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de Moscou dans les matières politiques. Le mécontentement se manifesta dans toutes les classes, et il se forma une secte, les Raskolniks ou schismatiques, qui rejetaient avec obstination toutes les nouvelles réformes. Opiniâ tres dans leur croyance, ils se distinguaient par une grande probité; car le bien est presque toujours le prétexte du mal dans les plus grandes aberrations de l'esprit humain. Leur nombre devint plus considérable à mesure que la persécution les frappait. Nikon, entier dans ses vues, oublia la sainteté de son caractère jusqu'à faire supplicier les non-conformistes (*).

Nikon, en butte à tant de haine, perdit la faveur du prince. Il avait, dit-on, conseillé la guerre contre la Pologne; on lui en attribua les succès et les revers avec la même injustice. Pour prévenir une disgrace éclatante, il voulut redescendre aux simples fonctions monastiques; et il utilisa ses loisirs en rassemblant les vieilles chroniques, dont il composa la premiere histoire que l'on ait de la Russie. Ses ennemis le poursuivirent jusque dans sa retraite; le tsar, cédant à leurs instances, le dépouilla de la dignité patriarcale, et le relégua dans un couvent du Biélo-Ozéro. Nikon supporta ce changement de fortune avec une résignation toute chrétienne, et dédaigna de se justifier. Il fut rappelé de cet exil sous le règne suivant, pour prendre la direction d'un couvent qu'il avait lui-même fondé; mais il mourut en chemin près d'Yaroslavle.

Vers l'année 1669, un Cosaque du Don, nommé Stenko-Razin, se met à la tête d'une troupe de brigands; il pille les barques qui descendaient le Volga pour se rendre à Astrakhan, s'empare de quelques villes, et massacre les officiers envoyés d'Astrakhan pour l'engager à rentrer dans le devoir. Le gouverneur lui oppose un corps considérable, commandé par le stolnik Bogdan Sivérof. Les Russes

(*) Aujourd'hui, qu'une politique plus sage préside à l'administration de l'empire, le nombre de ces sectaires a bien diminué.

sont taillés en pièces, et plus de mille gentilshommes restent sur la place. Après cet exploit. Stenko-Razin se retire sur les bords du laïk, et s'établit dans la place d'Iaïtskoï. Un autre aventurier, rommé Serge Krivoï ou le louche, se joint à lui, apres avoir battu les strelitz sur le Volga; ces deux chefs se jettent sur la Perse, mettent tout à feu et à sang, pillent ce qu'ils peuvent emporter, et font prisonnier le fils du gouverneur du Ghilan, dans une bataille où ce dernier est complétement battu. Le tsar, informé de leurs brigandages, confie au prince Prosorovski le gouvernement d'Astrakhan : le voïévode fait sommer Razin de sortir de la Perse. Cet aventurier, dont l'armée était réduite de moitié, feint de se soumettre, et envoie à Moscou quelques Cosaques pour demander son pardon. Alexis se laissa fléchir, et dirigea ces envoyés sur Astrakhan, en les faisant escorter par un officier que ces traîtres égorgent en route. Razín avait eu le temps de réparer ses pertes. Dans ses expéditions, il se montrait cruel envers les nobles, et appelait sous ses drapeaux les serfs et les paysans, en leur promettant une liberté dont ils n'étaient jaloux que parce qu'elle leur promettait le pillage et l'impunité. Les hordes qu'avaient soulevées les faux Dmitri, n'avaient pas d'autres motifs; mais alors le prétexte de la révolte était la légitimité dont la plupart de ces hommes de proie ne se souciaient guère. L'audacieux Cosaque assiege et prend Tsaritzin, bat un corps de strélitz envoyé contre lui de Moscou, et prend la ville de Tchernoï Jar, dont les habitants sont passés au fil de l'épée. Le gouverneur d'Astrakhan essave en vain d'arrêter le rebelle qui entretenait des intelligences dans la place. Razin escalade les remparts pendant la nuit; et les strélitz, de concert avec les Cosaques, massacrent les habitants et la garnison. Prosorovski tomba sous les coups des assassins, frappé d'un coup de lance Maître d'Astrakhan, Razin y laisse deux lieutenants, qui font périr l'archevêque dans les plus cruels supplices, et exercent

