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veloppement. Il faut ajouter à ces moyens de dissémination les pluies, la substance étant soluble, qui entraî– nent des séminules dans le sol ou sur toute autre partie voisine. Ces séminules pénétreraient, comme je l'ai dit pour la carie et pour le charbon, de la surface du grain, pendant la germination, par les mamelons radiculaires, et par les radicules, dans l'intérieur de la plante, sur un ou plusieurs des points organisés où se ferait le développement d'envahissement et l'accroissement.

Bosc, dit que c'est au commencement de l'été que cette affection commence à paraître, et long-temps après que la fécondation est opérée; et il ajoute, que l'époque de cette apparition varie d'ailleurs beaucoup. Cette dernière assertion est la plus fondée, car la première ne l'est nullement. J'ai toujours observé, et sur des centaines de pieds, que l'affection se manifeste aussitôt que la fécondation s'opère, et même avant. Il est vrai qu'on ne voit pas le grain ergoté à cette époque, il ne se montre que plus tard; mais on peut très facilement observer la transsudation liquide, le rapprochement des enveloppes florales, et, si on y regarde de près, le centre de la fleur, la base et les organes sexuels très altérés et le plus souvent même déjà désorganisés. Quant à la variation des époques, cela n'est pas extraordinaire, et on peut le comprendre, en pensant qu'il est des épis retardataires dans leur sortie, dans leur développement, et conséquemment des fleurs qui s'épanouissent plus tardivement que d'autres; ces épis et les fleurs de ces épis, se trouvent pris plus tard, et c'est surtout ce qui fonde ces variations dans l'époque de l'apparition du mal. Il est aussi, comme je l'ai déjà dit, des grains qui ne sont qu'en partie altérés; il en est d'autres qui le sont totalement, et

qui ne présentent jamais l'ergot parfaitement conformé. M. Tessier, dans ses Observations sur l'ergot, était sur la voie de la vérité, et laisse voir combien ses recherches étaient consciencieuses et bien dirigées, quand il dit qu'il a aperçu, à la place d'un grain de seigle, une substance blanchâtre, plus longue que le grain de seigle ordi naire, et inorganisée; les enveloppes florales étaient adhé rentes et couvertes de la substance visqueuse, qu'il désigne bien expressivement sous le nom de miéllat. Il reconnut que cette couleur blanche changea peu-à-peu, et huit jours après, la surface de ce grain devint violâtre, et l'ergot fut caractérisé. Il dit encore que des grains observés pendant leur accroissement se sont solidifiés peu-àpeu, et ont cessé de croître au bout de douze jours. Ce savant avait observé juste; car par ce que je viens de rapporter de ses observations, comparées aux miennes, il est facile de voir qu'il avait trouvé l'ergot naissant.

Le liquide, la substance visqueuse et les séminules, ont aussi été observés par M. Tessier, qui avait considéré ces dernières comme des grains de fécule.

Fixation de l'ergot, et désastres causés par cette maladie.

L'ergot, disais-je, attaque plus particulièrement le seigle, mais on le trouve quelquefois sur le blé, plus rarement, il est vrai; je ne l'ai jamais observé, comme le dit Bosc, sur le blé épeautre : je ne veux pas dire qu'on ne l'y trouve pas. Le grain ergoté m'a paru être généralement plus court et plus tuberculeux chez le blé que chez le seigle. J'ai trouvé, une seule fois, il est vrai, et je dois le noter ici, un épi de blé dont tous les grains

étaient cariés, à l'exception d'un seul qui était ergoté : je conserve cet épi.

Dans quelques contrées on rencontre plus d'ergot que dans d'autres, et certaines localités de la même contrée sont plus exposées à présenter ces altérations que d'autres. MM. Tessier, et Bosc qui l'a répété, disent que plus le terrain est humide, plus l'ergot abonde, et que les pluies semblent le faire naître; que les champs exposés aux courans d'air, en offrent moins que ceux qui sont abrités; que la partie inférieure des terrains en pente, en présente plus que sur tout autre point; que les plantes de la lisière d'un champ, en sont plus affectées que celles du centre.

