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5. L'EMBARRAS DU CHOIX.

Schahabaham. Pour aider à la chose, je voudrais aujourd'hui faire danser mon ours avec le vôtre. Voilà mon idée; je me disais tout à l'heure que deux ours qui danseraient l'allemande, ce serait bien plus gracieux et bien plus singulier, parce que des femmes ça dépare. Est-ce que vous ne pourriez pas donner à mes ours quelques leçons de danse?

Lagingeole (à part).—Ah! diable!

Schahabaham.-Car moi je suis pressé de m'amuser, et si vous voulez commencer sur-le-champ, on va vous enfermer avec eux, rien qu'une petite demi-heure, cela suffira toujours pour les premières positions.

Lagingeole.-Ah! mon Dieu.

Schahabaham,-Mais il faut vous dépêcher, parce que, voyez-vous, je suis naturellement la douceur même, mais quand mes gens me fâchent ou m'impatientent.

Lagingeole.-Eh bien ! quel parti prenez-vous?

Schahabaham.-Dam! je leur fais tout bonnement couper

la tête.

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Lagingoele.-D'accord; mais s'il m'était permis là-dessus de vous présenter mon système d'économie politique. Schahabaham.-Comment donc! présentez-le, je vous en

prie.

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Lagingeole.-Vous savez sans doute ce que c'est que l'économie politique?

Schahabaham.-Allez toujours, allez toujours.

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Lagingeole. Tenez, c'est moi qui serai l'exemple d'économie politique; croyez-vous que mes animaux ne soient pas aussi difficiles à conduire ? mais si je leur faisais couper la tête, où diable serait l'économie, je vous le demande ?

Schahabaham.-C'est vrai. Cet homme-là est étonnant. Lagingeole.-Je me contente de leur faire administrer la bastonnade, une forte bastonnade, encore pas à tous, car il faut aller proportionnellement, et vous sentez que si je la faisais donner à mes serins savants. . . mais je respecte en eux leur âge et leur faiblesse, et je ne leur donnerais pas même une croquignole.

5. TOO MANY NAMES FOR THE SAME THING.

The Pasha Schahabaham.-To carry out my point, I should like to-day to make my bear dance with yours. It is a happy thought. I was saying to myself just now that two bears dancing a German waltz together would look more graceful, and certainly more unusual, because with women the effect is spoilt. Could you not give my bears just a few dancing lessons. Lagingeole (aside).-Hang it!

Schahabaham.-I'm in a great hurry for some amusement, you know; and if you did not mind beginning at once, you shall be shut in with them just about half an hour, which I think will be quite enough for the first positions.

Lagingeole.-Oh! dear me.

Schahabaham.-But you must make haste, because, do you see, I'm naturally gentleness itself; but when my people provoke me or annoy me

off.

Lagingeole.-Well!

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What course do you take? Schahabaham.-Why! I just simply have their heads cut

Lagingeole. That's a way; but

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Schahabaham. For my part, I find that it cuts short all difficulties.

Lagingeole. Granted; but if I might be allowed, on that point, to lay before you my system of political economy.. Schahabaham.-Oh! pray do. Let me hear it I beseech

you.

Lagingeole. economy is?

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Schahabahum.-Go on; go on.

Lagingeole.-There, I will be an instance myself of that science. Do you suppose that my animals are not also hard to manage? But if I had their heads cut off where on earth would the economy be there, I ask you?

Schahabaham.-True, indeed. A most wonderful man this! Lagingeole. I content myself with having them given the stick soundly, and even that not to all, for you must proceed proportionately, and you conceive that if I had the stick given to my working canaries .. but I respect in them their age and helplessness, and would not even give them a flip.

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Schahabaham.-Comment, une croquignole ?
Lagingeole.-Oui, une croquignole. (Il fait un geste a
Schahalam.-Ah! vous voulez dire une pichenette
Lagingeole.-Non, Croquignole est le mot.
Schahabaham.-Pichenette est plus usité.
Lagingeole.-Tenez, voilà ce qui a tout brouillé en p

on a cessé de s'entendre sur les mots, et alors

Schahabaham.-On dit pichenette.

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Lagingeole. On doit dire croquignole. Schahabaham (apercevant Marécot).-Voici justeme conseiller intime qui s'avance vers nous; nous all prendre pour juge.

Marécot (d'un air effaré).—Seigneur. . .
Schahabaham.-Il ne s'agit pas de cela.
Marécot.-Mais, seigneur.

Schahabaham.-Tais-toi, tais-toi, te dis-je, et répond lui donne une pichenette sur le nez.) Comment appelle-tMarécot.-Ça?

Lagingeole. Ne l'influencez pas. (Il lui donne une cr nole de l'autre côté.) Oui, ça ?

Marécote (à Schahabaham).-Aïe! Eh bien! il ne se

pas.

