A la lentille n° 1, on voit très bien que les filamens sont formés de globules arrondis, rapprochés les uns des autres, et que par leur rapprochement en série linéaire, ils constituent la substance filamenteuse. On peut très bien à la vue, sous le microscope, isoler chacun de ces globules, qui d'ailleurs se séparent et ne tardent pas à s'isoler naturellement. A la lentille n° 4, même caractère globuleux, très visible à l'eau et plus distinctement visible avec l'acide nitrique les globules en contact avec cet acide paraissent très sphériques, marqués d'un point rond diaphane au centre. Toujours avec l'acide nitrique, la substance vue sous la lentille n° 3, est simplement pulvérulente, tandis que sous la lentille 4 les globules sont parfaitement caractérisés; cependant, quoique la forme sphérique soit la plus commune, et je puis même dire générale, on distingue des globules qui sont ovalaires, ou un peu irréguliers dans leur circonscription. Quant à l'examen des organes floraux des céréales affectées, sous la lentille n° 5, on voit que toutes les parties vertes et parenchymateuses, toute la chromule est détruite, la membrane pariétale est réduite à sa plus simple expression; la substance fibreuse est isolée, dépouillée de tous ses circum-adhérens, et on trouve sur tous les points de son étendue, des masses pulvérulentes ou des globules distincts, qui l'environnent, la décomposent de l'intérieur à l'extérieur. Le centre est toujours envahi le premier, en commençant par la base, sur chaque point ou article de l'axe, du rachis, où reposent les épillets et les fleurs; la circonférence l'est ensuite par la progression de l'extension de la base au sommet, et du centre à la circonférence. L'envahissement gagne de proche en pro + che, tellement que plus on arrive au dehors, moins la destruction est étendue à un certain âge, tandis que plus on pénètre en dedans, plus la décomposition est manifeste à toutes les époques. Mais lors de l'envahissement complet, il n'y a plus de différence entre l'altération du centre et celle de la circonférence. Après avoir retiré la membrane pariétale par parcelle, on voit un noyau, une masse centrale, qui a tout décomposé et qui occupe toute la place des organes sexuels et celle du grain. Là, la désorganisation est complète, et cette masse est informe, arrondie ou irrégulièrement ovoïde. Dans cette masse centrale, on aperçoit des anfractuosités, des fissures qui sont formées par les réticules filamenteux qui se sont emparés de tel ou tel organe, et qui en ont pris grossièrement la forme. Cette disposition de la masse, dans l'avoine surtout, bien altérée, ressemble assez bien à un guêpier souterrain, ou à une fourmilière établie dans la souche d'un arbre mort. Avant la destruction complète, il y a bien, comme je l'ai dit, quelques traces d'organes, quelques organes même encore entiers, mais qui sont monstrueux; ensuite ces organes disparaissent, il reste des traces de fibres qui, plus soli→ dement constituées, sont plus lentes à se consumer, et qui persistent pendant un certain espace de temps (pl. XI, fig. 5, b, c, d, et fig. 10, 11 et 12, et pl. XI, fig. 5, b, c). En examinant anatomiquement les parties parenchymateuses et fibreuses des feuilles et des tiges des plantes affectées, on observe un peu plus d'empâtement dans les brins charbonnés, des amas de sucs, et quelques traces filamenteuses, d'un brun verdâtre, mais assez obscurément visibles. La poussière globuleuse du charbon constitue les sémi nules du champignon; ces séminules, mises dans les milieux factices, semblables à ceux que j'ai indiqués pour les séminules de la carie, m'ont présenté à très peu près le même développement séminal. Le premier développe¬ ment est une émission filamenteuse du centre globuleux. Ces filamens sont aussi très déliés et très entre-croisés, tellement que le plexus filamenteux est épais, tissé et pelotonné, d'un blanc parfait, d'un blanc grisâtre ou rubigineux. On distingue dans toute la masse filamenteuse, à mesure qu'elle s'étend, des petites masses blanchâtres, des sortes de petits flocons ou pelotons, qui sont assez rapprochés en agglomérats; ces flocons sont d'un gris très brun, noirâtres. Ce sont autant de nouveaux centres, desquels rayonnent de nouveaux filamens, qui facilitent l'extension de la plante. Il m'a été facile, en suivant ce