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Le Page.

Chimène.

Seuls, et qui semblaient tout bas se quereller.

Sans doute ils sont aux mains: il n'en faut plus parler.
Madame, pardonnez à cette promptitude.

Don Fernand, Don Sanche, Don Arias, Don Alonse. Don Alonse.

Sire, le comte est mort.

Don Diègue, par son fils, a vengé son offense.

Don Fernand.

Dès que j'ai su l'affront, j'ai prévu la vengeance,

Et j'ai voulu dès lors prévenir ce malheur.

Don Alonse.

Chimène à vos genoux apporte sa douleur ;
Elle vient tout en pleurs vous demander justice.
Don Fernand.-

Bien qu'à ses déplaisirs mon âme compatisse,
Ce que
le comte a fait semble avoir mérité

Ce digne châtiment de sa témérité.

Quelque juste pourtant que puisse être sa peine,
Je ne puis sans regret perdre un tel capitaine.
Après un long service à mon Etat rendu,
Après son sang pour moi mille fois répandu,
A quelques sentiments que son orgueil m'oblige,
Sa perte m'affaiblit, et son trépas m'afflige.
Entrent Chimène et Don Diègue.

Chimène. Sire, sire, justice.
Don Diègue.

-Ah! sire, écoutez-nous.

Chimène. Je me jette à vos pieds.
Don Diègue.

-J'embrasse vos genoux.

- Entendez ma défense.

Chimène. Je demande justice.
Don Diègue.

Chimène.

-

D'un jeune audacieux punissez l'insolence;

Chimena.-Great Heaven! I tremble.

The Infanta.-Speak on.

The Page. They both left this palace together.
Chimena.-Alone?

The Page.-Alone and seemingly at variance, below their breath.

Chimena.

Doubtless they are fighting now. I stop to speak no more. Highness, excuse my hurried departure.

Don Ferdinand, Don Sancho, Don Arias, Don Alonzo.
Don Alonzo.-

Your Majesty, the Count is dead.

Don Diego has avenged his injury by his son.

Don Ferdinand.

As soon as I heard of this insult, I foresaw what the vengeance would be,

And desired to anticipate this disaster.

Don Alonzo.

Chimena brings her sorrows to your feet;

She is coming all in tears to appeal to you for justice.

Don Ferdinand.—

Although I compassionate with her sorrows,

The Count's deed seems to me to have deserved

The just chastisement of his rashness.

But however just his penalty may be,

I cannot afford to lose such a general.
After long services rendered to my kingdom,
After shedding his blood for me so often,
Whatever I may feel about his pride,

His loss weakens me and his death distresses me.
Enter Chimena and Don Diego.

Chimena.-King, O King! Justice.

Don Diego.-O Majesty, hear us.

Chimena.-I cast myself at your knees.

Don Diego.-I fall at your feet.

Chimena.-I ask for justice.

Don Diego.-Hear my defence.
Chimena.-

Punish the insolence of an over-daring youth.

Il a de votre sceptre abattu le soutien,
Il a tué mon pere.

Don Diègue. Il a vengé le sien.

17. CONTRE LES MODERNES QUI FONT DES VERS LATINS.

Apollon, Horace, des Muses et des Poëtes.

Horace. Tout le monde est surpris, grand Apollon, des abus que vous laissez régner sur le Parnasse.

Apollon.-Et depuis quand, Horace, vous avisez-vous de parler français ?

Horace. Les Français se mêlent bien de parler latin. Ils estropient quelques-uns de mes vers; ils en font de même à mon ami Virgile; et quand ils ont accroché, je ne sais comment, disjecti membra poetæ, ainsi que je parlais autrefois, ils veulent figurer avec nous.

Apollon. Je ne comprends rien à vos plaintes. De qui donc me parlez-vous ?

Horace.-Leurs noms me sont inconnus. Muses de nous les apprendre.

C'est aux

Apollon.-Calliope, dites-moi qui sont ces gens-là. C'est une chose étrange que vous les inspiriez, et que je n'en sache rien.

sance.

moi.

