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«Le livre, traduit en arabe, paraît avoir eu beaucoup de succès chez les juifs, car il en existe une seconde version hébraïque dans un manuscrit du Beth Hammidrasch de Londres. Celle-ci est attribuée par le copiste à Samuel ibn Tibbon, le traducteur du Guide des Égarés. Comparée au manuscrit de Paris, elle prête aux remarques suivantes : dans une première partie, elle est semblable pour le fond avec lui, mais elle en diffère par les termes et le style; dans une deuxième partie, elle serre de plus près le texte latin, mais encore avec quelques différences de rédaction; dans la troisième partie, enfin, les deux versions sont identiques presque partout, même dans les termes. M. Lévi donne un spécimen de ces trois parties. It croit que Samuel ibn Tibbon (?) aura reconnu à la fin que la traduction de son prédécesseur était au fond exacte et se sera borné en général à la transcrire. On lit, en effet, dans le manuscrit de Londres, que Samuel fit cette version parce qu'il en avait vu une autre de Al-Harizi qui était fautive. La version contenue dans le manuscrit de Paris ne peut pas être attribuée à Al-Harizi, parce que le style en est par trop indigne de l'élégant traducteur du Musaré Haphilosophim et du Guide, de l'imitateur ingénieux des Séances de Hariri.

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La première partie du manuscrit de Londres est entièrement semblable au premier chapitre du livre II du Josippon. Ce chapitre est en effet une interpolation, comme Zunz l'a le premier démontré. En dehors de ce qu'il s'accorde mal avec le contexte du Josippon, ce chapitre manque dans les deux versions arabes qui se trouvent à Oxford.

La même Historia de præliis a été, au XIV siècle, traduite directement du latin en hébreu par Immanuel ben Jacob Bonfils, de Tarascon. Ce n'est donc pas seulement dans la littérature romane que le Roman d'Alexandre a eu tant de vogue. Il existe encore divers opuscules hébraïques sur ce même sujet. L'entrevue d'Alexandre avec les sages de l'Inde est déjà racontée dans le Talmud de Babylone, à la fin du traité de Tamid.

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«M. Lévi s'était préparé à la publication excellente que je signale à mes confrères par des travaux estimables sur l'histoire des anciennes légendes dans la littérature juive. Il serait à désirer que l'Introduction de M. Lévi, écrite en hébreu, fût rendue accessible à tous ceux qui s'intéressent à cet ordre d'études. »

M. D'HERVEY DE SAINT-DENYS a la parole pour un hommage :

J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie un mémoire posthume, Orontobatès ou Rhoontopatès (extrait de la Revue numismatique; Paris, 1887, in-8°), dont l'auteur, Lucien de Hirsch - Gereuth, a été enlevé il y a quelques

mois, presque subitement et en pleine jeunesse, par une maladie foudroyante. Peu de jours avant sa mort, qu'on était loin de prévoir, il me demandait de présenter ce travail à l'Académie quand il paraîtrait. C'est un soin dont je m'acquitte aujourd'hui avec un grand sentiment de tristesse, car ce jeune homme distingué, qui avait le solide amour de la science, était doué aussi de toutes les qualités qui inspirent la solide affection.

Dans ce court mais substantiel mémoire, Lucien de Hirsch a étudié et éclairé un point obscur de la numismatique antique de l'Asie Mineure. Il a existé en Carie, au v° siècle avant notre ère, une satrapie héréditaire placée sous la suzeraineté des rois de Perse et ayant Halicarnasse pour capitale. Le dernier de ces satrapes fut un prince énergique, qui défendit sa capitale contre toutes les forces d'Alexandre. Arrien, qui nous l'a fait connaître, le nomme Orontobatès. Or, nous possédons de ce personnage de rares et très belles pièces d'argent sur lesquelles son nom a été lu Othontopatès par tous les numismates qui se sont occupés jusqu'ici de ces monnaies. On avait en conséquence accusé Arrien d'inexactitude. Lucien de Hirsch, acquéreur d'un exemplaire d'une conservation admirable, paraît prouver victorieusement que la lecture Othontopatès était fausse et que la légende doit être lue Rhoontopatès, leçon qui se rapproche fort de celle donnée par Arrien. On a donc eu tort d'accuser si légèrement d'inexactitude le célèbre historien.