développement, de reconnaître, sur un pied de maïs, plante si épaisse et si charnue, et qui présente un territoire si propre à l'extension filamenteuse intestinale du champignon, que l'apparition des tubercules de charbon avait lieu en même temps sur plusieurs points des surfaces organiques de la plante. On distingue aussi sur toute la substance filamenteuse, arrivée à une certaine étendue, une quantité de petites granulations brunes. Résumé complémentaire de tout ce qui précède. En résumé, le charbon est un champignon qui diffère de la carie par sa propre nature, par son développement et par son mode d'accroissement considéré dans tous ses détails; mais il est, comme la carie, intestinal, et sa vie et son développement sont intérieurs; il ne se manifeste à l'extérieur que lors de sa maturité. Arrivé à ce dernier état, il brise son enveloppe, montre les or ganes affectés, couverts de poussière très brune; il laisse facilement épandre sa poussière qui, fort légère, est promptement dispersée et chariée par l'air, tandis que la carie concentre sa poussière dans les grains transformés, et ne la laisse échapper que lors de la rupture de l'enveloppe, rupture qui n'est pas naturelle et qui est totalement subordonnée aux frottemens. Tout m'assure, par l'expérience, l'observation et les faits, que comme la carie, le charbon ne pénètre pas de l'extérieur à l'intérieur par les surfaces aériennes, mais bien par les racines, comme Tillet l'a dit après avoir vu les élémens de l'envahissement dans les racines de la plante atteinte. Les séminules, en s'épandant, se fixent autour des grains d'où elles pénètrent dans l'intérieur de la plante entraînées par les liquides et chariées par eux. Dans son trajet d'ascension, la séminule prend des élémens de développement, et se développe en ramifications fongiques, là où elle se trouve le mieux placée. Plus la plante est chargée de tissu cellulaire et d'humidité, plus le développement paraît être prompt et abondant, tellement que chez le maïs, la turgescence a lieu dès la base de la plante, et il se fait là un amas de globules reproducteurs qui ont tout-à-fait la même puissance de régénération que ceux qui s'échappent des organes floraux. Sur cette céréale vigoureuse, on voit, comme j'ai pu l'observer, plusieurs organes affectés, et l'affection portée simultanément sur différens points de l'étendue de la même plante. Ces séminules si légères, sont transportées partout et même à de grandes distances, comme on peut le supposer; elles se fixent sur les grains et peuvent aussi se fixer sur ou dans le sol, sur le fumier et partout où les grains sont susceptibles d'être placés. Les grains mis en contact avec ces séminules pulvérulentes, peuvent être aussi facilement viciés par le charbon, que les blés se trouvent être viciés par la carie. L'examen du tissu de la plante malade laisse apercevoir dans cette partie organique des traces de réticules fongiques, une sorte de petit dérangement qui fait dévier les masses tissulaires de leur état naturel, et cette formation de la substance charbonnée sur des épis encore toutà-fait à l'état élémentaire et enfermés dans le fourreau, démontrent la vérité de cette assertion. Tous les gramens attaqués du charbon ont, avant même l'apparition de la maladie, un cachet d'altération qui dénote l'affection. Toute la plante paraît être comme tourmentée, les feuilles sont moins larges et moins bien épanouies, le limbe des feuilles est toujours moins plane, les tiges sont quelquefois plus courtes et plus grêles, le tallement est moins abondant, et conséquemment une plante charbonnée présente moins de tige en développement, et j'ai cru remarquer que les racines ont une moindre étendue. La couleur de tous les organes est altérée le vert est moins intense. Bosc dit que les tiges des céréales charbonnées s'élèvent peu, et que l'appareil floral reste clos dans le fourreau. Quant à l'élongation des tiges, elle n'est pas toujours moindre, cependant on la remarque assez ordinairement; mais quant à l'inclusion des épis, elle est tellement rare, que je ne l'ai pas observée. Dire que ces épis sortent plus ou moins, et réellement moins que ceux des plantes saines, cela est vrai; mais qu'elles ne sortent pas, je ne puis l'admettre, à moins d'une altération complexe. M. Tessier dit qu'on reconnaît facilement une céréale |