pirant, puisque tous, ou à peu près tous, furent attaqués et le sont toujours. Cette communication du germe morbide aussi prompte des blés que je reçus malades sur nos blés sains, a eu lieu surtout depuis la récolte, par le battage, par le nétoyage lors de la rentrée et du rangement des grains, et probablement que le sol aura aussi reçu, les grains étant sur pied, d'une manière ou d'une autre, ainsi qu'on pourra se le figurer, quelques germes qui auront été absorbés pendant la germination des grains sains: nous remettons nos blés chaque année dans le même terrain. 2. Une série d'expériences publiées dans le mémoire précité, répétées depuis et d'une autre manière, et suivies avec soin par M. Turlure, jardinier de l'Ecole normale, lieu où j'expérimentais, m'ont démontré jusqu'à l'évidence, que la communication du germe morbide était très facile et très prompte. J'ai semé des blés de notre collection, des blés cariés, des blés sains, roulés dans la poussière de carie, des grains que j'avais étroitement frottés dans cette poussière, et d'autres enfin, très sains, sur lesquels j'ai répandu, dans les rayons où je les plaçais, de la poussière de carie. Je pus apprécier par ces semis de blés, dans des états différens, la facile propagation de la carie par l'émission de la poussière, par son rapprochement de cette poussière, et par sa fixation sur le grain. 3° Tous les ans, à Grignon et à l'Ecole normale, nous faisons l'acquisition de nouvelles variétés de blés; la première année de la récolte nous obtenons des blés aussi sains que ceux que nous avons reçus et semés, mais l'année suivante, il n'en n'est pas de même; les grains sont viciés par l'effet du rapprochement de ces blés nou veaux avec ceux de notre collection, qui, quelque épurés qu'ils soient par nos soins, sont toujours cariés depuis que cette maladie a été introduite dans nos collections, par les blés attaqués, qui ont été intercallés depuis quelques années. Ce rapprochement a lieu lors de la récolte, lors du battage et du nétoyage des grains, et il n'y a pas à douter qu'il tombe toujours dans le terrain, où on remet chaque année les blés, de la poussière de carie, que les grains trouvent pendant leur germination. De ces faits, et de plusieurs autres que je pourrais encore signaler ici, il est indubitable que la carie est produite par l'émission des globules pulvérulens, de la poussière noire de carie, qui se répand sur les grains sains, se fixe sur eux et vicie les plantes qui proviennent du semis de ces blés. Cette dispersion a lieu lors de la maturité complète des globules, maturité qui se manifeste par la pulvérulence de la masse, qui constitue le grain carié. L'émission des globules a lieu par l'effet du brisement de l'enveloppe, qui reste close tant qu'un accident quelconque ne vient pas produire la rupture de la paroi péricarpienne. Par la simple dispersion de la poussière, ou par le frottement des grains entre eux, la communication a lieu, de manière que les grains sains emportent avec eux le germe morbide. Le germe n'est quelquefois qu'un seul globule qui est tellement ténu qu'il est impossible à l'œil le plus subtil de le découvrir. Il peut y avoir, comme cela a lieu souvent, plusieurs de ces globules sur la surface du grain, mais un seul suffit pour produire le désastre. La communication est si facile que Tillet, Bosc et M. Tessier, ont constaté qu'en lavant des grains cariés, l'eau qui a servi au lavage, mise en contact avec des grains. sains, vicie ces grains. Bosc dit que de l'huile épaisse, qu'on retire de la carie par la distillation à feu nu, dans laquelle on met des grains sains, et qui sont ensuite semés, a fait produire plus de d'épis cariés : en effet, ainsi que le dit Bosc, comment expliquer cela? La carie se communique aussi par le fumier mis dans la terre ce fumier façonné avec des pailles qui supportaient des épis cariés; par le battage, la poussière de carie qui se fixe sur la paille conserve ses facultés vitales; les grains de blé rapprochés de la paille convertie en fumier, et enfouie dans le sol, peuvent se vicier. La terre peut aussi contenir de ces germes qui y ont été déposés par une cause quelconque pendant que les blés étaient sur pied. La communication a surtout lieu par le battage qui écrase les grains cariés