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mises par les Tatars dans la ville d'Yaroslavle. Il reçut une autre nouvelle qui lui fut encore plus sensible; Dmitri avait obtenu du khan la dignité de grand prince, et il avait à sa disposition une puissante armée force lui fut de retourner à Novgorod. C'est vers cette époque que les Novgorodiens fondèrent la forteresse d'Orekhof, actuellement Schlüsselbourg, établissement qui fut suivi d'une paix entre Magnus, roi de Suède, et la république. Après avoir remporté quelques avantages sur les Lithuaniens, il partit pour la horde, dans l'espoir de recouvrer la couronne de Vladimir. L'année suivante, Dmitri fit le même voyage, et les deux princes rivaux s'y rencontrèrent. Dmitri, à la vue de l'assassin de son père, lui plonge son épée dans le cœur. Usbeck ne prononça sur le sort de Dmitri que dix mois après cette vengeance audacieuse. Le meurtrier de son gendre fut égorgé à la horde; mais il reconnut pour grand prince de Russie Alexandre, son frère, que les Novgorodiens désignèrent aussi pour leur chef.

La même année, le bruit se répand que Schevkal, cousin d'Usbeck, à la tête de bandes nombreuses, se précipitait sur les provinces russes, annonçant le dessein d'en convertir les habitants au mahométisme, de massacrer Alexandre avec ses frères, et de prendre lui-même la couronne. Cette nouvelle, peu vraisemblable, n'était peut-être qu'un artifice généreux pour ranimer le courage des vaincus. Peuple et boyars se présentent autour du prince, et jurent d'exterminer leurs ennemis. Schevkal était à Tver; au bruit des armes, les Tatars n'ont que le temps de se ranger sur la place du palais; la lutte fut longue et terrible; enfin les Russes vainqueurs égorgent tout ce qui résiste, et Schevkal lui-même tombe sous leurs coups. Usbeck prépare froidement sa vengeance; il fait venir Jean, prince de Moscou, lui promet la grande principauté, et lui donne une armée de cinquante mille hommes commandée par cinq Tatars, à laquelle

se joignent encore les Souzdaliens guidés par Alexandre, petit-fils d'André. Le prince de Tver s'enfuit à Novgorod, où ses sollicitations demeurèrent sans succès; de là il court à Pskof, tandis que ses frères Constantin et Vassili se réfugient à Ladoga. Tver, Kachi, Torjek furent dévastées; et Novgorod elle-même ne fut épargnée qu'en payant un impôt de mille roubles d'argent. Usbeck, satisfait, confia la dignité de grand prince à Jean de Moscou, après avoir fait périr le prince de Riazan dont le trône, encore ensanglanté, fut occupé par Jean Koropol, son fils.

Depuis le milieu du treizième siècle, l'histoire des provinces méridionales de la Russie se sépare de celle du Nord; mais la puissance des Lithuaniens grandit rapidement sous le scep tre de Gédimin. Cet homme extraordinaire, fils d'un écuyer, fit périr son souverain, et son ambition ne se borna pas à l'usurpation des provinces lithuaniennes. Il réunit à ses domaines la principauté de Pinsk, et s'unit à plusieurs princes russes, en leur donnant ses filles pour épouses. Il maria ses fils Olgerd et Lusbart, le premier, avec la fille du prince de Vitebsk, et le second, avec celle du prince de Vladimir; celui-ci hérita de l'apanage de Volhynie. La chronique lithuanienne rapporte qu'après la mort d'Youry Daniélovitch, ses fils Vladimir et Léon, princes de Volhynie et de Galicie, attaquèrent la Lithuanie, au moment où Gédimin était occupé dans une guerre contre les Allemands. Léon prit Brest et Droguitchin, et Vladimir ravagea les bords de la Vilia. Tout à coup Gédimin revient victorieux, marche sur Vladimir, que défendaient les Tatars réunis aux Russes, les défait, se porte vers Loutsk, qui se rend sans coup férir, et ne s'arrête que pour donner du repos à ses troupes. Au printemps, il rentre en campagne, prend Ovroutch, Gitomir, et se rend sur le Dniepr. Stanislas, prince de Kief, appelle les Mongols, se joint à Oleg de Péréiaslavle, à Léon de Loutsk, à Roman de Briansk, et vient pre