Ce travail de Lucien de Hirsch, où l'on trouve des appréciations justes formulées dans un style ferme et concis, n'était que le début d'une série d'études analogues qu'il se proposait d'entreprendre et qui l'eussent fait connaître parmi nous, si la mort ne l'avait cruellement et prématurément arraché à la science et à ses amis dévoués. »

M. P.-Ch. ROBERT offre, de la part de M. H. Hoffmann, un exemplaire de l'ouvrage publié par cet auteur en 1878, sous ce titre : Les monnaies royales de France, depuis Hugues Capet jusqu'à Louis XVI (Paris, in-4°).

M. Robert fait remarquer que 215 pages d'un texte précis et 118 planches de reproductions fidèles ont fait de ce livre un guide précieux pour les numismates et les collectionneurs.. Il ajoute que les Monnaies royales auraient assurément brillé au concours Duchalais, si elles y avaient pris part lors de leur apparition.

M. Ch. NISARD offre à l'Académie un volume de la Collection des auteurs latins, contenant Ausone, traduction par M. E.-F. Corpet, Sidoine Apollinaire, traduction par M. Eugène Baret, Venance Fortunat, traduction par M. Ch. Nisard (Paris, 1887, in-4°).

XV.

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IMPRIMERIE NATIONAL.

Sont encore offerts:

Rapport à l'Institut égyptien sur les fouilles et travaux exécutés en Égypte pendant l'hiver de 1885-1886, par G. Maspero, membre de l'Académie (extrait du Bulletin de l'Institut égyptien; le Caire, 1887, in-8°); Étude historique sur le capitoulat toulousain, par Léon Clos (Toulouse, 1887, in-8°);

Le commerce rochelais au XVIII' siècle, d'après les documents composant les anciennes archives de la Chambre de commerce de la Rochelle, par Émile Garnault, 2° partie : Établissements maritimes de la Rochelle (la Rochelle, 1887, in-8°).

SÉANCE DU 8 JUILLET.

Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL présente à la Compagnie:

1° De la part de M. Heuzey, membre de l'Académie, un opuscule intitulé: De quelques cylindres et cachets de l'Asie Mineure (extrait de la Gazette archéologique; Paris, 1887, in-4°);

2° De la part de M. Aug. Longnon, membre de l'Académie, un mémoire intitulé: La Civitas Rigomagensis (extrait des Mélanges Renier; Paris, 1886, in-8°)...

Sont offerts:

Notice sur les catalogues de bibliothèques publiques, par F. Nizet (Bruxelles, 1887, in-8°);

A numismatic commentary on Pausanias, III, Books IX, X, I. 1-38 and supplement, par F. Imhoof-Blumer et Percy Gardner (extrait du Journal of Hellenic studies; 1887, in-8°).

M. P. MEYER présente à l'Académie un extrait du Journal asiatique, intitulé : Fragments d'un roman d'Alexandre en dialecte thébain, par Urbain Bouriant (Paris, 1887, in-8°).

Ces fragments se composent de trois feuillets écrits au xv° siècle, et qui ne suffisent pas à donner une idée précise de l'ouvrage dont ils sont jusqu'à présent les seuls restes connus. L'ordre même des feuillets reste incertain. M. Maspero propose, dans une note jointe à la dissertation, un ordre différent de celui qu'indique M. Bouriant et en effet plus probable. M. Bouriant pense que ces fragments sont les débris de la version copte d'un roman démotique sur Alexandre. Cela peut être; ce qui est certain, c'est que ce roman n'a aucun rapport, ni avec l'histoire réelle d'Alexandre, ni avec le célèbre roman grec du Pseudo-Callisthène, qui est la source principale de tous les romans d'Alexandre qui ont été composés tant en Orient qu'en Occident. "

M. DELISLE offre à l'Académie deux publications, de la part des au

teurs:

1° Monuments originaux de l'histoire de saint Yves, publiés par A. de la Borderie, l'abbé J. Daniel, le R. P. Perquis et D. Tempier (SaintBrieuc, 1887, in-4°).

Ce volume est destiné à remplacer le long chapitre qui a jadis été consacré à saint Yves dans les Acta sanctorum. Il contient le texte complet de deux pièces dont les Bollandistes avaient à peine donné la quatrième partie : une enquête faite en 1330, pour préparer la canonisa on, et un rapport des trois cardinaux chargés par le pape d'examiner et de résumer l'enquête. A la suite de ces deux morceaux vient l'office primitif de saint Yves, rédigé vers le milieu du xiv siècle; il était resté inédit; c'est, à proprement parler, la Vie originale de saint Yves, dont la publication permettra de reléguer désormais au second plan la compilation si connue du dominicain Maurice Geffroi, qui n'est pas antérieure à l'année 1470.

