Images de page
PDF
ePub

pape Léon et le concile de Chalcédoine qui condamnèrent Eutychès.

Cette scission eut les conséquences les plus fâcheuses pour la prospérité de la nation. Séparés des Syriens à qui ils vouaient une vieille haine depuis leur tentative de mettre le siége patriarcal de l'Arménie sous la dépendance de l'Église de Syrie, retranchés de la communion des Grecs et de toute l'Église d'Occident par la position nouvelle qu'ils prenaient, les Arméniens se trouvaient ainsi délaissés et comme confinés dans leur propre individualité. Ils perdirent les auxiliaires qui pouvaient seuls les défendre contre la force encore païenne de la Perse. Néanmoins, telle est la force de l'antipathie qui a son principe dans les querelles religieuses suscitées au sein d'une communion précédemment une, que, dans la suite, on vit plusieurs fois les Arméniens appeler à leur secours les Perses contre les Grecs, ou favoriser leurs tentatives contre l'empire, quoiqu'ils compris sent l'impossibilité d'établir avec eux une alliance durable, et qu'ils prévissent les malheurs d'une condition encore plus dure. Dans le siècle suivant, lorsque les Arabes inondèrent l'Armé nie, les Grecs et les Syriens abandonnèrent les Arméniens, tandis que les Perses, convertis à la foi musulmane, aidaient les ennemis à renverser ce royaume chrétien.

Sempad, qui, pendant son administration, chercha à rétablir la paix religieuse, échoua dans son entreprise, et l'Église d'Ibérie se sépara alors pour toujours de la communion de l'Église d'Arménie.

Une preuve nouvelle de l'esprit d'individualisme et de l'éloignement de l'Église arménienne pour tout ce qui la rattachait à la communion des autres Églises, c'est qu'en réformant sa liturgie, elle voulut avoir son ère propre; prétention blåmable, puisque toutes les nations chrétiennes avaient celle de la venue de Jésus-Christ. Le patriarche Moïse II fixa l'ouverture de cette époque à l'an 551. C'est l'ère arménienne proprement dite, et cette

manière particulière de compter n'a eu d'autre effet que de jeter plus de confusion et d'obscurité dans là chronologie.

Un autre résultat du schisme, et qu'il n'est pas moins important de remarquer, c'est que l'Eglise arménienne, en se séparant de l'Église d'Occident, le vrai centre de l'unité, éprouva le même sort que les Eglises d'Allemagne et d'Angleterre, à l'époque de la réforme; je veux dire qu'elle perdit la majeure partie de son indépendance spirituelle, et qu'elle tomba sous la juridiction directe des princes temporels. En effet, ils commencent à exercer une influence sur la nomination des patriarches, dont la dignité se transmettait d'abord héréditaire dans la maison de saint Grégoire, sans que le chef de l'État fût consulté. Cette influence va toujours croissant; et, un siècle plus tard, nous lisons dans les historiens que le prince et les grands de sa cour placent sur le siége suprême le pontife à qui ils semblent conférer une sorte d'investiture: en un mot, dans l'Arménie, comme dans toutes les autres Églises dissidentes de l'Orient, la liberté religieuse diminue dans les mêmes rapports que l'orthodoxie.

On a confondu quelquefois le second synode de Tovin, tenu par Abraham Ier, avec celui qu'assembla Moïse II environ quarante-cinq années auparavant. Cette erreur est grave; Moïse, dans le premier synode, se contenta de réformer le calendrier; et, bien que ce changement pût être déjà un indice de séparation prochaine, et même préparât cette séparation, néanmoins rien ne prouve qu'elle s'effectua dans ce temps. La foi de Moïse pourrait être difficilement suspectée, puisque c'est lui qui nomma patriarche de la Géorgie Cyrion ou Cyrus, connu par son attachement à la doctrine de Chalcédoine, et qui travailla surtout à l'établir dans ce pays. Lorsque Moïse II mourut Abraham I, son successeur, grand ennemi des Grecs, irrité de voir Cyrus adhérer à leurs décisions, et persister dans le refus de suivre ses propres

principes, prend la résolution d'assembler les évêques pour le frapper d'anathème. Telle fut l'occasion du second concile de Tovin, qui eut pour la nation les effets funestes que nous avons décrits.

