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nouvelle dynastie, ainsi que celle des Corigéans dans l'Albanie arménienne, et la maison des Ardzrouniens dans le Vasbouragan, ne firent que détruire le lien d'unité formé par là restauration de la monarchie. Les princes musulmans profitaient habilement des rivalités produites par la diversité des intérêts de tous ces rois. Toutefois Sempad II, fils d'Achod II, eut un règne brillant, et ayant fixé sa résidence, il y bâtit, suivant la tradition, mille et une églises, par lesquelles le peuple arménien jurait proverbialement dans ses serments (*).

Au commencement du onzième siècle, les Turcs seldjoukides se montrent sur les frontières d'Arménie, s'enhardissent à passer l'Araxe, et ne se retirent que devant le sbarabied Vasag, qui les défait heureusement. La terreur causée par l'irruption de ces barbares

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Dep. J. C. 748. Achod, fils de Vasag, créé patrice et gouverneur de l'Arménie par Merwan II, dernier calife de la race des Omniades.

758. Sempad, fils d'Achod, tué en combattant contre les Arabes.

781. Achod, surnommé Mesager carnivore, son fils.

820. Sempad, surnommé le Confesseur, son fils. Il souffrit le martyre à Bagdad.

859. Achod, surnommé le Grand. 890. Sempad Ier, dit le Martyr, son fils.

914. Achod II, Bras de fer, son fils.

921. Achod, frère de Sempad Ier, se fait, avec l'appui des Arabes, déclarer roi à Tovin.

928. Apas succède à son frère Achod II. 952. Achod 111, dit le Miséricordieux. 977. Sempad II, dit le Dominateur. 989. Kakig Ier, surnommé Roi des rois, frère de Sempad II.

1020. Jean, nommé aussi Sempad, de Kakig Ier.

1040. Interrègne.

fils

1042. Kakig II, fils d'Achod IV. 1079. Il est assassiné par les Grecs dans la forteresse de Cybistra, et la monarchie des Pagratides en Arménie fut entièrement

éteinte.

inspira au roi du Vasbouragan l'idée de céder ses États à l'empereur des Grecs, Basile, à condition qu'il lui donnerait en échange la ville de Sébaste.

Cette concession fut fatale aux Arméniens, parce qu'elle attira près d'eux des voisins dont l'ambition tendait sans cesse à accroître leur domaine; aussi détachaient-ils chaque jour du royaume des Pagratides une portion de leur domaine. Le roi de Géorgie, se coalisant avec le roi Jean, essaya de résister aux tentatives de Basile II, mais sans aucun succès; car l'empereur grec ne lui pardonna qu'à condition qu'il se reconnaîtrait son vassal. A la mort de Jean, les princes arméniens voulurent secouer le joug, et ils furent assez heureux pour faire lever le siége d'Ani, bloquée par les Grecs. Constantin Monomaque soutint les droits de son prédécesseur Basile, et, après avoir pris de vive force Tovin et Ani, il se vit possesseur tranquille de toute l'Arménie. Cette conquête était mal assurée, et elle obligeait les Grecs à entretenir dans le pays un corps de troupes considérable, pour la protéger contre les attaques continuelles des Seldjoukides. Tant qu'ils eurent affaire à ThogrilBegh ou à ses généraux, ils se défendirent avec avantage; mais quand vint le belliqueux Alp-Arslan ou le Lion, les Seldjoukides chassèrent devant eux les Grecs et les Arméniens, et même s'emparèrent de la majeure partie de la Géorgie. Ainsi les empereurs de Constantinople perdirent à jamais leur autorité sur l'Arménie.

La plus grande difficulté qu'éprouvent les conquérants, c'est de conserver leurs conquêtes : les princes seldjoukides en sont un nouvel exemple. Dès qu'ils furent maîtres de l'Arménie, il s'éleva parmi eux des rivalités et des querelles interminables. L'illustre maison des Orpélians, originaire de la Chine et occupant le trone de Géorgie, profita de l'occasion pour chasser du pays les Turcs, et pour délivrer en même temps les Arméniens. David II, à qui ses victoires ont valu le nom de Réparateur, commença le

premier cette tâche. La tranquillité fut rétablie jusqu'à l'apparition des Mongols, qui, sous Djinghiz-Khan et son successeur Oktay, firent des irruptions dans les différentes parties de l'Arménie et de la Géorgie. Les Orpélians, s'étant attachés à leur fortune, furent ménagés et conservèrent une certaine puissance.