senter la bataille à Gédimin. Les Russes plièrent; Oleg et Léon tombèrent en combattant, tandis que Stanislas et Roman s'enfuirent à Riazan. Kief ouvrit ses portes au vainqueur, qui lui donna pour chef son neveu Mindovg, chrétien de religion. Gédimin s'empara ensuite de toute la Russie méridionale, jusqu'à Poutivle et Briansk. Tout en se rapprochant du siége de la domination des Tatars, le prince lithuanien sut conserver leur alliance, et échapper à la honte du tribut ; il prit le titre de grand prince de Lithuanie et de Russie, et établit sa résidence à Vilna, qu'il avait fondée luimême; car il réunissait à un brillant courage les vues d'un sage administrateur et d'un politique consommé. H avait manifesté au pape Jean le désir de se réunir à l'Eglise latine; mais, dégoûté par les intrigues de l'ordre de Prusse, il renvoya durement les ambassadeurs du saint-père, ce qui le fit passer en Europe pour être peu, scrupuleux dans ses promesses. Il encouragea le commerce et les arts, et il est peu de souverains, à cette époque, dont la gloire puisse effacer la sienne.

LE GRAND PRINCE JEAN DANIELOVITCH,

SURNOMMÉ KALITA.

1328-1340. Le nord de la Russie respirait enfin, et le règne de Jean Kalita inaugurait la puissance future de Moscou. Les Mongols, occupés des affaires de l'Orient et des troubles qui agitaient la horde, se contentaient de percevoir le tribut. Les autres princes virent avec jalousie les métropolitains s'établir dans la capitale de Jean Daniélovitch, prévoyant bien que cette yille deviendrait avec le temps le siége de la grande principauté.

Jean Kalita se rendit à la horde avec Constantin, frère d'Alexandre de Tver. Usbeck les reçut avec bienveillance, et nomma Constantin prince de Tver; toutefois il leur ordonna de lui amener Alexandre. A cet effet, les ambassadeurs du khan et du grand prince se rendirent à Pskof; mais les habitants refusèrent de livrer ce prince, et

prirent les armes. Jean, craignant les suites de cette désobéissance, pria le métropolitain de lancer l'interdit sur les Pskoviens et sur leur chef. Ce châtiment, employé pour la première fois en Russie, eut un effet complet; Alexandre s'enfuit en Lithuanie, près de Gédimin, revint au bout de dixhuit mois, et reprit la couronne de Pskof, qui demeura ainsi séparée de Novgorod, et s'érigea en diocèse particulier.

Cependant le grand prince, informé que les Novgorodiens, qui commercaient avec la Sibérie occidentale, en recevaient de l'argent, exigea une part de ces profits; et comme ces derniers y mirent la condition qu'il restituerait les bourgs qu'il s'était appropriés sur leur territoire, Jean s'y refusa et se rendit à la horde. Dans ce danger, les Novgorodiens firent alliance avec le prince de Tver et s'assurèrent de l'amitié de Gédimin, en cédant à son fils Narimant, en patrimoine réversible sur sa postérité, Ladoga, Orekhof, Kexholm, toute la Carélie et une partie de Koporie. Ces préparatifs calmèrent probablement l'ardeur belliqueuse de Jean, qui se réconcilia avec les Novgorodiens: il parvint même à leur persuader de soumettre Pskof, et d'en chasser le prince Alexandre. Le cupide Jean échoua dans une nouvelle entreprise, qui avait pour but de s'emparer des établissements de Novgorod, sur les bords de la Kama. Cette république, mécontente du grand prince, rechercha l'alliance de Pskof, qui rejeta toutes ses avances.

