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l'ovaire qui ne peut plus conserver ce nom, puisqu'il n'est plus qu'un point informe et méconnaissable: le style aussi est méconnaissable. Les étamines, quand elles existent toutes trois, ont un filet très court, atrophié et souvent même détruit; les anthères, qui sont pâles, sont dressées au centre en forme de cône tronqué, aglutinées entr'elles, et sur le sommet de l'ovaire. Assez souvent les anthères ne sont plus distinctes, on les reconnaît par analogie.

Tout cet appareil floral est plus ou moins parfaitement déformé dès l'origine, par le défaut de conformation et de développement de ses composés ; il occupe un petit espace, un très petit point du sommet de l'ergot, qui l'agglomère en s'alongeant progressivement et assez rapidement. Cet appareil persiste, mais dans un état méconnaissable, sur le sommet, et forme la pointe émoussée, conique, comme membraneuse et d'un blanc gris jaunâtre, sale, que l'on aperçoit à quelqu'âge qu'on examine l'ergot, mais bien moins long et moins épais que la substance viciée qui constitue ce dernier. Ce sommet est formé par les poils duveteux, le style et les anthères soudées sur l'ovaire devenu ergot par l'envahissement et par la pénétration de la substance blanchâtre qui lui était primitivement point de base.

En suivant les progrès morbides, l'envahissement et les caractères que prend la substance constitutive de l'ergot, on voit que de la proéminence blanchâtre, formant d'abord un très petit volume et occupant un espace très circonscrit, il y a abondante émission du liquide dont j'ai parlé, et pendant tout le temps de cette transsudation centrale, la substance que je nommerai fongique, parce qu'elle est l'élément du champignon et qu'elle

remplace l'ovaire qu'elle a pénétrée, s'alonge et grossit; elle reste blanche et ressemble à une masse de moisi, sans consistance pendant quelque peu de temps, et se solidifie ensuite peu à peu. A une certaine distance de sa base, avant l'entier accroissement, la surface de la substance se colore en brun pâle, coloration qui s'étend dans une direction ascensionnelle, au fur et à mesure que l'ergot se caractérise, tellement que tout-à-fait formé, il acquiert la couleur que j'ai indiquée précédemment. D'abord eaché dans les écailles florales, il en sort à mesure qu'il se développe, et à mesure que ce développement se fait, il devient plus consis tant; la transsudation du liquide cesse insensiblement, et lorsque l'ergot a acquis tout son accroissement, il n'y a plus de transsudation, le liquide se concrète, et a recouvert toute la surface.

Si on mettait en doute la transformation de l'ovaire, et qu'on crût que cet ovaire, au lieu d'être transformé, dût être annulé et remplacé par la substance fongique, il suffirait de considérer attentivement l'ergot et d'observer le sillon longitudinal qui se remarque ainsi qu'on le voit sur le grain sain; et pour être plus affermi encore, on pourrait, en faisant quelques recherches, trouver des grains qui sont ergotés en partie, comme l'ont observé les auteurs et ainsi que j'ai pu le reconnaître. Il faudrait cependant examiner ces grains avec soin; car il arrive que très souvent des grains de seigle se trouvent dans un tel état d'altération, qu'on serait porté à les considérer comme étant en partie ergotés avec un peu d'attention on appréciera facilement la différence.

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Tous les ergots en développement n'arrivent pas toujours à bien; il en est qui n'acquièrent qu'un médiocre

accroissement par défaut de substance; il en est même qui sont paralysés dans leur premier développement et qui avortent. J'ai pu observer que ceux qui sont dans ces deux derniers cas, sont ceux dont la transsudation liquide n'a pas eu lieu, ou n'a pas été assez durable; tandis que les ergots les plus parfaits, sont ceux sur lesquels on a pu remarquer la plus longue continuité de transsudation et le plus abondant écoulement, tellement que dès que la transsudation cesse, l'accroissement de l'ergot cesse aussi; alors le grain malade acquiert sa consistance.