Les Arméniens étaient moins heureux que leurs voisins les Géorgiens. Les invasions des barbares avaient effacé les derniers vestiges de l'ancienne puissance nationale, à l'exception de la petite principauté qu'un certain Rhoupen, lors de l'extinction de la race des Pagratides, s'était conservée dans les gorges du mont Taurus. Vers l'an 1100, à l'époque où les croisés affluaient d'Europe en Asie pour la défense des saints lieux, les princes de cette maison s'allièrent aux chefs latins, et les secoururent autant qu'il était en leur puissance. La maison des Rhoupéniens subsista quatre siècles environ. Écoutons le savant SaintMartin nous raconter comment s'éteignit leur royauté (*).

« Le règne de Léon IV fut court; ce prince périt en 1308 avec son oncle Héthoum, par la perfidie d'un général mongol, nommé Bilarghou, qui les fit assassiner. Le frère d'Héthoum, Oschin, connétable et prince de Gantchoï, se mit aussitôt à la tête des troupes pour venger la mort de son neveu, vainquit Bilarghou, le chassa de la Cilicie et fut proclamé roi. Il mourut en 1320, après un règne de douze ans et quelques mois, ne laissant qu'un jeune enfant âgé de dix ans, nommé Léon, qu'il avait eu d'une fille du roi de Chypre, de la maison de Lusignan. Les discordes civiles, les invasions des Mamelouks, des Tartares et des Turkomans, achevèrent de réduire à la dernière extrémité le royaume d'Arménie déjà considérablement affaibli; c'étaient des dévastations et des ravages perpétuels. »

« A la mort de Léon V, les grands

(*) Mémoires sur l'Arménie, tom. I, pag. 400.

d'Arménie choisirent alors pour leur roi un certain Jean de Lusignan, neveu du roi de Chypre et allié de la race royale; ils lui donnèrent le nom de Constantin III, et le couronnèrent dans la ville de Sis. Ce prince ne régna qu'un an il se conduisit si mal et se fit tellement mépriser par sa lâcheté, que les nobles se révoltèrent contre lui, le tuèrent, et appelèrent au trône son frère Guy, célèbre dans l'empire grec par son courage. En 1345, ils choisirent un autre prince de la maison de Lusignan, qui régna sous le nom de Constantin IV.

« A sa mort, on choisit, d'après l'avis du pape Urbain V, un prince de la maison de Lusignan, qui porta le nom de Léon VI et fut le dernier roi d'Arménie. A peine était-il sur le trône que les Égyptiens entrèrent en Cilicie. Pour s'opposer à leur marche, il envoya à leur rencontre son connétable Libarid, qui fut vaincu et tué après des prodiges de valeur. Léon alors demanda en suppliant la paix au sultan des Mamelouks, qui la lui accorda, en exigeant de lui de fortes sommes d'argent. Mais ensuite, informé que le roi d'Arménie avait envoyé des ambassadeurs en Europe pour exciter les princes chrétiens contre lui, le sultan d'Égypte résolut d'anéantir le royaume d'Arménie; il donna en conséquence à son général Schahar Oghli l'ordre d'entrer dans la Cilicie avec une nombreuse armée, et lui enjoignit de poursuivre le roi à toute outrance. Les Égyptiens pénétrèrent sans difficulté dans la Cilicie, prirent et brûlèrent, en l'an 1371, la ville de Sis, vainquirent le roi Léon et son général Schahan, prince de Gorigos, qui étaient venus les combattre. Le roi fut blessé dans cette bataille, et contraint de se réfugier dans des montagnes inaccessibles où il se tint longtemps caché, et on le crut mort; mais, en 1373, il revint dans la ville de Tarse, dans le temps que sa femme Marie allait épouser Othon, duc de Brunswick, qui devait être couronné roi d'Arménie. Léon chercha à entamer encore des négociations avec le sultan, qui, sûr du résultat de cette