Parmi les autres mesures blâmables que prirent les membres de ce concile, nous distinguons la scission officielle opérée entre l'Eglise arménienne et celle de Géorgie, dont le peuple lui avait toujours été un fidèle allié. On défendit en outre les pèlerinages à Jérusalem; défense que l'on regarderait comme un incroyable mépris des saints lieux chez ce peuple chrétien, si nous ne savions que son motif provenait de la crainte qu'inspiraient aux schismatiques des chefs de monastères, célèbres par leur savoir et leur attachement aux doctrines de Chalcédoine, tels qu'Eutyme, Saba et Théodose.

La liturgie subit alors une addition importante, laquelle est devenue un des principaux chefs d'accusation contre les dissidents. Il s'agit du Trisagion, hymne sacrée où le nom de Dieu saint est répété trois fois, et à la suite duquel on ajouta, qui as été crucifié pour nous. Pourquoi, disaient les Grecs, ne substituez-vous pas au nom de Dieu celui du Christ, qui n'a souffert que comme homme, et non comme Dieu ? Vous absorbez l'humanité dans la di vinité, vous n'admettez qu'une seule nature, et conséquemment vous retombez dans l'erreur d'Eutychès.

Quelque opposé que fût à l'Église grecque le concile de Tovin, la séparation des deux communions n'était pas encore complète. Les Arméniens avaient quelque velléité de réconciliation; ils le prouvèrent au synode de Garin ou d'Erzeroum, assemblé par l'ordre de l'empereur Héraclius, vainqueur de Khosrov II, roi de Perse. C'est au retour de son expédition que ce prince engagea le patriarche Ezr ou Esdras à convoquer les évêques. Plusieurs prélats de l'Eglise grecque et les grands de l'Arménie assistèrent à cette réunion; on revisa les questions traitées dans le synode précédent; on rétracta la nouvelle formule du Trisagion;

on convint de suivre le rite grec relatif à l'usage du pain fermenté, et au mélange de l'eau et du vin dans le calice; et il fut en outre décidé qu'à l'avenir on ne célébrerait plus la fête de la Nativité conjointement à celle de l'Épiphanie. Toutefois, ces concessions, propres à effectuer une réunion définitive entre les deux Églises, n'étaient pas faites dans un esprit sincèrement désireux de la paix. Car, à peine dix ans s'étaient écoulés, que le successeur d'Esdras, Nersès III, déclarait, avec ses évêques, qu'on devait s'en tenir aux décisions des trois premiers conciles œcuméniques, sans ajouter celles de Chalcédoine. Il faut avouer aussi que l'esprit turbulent et dominateur des Grecs réussissait merveilleusement par son faux zèle à éloigner les Arméniens de l'unité dogmatique. Des ordres de l'empereur et des Curopalates obligeaient les fidèles à se soumettre aux pratiques de l'Église grecque; ce n'étaient plus les sages avertissements de la charité chrétienne, mais bien les injonctions sèches d'un maître à son esclave, tellement que la susceptibilité politique de la nation s'éveilla; elle craignit pour la perte totale de son indépendance. Elle voulait être chrétienne, mais à la condition de demeurer arménienne.

Un nouveau concile fut donc formé dans la ville de Manazcerte vers l'an 650. On condamna ce que l'on avait approuvé dans le synode d'Erzeroum, et la mémoire d'Esdras fut attaquée. Sur la question de la nature de JésusChrist, on s'en tint à la déclaration qu'elle était une et sans mélange; distinction qui, en paraissant éviter l'erreur d'Eutychès, y rentrait néanmoins, puisque la dualité des natures était rejetée (*). La liturgie primitive fut con

