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et ce progrès annonçait aux Russes des jours plus heureux'; mais ce prince et ses fils furent assassinés par Naurous, descendant de Genghis-khan. Ce dernier éleva Dmitri de Souzdal à la dignité de grand prince, substituant sa volonté au mode ordinaire de succession.

Dans le Nord, Olgerd marchait de conquête en conquête, et menaçait déjà la province de Tver. Heureusement pour la Russie, le royaume de Kaptchak s'énervait de jour en jour, et périssait de ses propres violences: Khidyr, capitaine tatar, massacre Naurous et se fait proclamer grand khan; il est assassiné lui-même par son fils Témir Khoja qui règne six jours. Les khans se détrônent et s'égorgent; les provinces se morcellent, et les Russes ne savent plus à qui porter l'hommage et le tribut. Au milieu de tous ces troubles, Dmitri Ivanovitch de Moscou se déclare compétiteur du grand prince, et le somme de comparaître avec lui devant le khan de Saraï, tant l'habitude avait façonné les princes russes au joug de ces Tatars affaiblis. Mourouth, que pressaient alors les armes de Mamaï, crut qu'il lui serait avantageux de se décider en faveur du prince de Moscou. Dmitri Constantinovitch s'enfuit à Souzdal, et son rival prit les rênes de l'empire, à l'âge de douze ans, mais entouré de sages conseillers.

LE GRAND PRINCE DMITRI IVANOVITCH, SURNOMMÉ DONSKOI.

1363-1389. Dmitri, pour affermir son autorité, essaya d'abord de se concilier la protection d'Audoul, rival de Mourouth: son premier protecteur s'en offensa, et donna la grande principauté au prince déchu: mais Dmitri n'en tint aucun compte, et son ennemi vaincu dut se contenter de Souzdal. La puissance russe gravitait autour de Moscou, et la volonté ferme de Dmitri brisait le faisceau des apanages héréditaires. Les souverains de Galitch, de Starodoub, de Rostof, durent reconnaître la suprématie de la ville libératrice. L'incendie de Moscou et les

ravages de la peste ne décourageaient point Dmitri; il jette les fondements d'un kremlin en pierre; dans différentes rencontres, les chefs tatars sont battus par leurs tributaires; les fils des Slaves se ressouviennent de leurs ancêtres, et ces avantages partiels en font présager de plus grands encore. Cependant les troubles de Tver et la conduite artificieuse du grand prince envers le prince Michel, attirèrent sur la Russie les armées du terrible Olgerd, qui avaient déjà ravagé la Podolie, la Tauride, et dévasté Kherson. Le Lithuanien, dont l'âge n'avait point refroidi l'ardeur guerrière, pénètre en Russie, et détruit les troupes du grand prince, commandées par le voievode Minin, à la sanglante journée de Trosten. Des bords de ce lac, il marche sur Moscou, dévaste les environs, et, chargé de butin, il se retire sans donner l'assaut à la ville qui dut son salut à l'hiver et à ses tours de briques. Quelque temps après, les Novgorodiens, réunis à ceux de Pskof, forcèrent les Livoniens à lever le siége d'Isborsk, et firent la paix avec l'Ordre Teutonique.

Michel de Tver, attaqué de nouveau par Dmitri, essaya en vain de lui opposer les Tatars, et se vit forcé de chercher un refuge à Vilna. Olgerd épousa encore une fois sa querelle, et vint camper devant Moscou. Un hiver précoce et la nouvelle que l'ordre Teutonique se préparait à l'attaquer, lui firent rebrousser chemin, après avoir fait la paix. Michel, abandonné des Lithuaniens, eut recours aux khans; mais Dmitri se rendit à la horde, et fut confirmé dans la grande principauté. Les chroniques parlent d'une troisième invasion d'Olgerd, qui se termina par un accommodement. Mais d'autres dangers menaçaient la Russie. Les ambassadeurs du khan Mamai avaient insulté Dmitri Constantinovitch dans sa résidence de Nijni; le peuple les massacra avec leur suite. Mamaï irrité envoya une armée qui ravagea les environs de cette ville. L'infatigable Michel profite de cette circonstance; il sollicite et obtient la promesse d'une coopération active de la part d'Olgerd

et de Mamaï; mais impatient d'en venir aux mains, il entame seul les hostilités. Le grand prince fait face de tous côtés, et trouve dans la soumission des princes apanagés de puissantes ressources; il s'empare de Mikoulin et investit Tver, tandis que ses lieutenants désolent toute la province. Les habitants de Tver firent une défense héroïque; mais, réduits à l'extrémité, ils se virent contraints de se rendre, et Dmitri en usa généreusement envers le prince vaincu.