Le prince Alexandre était depuis dix ans dans cette ville, nourrissant le désir de recouvrer la couronne de Tver. Les âmes courageuses ont une espèce de seconde vue, qui leur montre le succès là où des hommes ordinaires ne voient que péril. Alexandre part pour la horde, et se met à la disposition d'Usbeck qui, appréciant ce trait de résolution, eut assez de générosité pour oublier ses griefs, et lui rendre 'son apanage, que fui céda Constantin. Jean travaillait à rétablir l'unité de pouvoir, dont l'absence avait causé tous

les malheurs de la Russie; il déploya son autorité sur les princes apanagés, auxquels il dictait des lois dans leurs propres États. Souzdal, Yaroslavle, Rostof, Riazan et Tver pliaient sous sa volonté. Le retour d'Alexandre changea la face des choses; ce prince, ennemi de Jean, n'eut pas de peine à faire entrer dans ses vues les princes apanagés. Jean, plus prudent que son adversaire, se réconcilia d'abord avec les Novgorodiens, et se rendit à la horde, accompagné de ses fils aînés, Jean et Siméon. La calomnie, appuyée de riches présents, était toujours bien venue auprès des Mongols. Il présenta Alexandre sous les plus noires couleurs, et comme l'ennemi le plus dangereux de la domination des khans. Usbeck envoya sur-le-champ l'ordre à Alexandre et à plusieurs autres princes apanagés, de se rendre à la horde, et Jean revint à Moscou. Alexandre avait le pressentiment de la triste issue de son voyage; cependant il obéit, et ne put fléchir le courroux d'Usbeck, qui le fit massacrer ainsi que son jeune fils Féodor. Cependant cette cruauté ne tourna qu'à l'avantage de Jean, qui s'arrogea le pouvoir suprême sur la principauté de Tver, et consolida ainsi la prééminence de Moscou. Constantin et Vassili furent obligés d'envoyer dans cette ville la grosse cloche de Tver, la plus pesante qui ait jamais été fondue.

Les Novgorodiens, prévoyant bien que Jean, débarrassé de son rival, respecterait peu leur liberté, firent la paix avec les Suédois et les Norwégiens. Mais les premiers la rompirent bientôt après, et les Novgorodiens acquirent la preuve que leur alliance avec Gédimin se bornait, de la part de ce dernier, à de stériles protestations. Enfin, toutes les difficultés étant aplanies, les Novgorodiens envoyèrent au grand prince le tribut qu'ils devaient au khan. Jean exigea une somme deux fois plus forte, et il aurait soutenu ses prétentions par les armes, s'il n'eût été obligé d'entreprendre contre Smolensk une expédition qui n'eut pas de suite. La mort vint le surprendre au

milieu de ses projets; mais il avait tracé la route, en essayant de réunir dans sa main les éléments épars de la puissance russe. La mort d'Alexandre de Tver prouve que le crime n'était pas un obstacle à sa politique. Il était pieux et charitable, et portait toujours une kalita ou bourse d'argent, pour faire des aumônes aux pauvres, ce qui lui fit donner le surnom de Kalita. Comme presque tous les princes russes, à cette époque, il revêtit l'habit monastique, à ses derniers moments. On lui doit l'érection de plusieurs églises, la reconstruction du Kremlin, et de notables améliorations commerciales. Ce fut sous son règne que la Galicie passa à Boleslas, gendre de Gedimin; après la mort de ce prince, Casimir, son beau-frère, s'empara de toutes les provinces qui en dépendaient.

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1340-1353. Siméon, fils de Jean, se rendit à la horde, et y acheta l'investiture de la grande principauté, malgré les efforts des autres princes russes jaloux de la suprématie de Moscou. Rampant devant l'ombrageux Usbeck, il était dur et fier avec les Russes, qui lui donnèrent le surnom de Superbe. Après s'être fait sacrer à Vladimir, il jura de rester en bonne intelligence avec ses frères, et exigea d'eux le même serment. Il voulut lever sur Novgorod des impositions arbitraires, et appuya ses prétentions en levant une forte armée: Novgorod paya, et de son côté le grand prince s'engagea à respecter les institutions de la république.

Cependant Olgerd, digne fils de Gédimin, vint bruler les faubourgs de Mojaïsk, et se retira à la nouvelle de la mort de son père, qui laissait un apanage particulier à chacun de ses sept fils; vers la même époque, Usbeck termina sa carrière, et Tchanibek, son fils, conquit le diadème en assassinant ses deux frères.