sur une foule de victimes, des atrocités dignes de pareils libérateurs. Il pénètre ensuite dans la Russie pour y poursuivre le cours de ses déprédations. Enfin, la fortune abandonna cet aventurier. Miloslavski marche sur Astrakhan, défait les rebelles, se fait livrer par trahison les deux lieutenants de Stenko, et finit par obtenir la soumission de la ville. D'un autre côté Razin, complétement battu par le prince Dolgorouki, est envoyé Moscou et exécuté publiquement. Razin est un des hommes les plus extraordinaires qu'ait produits la Russie; il joignait le coup d'oeil d'un général habile à l'astuce d'un brigand et au courage d'un conspirateur déclaré, qui n'a d'autre alternative que le succès ou le supplice. Il avait transporté judicieusement le théâtre de la révolte aux extrémités de l'empire, où le pouvoir du tsar était sans cesse menacé par des peuplades turbulentes et guerrières, plutôt contenues que soumises; mais longtemps victorieux, le premier revers devait l'abattre, en détruisant le prestige qui l'avait jusqu'alors entouré."

A la mort de la tsarine, Alexis avait épousé Nathalie, fille du colonel Narichkin, qui devint son ministre, et contribua puissamment à la prospérité de l'empire par la sagesse de son administration. Durant les dernières années de ce règne, la Russie jouit d'une paix profonde. Sous Alexis, les étrangers trouvèrent en Russie une protection moins tracassière. Des écoles s'ouvrirent; les manufactures furent encouragées; on fit même quelques essais de constructions navales; mais ce qui distingue surtout cette période importante de l'histoire russe, c'est le code connu sous la dénomination d'Oulajénié. Cette compilation, bien imparfaite, sans doute, des anciens règlements et des ordonnances des tsars, est précieuse pour l'histoire, en ce qu'elle donne une idée exacte des mœurs du temps. C'est à ce titre que nous croyons devoir exposer brièvement les dispositions les plus saillantes des premiers chapitres.

L'ancien code ou Rouskaïa Prav

da, qui fut en vigueur jusqu'au temps de l'invasion des Mongols, cessa d'être appliqué durant les deux siècles de la domination étrangère : Ivan le modifia dans l'intérêt de son despotisme; et dans les règnes suivants il retomba dans l'oubli, la nouveauté des circonstances imprimant souvent aux actes de l'administration un caractère exceptionnel. En 1650, Alexis appela les hommes les plus capables de l'empire à la confection d'un corps raisonné de lois. Chaque province, tous les ordres de l'Etat, boyars, citoyens, marchands, devaient concourir à cette œuvre de régénération. Mais, malgré tous ses efforts, l'influence du clergé et des nobles exerça dans la discussion des articles une influence que les députés d'une classe inférieure ne pouvaient contre-balancer.

Le premier chapitre traite des peines encourues par les blasphémateurs et par ceux qui troublent le service divin. Ce délit est puni sévèrement, et même de mort dans les cas graves. Dans le second, la loi s'occupe des crimes de trahison, de lèse-majesté et de non révélation. Les coupables sont livrés au supplice. Le troisième est consacré aux querelles, violences et larcins commis dans le palais du tsar. Le châtiment peut aller jusqu'à la peine capitale. Le quatrième fixe la même peine pour la falsification des actes émanés des bureaux du gouvernement. Le cinquième frappe d'une amende l'orfévre qui altérera le titre des métaux, et condamne le faux-monnayeur à recevoir du plomb fondu dans la bouche. Le sixième interdit aux Russes de voyager à l'étranger sans passe-port.

Jusqu'ici ces dispositions, si elles font honneur à la sagesse des juges, n'en font guère à la nation; sans doute le vol et la ruse étaient communs sur une terre esclave, mais le luxe des répressions signale plutôt le vice des institutions, qu'elles n'accusent le peuple placé entre le principe qui corrompt, et la loi qui frappe. L'homme qui ne possède rien en propre ne peut se faire qu'une idée imparfaite de l'inviolabilité des biens et des personnes.