Peu de temps après, le grand prince envoya une armée en Bulgarie, et imposa un tribut à la ville de Kazan dont la fondation remontait à Saïn, fils de Bâti, ou à Bâti lui-même. Cependant les Tatars, sous la conduite d'Arapcha, surprirent les Russes sur la rivière de la Piana, leur tuèrent beaucoup de monde, et s'emparèrent de Nijni qu'ils livrèrent aux flammes. Riazan eut le même sort. Bientôt les Russes prirent une éclatante revanche sur les bords de la Voja et battirent pour la première fois les Tatars en bataille rangée. Mamaï furieux s'abattit sur la province de Riazan qu'il mit à feu et à sang, et se retira méditant une vengeance plus complète. Sans ces luttes fréquentes et acharnées qui occupaient l'énergie des barbares, c'en était fait sans doute de l'Europe occidentale.

Cependant Olgerd était mort; son fils Jagellon qui lui succède fait périr le vieux Kestouti, compagnon de gloire de son père, et oblige Vitovte à se réfugier en Prusse. Dmitri profita habilement de ces divisions pour réunir à la grande principauté quelques provinces que les Lithuaniens avaient conquises sur le territoire de la domination russe.

Tandis que Dmitri était occupé des affaires du Nord, il apprend que la horde fait des préparatifs d'invasion. Mamaï n'annonçait rien moins que l'intention d'anéantir la Russie; il avait grossi son armée de Polovtsi, de Tcherkesses et autres peuplades avides de pillage, et s'était ménagé l'alliance de Jagellon. Le prince de

Riazan, l'artificieux Oleg, n'avait pas rougi de se liguer avec l'étranger, espérant sauver son apanage, lorsque Moscou aurait succombé. La résolution de Dmitri de résister à cette puissante coalition, excite partout l'enthousiasme; les Russes se souviennent des exploits de leurs ancêtres, pour les égaler, de leurs désastres, pour en tirer vengeance: les provinces se lèvent et envoient vers le grand prince tout ce qui est en état de combattre. Ces troupes, le dernier espoir de la Russie, reçoivent la bénédiction de Serge, abbé du monastère de la Trinité. Vous vaincrez, leur dit-il, mais la victoire vous coûtera cher. Il leur associe deux moines qui jadis avaient porté le casque, et faisant le signe de la croix sur leurs bonnets: Voilà, leur dit-il, une arme qui ne périt jamais, qu'elle vous tienne lieu de cuirasse! Les princes de Briansk et de Polotsk amenèrent des renforts à Dmitri. Ces chefs, fils d'Olgerd, étaient contraires à Jagellon. Déjà l'armée russe était forte de plus de cent cinquante mille hommes. Alors arrivent au camp de Dievitchie les ambassadeurs de Mamaï, pour exiger l'ancien tribut. Dmitri semble hésiter; il consent, dit-il, à payer un tribut modéré, mais il ne ruinera pas ses peuples pour gorger d'avides étrangers: une telle réponse valait un défi. Le grand prince reçoit encore quelques renforts; il passe l'Oka, et tant d'activité fait trembler Oleg. Cependant Dmitri s'approche du Don, où son nom va trouver un baptême de gloire; le fleuve est traversé pour couper toute retraite aux lâches et pour isoler les Mongols des auxiliaires lithuaniens qui s'approchent : l'armée se déploie dans les champs de Koulikof. La victoire resta longtemps indécise; déjà les Tatars s'étaient oùvert un chemin jusqu'aux grands drapeaux, lorsque le prince Vladimir Andréiévitch, qui commandait la réserve, sort des bois qui le couvraient, et fond sur l'ennemi étonné qui plie et prend la fuite. Mamaï, témoin de la défaite des siens, s'écrie: Le Dieu des chrétiens est puissant! et il est en

