compacte et plus colorée par place. Cette substance noircit de plus en plus, mais ne devient jamais parfaitement noire. Par l'effet de l'ouverture ou plutôt de la déchirure ou de la rupture forcée de l'enveloppe, elle se désunit et forme des masses partielles floconneuses ou poudreuses: il est rare de voir un grain carié s'ouvrir naturelle ment. Cependant il arrive quelquefois, et c'est un fait que j'ai remarqué cette année, que l'enveloppe réceptaculaire, par la surabondance du contenu, et par le peu de résistance de cetto cnveloppe, se crève, et on voit répandue sur la surface du grain, des masses poudreuses, de la poussière noire, qui restent agrégées et appliquées dans cette situation. Tous les épis d'un pied de blé peuvent être cariés, comme il arrive souvent qu'on n'en rencontre que quelques-uns, sur un pied qui le sont. Quand plusieurs pieds sont étroitement rapprochés les uns des autres, de manière à se confondre, on observe que toute la touffe est en totalité ou en partie cariée, et quelquefois il n'y a que quelques épis, d'un ou de plusieurs de ces pieds, qui sont affectés. Tous les grains composant un épi sont ordinairement cariés; quelquefois cependant on n'en trouve qu'un plus ou moins grand nombre qui sont altérés. Examen caractéristique et organographique du blé carié et de la carie, fait à la simple observation et à l'aide du microscope, La carie n'est réellement bien apparente, surtout pour qui ne voit qu'en passant, que lorsque l'épi de la plante cariée a pris son caractère; cependant il est certain, en apportant de l'attention, qu'on peut reconnaître, avant la sortie de l'épi, quand des plantes sont atteintes, et on pourra surtout apercevoir très facilement des épis cariés, dès le moment de l'apparition de ces épis, avant, et surtout pendant la floraison. Les épis cariés (pl. 1, fig. 2) ont un caractère très distinctif pour les personnes qui veulent prendre la peine d'observer. Toutes les parties qui les composent prennent une teinte sombre, plus terne, pâle ou légèrement rousse, d'un vert grisâtre, et plus grisâtre ensuite, lors de la dessication, qui arrive plus promptement sur les épis altérés que sur les épis sains (pl. 1, fig. 1). Les épillets (pl. 1, fig. 4) sont plus palmés et plus écartés qu'ils ne le sont dans les épis sains (pl. 1, fig. 2); chacune des fleurs est plus distante de sa voisine, et les barbes, quand les blés sont barbus, sont plus divergentes; les glumes et les glumelles sont plus ouvertes. Cet état caractéristique n'est bien manifeste qu'à une certaine époque; car, pendant le premier développement de l'épi, toutes les parties sont plus resserrées; l'élargissement n'a lieu que par l'affluence de la substance caricifère, et conséquemment par l'effet de l'extension en largeur du grain. La moindre pesanteur des grains affectés, fait que les épis sont plus droits que ceux des plantes saines. M. Tessier a observé que les épis sains sont moins chargés de grains que les épis malades; j'ai pu faire la même observation; tellement que les fleurs ordinairement avortées dans les épis féconds, contiennent tous grains cariés dans les épis malades. Quant à l'ensemble général de la plante malade, il y a bien des signes distinctifs d'affection, mais il faut une ว certaine habitude pour les reconnaître. L'altération est patente; la couleur n'est pas aussi vive, aussi pure; toutes les surfaces en développement ont relativement une moindre étendue; les expansions membraneuses sont moins planes, et on remarque dans leur épanouissement, sur le limbe, une sorte de retorsion; les feuilles, les gaines et quelques points de la tige sont tachés et décolorés, et ces organes se dessèchent plus promptement chez les plantes malades que chez les autres. Tous ces caractères dénotent l'affection; mais, je le répète, une certaine habitude pout seule faire saisir la différence, qui n'est pas toujours aussi saillante, à une simple vue, qu'on pourrait le croire, et que quelques auteurs l'ont indiqué. Je viens de dire que dès la floraison du blé, et même avant la floraison, on pouvait apercevoir la carie; je le répète, et, pour l'affirmer, je vais examiner l'état des organes sexuels avant l'anthèze, et signaler la situation de ces organes, lors de cette phase