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velle parvint dans la solitude des saintes femmes, elle y jeta la consternation. Caiana fit venir Ripsymée et ses autres compagnes; elle leur exposa le motif de l'arrivée des officiers romains, la volonté de l'empereur; elle leur montra tous les artifices du démon qui cherchait à troubler leur foi et le calme de leur retraite; puis elles tombèrent toutes à genoux, et adressèrent au ciel cette prière:

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Seigneur des Seigneurs, Dieu souverain et éternel, Dieu du ciel, procréateur de l'ineffable lumière; toi qui as affermi toutes choses par ta parole, toi qui as fait le ciel et la terre et tous leurs ornements; toi qui as créé l'homme du limon et l'as établi dans ce monde; toi qui secours dans leurs misères tous les affligés espérant en ton nom, secours - nous, ô Seigneur! au milieu du combat qui nous presse, afin que nous triomphions des embûches de Satan. Ton nom sera glorifié, et la crainte sera bannie du sein de ton Église. Fais que nous puissions arriver aux demeures célestes réservées à tes élus. Que l'huile ne manque point dans nos lampes, et que le flambeau de la foi ne s'éteigne pas; que nos pieds ne chancellent jamais dans tes sentiers lumineux; que les pupilles de nos yeux ne se ferment point aux rayons resplendissants de ta vérité, et que l'oiseau de la mort n'enlève pas la semence de vie qu'a jetée au milieu de nous ton fils unique Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Ne livre point la sainteté de ton troupeau à la dent de la bête féroce; que le loup destructeur ne triomphe point de tes brebis, et que l'ennemi de notre foi ne disperse pas les agneaux de ta sainte Église.

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Jette du haut du ciel un regard de compassion sur nous, de peur que nous ne ressemblions à celui qui bấtit sur le sable, et dont l'édifice croule sous les coups de la première persécution. Affermis-nous dans la vérité de ton Évangile, et désaltère-nous à la coupe du martyre, afin que nous recevions pour prix, au jour du jugement, la couronne de l'immortalité. »

Après avoir achevé cette prière, 8° Livraison. (ARMÉNIE.)

Caiana et Ripsymée, miraculeusement inspirées de Dieu, songèrent à quitter leur retraite, et à se préserver par la fuite des atteintes des païens envoyés à leur recherche. Elles voulurent se rendre dignes de la récompense que Jésus-Christ promet à celui qui abandonne en son nom ses parents et sa demeure. Elles se réfugiérent donc au pays des Arméniens, dans la plaine d'Ararat, près de la ville de Vagharschag. Là, retirées dans quelques chétives masures, qui servaient, à l'époque de la récolte, de pressoir pour les raisins et les olives, elles vivaient du travail de leurs mains, au moyen des colliers de perles qu'elles faisaient chaque jour.

Cependant, comme les envoyés de l'empereur romain n'avaient point trouvé les saintes vierges dans leur retraite, ils étaient passés aussi dans la grande Arménie, et étendaient de tous côtés leurs perquisitions, ce qui jetait le trouble dans le pays. Arrivés à Vagharschag, ils allèrent trouver le roi Tiridate, et lui remirent une lettre écrite de la main de Dioclétien, dans laquelle cet empereur, commençant par se plaindre des troubles continuels excités en son empire par les chrétiens, et de leur refus obstiné de reconnaître les divinités de l'État, pour adorer de préférence un juif crucifié, il lui annonçait ensuite qu'ils avaient égaré par leurs artifices et leurs dangereuses suggestions une jeune vierge de leur secte, remarquable par sa beauté, et qu'il s'était choisie pour épouse. Il l'avertissait qu'on l'avait emmenée fugitive dans ses États, et il le conjurait d'user de tout son zèle et de son autorité pour découvrir le lieu où elle était tenue cachée (*).

Lorsque Tiridate eut lu cette lettre,

(*) Le roi Tiridate était effectivement con. temporain de Diocletien. Agathangelos de qui nous avons extrait cette légende, s'accorde en ce point avec Moise de Khoren, qui nous dit, chap. 82, liv. 2, p. 333, que Tiridate monta sur le trône de l'Arménie la seconde année du règne de l'empereur romain.