lutte, ne voulut entendre à aucune proposition. Les Egyptiens recommencèrent la guerre avec une nouvelle fureur, en 1374, dévastèrent le pays, prirent toutes les villes et les châteaux, et enfin contraignirent le roi de se renfermer dans la forteresse de Gaban, avec sa femme, sa fille et le prince Schahan, où ils soutinrent un siége de neuf mois, et furent obligés, par le manque de vivres, de se rendre prisonniers. Ce triste événement arriva en l'an 1375. Léon VI fut conduit avec sa famille à Jérusalem, et de là au Caire, où il resta captif pendant six ans. En 1381, il obtint sa délivrance par la médiation de Jean Ier, roi de Castille. Il passa alors en Europe, alla d'abord à Rome, puis en Espagne, la cour de son libérateur; il vint ensuite en France, où il fixa son séjour.

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à

Le règne de ce prince, issu de l'illustre maison des Lusignans et le dernier monarque de l'Arménie, n'a été qu'une suite de revers et d'infortunes. L'incertitude et les obscurités, triste fruit de la barbarie de ces âges, qui nous cachent les premières années de son avénement au trône, n'ont pu être dissipées par les recherches de l'historien Michel Tchamtchian, ni par la critique éclairée de M. Saint-Martin. Nous savons seulement que, fait prisonnier dans une bataille, il languit au Caire dans une longue captivité. Délivré de sa prison par le roi de Castille, son parent, il passa en Espagne, où il devint successivement seigneur de Madrid et d'Andujar; de là il vint en France, où nos rois lui accordèrent le château de Saint-Ouen; et, après avoir attiré sur sa personne les bonnes grâces du souverain pontife et des rois d'Angleterre, il mourut à Paris, le 19 novembre 1391, et fut enterré dans la chapelle du couvent des Célestins. Son tombeau, déposé durant quelques années dans le musée des Petits-Augustins, a été réuni aux tombes royales des catacombes de Saint-Denis. On lit sur son épitaphe le titre de cinquième roi latin de l'Arménie, ce qui veut dire qu'il était le cinquième des rois de l'Arménie, après l'extinction de la ligne

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1138. Interrègne.

1144. Thoros ou Théodore II, fils de Léon Ier.

1168. Thomas, prince latin, beau-père de Thoros II, gouverne avec le titre de baile ou régent.

1169. Meleh, frère de Thoros II.

1174. Rhoupen II, fils d'Étienne, frère de Thoros II et de Meleh.

1185. Léon II, surnommé le Grand, frère de Rhoupen II.

1198. Il est couronné roi par Conrad, archevêque de Mayence.

1219. Zabel ou Isabelle, sa fille. 1220. Philippe, son mari, fils de Bohémond IV, prince d'Antioche.

1222. Interrègne.

1224. Héthoun ou Haython Ier, fils de Constantin, seigneur de Pardserpert, issu de la famille royale.

1267. Léon III, son fils.

1289. Haython II, son fils, abdique.
1293. Théodore II, son frère.
1295. Haython II, rétabli, abdique encore.
1296. Sempad, son frère.

1298. Constantin II, son frère.

1300. Haython II, encore rétabli, abdi que pour la troisième et dernière fois. 1305. Léon IV, fils de Théodore III. 1308. Oschin, frère de Haython II. 1320. Léon V, son fils.

1342. Constantin III, de Lusignan, nommé auparavant Jean (en arménien Djivan), fils d'Amauri de Lusignan, prince de Tyr, frère de Henri II, roi de Chypre, et d'une fille de Léon III, roi d'Arménie.