(*) Certainement les dissidents ne suivent pas les erreurs d'Eutyches. Ils disent même hautement anathème à cet hérésiarque pour avoir soutenu que les deux natures apres l'union se sont confondues ensemble pour n'en faire plus qu'une, ou que la divinité absorbe l'humanité. En quoi errent-ils done relativement à l'incarnation? c'est que,

servée; et le pain azyme, avec le vin pur, sans aucun mélange d'eau, fut seul employé dans le saint sacrifice de la messe. La rigidité des jeûnes et de l'abstinence a de tout temps caractérisé la discipline ecclésiastique du peuple arménien naturellement sobre, sachant vivre de peu et se livrant avec amour aux plus austères mortifications. Dans leur carême, beaucoup plus long que le nôtre, ils s'abstiennent de chair et de poisson, d'œufs, de beurre, de lait et de fromage, en ne faisant qu'un repas par jour, au coucher du soleil. Le vin est également interdit dans ces jours par les anciens canons. Les Grecs, dont la discipline n'était point aussi sévère, les avaient engagés, au concile d'Erzeroum, à réformer cette partie réglementaire, qui, ne touchant point au fond immuable des dogmes, peut être modifiée suivant les temps et les circonstances. Les évêques y avaient consenti; mais le peuple, invariablement attaché à la tradition de ses pères, s'imagina qu'on changeait toute la religion; et, à cette occasion, il manifesta l'opposition la plus violente, déclarant qu'il voulait suivre les pratiques de son Église, quelque rigoureuses que fût leur observance.

La voie dans laquelle le patriarche Nersès III avait engagé l'Église d'Arménie la séparait totalement de l'Église grecque et du reste de la chrétienté. Cependant il ne faut pas croire que le monophysisme prédominât exclusive

comme, suivant l'ancienne philosophie, par l'union physique de notre corps et de notre âme, il se forme une seule nature, en sorte que ces deux parties de nous-mêmes concourent ensemble à toutes nos actions, l'âme aux mouvements du corps, le corps aux mouvements de l'âme, ainsi ils prétendent que, par l'union hypostatique, la divinité et l'humanité en J. C. sont devenues un seul principe actif de toutes nos opérations, de manière que ses actions, je veux dire celles qui répondent aux nôtres, ne sont pas seulement divines par l'excellence qu'elles tirent de la divinité, mais encore parce qu'elles en émanent. Cette observation peut convenir aussi aux Cophtes et aux Éthiopiens, et à la plus grande partie des Jacobites.

ment; la masse des fidèles suivait ses pasteurs, sans entrer dans les querelles théologiques qui les divisaient, et, même dans le clergé, la majorité, amie de l'union et de la paix, gémissait sans doute en secret des divisions que l'esprit sophistique des Grecs semait dans leur sein. Les plus ardents entraî-.. naient les autres, et ceux-ci, au bout de quelque temps, effrayés de l'abîme où on les conduisait, revenaient sur leurs pas; en sorte qu'il y eut dans leur Eglise, pendant plus d'un siècle, des fluctuations continuelles, semblables à l'agitation d'une mer tourmentée par des vents contraires. C'est ce que nous démontre l'avénement du patriarche Jean IV, dit Imasdaser ou le Philosophe, homme d'une capacité rare, et profondément versé dans la science théologique. Lorsqu'il fut monté sur le siége patriarcal, il frappa un coup violent sur les monophysites, et nous possédons le beau discours qu'il prononça dans cette circonstance, vrai chef-d'œuvre de logique et d'éloquence. Ainsi, puisque l'orthodoxie revenait de temps à autre à la tête des affaires ecclésiastiques, on ne peut douter que le parti de l'union ne fût considérable et puissant parmi le peuple. Jean IV présente dans son règne le dernier terme nettement distinct de cette série de patriarches orthodoxes ou dissidents qui se succèdent depuis saint Grégoire l'Illuminateur. Entre ces deux époques, il s'était écoulé 416 ans, et environ trente-cinq patriarches avaient occupé successivement le siége. Les vingt-deux premiers, jusqu'à Nersès II d'Aschdarag, ont une foi évidemment à l'abri de tout soupçon. On ne peut en dire autant des six patriarches qui suivirent Nersès III; il est beaucoup plus probable qu'ils partagerent les idées de rupture ou d'opposition. Mais les six autres, qui précédèrent Jean le Philosophe, appartiennent à la liste des patriarches orthodoxes.