«Le principal auteur du volume est l'un de nos correspondants, M. Arthur de la Borderie, qui, dans une introduction de 76 pages, a expliqué la formation du recueil et a déterminé avec autant de clarté que de critique le caractère, la date et la valeur des morceaux qu'on y a fait entrer. L'intérêt des textes, la façon dont ils sont publiés et commentés, l'exécution matérielle du livre et des planches dont il est orné, tout se réunit pour assurer aux Monuments originaux de l'histoire de saint Yves le meilleur accueil du monde savant. >>

2° Livre de comptes, 1395-1406; Guy de la Trémoille et Marie de Sully. Publié d'après l'original par Louis de la Trémoille (Nantes, 1887, in-4°).

J'ai l'honneur, dit M. Delisle, d'offrir à l'Académie un compte des années 1395-1406, que M. le duc de la Trémoille vient de publier d'après l'original conservé dans les archives de sa maison. Il est de tout point comparable aux comptes et inventaires des rois de France, du duc de Berry, des ducs d'Orléans et des ducs de Bourgogne qui ont été mis en lumière dans les quarante dernières années, et qui nous ont apporté de si curieuses révélations sur la vie des cours, sur le développement des arts, de l'industrie et du commerce, sur les mœurs des différentes classes de la société, sur les événements politiques et militaires du xiv et du xv° siècle. A chaque page du document imprimé par M. le duc de la Trémoille, nous trouvons des noms d'artistes et de négociants, français et étrangers, dont l'habileté et la puissance méritent de fixer l'attention des historiens. On y relèvera beaucoup de renseignements sur les

préparatifs de la croisade qui aboutit à la catastrophe de Nicopolis et à la suite de laquelle Gui de la Trémoille mourut à Rhodes en 1397.

A ce compte, déjà si curieux par lui-même, l'éditeur a joint une quarantaine de pièces tirées du chartrier de Thouars, du Trésor des chartes et des archives des ducs de Bourgogne, qui nous font exactement connaître le caractère, les habitudes, la fortune et l'entourage de Gui de la Trémoille, de Marie de Sully, sa femme, et de Pierre de la Trémoille, son frère. Les textes ne sont point annotés; mais les principaux articles de la table des noms de lieux et de personnes contiennent des observations complémentaires dans lesquelles sont rapportées par extrait beaucoup de pièces originales du XIV et du xv siècle.

Ce volume, comme ceux que nous devions déjà à M. le duc de la Trémoille, atteste à la fois la richesse du chartrier de Thouars et le goût exquis dont l'éditeur fait preuve en livrant à la publicité des documents dont les historiens auront fréquemment l'occasion de faire usage.»

M. MASPERO fait hommage d'un exemplaire de la 2° série du Bulletin de l'Institut égyptien (le Gaire, 1882-1886, 6 vol. in-8°)..

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L'Institut égyptien, fondé par Mariette, en mémoire de l'ancien Institut d'Égypte (1799-1800), siégea à Alexandrie jusqu'en 1879 et depuis cette date au Caire. Il y eut une période de désorganisation, répondant à la maladie de Mariette, de 1875 à 1880, puis une réorganisation qui fut suivie de la publication d'une seconde série du Bulletin. L'association a été en progrès perpétuel depuis sa création. Le premier volume de la seconde série est un livret de 200 pages, à moitié rempli de matières officielles; le second atteint et dépasse 600 pages.

Les matières les plus diverses ont été traitées consciencieusement dans les différents volumes de la collection. Il suffit de citer les noms des principaux collaborateurs : pour l'archéologie égyptienne, Amélineau, Loret, Lefébure, Maspero; pour l'archéologie arabe, Rogers bey (sur les blasons arabes), Artiss pacha (contes populaires arabes, histoire du Bab ez-Zouéïléh au Caire, notice sur quatre lampes de mosquée en verre émaillé); Schweinfurth (sur la flore antique de l'Égypte); Vidal bey (sur le droit arabe), etc.

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Ajoutons que les trois quarts des membres de l'Institut égyptien sont des Français."

Sont offerts :

SÉANCE DU 15 JUILLET.

Études sur la mort de Cléopâtre, par le D' Viaud-Grand-Marais (extrait

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