1343. Guy (en arménien Kovidon ou Gid), son frère.

1343. Constantin IV, aussi de la maison de Lusignan.

1363. Interrègne.

1365. Léon VI, parent de Constantin IV. 1375. Il est emmené prisonnier en Égyp

A peine le royaume d'Arménie venait-il de finir dans la personne de Léon VI, que Timour Leng, ou le Boiteux, après avoir conquis la Perse et la Syrie, accourait désoler ce pays par ses ravages et ses massacres. Sa mort, arrivée à Samarcande (*) en 1406, délivra l'Orient de ce terrible fléau de Dieu. En 1603, Shah Abbas renouvela toutes ces horreurs, lorsqu'il prit d'assaut la ville de Julfa et qu'il la dépeupla, pour traîner sa population à travers les montagnes et les déserts jusque dans les faubourgs de sa capitale, où ces exilés fondèrent une autre ville du nom de Julfa.

La Perse retint sous sa domination les parties orientales de l'Arménie qui confinent à ses frontières, et de petits émirs kurdes, protégés par les montagnes qui couvrent ce pays au sud, érigèrent en principautés indépendantes le territoire qu'ils devaient d'abord administrer au nom du sultan, leur légitime suzerain.

Le reste de l'ancien royaume d'Arménie fut complétement soumis à la Porte Ottomane, qui le divisa en plusieurs pachalicks régis par des préfets ou pachas. Au commencement de ce siècle, la Russie, qui pousse toujours ses conquêtes vers l'intérieur de l'Asie, après s'être emparée de la Géorgie, a pénétré dans les provinces arméniennes, et depuis quelques années l'importante place d'Erivan (**) est tombée en son pouvoir. Nul doute que, dans un avenir assez rapproché, elle ne de

te, et son royaume est entièrement conquis par les infideles.

1393. Léon meurt à Paris.

(*) Un fait assez curieux et qui mériterait d'être vérifié par les voyageurs, c'est

suivant la tradition Tamerlan emporta que dans Samarcande tous les livres qu'il trouva soit dans la Perse ou l'Arménie, et ils furent entassés dans une large tour où personne ne pouvait entrer. Si la chose est vraie, on pourrait encore trouver là de précieux trésors litteraires.

(**) Érivan céda vers le mois d'octobre 1827 aux attaques de Paskewitsch, qui, en l'honneur de ce triomphe, a reçu le titre de prince d'Érivan.

vienne maîtresse de tout le pays. La majeure partie des Arméniens suivant, comme nous l'avons dit, un rit conforme en plusieurs points à celui de l'Église russe, est naturellement plus portée à se rapprocher d'une nation chrétienne que des Turcs, avec lesquels elle n'a aucune communauté de goûts ni d'idées. Aussi le parti arménien favorise-t-il sous main la cause des Russes, et depuis un demi-siècle, on les voit émigrer par masses et refluer vers les provinces centrales de l'empire moscovite, où ils trouvent sécurité et protection. La plus considérable des émigrations qui aient eu lieu récemment est celle qu'opéra le comte Latzarew, après les conquêtes du général Paskewitsch. Plus de huit mille familles le suivirent de l'Aderbaidjan en Russie, et trois mois suffirent à ce déplace-, ment. Les frais de voyage ne s'élevèrent qu'à quatorze mille ducats et quatre cents roubles d'argent. Moyennant cette somme assez modique, la Russie gagna quarante mille sujets laborieux et pleins d'industrie. La perte qu'éprouva la Turquie par suite de cette émigration fut incalculable; la plus grande partie de l'Aderbaidjan demeura inculte et déserte, et le trésor fut diminué d'un million six cent mille roubles, somme que le commerce et l'industrie des Arméniens y apportaient chaque année (*).

Nous terminerons ici nos considérations politiques sur l'histoire des Arméniens, en citant l'admirable fragment élégiaque qui clôt le troisième et dernier livre de Moïse de Khoren. L'écrivain se lamente sur le triste sort de sa nation, qui, déchirée intérieurement par le schisme, avait perdu au inspiré par un élan de douleur prophédehors son indépendance. Ce morceau, tique, peut, sous certains rapports, convenír également aux siècles ultérieurs, surtout lorsque le royaume d'Arménie fut complètement détruit. Les Arméniens le sentent bien; aussi ne peuvent-ils réciter, sans avoir les yeux baignés de larmes, ces pages

(*) Voy. la planche no 17.

qu'on dirait avoir été arrachées aux Lamentations de Jérémie :

Je pleure sur toi, région de l'Arménie; je pleure sur toi, la plus illustre des contrées du Nord! car la royauté, le sacerdoce et l'enseignement des docteurs ont disparu de ton sein. La paix s'est changée en trouble, et le désordre a pris racine parmi nous; l'orthodoxie s'en est allée, et l'ignorance a installé le schisme à sa place.