et facilite la dispersion de la poussière, qui est fine et légère, et qui va se fixer sur les grains, par le rapprochement des grains dans les greniers, et par toutes les opérations des manipulations qui facilitent le frottement des grains entre eux. Le point de fixation de ces globules sur le grain est variable, comme on doit bien le soupçonner toute la surface peut présenter le point de fixation. On remarque que les points qui sont les plus favorables sont les anfractuosités du grain, le sillon longitudinal, le sommet ou à la base du grain, et particulièrement entre les poils, réunis en houppe à l'une de ses extrémités. Cette fixation peut être tellement étroite, que les moyens de séparation, même énergiques, ne suffisent pas. M. Tessier, dans ses observations sur la carie, a remarqué que ce n'était pas les grains les plus chargés de poussière de carie à la houppe qui étaient les plus exposés, mais bien ceux qui en étaient affectés au germe. Il est incontestable que la carie pénètre dans l'intérieur de la plante par l'effet d'une séminule fixée sur un des points du grain, qui est prise dès la germination par la plantule, et qui est entraînée par les fluides végétaux dans les conduits lymphatiques ou séveux. M. de Candolle a reconnu que c'était ainsi que se faisait l'introduction des germes, et je m'empresse d'avouer ici, à ma confusion, que j'avais mal compris M. de Candolle, quand je lui prêtais, d'une manière trop générale, une opinion contraire, dans mon mémoire des expériences sur la carie. Je n'avais pas lu avcc assez d'attention tout ce que disait ce savant sur les champignons de la nature de celle de la carie; c'est ce qui fait que je n'ai saisi qu'un côté de la question, celui où il dit que certains champignons parasites répandent les graines dans l'air qui les charie et les dépose sur les surfaces des organes aériens, d'où elles pénètrent dans l'intérieur de la plante. Cette fixation a en effet lieu ainsi, pour d'autres champignons dont nous parlerons subséquemment, mais non pour la carie. Pour chercher à reconnaître comment avait lieu la pénétration de la séminule dans l'intérieur de la plante, je fis l'expérience suivante. Je plaçai dans un petit verre, rempli d'eau, une éponge fine, et je disposai cette éponge de manière que son extrémité fut à quelques millimètres seulement au-dessous du niveau de l'eau ; l'éponge était assez étendue pour occuper toute la capacité du verre. Je mis germer sur cette éponge des grains de blé, et je répandis, deux jours après avoir posé mes grains de blé, une assez grande quantité de poussière de carie. J'eus soin d'entretenir l'eau au même niveau. Les grains de blé germèrent, et la radicule s'étendit avec ses courtes ramifications naissantes sur la surface de l'éponge. La poussière de carie, éparse sur la surface du liquide, me parut se rapprocher autour de l'embryon, et je pus bientôt remarquer que l'extrémité des mamelons radiculaires, situés à la surface du liquide, était environnée de globules de carie qui avaient, par leur rapprochement, pris un certain caractère moniliforme. Je sortis plusieurs de ces grains germés pour examiner la radicule, et je trouvai que toute la périphérie des mamelons était garnie d'une certaine quantité de cette poussière de carie. par Cette expérience me permit de reconnaître que l'introduction des séminules avait lieu l'orifice des mamelons radiculaires, dans le moment même de la germination. J'examinai ensuite anatomiquement et au microscope l'intérieur de l'embryon, et je vis dans la substance tissulaire, non dans les vaisseaux, mais à même le tissu cellulaire, des globules qui commençaient à changer de forme. En examinant avec soin, je trouvai ces globules qui étaient, les uns sphériques comme je les avais observés au microscope, et d'autres qui avaient pris une forme ovalaire tendant à s'alonger. Je crus remarquer que les globules étaient nombreux, et qu'il y en avait de plus petits les uns que les autres; ce qui me fit penser que, pendant l'introduction et dès l'introduction, par l'effet de la réaction et de la pression des masses tissulaires, et par l'impressionnabilité des parties constitutives de ces masses fonctionnant, les globules caricifères ont éprouvé un resserrement qui a pu produire la lacération de la mem |