Schahabaham.-Je lui en ai donné la permission. Marécot.-Eh bien! cela s'appelle une chiquenaude. Lagingoele.-Oh! alors, croquignole, pichenette, ch naude; il y a un langage différent pour toutes les class la société.

Marécot.-Seigneur..

Schahabaham.-Tu peux parler maintenant.

6. LES HEROS DE ROMAN.

Minos, sortant du lieu où il rend la justice, proche du

de Pluton.

pa

Mandit soit l'impertinent harangueur qui m'a tenu t la matinée! il s'agissait d'un méchant drap qu'on a dérol un savetier, en passant le fleuve; et jamais je n'ai tant parler d'Aristote. Il n'y a point de loi qu'il ne m

citée.

Schahabaham.-A flip?

Lagingeole.-Yes, a flip (he show's the action with his finger). Schahabaham.-Ah! you mean a philip?

Lagingeole.-No. Flip is the right word.

Schahabaham.-Philip is more frequently used.

Lagingeole.-There! that is what has muddled everything in politics; people have ceased to agree about the words, and then

Schahabaham.-People say philip.

Lagingeole.-People ought to say flip.

Schahabaham (seeing Marécot).—Here, at the nick of time is my privy counsellor, coming towards us; we will take him as umpire. (Enter Marécot.)

Marécot (with a look of dismay).-Signor. . .
Schahabaham.-Never mind that now.

Marécot.-But, signor . .

Schahabaham.-Hold your tongue, I say, and answer. (He gives him a philip on the nose.) What is that called? Marécot.-That?

Lagingeole.-Do not influence him. (He gives him a flip on the other side.) Yes, that?

Marécot.-Hey! (To Schahabaham.) I say! he makes himself at home.

Schahabaham.-I gave him leave to.

Marécot.-Well, that's called a flick.

Lagingeole.-Oh! well! flip, philip, flick, there is a different language for the different classes of society.

Marécot.-Signor. . .
Schahabaham.-You may speak now.

6. THE HEROES OF ROMANCE.

Minos, quitting the place where he dispenses justice, near to Pluto's palace.

Cursed be that fool of a chatterbox who has taken up the whole of my morning! and all about a wretched cloth stolen from a cobbler while crossing the river; and never did I hear Aristotle so much talked of. There is not a single law the fellow did not quote.

Pluton.-Vous voilà bien en colère, Minos.

Minos. Ah! c'est vous, roi des enfers. Qui vous amène ?

Pluton.-Je viens ici pour vous en instruire; mais auparavant peut-on savoir quel est cet avocat qui vous a si doctement ennuyé ce matin? Est-ce que Huot et Martinet sont morts?

mais c'est un jeune mort qui Bien qu'il n'ait dit que des

Minos.-Non, grâce au ciel; a été sans doute à leur école. sottises, il n'en a pas avancé une qu'il n'ait appuyée de l'autorité de tous les anciens; et quoiqu'il les fît parler de la plus mauvaise grâce du monde, il leur a donné à tous, en les citant, de la galanterie, de la gentillesse, et de la bonne grâce. "Platon dit galament dans son Timée, Sénèque est joli dans son Traité des bienfaits, Esope a bonne grâce dans un de ses apologues."

Pluton.-Vous me peignez là un maître impertinent; mais pourquoi le laissiez-vous parler si longtemps? Que ne lui imposiez-vous silence?

Minos.-Silence, lui! c'est bien un homme qu'on puisse faire taire quand il a commencé à parler! J'ai eu beau faire semblant vingt fois de me vouloir lever de mon siége; j'ai eu beau lui crier: Avocat, concluez, de grâce; concluez, avocat ; il a été jusqu'au bout, et a tenu à lui seul toute l'audience. Pour moi, je ne vis jamais une telle fureur de parler; et si ce désordre-là continue, je crois que je serai obligé de quitter la charge.

Pluton.- Il est vrai que les morts n'ont jamais été si sots qu'aujourd'hui. Il n'est pas venu ici depuis longtemps une ombre qui eût le sens commun; et, sans parler des gens de palais, je ne vois rien de si impertinent que ceux qu'ils nomment gens du monde. Ils parlent tous un certain langage qu'ils appellent galanterie; et quand nous leur témoignons, Proserpine et moi, que cela nous choque, ils nous traitent de bourgeois, et disent que nous ne sommes pas galants. On m'a assuré même que cette pestilente galanterie avait infecté tous les pays infernaux, et même les champs Elysées; de sorte que les héros, et surtout les héroines, qui les habitent sont aujourd'hui les plus sottes gens du monde, grâce à certains auteurs qui leur ont appris, dit-on, ce beau langage, et qui en ont fait des amoureux transis. A vous dire le vrai, j'ai bien

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