Les princes russes reçurent l'ordre de se rendre à la horde': Siméon ob

tint l'investiture. Pendant son absence, les Pskoviens appelèrent Olgerd à leur secours contre les Allemands, parce que Novgorod avait refusé d'épouser leur querelle. Olgerd parut devant Pskof, en qualité d'allié, accompagné d'une armée et de son frère Kestouti; mais les chevaliers livoniens défirent leur avant-garde, et coupèrent par morceaux un neveu de Gédimin, qu'ils avaient fait prisonnier. Les princes lithuaniens renoncèrent dès lors à agir en faveur de Pskof, qui sauva la retraite des Allemands. Les citoyens de Pskof, voyant qu'il fallait acheter plus nettement l'alliance d'Olgerd, lui offrirent leur principauté, en le priant d'embrasser de nouveau la religion chrétienne qu'il avait abjurée. Olgerd se contenta de leur envoyer son fils André, auquel il permit de recevoir le baptême; mais bientôt après, ce jeune guerrier rejoignit son père, et les Pskoviens recoururent à la protection de Novgorod. Cette ville, désolée par des incendies, était en proie à la turbulence des factieux. Cependant, lorsque ces troubles se furent calmés, elle songea, de concert avec Pskof, à faire la guerre aux Allemands, qui perdirent une bataille sanglante. Vers cette époque, et après une guerre de deux ans, le roi de Danemark céda à l'ordre tous ses droits sur l'Esthonie, pour dixneuf mille mares d'argent.

Dans le même temps, Olgerd s'empara des apanages de ses frères; et, maître de la Lithuanie, il porta ses regards du côté de la Russie; après quelques avantages, il exigea des Novgorodiens une satisfaction éclatante des injures qu'Eustache, un de leurs possadniks, s'était permises contre lui. Ce malheureux magistrat fut sacrifié à la sûreté de la ville. Olgerd tourna ensuite ses armes contre l'ordre Teutonique; mais, quelques mois après, le grand maître remporta sur les Lithuaniens une victoire signalée, et qui coûta cher aux villes de Vitebsk, de Polotsk et de Smolensk, dont les habitants combattaient sous les drapeaux lithuaniens.

Sur ces entrefaites, le roi Magnus 8 Livraison. (RUSSIE.)

convoqua à Stockholm un conseil d'État, où il proposa de convertir les Russes à l'Eglise latine. Comme l'argent manquait, le prince, au grand mécontentement des évêques, mit à contribution les trésors de l'Église qu'il voulait servir, et prit à sa solde un corps nombreux d'Allemands. Sans s'inquiéter des prédictions sinistres de Brigitte, fille de Birger, il fait une descente dans l'île de Bérésof, et propose aux Novgorodiens de choisir des docteurs, pour disputer avec des Suédois sur la supériorité des deux religions, ajoutant que la meilleure serait embrassée par les Suédois et par les Russes. Les Novgorodiens résistèrent à cette injonction étrange; et le roi Magnus, dont l'armée périssait par les maladies et le manque de vivres, dut se borner à la prise d'Orékhof et à quelques avantages insignifiants. Les Novgorodiens, reconnaissants des secours qu'ils avaient reçus de Pskof, déclarèrent que cette ville serait appelée la sœur oadette de Novgorod; et, ce qui valait mieux que ce titre, qu'elle aurait ses lois et son gouvernement à part. Cependant les Pskoviens abandonnèrent leurs alliés, au siége d'Orékhof, ce qui n'empêcha pas les Novgorodiens de prendre la ville et de pousser jusque dans la Norwége, après avoir battu les Suédois près de Vi bourg. Enfin la paix fut signée à Dorpat.

lui

Le grand prince, informé qu'Olgerd, pressé par les Allemands, avait envoyé au khan son frère Koriad, pour demander du secours, représenta à Tchanibek qu'il était peu séant à la dignité des Tatars de protéger un prince ennemi des Russes, ses tributaires: ces raisons parurent péremptoires, et au mépris du droit des gens, on livra à Siméon, Koriad et les ambassadeurs lithuaniens. Olgerd fut for. cé de dévorer cet outrage, l'état où se trouvait la Lithuanie ne lui permettant pas de s'attirer de nouveaux ennemis; il rechercha même l'amitié de Siméon, lorsque Casimir eut repris aux fils de Gedimin presque toute la Volhynie occidentale. Les persécutions du

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clergé grec par le roi de Pologne déterminèrent Siméon à recourir au prince lithuanien; il lui renvoya, moyennant rançon, Koriad et ses ambassadeurs. Au moment où Casimir s'y attendait le moins, Olgerd, Kestouti et Lubart chassèrent les Polonais de la Volhynie.