végétative, c'est-à-dire avant l'éclosion de la fleur, et avant que les étamines et le pistil aient commencé à entrer en action. Les étamines, qui sont au nombre de trois, sont rarement bien formées, et le plus souvent mal conformées ; on remarque qu'il y a ordinairement amoindrissement dans le développement, et même atrophie complète dans cet organe; cela s'observe pour les trois étamines, pour deux seulement, ou pour une : les étamines des fleurs cariées ont aussi une couleur bien plus pâle, elles sont souvent toutes trois d'inégalesgrandeurs, ou très courtes: ordinairement le filet manque. La position des étamines n'est jamais fixe; tantôt cet organe occupe le bas de l'ovaire, tantôt le sommet, tantôt la partie moyenne ; l'une des éta mines est plus élevée que les deux autres, ou chacune part d'un point différent : elles sont toujours dressées. Les anthères sont moins longues, souvent très mal conformées, informes, et souvent même privées de pollen; quelquefois on ne trouve ni filet ni anthère, alors l'une des deux ou les trois étamines manquent. Bosc dit que les étamines sont flasques; en effet, comme je l'ai signalé, il y a défaut de consistance, mais on ne peut pas généraliser; car ai pu remarquer, rarement il est vrai, que dans certaines fleurs, ces étamines ne différaient pas sensiblement de celles des fleurs saines, observées comparativement. (Voir, pour les étamines, pl. 1, fig. 6 et 8.) Le style paraît être bien plus altéré que ne le sont les étamines, et généralement dans toutes les fleurs que j'ai examinées, j'ai fait cette remarque : son développement n'est pas aussi parfait qu'il l'est dans les fleurs fécondes. Bosc dit que les styles n'ont pas de barbes; il est vrai que j'ai trouvé que ces barbes étaient dans un mauvais état, surtout quand le style est atrophié, mais j'ai rencontré bien peu de styles sans barbes. Il est plus rationnel de dire que ces barbes sont altérées, qu'elles ne manquent réellement pas toujours, en quelque mauvais état qu'elles soient. (Voir, pour les styles, pl. 1, fig. 6 et 8.) Les ovaires cariés présentent, à très peu de chose près, le caractère des ovaires féconds, si ce n'est la grosseur de ces derniers et leur plus parfaite régularité. Les premiers sont plus courts, plus ronds et paraissent comme chagrinés : leur couleur aussi est différente; la teinte est plus pâle et plus sombre. Le tissu cellulaire est appauvri, et le tissu fibreux, qui est très distinct, est mis à nu sur la surface interne de la membrane pariétale péricarpienne. Le sommet de l'ovaire, garni de poils abondans, longs et soyeux dans l'ovaire fécond, présente des poils plus courts et plus irrégulièrement disposés dans l'ovaire carié (pl. 1, fig. 8). En ouvrant un ovaire carié, on le voit déjà profondément altéré; il y a dénaturation dans l'organisme. La substance morbide qui tapisse la surface interne de l'enveloppe péricarpienne, s'étend et se ramifie en filamens fongiques entre cette enveloppe et la membrane périspermique qui, comme me l'avait fort bien observé M. Dutrochet, est refouló vers le centre de la graine. Le périsperme ne peut se développer; la place qu'il devait occuper est bientôt envahie par toutes les ramifications fongiques de l'uredo, qui amasse là une substance d'abord utriculeuse, puis ensuite filamenteuse, et enfin pulvérulente lors de sa conformation parfaite. Quelquefois on retrouve des portions de périsperme ; j'en ai même distingué une certaine quantité sur quelques grains viciés; mais dans le grain carié, on ne peut en trouver; il y a eu désorganisation complète de tout le tissu cellulaire élémentaire qui devait, par son extension, son développement et les modifications organiques par lesquelles il passe, constituer le périsperme. En général, dans un ovaire bien carié, toutes les parties organiques sont tellement désorganisées en commençant par la circonférence interne, puis ensuite en gagnant le centre, qu'il n'est plus possible de reconnaître les organes : il y a transformation complète. Cependant, et j'insiste sur ce point, ce n'est pas, comme je l'avais d'abord pensé, par suite d'un examen sans doute trop superficiel, le périsperme ou la partie farineuse du grain qui se transforme en poussière noire de carie, c'est la |