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ceux qui donnaient à la plante plus de santé et de force vitale, étaient ceux qui produisaient le meilleur effet.

Ainsi Bosc a remarqué, par des observations qui lui sont personnelles, que l'opinion des anciens était fondée dans la recommandation de l'emploi d'engrais chauds; la colombine principalement, produisait un bon effet pour empêcher l'accès de la rouille, et Columelle dit à cet égard, liv. II, chap. 9, « Ubi vel uligo vel alia pestis » segetem enecat, ibi columbinum stercus convenit. » Ces engrais, en activant la végétation, donnent de la force et de la vigueur aux plantes qui sont alors moins exposées, et qui empêchent même l'envahissement du parasite

ennemi.

et

que

Bosc dit encore, ce qui appuie cette opinion de l'avantage de l'emploi de tout stimulant, qu'il a été constaté en Angleterre que les fromens semés dans le voisinage de la mer, présentaient rarement des traces de rouille, ceux qu'on a fumés avec des varecs, dans lesquels on a répandu du sel marin, en recevaient bien plus fai→ blement les atteintes. J'appuierai cette indication d'observations qu'il m'a été possible de faire, et de renseignemens qui m'ont été donnés. En visitant les cultures sur différens points des bords de la mer, en France et en Angleterre, j'ai remarqué que les céréales qui se trou→ vaient dans les terres voisines de la mer étaient dans un brillant état de santé, et avaient même un cachet de luxuriance végétale. Toutes les surfaces étaient largement épanouies, les chaumes hauts et raides, supportant leur épi bien droit, les feuilles ayant une certaine rigidité, et toute la plante présentant une belle couleur d'un vert franchement glauque. Jamais je n'ai observé de

rouille ou d'autres maladies semblables; je dis jamais, car il ne me souvient d'en avoir trouvé sur aucun point.

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Dans certaines parties de la Bretagne, où les cultivateurs riverains des bords de la mer font, depuis quelques années, un abondant usage de goémon, plantes marines, nommé par les Bretons, selon les localités, bézian, béhin, pour fumer leurs terres, ou de sable vermiculaire, de nature calcaire, nommé merl ou marl mearl dans le pays, et selon les prononciations locales, marg et marn pour amender les terres et stimuler la végétation, ou enfin de sable marin nommé tangue, trèz ou tréaz, aussi pour amender les terres et stimuler la végétation; là où les céréales, par rapport à l'emploi de ces substances, prennent un si beau développement, on ne remarque pas que la rouille exerce ses ravages d'une manière assez sensible pour s'en inquiéter.

M. Féburier, dans le Mémoire déjà cité précédemment, parle aussi de la rouille, et dit qu'il lui semble que si on parvenait à augmenter la vigueur des céréales prédisposées à la rouille, en leur appliquant le chaulage combiné de la chaux et du sel marin, les ravages séraient moins considérables. Il ajoute que d'ailleurs. cette opinion a été émise en Angleterre avec l'expérience des faits, et qu'un docteur anglais, qui propose le même moyen, emploie au plus, par arpent, trois à quatre hectolitres de sel qu'il répand sur les céréales. M. Féburier, considérant la cherté de ce moyen, pense qu'on pourrait prendre de la chaux, qui est d'un prix inférieur à celui du sel, et que d'ailleurs on pourrait joindre à cette chaux une petite quantité de sel.

Dans le jardin d'étude de l'Ecole Normale, où la rouille, et quelques autres champignons parasites,gagnent

toutes nos céréales cultivées, j'ai remarqué, il y a deux ans, en faisant des expériences sur le sel marin, sur diverses plantes, et particulièrement sur les céréales, que les blés, les avoines et les orges, mis en rapport avec le sel marin, selon que je dirigeais ces expériences, m'offrirent des plantes fortes et vigoureuses qui ne présentaient pas la plus petite trace de ces maladies.

Dans le département de l'Aisne, où on emploie, comme dans quelques parties du département de la Marne, beaucoup de cendres végétatives, ou pyrites ferrugineuses, que l'on répand sur les prairies artificielles, j'ai observé qu'une très petite quantité de ces cendres répandues sur des blés leur donnent une vigueur telle que l'envahissement de ces parasites n'a jamais lieu. Je me suis aussi assuré, et je dois le signaler ici, qu'en répandant un peu trop de cette cendre, plus d'une poignée par pas, semée à la grande volée, la végétation est si luxuriante, les blés deviennent si vigoureux qu'ils versent. Je faisais cet essai pour m'assurer de la puissance de ce stimulant, qui n'est d'ailleurs jamais employé dans ces contrées pour les céréales, mais qui l'est très avantageusement sur les trèfles, les luzernes et toutes les plantes fourrages à cosses, et sur les prairies. Tous les cultivateurs ont l'assurance qu'en employant une trop forte dose de cette substance, au lieu de produire la sur-excitation qu'on cherche à obtenir, on tue la plante, quelle qu'elle soit.

De toutes ces observations je puis conclure que, pour se préserver de l'envahissement de la rouille, et des autres champignons analogues, on doit opérer sur la plante, impressionner la partie organique, la stimuler, afin d'activer sa végétation, lui donner de la force et la mettre par là à l'abri de toute atteinte par ces parasites.

218 DE LA ROUILLE ET AUTRES MALADIES, ETC.

Qu'on emploie quelque substance que ce soit, pourvu qu'elle ait cette propriété ; que la substance soit répandue dans le sol ou qu'elle le soit sur les organes aériens, on obtiendra sûrement de bons résultats sous tous les rapports. Ainsi, l'emploi de la chaux, du plâtre, du sel marin, de cendres végétatives ou pyrites ferrugineuses, lessivées ou non lessivées, ou toute autre substance ayant les propriétés d'un stimulant, et ayant de l'action sur la partie organique, sont d'un usage certain. Seulement, il importe de choisir celle qui se trouve le plus communément dans le lieu où l'on cultive, parce qu'elle sera moins chère, et, dans tous les cas, à propriétés égales, eu égard aux proportions, on préfère celle qui coûtera le moins. La quantité à employer devra être subordonnée à la puissance de la substance, puissance qui est, dans tous les cas, constatée par son action sur les végétaux sur lesquels on se propose d'opérer.

FIN.

VILLE DE LYON
Biblioth. du Palais des Arts

CHAMPIGNONS DE LA PREMIÈRE SÉRIE, INTESTINAUX..

DE LA CARIE DES BLÉS.

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Pages.

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