Placé, pour ainsi dire, en dehors du droit commun, il fait à ses risques et périls une guerre de ruse ou de force à l'arbitraire et au privilége.

Le septième chapitre détermine la contribution exigible en temps de guerre pour la solde et l'entretien des troupes. Ce point qui, par l'importance de son objet, méritait un soin tout particulier, a été traité avec sagesse et prévoyance; ici, du moins, les charges ne tombent que sur les personnes en état de les supporter, et la justice se trouve d'accord avec l'humanité. Le huitième, rédigé dans le même esprit, n'exempte personne du tribut nécessaire à la rançon des prisonniers; et ce qui est digne d'attention, c'est que les biens de la couronne et les domaines ecclésiastiques sont taxés en raison de leur valeur ou de leurs revenus. Le neuvième est tout en faveur du clergé, des gentilshommes et des militaires qu'il exempte de tout droit de péage et de douane. Entre autres dispositions, il est défendu aux employés préposés à la perception de ces droits, de casser la glace des fleuves, pour forcer les voyageurs à passer par telle ou telle direction. Le dixième concerne les juges, auxquels il est enjoint de terminer sans délais les procès et les différends entre les nationaux ou les étrangers, avec défense de recevoir quoi que ce soit de leurs parties. Il permet aux plaideurs de récuser leurs juges pour motifs légitimes, et punit sévèrement les faux dans les pièces, soit de la part des ayants cause, soit par le fait du secrétaire ou des commis. Ce chapitre contient, entre autres articles, un dispositif curieux ou tarif des peines et des amendes infligées pour insultes, suivant la gravité du cas, le rang de la personne offensée, et celui de l'offenseur. C'est une échelle assez curieuse de la valeur des hommes.

Si un boyar, un gouverneur, un conseiller du prince insulte le patriarche, il sera livré à sa discrétion. Si l'insulté est métropolitain, l'offenseur lui payera quatre cents roubles; trois cents pour un archevêque et deux cents

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pour un évêque. Faute de pouvoir payer, il sera mis à la discrétion du plaignant. Si l'offenseur est d'une condition inférieure, c'est-à-dire, un petit gentilhomme, un simple employé, un citoyen ou un étranger, il sera puni du knout ou des batogues, et de la prison, s'il s'agit du patriarche ou d'un métropolitain; et d'une amende proportionnée au rang de l'offensé, si ce dernier est un membre du clergé de second ordre; l'amende baisse successivement pour les monastères subordonnés, de sorte que tel abbé n'a droit qu'à une indemnité de dix roubles, et le simple moine qu'à cinq. Nous ne parlerons pas des amendes fixées pour punir l'injure qui s'adresse aux autres corps de l'État, nous nous contenterons de faire remarquer une disposition en faveur des femmes et des filles. Une fille insultée reçoit le double de sa mère, et celle-ci deux fois autant que son mari, tandis que le fils n'a que la moitié de l'indemnité accordée à sa sœur. Cette protection donnée au sexe le plus faible a de quoi étonner dans un pays où le mari avait le droit de maltraiter sa femme à titre de correction.

On voit, par ce que nous venons d'extraire de l'Oulajénié, ce qu'était la Russie en 1650, et quelle devait être précédemment la confusion des lois, que remplaçait avec avantage un tel code. Nous ajouterons que, sous le règne d'Alexis, la noblesse russe commença à faire usage des armoiries, qu'elle emprunta aux Allemands et aux Polonais. Ce prince mourut à quarante-huit ans il commença presque toutes les grandes réformes qui furent les plus belles conquêtes de Pierre le Grand. Ceux qui reprochent à Pierre d'avoir été trop vite, accusent Alexis de s'être montré timide dans les améliorations; tant il est difficile d'échapper à la censure de l'histoire, où chacun apporte ses préjugés et ses sympathies. Il était naturellement juste et bon, quoique emporté, mais il laissa faire le mal par ses ministres. On lui reproche des actes arbitraires, et même quelques saillies de cruauté; son excuse était dans les hommes qui l'en