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il donna l'ordre sur-le-champ de rechercher avec la plus grande exactitude, dans toutes les provinces de son royaume, la retraite de la vierge que lui demandait Dioclétien, promettant de riches présents à celui qui l'amènerait dans son palais. Ses envoyés se répandirent au loin dans le pays, et fouillèrent chaque village et chaque hameau, mais sans succès, puisque la sainte était toujours dans la ville même.

Cependant Ripsymée fut trahie par quelque infidèle, qui, avide de recevoir la récompense promise, alla déclarer au roi que la sainte était cachée aux portes de la ville, dans un pressoir à demi ruiné. On envoya un corps de troupes pour investir toute la maison et en garder toutes les issues, et les soldats prolongèrent cette espèce de siége trois jours durant. Ils eurent occasion d'entrevoir la sainte, et tous, en voyant sa beauté, demeurèrent stupéfaits. Le bruit de cette merveille se répandit promptement dans la ville, et les habitants accoururent en foule pour voir Ripsymée. Les seigneurs et les citoyens les plus riches, ainsi que les pauvres, se pressaient à l'envi pour admirer la servante de Dieu. Les confidents du roi, en rentrant au palais, lui firent une peinture si gracieuse et si attrayante de la jeune vierge, que Tiridate conçut un violent désir de la considérer de près et de l'entretenir. Il donna donc l'ordre de la transporter dans son palais, au lever du jour, elle et ses compagnes. Bien plus, Tiridate avait déjà formé dans son cœur le dessein de l'épouser, et il avait dépêché quelques-uns de ses officiers, avec de riches vêtements et des cadeaux d'un grand prix, afin qu'ils ramenassent en triomphe Ripsymée dans la ville.

Mais la sainte, voyant aux portes de sa retraite ce concours prodigieux d'hommes armés dont tous les regards s'attachaient avidement sur sa personne, se troubla; une rougeur pudique couvrit ses joues, et elle se réfugia dans les bras de Caiana, qui lui dit: Souviens-toi, ô mon enfant,

que tu as méprisé et quitté tous les vains honneurs de la pourpre royale, dans ta patrie, et que tu as préféré, aux avantages de la terre, le titre durable et mille fois plus glorieux d'épouse de Jésus-Christ; que si, aujourd'hui, un prince païen et persécuteur de la foi du vrai Dieu te fait chercher pour t'élever à la dignité de reine, dédaigne ses offres, et préfère au trône la croix du Sauveur. »

Ripsymée répondit à ces paroles par des torrents de larmes et des cris de douleur; puis, élevant ses yeux au ciel, et plaçant ses bras sur sa poitrine en forme de croix, elle fit entendre ces mots : «Seigneur tout-puissant, qui avez fait passer du néant à l'existence tous les êtres, et qui avez peuplé les cieux d'étoiles, les mers et la terre de mille êtres variés, jetez sur nous un regard de compassion; sauvez-nous du péril qui nous menace, comme vous avez épargné autrefois le juste Noé dans le déluge, comme vous avez délivré Abraham des mains des Cananéens, et Moïse, avec tout son peuple, de la servitude d'Égypte. Le livre de votre loi nous prescrit de sanctifier votre nom dans nos cœurs; et voici qu'une troupe d'idolâtres le blasphème à mes oreilles, et se prépare à porter une main criminelle sur votre servante. Doux Seigneur, amant des hommes, si vous nous avez exposées à cette épreuve, donnez-nous la victoire par votre puissance, et assurez-nous la récompense promise à ceux qui persistent dans la crainte de votre nom et dans l'observance de vos commandements. Si vous prenez soin des oiseaux des champs, comment mépriseriez-vous les prières de ceux que vous nommez le temple et le vase de votre élection? >>

