il simule une tumeur très développée, qui a tout-à-fait le cachet morbide. Si ce charbon se trouve au pied du maïs, sur des rejets basicaulaires, il se présente à l'état de gros tubercules irrégulièrement arrondis ou ovales; souvent plusieurs de ces rejets sont affectés; alors on voit un faisceau de tumeurs à enveloppes blanches ou grisâtres, lavées de violet, qui imitent assez bien certains agarics avant leur épanouissement (pl. V, fig. 1). Ces tumeurs sont de différentes dimensione, les unes petites ou moyennes, les autres fort grosses, depuis la grosseur d'un pois, d'une noix, jusqu'à celle du poing, selon les organes charbonnés. Si ce sont des rejets caulinaires, la monstruosité, qui est quelquefois volumineuse a quelque chose de très original; si ce sont des gaines foliacées, il y a nodosité, renflement, boursoufflure, qui forment une excroissance qui n'est pas moins curieuse que les précédentes (pl. V, fig. 2 et 3, et pl. VII, fig. 2 et 3). Si c'est l'épi femelle qui est affecté, il y a là énorme développement; la masse prend une vaste dimension, et il n'est pas rare de voir de ces masses ayant la grosseur des deux poings. Non-seulement tous les ovaires, ou une partie des ovaires, sont déformés, mais encore les styles sétiformes, ressemblant à de longs fils plucheux, manquent, ou sont atrophiés, ou se tuméfient. Ces ovaires tuméfiés, prennent quelquefois un volumineux développement; le rachis lui-même se tuméfie et se déforme ; les bractées membraneuses qui environnent l'épi se déforment aussi, elles se lobent ou se divisent en lanières plus ou moins profondes; elles s'arrondissent par place, se tuméfient en totalité, ou laissent apercevoir, sur différens points de leur étendue, des tubercules plus ou moins gros, en nombre variable, qui sont autant de poches ou de réceptacles carbonifères (pl. VII, fig. 1). Quelquefois, par l'effet du résultat de l'affection, la tourmente de toute la plante, ou de quelques-uns de ses organes composés, est si grande, qu'il y a désordre général ou partiel: les feuilles se déforment, s'enroulent, se replient, se crispent ; le chaume devient monstrueux, se contourne, se bifurque; les nœuds du chaume et la gaîne des feuilles présentent aussi de semblables défor mations. La végétation du maïs ainsi attaqué, est souvent si forte, que les tubercules carbonifères se crèvent avant leur parfait accroissement; c'est alors que le mal est hideux dès son apparition. Ces masses tuberculeuses, petites ou grosses, mais grossissant plus ou moins par l'effet de l'accroissement, sur quelque partie qu'elles soient situées, sont toujours molles, à surface lisse ridée ou circonvolutée, enveloppées d'une membrane pariétale qui est le réceptacle ou le sac contenant la poussière du charbon. Cette membrane n'est autre chose que la cuticule qui enveloppe l'organe qui se tuméfie; elle est d'abord d'un vert jaunâtre, elle blanchit ensuite; les tubercules deviennent alors plus lisses, et la membrane pariétale est d'un beau blanc de lait, lavée de violet ou de rouge par place. Peu à peu cette couleur lactée change, par l'effet de la coloration du contenu; la membrane prend ensuite une couleur plombée, grise ou brune, puis noirâtre. Il y a dans cette membrane privation complète de chromule; mais on voit très bien à la loupe, et mieux encore au microscope, des cellules contigües à mailles lâches et déformées, et une partie fibreuse fine, dérivée, qui parcoure toute l'étendue de la masse : cette fibre est très altérée. On distingue encore par places, mais rarement, quelques parcelles de chromules, et il est facile d'observer que cette substance perd peu à peu sa couleur verte caractéristique, et qu'elle n'a qu'une teinte très pâle qui dénote l'altération, la désorganisation et le manque d'élémens de constitution. Dans le premier état du développement de l'excroissance, il est facile de distinguer le charbon, et d'en suivre les phases depuis l'état élémentaire jusqu'à celui de sa parfaite conformation. On voit d'abord la substance fongique sous forme de filamens déliés, très réticulés, ramifiés et d'un brun très pâle. Ces filamens sont la plante en