L'apparition de l'état morbide est indiqué par la présence du suintement du liquide. Ce suintement a lieu quand les seigles commencent à entrer en fleur; il cesse complètement quand les ovaires sont transformés en grains; mais alors l'ergot a pris son caractère, il n'a plus qu'à se solidifier.

Les seigles affectés de la maladie se distinguent aussi par leur port; les plantes, sans être moins fortes, sont déjà jaunes dès le moment de leur floraison; la gaîne des feuilles est jaune et séchée par place, et cette dessication ne tarde pas à gagner toute la gaîne et toute l'expansion foliacée. Le pied se dessèche aussi bien plus promptement que cela ne se remarque sur les sujets en santé. Les nœuds, surtout ceux de la base, m'ont paru être aussi plus colorés.

Examen microscopique de l'Ergot et de ses parties constitutives.

L'examen microscopique, auquel nous nous sommes

livrés, M. de Vandenecke et moi, nous a présenté les résultats suivans:

En procédant sur la surface grattée de l'ergot, seulement l'extrême surface, la partie colorée, mise en poussière et baignée d'un peu d'eau, nous a offert une immense quantité de globules ovalaires, parmi lesquels se trouvaient quelques parcelles fibreuses: ces globules sont nombreux, plus ou moins réguliers dans leur grosseur et dans leur forme, diaphanes, et paraissent contenir une substance colorante jaune, que je crois être un principe oléagineux.

En pénétrant plus avant dans le grain, et en grattant la substance au-dessous de sa surface, et jusqu'au centre de la masse ergotée, en mettant cette substance, après l'avoir pulvérisée, en contact avec de l'eau, on la trouve formée de fibres fasciculées, très ramifiées et irrégulièrement ramifiées, canaliculées, courtes, de différente épaisseur et accompagnées de globules plus ou moins rapprochés et épars, de forme et de grosseur variables. Ces globules sont ovales ou ovalaires, ronds ou arrondis, et souvent même informes. Quelquefois il y a plus de globules ronds que de globules ovales, et quelquefois aussi il n'y a que des globules ronds: ces derniers ressemblent à des grains de fécule; ils diffèrent peu de ceux qu'on observe dans les grains sains; mais leur forme et leur grosseur sont bien moins régulières, et on remarque qu'ils sont beaucoup plus gros de quinze fois à-peuprès.

En détrempant avec de l'eau les deux substances, l'une provenant de la surface du grain, et l'autre du centre ou du dessous de la surface colorée, on voit aussitôt après le contact, et par le frottement, que ce li

quide blanchit, comme cela a lieu, mais moins abondamment en opérant semblablement sur un grain sain.

En divisant le plus possible les petites masses d'ergot mises en contact avec l'eau, et déja observées au microscope, on aperçoit très visiblement' la fibre qui est très irrégulière et qui s'isole par parcelles.

En suivant les degrés de maturité de l'ergot, on aperçoit une différence dans son organisation, c'est-à-dire que la substance interne d'un ergot naissant, présente une abondante quantité de fibres très courtes et très ramifiées; ce caractère se remarque jusqu'à un certain âge de l'ergot, car lorsqu'il a atteint le sommum de son développement, et qu'il a acquis sa parfaite conformation, la fibre présente une certaine différence.

En effet, à l'œil nu, les grains ergotés présentent de la différence selon les âges; ces grains sont d'abord mous et blancs, imitant assez bien une substance décomposée, se désagrégeant en petites masses molles et sans consistance. A mesure que le grain se forme, toutes ses parties constitutives se resserrent et acquièrent plus de solidité, tellement que le jeune ergot qui est primitivement mou, devient corné, puis ensuite parfaitement solide. Tous les grains préparés à devenir des ergots, n'acquièrent pas leur parfaite conformation; il en est qui restent toujours mous, blanchâtres et petits, au point que celui qui n'aurait pas suivi l'accroissement dans toutes ses phases, ne reconnaîtrait pas toujours les grains ergotés.

Si on compare l'intérieur d'un ergot avec l'intérieur d'un grain sain, on trouve de la différence; dans l'ergot on distingue bien quelques traces organiques similaires, mais en général l'organisation n'est plus la même ; on observe quelques parcelles fibreuses et une quantité de globules

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