Quant à l'humidité, elle ne me paraît avoir qu'une influence secondaire, puisque j'ai souvent observé, comme beaucoup de personnes ont pu le faire, que l'ergot n'était pas moins abondant dans des années sèches et dans des terrains très secs. D'ailleurs, dans les expériences de M. Tessier, on voit qu'ayant arrosé en surabondance du seigle, avant, pendant et après la floraison, que ce seigle n'a pas donné d'ergot. Toutefois, les observations précédentes ne me paraissent pas devoir faire loi, puisqu'on rencontre très fréquemment des faits contradictoires.

Dans les contrées où la culture du seigle domine, parce que cette céréale peut seule y croître avec succès par rapport à la nature du sol, dans ces lieux où les habitans ne mangent que du pain fait avec la farine de cette céréale, l'ergot n'y est pas rare. Dans des terrains purement siliceux, arides et brûlés par l'effet de l'exposition du sol aux influences directes des rayons solaires, sur des coteaux rapides, des montagnes même, j'ai observé beaucoup d'ergots. Je me suis arrêté exprès dans ces lieux,

afin de m'assurer si certaines positions de ces localités, plus humidifiées que d'autres, n'étaient pas plus infestées; il m'a été impossible de le reconnaître.

Ainsi je puis citer les terroirs de Bourg, de Pargnan, d'Euillet, de Verneuil, etc., dans le département de l'Aisne, où j'ai commencé mes premiers travaux de culture, et où j'ai fait mes premières observations, qui sont dans ce cas. Depuis, en parcourant les cultures sur divers points de la France, j'ai toujours fait la même remarque.

Dans mes excursions d'étude avec les élèves de Grignon et avec ceux de l'École normale primaire de Versailles, je n'ai pu qu'être affermi dans cette opinion, qu'il n'y a pas, à précisément fixer, de points, plus que d'autres, par rapport aux influences locales, qui puissent être rigoureusement signalés comme étant plus exposés aux ravages. Il y a peu de jours encore, en allant visiter des plantations que j'avais fait faire pour un propriétaire de Versailles, dans la commune d'Auffargis, auprès des Essarts (Seine-et-Oise), je trouvai dans beaucoup de mauvaises terres, purement siliceuses, de cette contrée, des seigles qui étaient abondamment pourvus d'ergot. A l'inspection du terrain, purement siliceux, comme je le disais, et très sec, je reconnus que ce ne pouvait pas être l'humidité qui avait causé cette surabondance : le milieu des pièces n'était pas moins attaqué que les lisières.

Toutefois, je ne dois pas me dissimuler qu'il est des points où la maladie apparaît plus abondamment; mais, je le répète, je ne pense pas que l'humidité du sol, exerce une influence aussi grande qu'on l'a dit et qu'on semblerait disposé à le croire.

Un fait qui me paraît du plus haut intérêt, que j'ai observé cette année seulement, et sur plusieurs points, que je ne m'explique pas, mais que je dois signaler ici, c'est que dans une très grande pièce, dans une bonne terre argileuse et forte, où il y avait de très beaux blés, à gauche sur la route de Villepreux, à quelques centaines de pas de ce pays, j'ai trouvé çà et là des pieds de seigle. J'ai examiné une très grande quantité de ces seigles, et presque tous m'ont offert des épis ergotés de un ou plusieurs grains. Les blés, au contraire, malgré mes exactes recherches, ne m'ont pas offert un seul grain ergoté. Les seigles, qui n'étaient pas en très grande quantité dans ce champ, provenaient-ils de grains restés dans la terre, et cette terre aurait-elle été chargée de séminules d'ergot? Le fumier enfoui dans le champ auraitil contenu des germes de cette affection?

Ce fait me fit poursuivre mes recherches dans d'autres champs de blés voisins, où il se trouvait, çà et là, quelques pieds de seigle sur lesquels j'observai encore le même phénomène. Dans de nouveaux champs que je parcourus ensuite, je ne trouvai qu'une certaine quantité de pieds ergotés.

Comme il existait dans ces plaines de Villepreux des pièces de seigle, voisines de celles où je faisais les premières observations, je voulus m'assurer si cette céréale était comparativement aussi altérée ; je reconnus le 'contraire. Je trouvai bien quelques ergots de points en points, mais beaucoup moins, comparativement à la quantité de pieds, que dans les pièces de terres où le seigle n'était qu'accidentellement.

Dans des prairies artificielles de luzerne, de trèfle, etc., je trouvai aussi répandus, avec quelques pieds de blé,

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