traîné dans la déroute générale. Cent mille morts, un matériel immense et un riche butin furent le résultat de cette journée qui valut à Vladimir le surnom de brave, et à Dmitri celui de Donskoï. A cette nouvelle, Jagellon rebroussa chemin en toute håte, et le grand prince retourna en triomphe dans sa capitale. Il fit une grande faute en agissant comme si les Tatars étaient anéantis. Mamaï n'eut pas le temps de se venger des Russes. Vaincu par Tokhtamouisch qui avait su se ménager la faveur de l'émir Tamerlan, il mourut misérablement à Caffa. Mais son rival se chargea de venger le nom tatar; l'été suivant il exigea des princes russes le tribut accoutumé. Un refus superbe fut le résultat de cette démarche. Tokhtamouisch emploie une année entière à faire ses préparatifs; enfin il pénètre en Russie, guidé par ce même Oleg dont la générosité de Dmitri n'avait pu désarmer la haine. Ici la voix grave de l'histoire s'élève contre Dmitri. On perd le temps en vaines délibérations, et au lieu d'aller chercher l'ennemi en rase campagne, on s'enferme dans les forteresses; le grand prince s'enfuit à Kostroma avec sa famille; on s'estime heureux de pouvoir résister, mais on n'espère plus vaincre. Cependant la présence des Tatars rendit aux Russes le courage du désespoir: pendant trois jours, Moscou repoussa les infidèles; enfin la ruse achève l'œuvre de la force; Tokhtamouisch feint de vouloir entrer en négociations; il pénètre dans la ville, brûle, pille ou massacre tout, et ses troupes se répandent dans la grande principauté où elles n'épargnent pas les terres de leur auxiliaire Oleg. Dmitri revint à Moscou qu'il avait abandonnée à l'heure du danger, et essaya de réparer le désastre. Il punit sévèrement les Riazanais de leur défection, et leur ville fut détruite de fond en comble; mais en même temps il envoya son fils Vassili s'humilier en son nom devant Tokhtamouisch: enfin il se réconcilia avec Oleg, par l'entremise de l'abbé Serge.

Cependant les Novgorodiens, qui

avaient fait quelques cessions de territoire à un prince de Lithuanie, avaient encouru le mécontentement du grand prince; un grand nombre d'entre eux, sous le nom de braves gens, allaient piller au loin sans s'inquiéter des limites, et au mépris du nom russe. Dmitri marcha contre cette ville turbulente, et lui accorda la paix à condition qu'elle reconnaîtrait sa suzeraineté. Quelque temps avant, la Lithuanie s'etait faite chrétienne; mais, ayant adopté la communion latine (1386), elle se montra hostile contre les Russes attachés au rit grec. Dmitri, qui n'avait osé qu'une fois vaincre les Mongols, craignit de se déclarer contre les Lithuaniens. C'est vers cette époque que Vassili, fils du grand prince, s'enfuit de la horde, pour venir recueillir les derniers soupirs avec la succession de son père, qui ferma les yeux à l'âge de quarante ans, emportant avec la reconnaissance de ses sujets le titre glorieux de premier vainqueur des Tatars. Ce fut sous son règne que les Permiens furent convertis à la religion chrétienne, et que les Russes de la grande principauté commencèrent à faire usage de monnaies d'argent et de cuivre. On fixe aussi aux dernières années de Dmitri l'introduction en Russie de la poudre

à canon.

LE GRAND PRINCE VASSILI DMITRIÉVITCH.

1389-1425. Vassili, fils de DmitriDonskoi, reçut la couronne des mains de l'ambassadeur de la horde; et depuis lui, la dignité de grand prince devint l'héritage des souverains de Moscou. Le grand prince, à l'âge de dix-sept ans, épousa une fille de Vitovte, alors exilé par Yagaïlo. C'était s'assurer un point d'appui contre Yagaïlo, prince des Lithuaniens. Il se rendit ensuite à la horde où il obtint de Tokhtamouisch la réunion de quelques provinces à la grande principauté. Karamzin observe judicieusement que ces faveurs extraordinaires obligeaient Vassili à une alliance défensive avec Tokhtamouisch, que menaçait alors Tamerlan. De retour en Russie, son premier soin fut de s'emparer de Nijni,

et de fondre ainsi dans l'apanage de Moscou l'ancienne principauté de Souzdal. L'autocratie, qui seule pouvait affranchir le sol russe, sapait lentement les derniers obstacles. Vassili, non moins résolu que patient, imposa ses volontés à Novgorod, qui refusait l'impôt à tout autre titre qu'à celui de présent, et qui ne voulait point reconnaître le pouvoir judiciaire du métropolitain de Moscou. Russe dans sa politique, il se montra Tatar dans ses vengeances; il fit cruellement torturer soixante et dix citoyens de Torjek qui avaient méprisé ses ordres.

