ment. Car, en définitive, S. M. le roi Ferdinand a le droit de régner suivant la constitution de ses droits souverains, et l'Autriche, une puissance étrangère, ne saurait contester à la Sardaigne, puissance italienne, le droit d'élever haut la voix en faveur de l'Italie. II. Et puisque nous agitons cette question des intérêts Italiens, représentés par le gouvernement du roi VictorEmmanuel, nous jetterons un coup-d'œil sur l'attitude prise par son premier ministre, M. le comte de Cavour, dans le Congrès de Paris. Cet illustre plénipotentiaire, dans l'intérêt de son pays, a cru devoir solliciter l'attention de cette assemblée pour les réformes à introduire dans plusieurs gouvernements de la Péninsule. Son but était surtout de diminuer l'influence autrichienne. Cette attitude éveilla certaines susceptibilités : cela se comprend. Mais on peut être certain que, sans secousses comme celles que la révolution a essayées en juillet dernier sur le royaume de Naples, ce qui s'est dit au sein du Congrès sur les affaires d'Italie ne sera pas perdu, et que les actes des plénipotentiaires exerceront sur les destinées de cette Péninsule une influence salutaire, bien que ces Messieurs aient eu quelque peine à se mettre d'accord sur la question italienne. Cela devait être parce qu'elle n'intéresse pas également les sept puissances réunies dans le Congrès, trois d'entre elles étant catholiques, deux appartenant aux cultes réformés, une autre à une religion schismatique, une autre, enfin, étant mahométane. Les difficultés qui ont surgi de ce conflit de croyances sont faciles à comprendre, si l'on songe que la constitution politique des Etats de l'Eglise a fait surtout l'objet de cette discussion. Ce qu'il importe de ne pas perdre de vue sur ce grave sujet, c'est que le pouvoir du Saint-Père doit rester ce qu'il a toujours été, sacré aux yeux de la chrétienté et indépendant vis-à-vis des puissances temporelles. Le double titre de chef de l'Eglise et de prince souverain doublement inviolable doit être respecté dans le gouvernement de ses Etats comme dans sa juridiction religieuse. Si l'administration actuelle des Etats romains offre des inconvénients, le Congrès a reconnu que, pour le bien-être des sujets aussi bien que dans l'intérêt de l'autorité souveraine du Pape, il serait utile de recommander l'organisation d'un système administratif conforme à l'esprit du siècle et ayant pour but le bonheur du peuple. On n'ignore pas que tel a toujours été le désir constant de Sa Sainteté. Si ce but n'a pas encore été atteint, la faute en est à l'esprit révolutionnaire qui rend encore l'occupation des Etats romains nécessaire. Mais la France n'est disposée à la continuer qu'autant que cela serait indispensable, car, d'après les déclarations faites au sein du congrès, le gouvernement français souhaite rappeler ses troupes de Rome aussitôt qu'il pourra le faire sans inconvénient pour la tranquillité intérieure du pays et pour la prospérité du Gouvernement pontifical. On doit désirer, dans l'intérêt de l'équilibre européen, que le Gouvernement romain se consolide assez pour que les troupes de la France et de l'Autriche puissent évacuer entièrement les Etats pontificaux. Quant aux Etats de Toscane et de Parme, le premier n'a plus, sous le sage gouvernement qui le régit, qu'à se préoccuper du soin de ses intérêts matériels. La popularité de la dynastie actuelle s'accroît encore grâce à la justice et à la fermeté éclairées de son souverain. Protecteur des arts, des lettres, des entreprises utiles au pays, le grand-duc Léopold II souhaite avant tout augmenter la prospérité intérieure. Doué au plus haut degré des qualités du cœur et de l'esprit qui distingnent sa famille, il eût créé, digne émule des Médicis, la grandeur de Florence au XVIe siècle. Aujourd'hui, il conserve à la Toscane le rang auquel elle a droit comme puissance politique, celui que lui assignent de glorieux souvenirs. Le gouvernement de Parme poursuit depuis trois années, sous la régence de S. A. R. la duchesse Louise de Bourbon, une œuvre de consolidation politique que ni les menées révolutionnaires, ni les ombrages de l'occupation autrichienne n'ont pu entraver. Des mesures de clémence ont été prises envers les condamnés politiques de 1848 et de 1854. Les membres du gouvernement provisoire, qui avaient administré le pays durant la révolution, avaient été condamnés à restituer au trésor une somme de près d'un demi-million. Il y a deux ans, Madame la Régente ordonna que le paiement de cette restitution, en cours de recouvrement, fût suspendu. Elle a décidé, il y a quelques mois, que les sommes déjà versées seraient rendues aux condamnés. Ce fait est inouï peut-être dans les annales de la politique; il montre jusqu'à quel degré la Duchesse Régente porte l'exercice du pardon et combien elle désire effacer jusqu'aux dernières traces des divisions qui ont désolé ses Etats. Bien plus, par des mesures auxquelles on ne saurait trop applaudir, la concorde a été restaurée entre l'Eglise et l'Etat; la justice, l'administration, l'armée réorganisées et florissantes; les finances remises en ordre; les infortunes publiques et privées largement secourues; les lettres, les sciences et les arts protégés et ranimés; la paix conservée, l'indépendance et l'honneur de l'Etat hautement soutenus. Quoi de plus favorable pour le bien des peuples? quoi de plus précieux pour l'ordre social? Secondée par des ministres habiles et intègres, entourée du respect et de l'estime de l'Europe, Madame la duchesse régente de Parme a conquis à jamais l'attachement de son peuple à son Gouvernement, à celui de son auguste fils, S. A. R. le duc Robert Ier. Elle n'a d'autre but que de procurer à ses Etats toutes les conditions de la prospérité afin qu'ils n'aient à envier, aux nations plus nombreuses, rien de ce qui fait l'existence indépendante, heureuse et pacifique. Elle s'abandonne aux siens avec une loyale et entière sécurité; elle compte sur eux; elle sait qu'ils seront assez reconnaissants et assez sages pour résister aux entraînements révolutionnaires, et qu'ils ne laisseront point entraver, par de nouveaux désordres, ses loyales et généreuses intentions. (*) C'est là un noble exemple. En vain la démagogie a voulu jeter le trouble à Parme. L'Autriche croyait nécessaire de tout museler. S. A. R. la Duchesse régente a sagement pensé que mieux valaient la prudence et la modération. Qui parle aujourd'hui des troubles récents qui se sont manifestés, à moins que ce ne soit pour rendre justice à son Gouvernement? Il est vrai qu'ils avaient servi de prétexte à l'Autriche pour renforcer ses garnisons, pour aggraver le joug de son occupation. Mais les Gouvernements, qui représentent dans la Péninsulte l'élément constitutionnel et conservateur opposé à toutes les tentatives révolutionnaires, ont pris une attitude ferme et digne, soit contre les conspirations mazziniennes, soit en face des envahissements de l'Autriche. Sous le rapport politique, la situation du duché de Modène, où règne S. A. I. et R. le duc François V, n'a présenté aucun des symptômes de troubles qui ont remué le reste de l'Italie depuis un an environ. A peine l'échauffourée de Sarzane-Carrare a-t-elle appelé l'attention sur ce petit Etat. Comme toujours, l'Autriche a vu dans cette affaire une raison pour augmenter encore le nombre des troupes (*) Henry de Riancey. |