Les officiers, les soldats et tout le peuple, attirés par la curiosité, ou envoyés par le roi au lieu de la retraite des saintes vierges, attendaient impatiemment aux portes, dans l'espoir de les voir sortir, et d'admirer celle dont on parlait dans le royaume. La frayeur des timides recluses augmentait avec le tumulte et la confusion du dehors,

elles poussaient des cris entrecoupés de sanglots, et, les bras élevés au ciel, elles disaient : « Malheur à nous, si les honneurs ou la grandeur peuvent nous séduire, si la crainte de la persécution nous ébranle, et si notre courage faiblit devant la mort! Malheur à nous, si nous préférions une vie passagère à l'éternelle félicité! Non, nì les dignités ou les tortures, ni les plaisirs ou les chaînes, ni l'eau, ni le feu, ni le glaive, ni la pauvreté, ni ce monde entier, ni la vie, ni la mort, non, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Jésus-Christ: nous lui avons offert notre virginité, afin de nous conserver pures dans sa sainte union, et nous demeurons attachées à lui par un inviolable amour, afin de paraître un jour à ses yeux sans honte et sans crainte. >>

Dieu eut pitié de ses fidèles servàntes, et il permit qu'au commencement de la première veille de la nuit, un orage violent obscurcît le ciel, et que le bruit de la foudre et de la pluie tombant par torrents, jetât le désordre parmi toute la foule rassemblée aux portes du pressoir. Les soldats, saisis d'une frayeur inconnue, cherchaient à s'enfuir; et comme ils se gênaient mutuellement, les uns tirèrent leurs épées et s'égorgèrent, d'autres tombèrent foulés aux pieds des chevaux. Quelques officiers de la cour arrivèrent précipitamment au palais, et racontèrent à Tiridate l'événement qui s'était passé sous leurs yeux.

Le roi se mit en colère, et dit: << Puisque ces femmes n'ont pas voulu venir près de moi librement et entourées d'honneur, on les traînera de force à mon palais et jusque dans ma chambre.»

On exécuta ses ordres. D'autres soldats partirent, et, arrivés près de Ripsymée, ils la saisirent brutalement; et comme elle les repoussait de la main, ils la traînèrent à terre, en proférant les plus noires imprécations. Ripsymée s'écriait : « Seigneur JésusChrist, secourez-moi! ô mon Sauveur, venez à mon aide! »

De temps en temps, les soldats, fatigués de la traîner s'arrêtaient et re

gardaient avec stupeur cette innocente vierge, qui continuait sa prière en disant: « Dieu suprême! toi qui ouvris le sein de la mer Rouge pour laisser passer ton peuple, toi qui fis descendre ton serviteur Jonas dans le ventre de la baleine pour l'en tirer ensuite avec éclat et puissance, toi qui as changé la férocité des lions excités contre Daniel en une douceur égale à celle des agneaux, toi, le vrai, l'unique Dieu, abandonneras-tu ta pauvre servante, qui n'aime que toi et n'espère qu'en toi? »

Tandis que ces ardentes prières s'échappaient des lèvres meurtries et pâles de Ripsymée, elle entrait, avec le cortège de ces féroces satellites, dans la cour du palais de Tiridate. Le peuple, qui connaissait déjà l'intention du roi d'en faire son épouse, la regardait comme une fiancée que l'on conduit à la cérémonie nuptiale; et, comme il s'imaginait que la résistance de la jeune fille était l'effet de la timidité et de la frayeur, il voulait l'encourager par des signes de joie et d'approbation. En conséquence, il se livra à une joie bruyante, faisant retentir l'air de ses chants et du son des instruments qui dirigeaient les chœurs de danse.

Enfin les efforts de la jeune vierge sont inutiles; elle est introduite dans le palais et dans la chambre même du roi. Tiridate, en voyant ses traits angéliques et l'éclat de ses yeux, que la sainte indignation de la vertu alarmée animait d'un feu nouveau, sentit s'allumer dans son cœur la passion dont des rapports assez vagues avaient fait naître les premiers germes. Ne comprenant point l'opposition de la vierge chrétienne et l'air courroucé avec lequel elle se présentait devant lui, il emploie d'abord les promesses et les sollicitations les plus pressantes pour gagner sa volonté; il lui montre les honneurs et la gloire qui l'attendent si elle veut consentir à devenir son épouse. Ripsymée le refuse avec un mépris insultant, et le roi, rugissant de fureur, veut obtenir de la force ce que la persuasion n'avait pu lui concilier. Mais Dieu n'abandonna point celle qui lut

tait aussi généreusement pour son nom, et le Saint-Esprit l'investit d'une force inconnue, qui lui permit de résister à la brutalité de Tiridate, bien qu'il fût célèbre dans toute l'Asie pour la vigueur extraordinaire de son bras.