Cependant un ennemi redoutable, le terrible Tamerlan, déjà maître de l'Asie, poursuivait dans le Nord Tokhtamoufsch, qu'il avait déjà vaincu près de l'emplacement actuel d'lékaterinoslavle. Il traverse le Volga et pénètre dans les provinces sud-est de la Russie. A cette terrible nouvelle, les Russes tremblent comme des victimes dévouées; mais Vassili se souvient qu'il est du sang de Dmitri-Donskoï; it assemble une armée, et s'apprête à lutter contre le khan de Samarcande, dont le pouvoir était reconnu par vingt-sept nations. Une image miraculeuse de la Vierge fut envoyée au camp de Koutchkof; et l'espérance vint renaître dans le cœur des Russes. Tamerlan remonte le cours du Don, marquant son passage par des dévastations; il va prendre la route de Moscou : tout à coup il s'arrête, reste quinze jours dans l'inaction, puis il se détourne vers le sud et disparaît, méprisant peut-être un ennemi trop pauvre, et qui ne pouvait lui apporter que des dépouilles bien chétives, comparées au butin qu'il avait trouvé à Smyrne et à Damas. Tamerlan redescendit le Don, detruisit Azof, et, maître de la Circassie et de la Géorgie, il s'arrêta au pied du Caucase pour y célébrer la fête de la victoire: bientôt il apprend que la ville d'Astrakhan est en pleine révolte, il marche contre la cité rebelle, la ruine, et reprend le chemin de ses frontières, abandonnant, comme il le dit lui-même, l'empire de Bâti au vent brûlant de la destruction.

Ces événements, si heureux pour la Russie, permirent au grand prince de s'occuper des Lithuaniens que commandait à cette époque le célèbre Vitovte, non moins habile guerrier que cruel et ambitieux. Il fit périr trois tils d'Olgerd, et donna Kief a Skirigaïlo. A la mort de ce dernier, qui fut empoisonné par un archimandrite, il s'empara de cette ville, ainsi que de toute la Podolie, et des domaines de Droutsk, d'Orscha et de Vitebsk. Bientôt après, il prend Smolensk et pousse ses incursions jusque dans la province de Riazan. Déjà la Lithuanie embrassait toutes les provinces de la Russie méridionale: Vassili, trop circonspect pour lutter de front contre Vitovte, fut le trouver à Smolensk, où les deux princes s'occupèrent de la délimitation des deux empires, et des moyens de s'opposer aux Mongols. Quelque temps après, Vassili et Vitovte enjoignirent aux Novgorodiens de rompre avec les Allemands; et sur leur refus, le grand prince leur fit la guerre. La valeur de ceux-ci arracha à Dmitri d'importantes concessions, et une paix qui mecontenta Vitovte.

Sur ces entrefaites, des événements importants se passaient à la horde. Tokhtamouisch, vaincu par TimourKoutlouk, se refugia à Kief, où il implora la protection de Vitovte. Le fier Lithuanien se flattait de l'espoir de lui rendre ses États, et d'aller attaquer Tamerlan au sein de son vaste empire. Il sollicita l'appui de Vassili ; çe prince n'était pas à la hauteur d'une telle entreprise: il aima mieux voir ses ennemis naturels se déchirer, que d'aider l'un à écraser l'autre, pour se trouver détinitivement a la merci du plus heureux. Toutefois, sans vouloir s'associer aux grandes entreprises de Vitovte, il envoya son frere Youry ravager la Bulgarie d'Orient, et cette expédition, heureuse pour les Russes, valut au grand prince le titre peu mérité de conquérant de la Bulgarie.