A mesure que nous avançons dans l'histoire religieuse de l'Arménie, il devient toujours plus difficile d'apprécier la pureté de la foi des pasteurs. Les uns, emportés par un zèle national

trop ardent, se déchaînent contre le concile de Chalcédoine, parce qu'ils voient dans ses décisions un acte arbi

traire de l'Église grecque, toujours trop exigeante pour eux. Ils ressemblent beaucoup à nos gallicans modernes, jaloux de l'Église romaine, et voulant conserver, au prix même de l'orthodoxie, ce qu'ils appellent leurs libertés. Les autres se renferment dans un silence absolu, lequel ne permet pas d'interpréter leurs actes en aucune façon. Plusieurs, en attaquant le parti dissident et en défendant la dualité des natures, ont peine à dégager leur foi des obscurités propres à la rendre suspecte à l'orthodoxie romaine, et c'est ainsi que le discours (*) du patriarche Jean IV, dont nous avons parlé précédemment, a été mis dernièrement à l'index par la censure ecclésiastique de Rome.

Les invasions et les guerres cruelles des Arabes qui avaient subjugué le pays, où ils établirent un gouverneur sous le nom d'osdigan, mirent un terme aux discussions religieuses. Les alarmes continuelles qui tenaient en éveil la nation, ne permettaient point aux évêques et aux princes de s'assembler pour traiter des questions théologiques. En outre, les vainqueurs voulaient imposer aux vaincus la foi musulmane, et les persécutions suscitées au christianisme portèrent les esprits à défendre leur foi plutôt avec la résignation du martyre qu'avec les armes de la dialectique.

Lorsque l'habileté de la famille des Pagratides eut déjoué les projets des musulmans, et que le valeureux Achod eut relevé le trône d'Arménie, la paix renaissante ouvrit un libre cours aux controverses religieuses. Le trop célèbre Photius, avant de consommer le schisme des Grecs avec l'Église latine, avait travaillé à la réunion de l'Église arménienne. A cet effet, il avait écrit au patriarche Zacharie Ier, pour lui donner certaines explications relatives

(*) Il a été publié par les Arméniens de Venise en 1816; le texte est accompagné d'une traduction latine.

au concile de Chalcédoine: elles avaient pour but de dissiper les préjugés et de détruire l'antipathie de la nation pour les Grecs. Le roi Achod désigna pour répondre à ces lettres un certain Isaac Meroud, homme violent et emporté, qui, loin d'accéder aux conditions de paix, se répandit en invectives contre l'Eglise grecque. Néanmoins l'entremise de Vahan, archevêque de Nicée, parvint à rétablir pour quelque temps la concorde, et l'on réunit un concile dans lequel les décisions de l'assemblee de Chalcédoine furent acceptées, tandis qu'on anathématisa celles qui avaient été prises à Manacerte et au dernier synode de Tovin.

Peu de temps après Zacharie Ier, le siége patriarcal fut illustré par deux hommes d'un rare talent: le premier est Maschdots, abbé du monastère de Sévan. Son savoir était vaste; on lui attribue la rédaction du rituel et du recueil d'hymnes qui portent son nom. Il eut pour disciple et successeur Jean VI, surnommé l'historien par excellence, à cause de l'éclat et de l'originalité de son style. Jean était un zélé défenseur du parti des dissidents, et la passion avec laquelle il attaque l'Église grecque défigure malheureusement son histoire d'Arménie, si remarquable sous d'autres rapports. Pour prouver au lecteur la justesse de notre observation, nous citerons un passage extrait de cet ouvrage inédit.

« A cette époque, dit-il, mourut le bienheureux empereur Zénon, si agréable à Dieu par ses mœurs et par l'intégrité de sa foi. Sous son règne, il avait dissipé l'ombre et les nuages du détestable et turbulent concile de Chalcédoine, pour ramener dans l'Église de Dieu la lumière resplendissante et glorieuse de la foi apostolique. Ensuite le grand patriarche Papgen convoqua un concile des évêques de l'Arménie, de la Géorgie et de l'Albanie; car on n'avait pas encore accepté des traditions destructives du monde, et on se tenait fermement sur le même fondement que saint Grégoire; aussi, dans ce temps, la foi et la piété florissaientelles universellement dans le pays des