Le roi espéra qu'il parviendrait à ses fins en faisant intervenir l'autorité de Caiana, à laquelle Ripsymée était complétement soumise. Il la fit appeler, et lorsque cette seconde mère en JésusChrist de la sainte fut en sa présence, il la somma d'user de tous ses moyens de persuasion pour vaincre l'entêtement de son élève. Mais Caiana n'ouvrit la bouche que pour encourager Ripsymée, et elle lui criait d'une voix forte: « O mon enfant! persiste dans ta courageuse défense; Dieu te sauvera des mains criminelles du roi. Malheur à toi, ô mon enfant, si tu préférais à l'éternelle couronne quelques fleurs de cette terre, aujourd'hui belles et demain flétries! » Elle allait continuer, lorsque les gardes, par ordre du roi, lui frappèrent la tête et les mâchoires du pommeau de leurs épées, en sorte qu'ils lui brisèrent les dents. Mais la sainte, que l'amour de Dieu élevait au-dessus d'elle-même, puisait aussi dans l'assistance divine une force miraculeuse, et elle poursuivait avec un accent plus pénétrant: «Courage, ô mon enfant! vois le Christ qui t'apporte déjà sa couronne. Rappelle-toi les instructions spirituelles que je t'ai données et les commandements divins que je t'ai enseignés; soutiens courageusement la persécution que je partage avec toi, et mourons ensemble. Que le découragement ne nous abatte pas le Sauveur des hommes saura bien nous assister, lui qui, pour l'amour de nous, n'a pas craint de verser son sang sur la croix et de se livrer à la mort, afin de nous introduire à la vie éternelle. »>

Ces paroles, répétées avec l'expression d'un saint zèle et d'un courage prêt à tout endurer, inspiraient à Ripsymée une nouvelle ardeur de se sacrifier pour Dieu, et l'auraient affermie dans ce dessein, si sa volonté avait été

un seul instant chancelante. Elle dé concerte tous les efforts du roi, et, ouvrant les portes, elle s'élance au milieu des gardes, qu'elle traverse ainsi que la foule, sans qu'aucune main ose l'arrêter, comme si elle avait été précédée d'un ange invisible qui lui eût frayé le chemin.

Elle retourna à son ancienne retraite, et comme elle craignait d'être découverte dans ce lieu, elle se réfugia dans une solitude voisine, où, pour consacrer en quelque sorte son arrivée, elle commença par adresser à Dieu cette prière:

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Seigneur des hommes, comment reconnaître dignement les bienfaits signalés de votre grâce, en me délivrant des mains impures d'un roi pervers? Soyez loué de m'avoir considérée comme attachée à votre service, en me faisant souffrir. Hors de vous, Seigneur, mon cœur languit, et mille fois vaudrait mieux mourir que d'adorer d'autres dieux qui ne sont que néant. Il me tarde de sortir de ce corps de boue, pour m'unir à votre divin Fils, mon unique époux.

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La nuit, tandis que la sainte était encore en prières, les émissaires de Tiridate, envoyés à sa poursuite, guidés par les dénonciations des traîtres, arrivèrent dans sa solitude et la surprirent. Ils commencèrent par lui lier les mains, et ils essayèrent de lui arracher la langue. Ripsymée, de son plein gré, ouvre la bouche et leur présente sa langue, qu'ils coupèrent jusqu'à la racine; puis ils mettent en lambeaux les vêtements qui couvraient son corps, et, prenant quatre clous, ils en enfoncent deux dans ses pieds et deux dans ses mains, en sorte qu'elle resta crucifiée sur le sol, à l'exemple de son divin maître, auquel elle s'offrit joyeusement en holocauste. Les soldats eurent l'atrocité de mettre le feu à ses chairs palpitantes à mesure qu'ils les découpaient, et ils lui chargèrent le sein de pierres énormes, tellement que son ventre se fendit et ses entrailles sortirent. Chaque fois qu'ils enlevaient avec leur sabre un de ses membres, ils répétaient atrocement : « Qu'ainsi

meure quiconque osera enfreindre et mépriser les ordres du roi!»