développement, gagnant peu à peu de l'espace, s'augmentant insensiblement et promptement, à un tel point que les filamens deviennent très abondans, se rembrunissent peu à peu, et gonflent, par l'augmentation du volume, toute la membrane qui devient une vaste capacité qui ne tarde pas à être remplie, quelque dilatée qu'elle soit. Toutes les parties organisées sous-jacentes, quelles qu'elles soient, sont d'abord altérées par la présence des réticules fongiques, et sont ensuite désorganisées progressivement jusqu'à la décomposition totale. A mesure que la désorganisation s'étend, que la substance fongique s'accroît, on aperçoit toute la partie centrale garnie d'une abondante granulation brune, noircissant peu à peu et salissant toute la masse jusqu'au point où cette masse devient tout-à-fait noire : la membrane pariétale étant diaphane, on aperçoit très bien les progrès de l'organisation du champignon, ceux de la désorganisa tion de l'organe malade et la transformation en granules pulvérulens. La masse interne, par l'effet des ramifications nombreuses, forme un épais plexus, qui de lâche devient compact, humide et très coloré en brun. Bientôt on voit la membrane pariétale se déchirer, puis au-dessous de cette membrane une seconde, plus mince, qui se lacère aussi. Cette lacération se fait dans tous les sens et très irrégulièrement. A mesure que la lacération se fait, la substance compacte interne se dessèche, se colore et devient poudreuse. C'est alors que l'on voit des masses floconneuses très abondantes qui, par l'effet de la desagrégation et de la distension, forment un volume très considérable. Cette substance, exposée à l'air, se dessèche, se pulvérise de plus en plus, et les globules pulvérulens se dispersent (pl. VII, fig. 3). Comme cette substance est quelquefois très épaisse, il reste toujours, dans ce cas, concentrée une abondante humidité, tellement qu'il n'y a qu'une certaine quantité de la poussière de la partie périphérique de cette masse qui se dissémine; celle du centre forme un noyau qui se décompose par la présence de cette humidité et se résout en une matière déliquescente brune; quant au contraire, les tumeurs ne sont pas volumineuses, elles se vident complètement, et toute la poussière se répand dans l'air. On distingue ici, comme chez les autres céréales, la partie fibreuse qui se détruit toujours plus tardivement que la substance parenchymateuse qui est plus molle, et tellement altérée, si lâchement conformée, qu'elle tombe comme tout le reste. Bosc ayant observé quatre sortes de charbon sur le maïs, en France, en Espagne, en Amérique, et surtout en Italie, je crois devoir terminer cet article du charbon du maïs en le copiant textuellement dans ses indications caractéristiques. « La première sorte, la plus dangereuse, naît au collet » d'une feuille quelconque, devient une excroissance irrégulièrement globuleuse ou mamelonnée, de la » grosseur du poing, terme moyen, d'abord blanche, >> ensuite rougeâtre à sa surface; sa consistance est alors fongueuse; souvent elle est traversée par une ou plu>>sieurs feuilles avortées. Elle commence à devenir » noire et pulvérulente au milieu d'août. » La seconde se développe dans la fleur mâle, et anéan>> tit souvent la fécondité de tout un épi. Elle se rappro>>che beaucoup, en apparence, du charbon du froment. » A l'époque de la maturité, les deux balles de la fleur » se sont grossies quinze à vingt fois plus que dans l'état >> naturel, et ressemblent à une corne. Elle est blanche » dans sa jeunesse et noire dans sa vieillesse. Cette espèce prouve que la poussière noire n'est pas la farine >> altérée comme on l'a écrit, puisque dans les fleurs mâ>> les il n'y avait pas de grains à espérer. » — Certainement cet état morbide ne peut pas provenir de l'altération de la farine; car dans aucun cas, chez cette céréale, ainsi que chez les autres qui ont été précédemment examinées, il n'y avait pas de farine à espérer de l'organe étranger au fruit, et il n'y en avait même pas à prétendre d'un épi tout-à-fait rudimentaire, encore renfermé dans son fourreau et cependant déjà carbonisé, non-seulement au centre carpogène, mais |