touraient, et dont les pères avaient pu jouer un rôle actif dans les désordres et les crimes des règnes précédents. Une accusation plus fondée, c'est l'établissement de la chancellerie secrète qui étendait un vaste réseau sur tout l'empire, et qui mettait la vie et la fortune des citoyens à la merci des délateurs. Slovo i dielo (c'est-àdire, la parole et l'acte), ces trois mots suffisaient au dénonciateur pour faire jeter un citoyen dans les prisons. Mais le délateur devait soutenir l'accusation de complot contre le tsar, et il était soumis lui-même au supplice du knout, circonstance qui devait singulierement réduire le nombre des dénonciateurs. Au reste, les conspirations qui s'étaient succédé presque sans interruption depuis le règne de Jean IV, expliquent assez cette mesure, si elles ne suffisent point pour l'excuser. Il parait même que le prince s'en servit plutôt comme d'un moyen de simple police que pour la répression des délits politiques; car les vols à main armée, les meurtres et les attentats audacieux parurent avec plus de saillie sous un regne qui avait rétabli l'ordre dans toutes les branches de l'administration. Le commencement de la réforme militaire date également de cette époque; cependant, on regrette qu'Alexis ait mieux aimé mettre en avant les régiments étrangers, que d'en tirer d'habiles instructeurs pour discipliner ses propres troupes. Pour juger équitablement du merite d'un souverain, il faut se faire une idee exacte de l'état où il a trouvé son peuple, et de celui où il l'a laissé. La Pologne humiliée; la Suède forcée à ceder ses conquêtes; les Cosaques de l'Ukraine détachés de la Lithuanie; des relations suivies avec l'Europe, qui commence à comprendre ce que peut deja la Russie et ce qu'elle pourra un jour; les Turcs et les Tatars contenus; voilà des resultats plus que suffisants pour illustrer un prince. Mais si l'on ajoute que ce prince fut législateur, ou du moins qu'il fit tout pour l'être, qu'il fonda des écoles et des manufactures, et prépara en tout 13 Livraison. (RUSSIE.)

la voie à son successeur, on ne pourra sans partialité refuser à un tel souverain un rang honorable parmi ceux qui ont amélioré la condition des peuples. Alexis avait eu de son premier mariage cinq fils et huit filles. Ivan, Feodor et Sophie lui survécurent seuls, du moins l'histoire ne fait aucune mention des autres; sa seconde femme lui avait donné Nathalie et Pierre, qui mérita plus tard le nom de Grand.

FÉODOR ALEXÉIÉVITCH.

1676-1682. Féodor, désigné successeur, était d'une santé languissante; mais son esprit était juste et son ame élevée. Chargé du poids des affaires à l'âge de dix-neuf ans, il suivit, avec une constance éclairée, la marche civilisatrice que son père avait tracée. Des la seconde année de son règne, la guerre menaça d'en troubler la tranquillité. Les Tatars, réunis aux Turcs, vinrent assiéger Tchiguirin, place que les Cosaques zaporogues avaient cédée au tsar Alexis. Les Tatars furent défaits; mais les Turcs emportèrent la ville, qu'ils rendirent bientôt après, à la suite d'un traité qui fut conclu en 1681. Le Grand Turc renonça à toute prétention sur l'Ukraine, et les Cosaques furent reconnus indépendants, sous la protection de la Russie. Dans cette guerre, terminée par la médiation de la Pologne, Feodor déploya du courage et de la fermeté.