De saints hommes et de pieuses femmes chrétiennes, après avoir connu la mort de Ripsymée, accoururent au lieu de son supplice, demandant à recueillir ses précieux restes pour les inhumer. Les soldats leur demandèrent s'ils professaient la même religion; et comme tous confessaient hautement qu'ils étaient chrétiens, ils tirèrent leurs épées et les massacrèrent tous impitoyablement. Pendant cette barbare exécution, on les entendait chanter les louanges de Dieu et dire : « Oui, Seigneur, nous mourons pour la glorification de votre nom, et nous voulons avoir part à la couronne que vous venez de décerner à votre servante Ripsymée. »

Ripsymée et les autres saints martyrs qui partagèrent son sort furent les premiers à arroser de leur sang le sol de la haute Arménie, pour la confession de la foi chrétienne; aussi leur mémoire est-elle en grande vénération dans l'Église arménienne, et la liturgie célèbre leur fête avec une pompe particulière.

POÉSIE SPIRITUELLE.

De toutes les Églises d'Orient, l'Église d'Arménie est, sans contredit, celle où la poésie chrétienne a produit les plus riches compositions d'un ascétisme tendre et pur, à la gloire de la religion et des saints qui ont travaillé activement à la propagation de la foi. Le génie poétique de la nation, exclu- sivement porté sur les choses de l'ordre spirituel, exhalait dans des hymnes religieuses et de saints cantiques ses amoureuses aspirations, et ses sentiments de reconnaissance et d'allégresse. Tous ces chants, qui font partie de la liturgie arménienne, ont été recueillis et réunis dans un ouvrage connu sous le nom de Charagan, lequel signifie un collier de perles, dénomination familière aux Arabes et aux Persans pour désigner un recueil de poésies, ou d'autres compositions choisies et précieuses comme les perles. Le

style du Charagan est figuré et rhythmique; la pensée, en se développant avec hardiesse, s'élève souvent vers les hauteurs d'une mysticité métaphysique: une attention soutenue est nécessaire pour la suivre et la reconnaître sous le vêtement splendide des métaphores orientales qui la parent. On rencontre aussi à chaque instant des expressions qui ne sont que des allusions à certains passages des saintes Lettres, et c'est dans la connaissance approfondie des textes sacrés qu'on en peut trouver l'intelligence. Nous avons traduit les hymnes composées à l'honneur du patriarche saint Grégoire, et qui se chantent le jour de sa fête, afin de compléter les documents relatifs à sa vie, et pour donner en même temps à nos lecteurs une idée de ce livre justement célèbre dans l'Église d'Arménie (*).

α

Aujourd'hui brille d'un vif éclat l'Église, arbre planté par Dieu et couronné de fleurs, d'où nous vient Grégoire, rejeton d'immortalité qui remplit tous les lieux de ses fruits. Rameau couvert de grappes de la véritable vigne, il a été cultivé par les mains paternelles de Dieu; c'est par lui que s'est emplie la coupe qui a réjoui les nations attristées, et qui, en nous désaltérant, nous anime d'une allégresse spirituelle. Le souffle printanier du vent du Midi, échauffé par le feu de l'Esprit saint, a chassé les glaces de l'idolâtrie des nations du Nord, et celles-ci ont vu fleurir au milieu d'elles toutes les sciences divines. L'arbre glorieux que Grégoire a planté au pays des Arméniens, au prix de ses efforts et de ses sueurs, après avoir été arrosé des flots de la parole divine versés par la prédication, s'est couvert de fleurs et a poussé d'admirables rejetons. La lumière céleste a lui sur la terre; elle jaillissait du soleil de vie, et sa splendeur a chassé les épaisses ténèbres répandues sur la nation arménienne, en sorte qu'elle a vu clairement les grâces de l'Esprit saint. « Les chœurs incorporels des armées célestes se réjouissent de concert avec

(*) Charagan, Constantinople, 1815, in-8°, p. 222-236 et 448-457.

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