Calliope. Je vous jure que je n'en ai aucune connaisMa sœur Erato sera peut-être mieux instruite que Erato.-Toutes les nouvelles que j'en ai, c'est par un pauvre libraire, qui faisait dernièrement retentir notre vallon de cris affreux. Il s'était ruiné à imprimer quelques ouvrages de ces plagiaires, et il venait se plaindre ici de vous et de nous, comme si nous devions répondre de leurs actions, sous prétexte qu'ils se tiennent au pied du Parnasse!

Apollon.-Le bonhomme croit-il que nous sachions ce qui se passe hors de notre enceinte ? embarrassés pour savoir leurs noms.

Mais nous voilà bien
Puisqu'ils ne sont pas

loin de nous, faisons-les monter pour un moment, Horace, allez leur ouvrir une des portes.

He has stricken down the support of your sceptre.

He has slain my father.

Don Diego. He has avenged his own.

17. ON MODERN WRITERS OF LATIN VERSES.

Horace.

Apollo, Horace, Muses and Poets.

Everybody wonders, glorious Apollo, at the evils you allow to proceed on Parnassus.

Apollo.-Hallo! how long have you taken to talking French, Horace?

Horace. The French don't scruple to talk Latin. They go murdering my lines, taking just the same liberties with friend Virgil's; and then, when they have hooked a good store disjecti membra poetæ, as I was wont to say formerly, they want to show off amongst us.

Apollo. Your complaints are unintelligible to me. Who are you talking about?

Horace.-Oh! I don't know their names. It is the Muses' business to tell us them.

Apollo.-Calliope, pray tell me the names of those people. It seems to me very odd that you should inspire them, and I know nothing of it.

Calliope. Well, I declare, I really know nothing about it. My sister Erato is perhaps better informed than I.

Erato. All the information I have on the subject is through a wretched publisher, who not long ago used to make our valley re-echo with his lamentations. He had utterly failed by printing these plagiaries' works, and used to come and complain here about you and about us, as if we were answerable for their doings, on the plea that they take up their abode at the foot of Parnassus.

Apollo.-Does the fellow suppose that we know anything of what goes on outside our precincts? But you seem very much at a loss to get at their names. As they are not far off, let us have them up for a moment. Horace, go and open one of the gates to them.

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Calliope. Si je ne me trompe, leur figure sera réjouissante, ils nous donneront la comédie.

Horace. Quelle troupe! nous allons être accablés s'ils entrent tous. Messieurs, doucement les uns après les

autres.

Un Poëte (s'adressant à Apollon).-Da, Tymbræe, loqui. Autre Poëte (à Calliope).—Dic mihi, musa, virum. Troisième Poëte (à Erato).—Nunc age, qui reges, Erato. . . . Apollon.-Laissez vos compliments, et dites-nous d'abord

Vos noms.

Un Poëte.-Menagius.

Autre Poëte.-Pererius.

Troisième Poëte.-Santolius.*

Apollon.-Et ce vieux bouquin que je vois parmi vous, comment s'appelle-t-il ?

Textor.-Je me nomme Ravisius Textor.† Quoique je sois en la compagnie de ces messieurs, je n'ai pas l'honneur d'être poëte; mais ils veulent m'avoir avec eux, pour leur fournir des épithètes au besoin.

Un Poëte.-Latonæ proles divina, Jovisque. Jovisque .. Jovisque Heus tu, Textor! Jovisque. Textor.-Magni.

Le Poëte.-Non.

Textor.-Omnipotentis.
Le Poëte.-Non, non.

Textor.-Bicornis.

Le Poëte.

Bicornis optime. Jovisque bicornis.

:

Latonæ proles divina, Jovisque bicornis. Apollon.-Vous avez donc perdu l'esprit des cornes à mon père ?

Vous donnez

Le Poète.-C'est pour finir le vers. J'ai pris la première épithète que Textor m'a donnée.

Apollon. - Pour finir le vers, fallait-il dire une énorme sottise? Mais vous, Horace, faites aussi des vers français.

*Ménage, Dupérier, Santeul, poëtes latins modernes.

+Jean Teissier, seigneur de Ravisi, auteur d'un Delectus Epithetorum.

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