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Barrère.-Dumont est un crapaud du Marais,* que peux en craindre.

tu

Robespierre. C'est chez lui que Doulcet s'était d'abord réfugié, ils sont du même département. Dumont doit savoir où il est caché; j'aurai l'œil sur lui, et si mes soupçons sont fondés, son obscurité ne le sauvera pas. . . . Mais relisons nos discours.

...

Ici la conversation changea d'objet et ne roula plus que sur la correction de quelques fautes grammaticales sur les quelles Robespierre consultait avec beaucoup de déférence ses compagnons, et surtout Camille dans lequel il semblait avoir une grande confiance pour cette sorte de travail; on se leva ensuite en se donant rendez-vous pour le jour suivant au Comité de salut public. On conçoit aisément l'impression profonde qu'une pareille scène avait dû faire sur celui qui s'en était trouvé le témoin involontaire.

32. UNE PRÉSENTATION.

Le

(UN vieillard riche se croyant malade, afin de s'assurer les soins perpétuels des médecins pour ses maux imaginaires, a résolu de donner sa fille en mariage à un médecin. jeune prétendu dont il fait choix, Thomas Diafoirus, qui vient d'obtenir ses licences, est amené par son père, Monsieur Diafoirus, pour être présenté au malade et à sa famille. Angélique, qu'on le sache bien, a déjà donné son cœur à un jeune homme charmant nommé Cléante, actuellement en scène, déguisé comme maître de musique.)

PERSONNAGES.

Argan, malade; Monsieur Diafoirus, médecin; Thomas Diafoirus, son fils; Angélique, fille d'Argan; Toinette, servante

*Le Marais ou la Plaine était en 1793 la partie la moins élevée de la salle de la Convention où siégeaient les membres du parti modéré. La faction démagogique occupait la partie la plus élevée designée sous le nom de la montagne.

Barrère.-Dumont is a toad of the Marshes.*

need you fear from him?

What

Robespierre. It was in his house that Doulcet first took refuge. They are from the same department. Dumont ought to know where he is in hiding. I will keep my eye upon him, and if my suspicions are not unfounded, his keeping in the dark will not save him. But let us read our speeches again.

Here the conversation altered its object, and turned upon the correcting of a few grammatical faults, on which Robespierre most deferentially consulted his two companions, especially Camille, in whom he seemed to have great confidence for this kind of work. They then broke up the meeting, making appointments for the next day at the Committee of Public Safety Room.

It is easy to conceive the deep impression which such a scene must have produced upon him who was the involuntary witness to it. We are happy to be able to state that Monsieur de Pontécoulant was able to escape into Switzerland before these wretches could get at him.

32. AN INTRODUCTION.

A RICH invalid, Argan, without much the matter with him, in order to secure the perpetual attendance of doctors to his imaginary sufferings, has determined to give his daughter Angelica in marriage to a physician. The youthful intended, selected by him, Thomas Diafoirus, who has just got his medical diploma, is brought by his father, Dr. Diafoirus, to be introduced to the invalid and his family. Angelica, be it known, has a previous attachment, Cléante, a nice young gentleman, present in the room disguised as a music-master.

CHARACTERS.

Argan, the invalid; Dr. Diafoirus, a physician (who might le called Dr. Perliverus); Thomas Diafoirus, his son ; Angelica,

*The Marais (Marsh), or la Plaine was the name given to the floor of the Hall of the Convention Nationale where the moderate party sat; the left, on which there were some raised seats, occupied by the demagogical faction, was named La Montagne.

espiègle et privilégiée; Cléante, amoureux d'Angélique, déguisé en maître de musique.

Argan (assis dans son fauteuil, lève la main à son bonnet, sans l'ôter).-Monsieur Purgon, monsieur, m'a défendu de découvrir ma tête. Vous êtes du métier; vous savez les conséquences.

Monsieur Diafoirus.-Nous sommes dans toutes nos visites pour porter secours aux malades, et non pour leur porter de l'incommodité.

Argan et Monsieur Diafoirus, parlent en même temps.
Argan.-Je reçois, monsieur,

Monsieur Diafoirus.-Nous venons ici, monsieur,
Argan. Avec beaucoup de joie,

Monsieur Diafoirus.-Mon fils Thomas et moi,

Argan.-L'honneur que vous me faites,

Monsieur Diafoirus.-Vous témoigner, monsieur,
Argan.-Et j'aurais souhaité

Monsieur Diafoirus.-Le ravissement où nous sommes,
Argan. De pouvoir aller chez vous,

Monsieur Diafoirus.—De la grâce que vous nous faites,
Argan.-Pour vous en assurer.