Vitovte, qui convoitait Moscou, tout en paraissant agir en faveur de Tokhtamouisch, rassembla son armée à Kief: elle était composée de Polonais,

de Lithuaniens, de Russes tributaires, et d'Allemands envoyés par le grand maître de l'ordre de Prusse.

Cependant un ambassadeur de Timour Koutlouk vint au camp, pour réclamer, au nom de Tamerlan, le transfuge Tokhtamouisch. Vitovte le renvoie et marche vers le Sud. Le Tatar fit des propositions de paix, mais c'était pour gagner du temps. Édigée, l'un des meilleurs généraux de Tamerlan, vint rejoindre Koutlouk; son arrivée rompit les négociations, et les deux armées en vinrent aux mains sur les bords de la Vorskla. Les deux tiers de l'armée lithuanienne furent détruits, et Tokhtamouisch abandonna le premier le champ de bataille. Le vainqueur poursuivit les fuyards jusqu'au Dniepr; et, après avoir laissé quelques-uns de ses lieutenants à Kief, il retourna dans ses domaines.

Vitovte, battu par les Mongols, ne perdit rien de son influence dans le Nord il reprit Smolensk que Youri avait réussi à lui enlever. Ce dernier alla chercher asile et protection à Novgorod, qui, à cette époque, voyait avec inquiétude la politique ambitieuse du grand prince.

Peu de temps après, on vit éclater l'inimitié de Vassili et de Vitovte; le premier n'avait pas craint de demander des secours aux Mongols contre le Lithuanien; mais ces deux chefs semblaient redouter une affaire décisive après de longues négociations, on convint que le cours de l'Ougra, dans le gouvernement actuel de Kalouga, formerait la limite entre leurs États respectifs. Plusieurs villes furent ainsi rendues à la Russie.

Tokhtamouisch n'était plus; le grand prince offrit un asile à ses fils. Edigée lattait à la fois Vassili et Vitovte, essayant inutilement de les armer l'un contre l'autre enfin il se décide à soumettre le premier, et voile si adroitement son dessein, qu'il marche sur Moscou, avant qu'on ait pu s'y préparer à la résistance. Vassili s'enfuit à Kostroma, laissant à Vladimir le Brave le soin de défendre sa capitale. Édigée détacha trente mille hommes

vers Kostroma, et somma Jean, prince de Tver, de venir le joindre; mais ce dernier rentra dans son apanage, sous prétexte de maladie. L'absence de machines de siége, et surtout les troubles survenus à la horde, déterminèrent Edigée à la retraite, à l'instant où la famine avait réduit les Moscovites à la dernière extrémité. Vassili revint en bâte dans sa capitale, et bientôt après il partit pour la horde, afin de s'y ménager la faveur du nouveau khan, en se soumettant à la condition humiliante du tribut. Il mourut à l'âge de cinquante-trois ans avec la réputation d'un prince habile, après avoir tenu en échec la puissance des Lithuaniens, plus dangereuse pour la Russie que celle des Mongols, et emportant la gloire d'avoir imprimé à l'empire une direction monarchique, seul moyen de salut au milieu de tant d'ennemis puissants, intéressés à sa ruine. Une de ses filles, nommée Anne, avait épousé l'empereur Jean Paléologue.

LE GRAND PRINCE VASSILI VASSILIÉVITCH L'AVEUGLE.

1425-1462. Vassili n'avait que dix ans lorsqu'il succéda à son père. Le règne de ce prince fut signalé par des troubles et des révoltes: ses conseillers furent sur le point de détruire les résultats dus à la politique de Dmitri Donskoï et de son fils. Vitovte terminait sa longue et glorieuse carrière; politique délié et guerrier infatigable, il avait resserré d'une main puissante le réseau des frontières russes, et porté au plus haut degré la gloire des armes lithuaniennes, qui sembla s'éclipser avec lui.

Des difficultés sur la succession s'étaient élevées entre Vassili et son oncle Youry; la horde en décida en faveur du premier. Dans ces mesquines prétentions, la fortune semblait dédaigner de prendre parti. Vassili tombe au pouvoir de son rival, qui s'empare de Moscou, pour la restituer bientôt après. Les chances de la guerre lui redeviennent encore une fois favorables, et le grand prince est forcé de s'exi

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