Un de ses ministres, le prince Galitzin, frappé de l'inconvénient qui résultait pour le service, des prétentions des nobles, au sujet de leurs prérogatives, entreprit de remédier à cet abus, et persuada au tsar de détruire les titres et les chartes qui donnaient naissance à tous ces différends. Devant l'ennemi, on avait vu des boyars refuser d'obéir à leurs chefs, par la seule raison que leurs ancêtres avaient commandé, au lieu d'obéir. Dans la nomination aux charges de la couronne, et jusque dans le cérémonial ordinaire, la volonté du prince se trouvait gênée par des résistances

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opiniâtres autant que futiles, où souvent le plus digne était obligé de le céder à son compétiteur, si celui-ci descendait d'une famille plus considé rable. Un autre motif, que les historiens ont passé sous silence, et qui dut contribuer à cette mesure, c'est que, depuis l'extinction de la dynastie de Ruric, plusieurs princes qui descendaient des anciennes familles régnantes, semblaient protester contre les Romanof, d'origine prussienne, par la simple exposition de leurs titres généalogiques, ce qui devait quelquefois embarrasser le conseil appelé à décider sur ces matières. Feodor, voyant que les châtiments infligés aux nobles, qui élevaient des prétentions mal fondées, ne pouvaient rien contre un abus si invétéré, manifesta l'intention de faire reviser soigneusement les registres titulaires, et les fit apporter dans son palais. Alors il convoque les chefs du clergé et les principaux boyars, et leur expose les inconvénients de ces luttes sans cesse renaissantes, où le bien de l'État est sacrifié à un orgueil chimérique. Le patriarche appuie les raisonnements de Féodor de l'autorité des saintes Écritures, et conclut en disant que le Saint-Esprit peut seul avoir inspiré au tsar la sage résolution de mettre fin à des abus si déplorables. La leçon venait de trop haut pour ne pas être écoutée. Les registres furent brûlés solennellement dans la cour du palais. Cependant le tsar etait trop prudent pour anéantir la noblesse, dans un pays où elle n'accepte l'autocratie qu'à la condition d'exercer des prérogatives qui la distinguent de la classe des serfs; son but était de la régénérer selon les conditions actuelles de son gouvernement, c'est-à-dire, d'en confisquer les priviléges au profit de sa propre autorité. En conséquence, il se hata de faire inscrire les nobles du premier rang sur un registre particulier, où l'on insera le nom des fonctionnaires nouveaux : c'est ainsi qu'il institua deux ordres de noblesse, dont la hiérarchie s'effaçait devant celle des emplois effectifs. On verra plus tard

que Pierre I fut obligé de réprimer le même abus; car il y a quelque chose de plus fort que le despotisme, ce sont les mœurs. On attribue à Féodor plusieurs règlements utiles: il établit des haras; remplaça les bâtiments publics, qui étaient en bois, par des constructions en briques; embellit la capitale et plusieurs villes, et ouvrit son épargne aux propriétaires dont la fortune ne pouvait se prêter à ces améliorations. I augmenta le nombre des écoles, et introduisit le plainchant dans les cérémonies de l'Eglise. Il projeta de fonder une académie, où F'on eut enseigné la grammaire, la rhé torique, la philosophie, le droit ecclésiastique et le droit civil. Dans le plan qu'il en a laissé, on a remarque un esprit tracassier et inquisitorial. On y punit du knout et des batogues, c'està-dire, du seul supplice connu dans le pays (la peine de mort exceptée), le professeur qui s'écarte de la religion orthodoxe. S'il persiste dans une opinion déclarée schismatique, il est condamné au feu, aussi bien que celui qui enseignerait la magie, ou qui manquerait de respect aux saintes images. Mais ces rigueurs tiennent au temps et aux pays: elles sont empreintes de la haine du clergé russe, tant de fois menacé par l'Église latine; et il serait injuste d'en rendre responsable un prince que le clergé dominait. L'important n'était pas de commencer par une université complète, mais de préparer les esprits, par les bienfaits de l'instruction, à toutes les améliorations successives. Y a-t-il si longtemps d'ailleurs que, dans notre Europe civilisee, on brûlait les sorciers et les hérétiques? Il se rencontre des historiens qui, tout imbus d'idées nouvelles, ne veulent pas tenir compte des nécessités du passé : ils accusent les générations entières qui ont entouré certains règues de louanges et d'amour, et les deshéritent du sens commun, parce qu'elles n'ont pas senti comme ils raisonnent.

Féodor mourut après un règne de cinq ans et demi. Il avait épousé en premières noces Agathe Groucheski :

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