Monsieur Diafoirus.-De vouloir bien nous recevoir
Argan.-Mais vous savez, monsieur,

Monsieur Diafoirus.—Dans l'honneur, monsieur,

Argan. Ce que c'est qu'un pauvre malade,

Monsieur Diafoirus.--De votre alliance,

Argan. Qui ne peut faire autre chose

Monsieur Diafoirus.--Et vous assurer,

Argan. Que de vous dire ici,

Monsieur Diafoirus.-Que,'dans les choses qui dépendront de notre métier,

Argan. Qu'il cherchera toutes les occasions

Monsieur Diafoirus.-De même qu'en toute autre,
Argan. De vous faire connaître, monsieur,

Monsieur Diafoirus.-Nous serons toujours prêts, monsieur,

Argan. Qu'il est tout à votre service

Monsieur Diafoirus.-A vous témoigner notre zèle. (à son fils.) Allons, Thomas, avancez, Faites vos compliments.

the invalid's daughter; Toinette, her maid, a saucy but privileged servant; Cléante, Angelica's lover, disguised as a

music-master.

Argan (seated in an invalid's chair, raising his hand to his night-cap without removing it).-Dr. Purgo, my physician, sir, has forbidden me to uncover my head. You are in the

profession, and thus aware of the consequences.

Dr. Diafoirus.-In all our visits we propose to assist our patients, and not to inconvenience them.

Argan and Dr. Diafoirus both speaking at once.

Argan.-I receive, sir,

Dr. Diafoirus.-We come here, sir,

Argan. Most gladly,

Dr. Diafoirus.-My son, Thomas, and I,

Argan. The honour you do me,

Dr. Diafoirus. To assure you, sir,

Argan. And I should have wished

Dr. Diafoirus. Of our delight

Argan. To have been able to call upon you,
Dr. Diafoirus.-At the favour you do us
Argan. To assure you of it.

Dr. Diafoirus.-In consenting to receive us
Argan. But you know, sir,

Dr. Diafoirus.-Into the honour
Argan. What a poor invalid is,
Dr. Diafoirus.-Of your alliance,
Argan. Who can do no more
Dr. Diafoirus. And assure you
Argan.-Than tell you here

Dr. Diafoirus.-That in what concerns our profession,

Argan. That he will seek every opportunity
Dr. Diafoirus.-As well as in everything else,
Argan. Of proving to you, sir,

Dr. Diafoirus.- We shall always be ready, sir,

Argan. That he is quite at your service.

Dr. Diafoirus).-To testify to you our zeal. (To his son.) Come, Thomas, advance and pay your compliments.

Thomas Diafoirus.-N'est-ce pas par le père qu'il convient commencer ?

Monsieur Diafoirus.-Oui.

Thomas Diafoirus.-Monsieur, je viens saluer, reconnaître, chérir et révérer en vous un second père, mais un second père auquel j'ose dire que je me trouve plus redevable qu'au premier. Le premier m'a engendré, mais vous m'avez choisi; il m'a reçu par nécessité, mais vous m'avez accepté par grâce. Ce que je tiens de lui est un ouvrage de son corps, mais ce que je tiens de vous est un ouvrage de votre volonté et d'autant plus que les facultés spirituelles sont au-dessus des corporelles, d'autant plus je vous dois, et d'autant plus je tiens précieuse cette future filiation, dont je viens aujourd'hui vous rendre, par avance, les très-humbles et très-respectueux hommages.

:

Toinette.-Vivent les colléges d'où l'on sort si habile homme !

Thomas Diafoirus (à Monsieur Diafoirus).—Cela a-t-il bien été, mon père?

Monsieur Diafoirus.-Optime.

Argan (à Angélique).-Allons, saluez monsieur.

Thomas Diafoirus (à M. Diafoirus).—Baiserai-je ?

Monsieur Diafoirus.-Oui, oui.

Thomas Diafoirus (à Angélique).-Madame, c'est avec justice que le ciel vous a concédé le nom de belle-mère,* puisque l'on

Argan (à Thomas Diafoirus).-Ce n'est pas ma femme, c'est ma fille à qui vous parlez.

Thomas Diafoirus.-Où donc est-elle ?

Argan.-Elle va venir.

Thomas Diafoirus.-Attendrai-je, mon père, qu'elle soit

venue?

Monsieur Diafoirus.-Faites toujours le compliment à mademoiselle.

Thomas Diafoirus.-Mademoiselle, ne plus ne moins que

* Double entente perdue pour la langue anglaise

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