Grecs, des Arméniens, des Géorgiens et des Albaniens. Mais, après trentecinq ans d'orthodoxie constante, lorsque, Anastase étant mort, l'impie Justinien, cet empereur plein de malice, abolissant et renversant ces décisions, rétablit la pernicieuse doctrine de Chalcédoine, alors il persécuta par des supplices atroces et intolérables les saints hommes qui persistaient dans l'orthodoxie, et il inonda de sang le pavé de l'Église de Dieu. »

En lisant ces lignes, on doit se demander si l'auteur a réellement voulu parler des hommes et des événements que nous connaissons d'après d'autres sources; et, en songeant aux malheureuses préventions de l'esprit de parti qui enveniment les querelles religieuses, on ne reconnaît que trop la possibilité de semblables jugements.

L'état intérieur de l'Eglise dépend toujours de ses chefs. Ainsi dès que la puissance patriarcale était remise au pouvoir d'un prélat agitateur et turbulent, toutes les questions dangereuses que la prudence tenait assoupies, se ranimaient comme la flamme d'un foyer mal éteint, et l'incendie étendait derechef ses ravages au loin. La pacification opérée par le concile de Zacharie Ier, tenu à Schiragvan, ne fut pas de longue durée : le parti national, qui était le plus opposé aux Grecs, travaillait toujours à détruire les bons résultats obtenus par les efforts des amis de l'union.

Au commencement du douzième siècle, la division allait croissant, et il fallait chercher de nouveau des moyens de conciliation. Le siége patriarcal était dignement occupé : Grégoire III, surnommé Bahlavouni, parce qu'il était issu de la race des Arsacides, administrait l'Église d'Arménie. Il avait pour frère le gracieux Nersès (*), ainsi nommé à cause de la douceur et de la pureté de son style, qui le classent à la tête des écrivains arméniens. Lorsqu'il eut succédé à Grégoire III, il conçut le généreux dessein de porter un dernier coup à l'esprit de discorde

() Voy. figure no 13.

qui déchirait l'Église, et il réunit le grand synode de Romcla, plus connu dans l'histoire ecclésiastique sous le nom de synode de Tarse, parce que l'archevêque de Tarse, Nersès dit Lampronensis, y prononça à l'ouverture son discours, qui est demeuré un des premiers monuments de l'éloquence arménienne. Les propositions faites aux dissidents étaient celles-ci : Nous vous demandons, 1o d'anathématiser les partisans de l'unité de nature, comme Eutychès, Dioscore, Timothée, Élurus et leurs autres adhérents; 2° nous demandons que vous confessiez NotreSeigneur Jésus-Christ, fils unique, seu! Christ, seul Dieu, hypostase une, sans division, sans changement, sans altération, sans confusion; que vous confessiez que le fils de Dieu n'est point autre que le fils de la Vierge, mère de Dieu, et fils de l'homme; que vous reconnaissiez dans ses deux natures l'unité de sa divinité, et son unité dans la dualité des natures, le même Christ ayant deux opérations conformes à sa nature, l'une divine et l'autre humaine, sans qu'elles soient contraires, puisque en effet l'opération humaine concorde avec l'opération divine; 3° nous demandons que vous récitiez le Trisagion sans l'addition de ces mots : Qui crucifixus es pro nobis, Qui es crucifié pour nous.

Telles étaient les principales propositions auxquelles la majorité des prélats assemblés répondirent qu'ils les acceptaient avec soumission et humilité. Nersès foudroya des traits de son éloquence tous les fauteurs du désordre qui ne cherchaient qu'à troubler la paix de l'Église. On crut quelque temps à un accommodement définitif; mais la mort de l'empereur Manuel, celle de Nersès Lampronensis et du patriarche Degha, successeur de Nersès le Gracieux, firent évanouir ces heureuses espérances. Les actes arbitraires de quelques fanatiques grecs en furent l'occasion; de l'aversion on pasșa à la haine, et la séparation des deux Eglises fut complète. Le schisme effectué précédemment par Photius, et ensuite par Michel Cérulaire, légitimait, sous un rap

« PrécédentContinuer »