retrouvons ici tous les caractères de la légende.

SAINTE RIPSYMÉE.

En ce temps-là, il se passa dans l'Arménie un fait merveilleux qui fit briller d'un nouvel éclat la vertu chrétienne, en montrant les prodiges qu'elle pouvait opérer dans le cœur de simples femmes.

Suivant la tradition, Dioclétien, l'empereur romain, voulant épouser la femme la plus belle de son empire, envoya dans les diverses provinces des peintres habiles, pour rechercher les jeunes filles dont on vantait la beauté; et ils devaient prendre leurs portraits, afin qu'il pût se décider et choisir celle que son cœur désirait. Longtemps les perquisitions des émissaires furent infructueuses; toutes les femmes qu'ils avaient trouvées et dont ils avaient envoyé le portrait à l'empereur, manquaient de certains avantages, ce qui les empêchait de réaliser le beau ideal qu'il avait conçu. Un jour, ils arri

vèrent à la porte d'une vaste maison, située solitairement dans la gorge d'une montagne, et dont la construction singulière, avec le silence et l'ordre apparent qui y régnaient, les frappa extraordinairement. Ils demandèrent quels étaient les paisibles habitants de cette retraite, et quelles pouvaient être leurs occupations. Lorsqu'on leur eut répondu que, dans ces lieux, cinquante jeunes vierges, de la religion chrétienne, vivaient sous la conduite d'une autre vierge, leur mère commune, qu'elles passaient les jours et les nuits en prières, se livrant aux plus dures austérités, et n'ayant pour toute nourriture que les herbes sauvages des montagnes, leur admiration s'accrut avec leur curiosité; et, comme poussés par une inspiration secrète, ils voulurent voir ces femmes si dignes d'étonnement, et ils forcèrent l'entrée de la maison, dans l'espoir d'y trouver peut-être la beauté qu'ils cherchaient ailleurs inutilement.

A peine avaient-ils franchi le seuil, qu'une jeune vierge, au maintien modeste et à la figure suave et angélique, s offre à leurs regards. C'était Ripsymée, issue d'une maison de princes de l'Orient, et l'élève chérie de Caiana, chargée de la conduite du monastère. Jamais ces Romains n'avaient vu dans une femme l'air de candeur et l'expres. sion de quiétude séraphique empreinte sur le front de la jeune chrétienne; ils furent frappés d'admiration, et s'écrièrent de concert: Certes, voilà bien la femme que Dioclétien nous fait chercher! Un peintre tire aussitôt ses pinceaux, et esquisse son portrait qu'on envoie à l'empereur.

Dès que Dioclétien eut vu la figure de la vierge chrétienne, il tomba en extase devant ce modèle de perfection, et il sentit s'allumer en son cœur l'amour le plus ardent, en sorte qu'il ne soupirait plus qu'après l'instant où il s'unirait à celle qu'il choisissait par l'effet d'un attrait irrésistible. Il envoya donc sur-le-champ des officiers de son palais au couvent des vierges chrétiennes, en leur donnant l'ordre d'amener Ripsymée. Lorsque cette nou

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