« Je gémis sur toi, ô Eglise des Arméniens! l'éclat resplendissant de ton sanctuaire s'est obscurci; tu es privée de ton troupeau et de son vigilant pasteur. Je ne vois plus ce même troupeau spirituel errant dans de verts pâturages, ou reposant près des sources d'eau vive, puis réuni dans un même bercail, à l'abri des loups dévorants; mais il est dispersé par les déserts et dans les lieux stériles.

« J'envie tes deux premières migrations, puisque, tandis que l'époux était séparé de sa fiancée, tu as supporté ce veuvage en conservant intacte ta chasteté, ainsi que l'a dit avec sagesse un de nos anciens. Lorsqu'un adultère eut l'audace d'attenter à la pureté de ton lit, tu n'as point violé ta foi, bien que la violence eût expulsé l'époux, et que des fils orgueilleux méprisassent leur père, tandis que les bâtards avaient le même dédain pour ce père inconnu et étranger. Cependant tu ne t'es pas montrée aux hommes comme désespérée; tu attendais le retour de ton époux et de son coadjuteur, et tu as chéri tes enfants, non pas comme une marâtre, mais comme une mère tendre.

<< Dans ta troisième émigration, il n'est pas d'espoir du retour; tu es séparée de celui qui t'accompagnait en partageant tes travaux. Il vaudrait mieux, pour tes enfants, qu'ils habitassent avec le Christ, et que, se reposant dans le sein d'Abraham, ils contemplassent les choeurs des archanges.

« Tu es délaissée dans ton veuvage, et nous, malheureux, nous sommes privés du chef qui était à la fois notre père. Nous ne ressemblons pas, Sei7 Livraison. (ARMÉNIE.)

gneur, à votre ancien peuple: notre condition est pire. En effet, après que Moïse nous a été enlevé, nous n'avons plus un Josué pour nous introduire dans la terre promise. Roboam a été dépouillé de son héritage, et son fils Nabad lui a succédé; ce n'est pas le lion, mais l'ancienneté des temps qui a dévoré l'homme de Dieu (*). Elie nous a été enlevé, et Élisée, doublement inspiré, ne nous est pas resté pour oindre Jéhu. Azaël a été suscité pour la perte d'Israël; Sédécias a été traîné en captivité, et il ne s'est pas rencontré de Zorobabel qui rétablit le royaume. Antiochus nous contraint de violer les lois de nos pères, et un Matathias ne lui résiste pas; la guerre nous presse de toutes parts, et un Machabée n'est point notre libérateur. Au dedans, nous avons le combat, au dehors, la terreur; oui, la terreur des païens et les combats des hérétiques; et cependant il ne se présente pas de chef pour nous conseiller et nous préparer à la lutte.

« O déshonneur! ô lamentables calamités! Comment trouverai-je la force de supporter ces maux? Par quel moyen raffermirai-je mes esprits et ma langue, de manière à pouvoir remercier mes pères de m'avoir engendré et élevé? En effet, ils m'ont nourri de leur enseignement, et ils m'ont envoyé ailleurs le compléter. Ils espéraient qu'à notre retour, il leur reviendrait quelque gloire de notre talent perfectionné et de nos compositions plus parfaites. De notre côté, nous espérions, en courant à Constantinople, revenir assister aux danses joyeuses des noces, et chanter des épithalames, nous qui sommes exercés dans ces chants; mais voilà qu'au lieu de cette allégresse espérée, je me lamente et me désole sur le tombeau qui les renferme, sans que j'aie eu le temps de leur fermer les yeux, d'entendre leurs dernières paroles, de recevoir leurs bénédictions!

et

« En pensant à ces choses, les sou(*) Voy. I rois, ch. xi, v. 24.

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