Les Pskoviens ne tardèrent pas à se brouiller avec les Lithuaniens, et ils renvoyèrent les lieutenants d'André, fils d'Olgerd, qui n'en resta pas moins l'allié de Siméon.

Les maux causés par la guerre, quelle que soit la cruauté du vainqueur, font sur l'esprit des hommes une impression moins terrible que ceux dont la Providence semble les frapper. La peste noire éclata à cette époque; elle avait désolé l'Asie; elle étendit ses ravages sur l'Europe, et la Russie ne put nombrer ses victimes, parmi lesquelles il faut probablement compter le grand prince, ses deux fils et son frère André qui moururent à cette époque. Siméon fut le premier qui prit le titre de grand prince de toutes les Russies.

LE GRAND PRINCE JEAN II IVANOVITCH.

1353-1358. Tchanibek désigna pour successeur du grand prince Jean Ivanovitch de Moscou. Il n'était pas de retour de la horde, qu'Oleg de Riazan, fils de Korotopol, redevenu maître de la principauté de son père, se déclara contre le grand prince. Il pilla tout ce qu'il ne put détruire, et commit d'atroces cruautés. Le débonnaire Jean évita la guerre avec Oleg, et supporta avec la même résignation la desobeissance des Novgorodiens, qui voulaient conserver pour leur prince Constantin de Souzdal : mais à la mort de ce dernier, ils reconnurent les droits du grand prince. André, fils de Constantin, fut confirmé par Tchanibek dans la possession de Nijni, Gorodetz et Souzdal. Olgerd, malgré ses alliances avec les princes russes, n'en inquiétait pas moins leurs provinces; il convoitait depuis longtemps Smolensk et Briansk qui n'avaient qu'une ombre d'indépen

dance. Cette dernière se soumit définitivement à la Lithuanie, en 1356. Oigerd s'était déjà emparé de la ville de Rjef, lorsqu'il fut obligé de revenir sur ses pas, rappelé par la résistance des habitants de Mojaïsk et de Tver.

Vers cette époque, des dissensions civiles éclatent à Mourom, à Tver, à Novgorod. Féodor chasse Youry de Mourom, qui succombe bientôt à son infortune; Vassili de Tver et son neveu, Vsevolod de Kholm, se traitaient en ennemis. Ce dernier fut livré par Tchanibek aux envoyés de son oncle; car tous ces débats se terminaient à la horde, qui, entre deux plaignants, favorisait le plus riche et le plus humble. Les habitants de Novgorod s'entre tuaient pour l'élection d'un possadnik, le gouverneur militaire de Moscou fut trouvé assassiné sur la place de la ville. Enfin, sous le règne du faible Jean, l'Église elle-même n'était qu'un théâtre de troubles et de scandale; cependant, au milieu de ces crimes de toute espèce, l'attention se repose sur quelques exemples de vertus. Le métropolitain Alexis, dont la sainteté était en grande vénération, fut mandé par le khan dont l'épouse était dangereusement malade, et cette princesse ayant recouvré la santé, il parvint, par le crédit que lui valut cette cure attribuée à ses prières, à faire cesser les vexations dont les Russes étaient l'objet. Tchanibek périt assassiné par son fils Berdibek. Les prétentions avides et la cruauté du nouveau khan faisaient trembler les Russes; cependant Alexis parvint à désarmer le courroux de ce Tatar. Jean termina ses jours à l'âge de trente-trois ans. Son caractère forme. un contraste frappant avec celui de son prédécesseur. Sous son règne la Valachie se constitua en principauté; ses chefs, de même que ceux de la Moldavie, prirent le titre de voïévodes.

LE GRAND PRINCE DMITRI CONSTANTINOVITCH.

1359-1362. Koupa venait de succé der au khan Berdibek; ses deux fils avaient été convertis au christianisme,

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