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de la Néva, à s'emparer du fort de Nieuschantz, qui domine l'embouchure de ce canal. Schérémétief fut chargé de ce siége; le tsar, avec sa flottille, passa sous le feu des batteries suédoises, et s'avança jusque dans le golfe. Après cinq jours de tranchée, la place dut se rendre. Quelques bâtiments suédois, qui ignoraient le sort de cette forteresse, tombèrent au pouvoir des Russes: cependant ces derniers n'avaient, pour répondre à l'artillerie ennemie, que des grenades et un feu de mousqueterie. Pierre, qui s'était distingué par sa bravoure et son sang-froid dans ce dernier engagement, fut créé chevalier de SaintAndré par l'amiral Golovin, premier chevalier de l'ordre : c'était la recompense disciplinaire, celle de l'exemple; mais le souverain en recevait de la fortune une autre bien autrement flatteuse, c'était de voir son peuple grandir rapidement, sous l'influence féconde de son génie.

Charles, de son côté, poursuivait en Pologne ses rapides avantages. Auguste, non moins malheureux que brave, voyait se ralentir le zèle de ses partisans il fut même forcé de renvoyer en Russie l'armée que le tsar avait mise à sa disposition. Ce corps servit utilement dans la Livonie et dans l'Ingrie, et permit à Pierre de mettre à exécution le projet qui devait assurer le succès de tant de travaux et d'efforts.

1703. C'est dans une île de la Néva, à peu de distance du golfe de Finlande, où l'on n'aperçoit encore que quelques huttes de pêcheurs, que Pierre à trouvé l'emplacement d'une ville, qui, un siècle plus tard, sera la plus belle capitale du monde. Habitué à vaincre tous les obstacles, il triomphera de la nature elle-même. En vain des exhalaisons délétères sortent d'un sol marécageux; sa ville aura une belle position maritime voilà ce qu'il faut au fondateur. Quant au sol, ses Russes le feront. On lui objecte la difficulté de trouver des travailleurs; il en appelle de toutes les parties de son empire. On lui représente qu'il est peu prudent

de dépenser tant d'hommes et de trésors pour l'établissement d'un port et d'une cité jetée à l'extrémité de ses États, sur une contree recemment conquise il repond que cette cité sera la capitale de son empire, la mere de la civilisation russe. Il y appellera les grands dignitaires que suivront le luxe et l'industrie chacun mettra la main à l'œuvre, et la grandeur du but couvrira l'énormité des sacrifices.

Quelques écrivains ont pris à tâche de rabaisser la gloire de cette magnifique fondation. Ils ont accusé Pierre d'avoir manqué de discernement en créant Pétersbourg : d'abord, il n'était pas maître de choisir un emplacement plus convenable; les difficultés que présente le cours de la Néva ne sont pas insurmontables; et d'ailleurs le voisinage de Kronstadt assurait un port vaste et sûr pour sa marine militaire. L'éloignement des provinces centrales était une convenance de plus dans ses projets réformateurs. Un port sur la mer Noire eût donné lieu à la même objection, sans avoir les mêmes avantages: sa flotte eût été enfermée sur l'Euxin, sous le bon plaisir des sultans. Mais une des conséquences les plus fécondes de la détermination de Pierre, c'était l'action de la Russie rayonnant de cette nouvelle capitale sur les provinces voisines, si longtemps disputées entre les Suédois, les Polonais et les Russes. Elles ont reconnu, comme fatalement, le joug russe, dès que Petersbourg se fût élevé à côté d'elles comme leur capitale naturelle.

Cependant Schérémetief se rend -maitre d'Yama, depuis Yambourg, met le siége devant Dorpat, et s'empare d'une flottille suédoise sur le lac Peipus. En même temps, Pierre s'empare de Narva, en faisant prendre l'uniforme sué dois à un corps de Russes, stratageme qui lui ouvre les portes de la ville. De là il court à Dorpat, qui est enlevé d'assaut. Le tsar veut épargner aux habitants tous les maux qu'autorise le droit de la guerre ; il modère la fureur du soldat, et perce de sa main deux Russes qui ont osé désobéir à ses ordres. Alors il se présente à l'hôtel

de ville; et, déposant son épée sur une table, en présence des magistrats et des bourgeois : « Ce fer n'est pas teint du sang des habitants, leur dit-il, mais de celui de quelques-uns de mes soldats, que j'ai verse pour sauver le vôtre. Si cette conduite n'était que politique, elle dénote une grande habileté si elle lui fut suggérée par un sentiment d'humanité, elle honore l'âme de Pierre. A cette nouvelle Ivangorod se rendit sans résistance.

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Cependant le général Kraniort menaçait Pétersbourg : Pierre le défait en Carelie; et, pour couvrir sa ville naissante du côté de la mer, il ordonne la construction d'un fort sur l'îlot de Kotlin il en trace lui-même le plan, et charge Mentchikof de l'exécution.

Pierre solennisa les heureux succès de cette campagne par un troisième triomphe; et Moscou, si longtemps rebelle à sa propre gloire, salua les vainqueurs de ses acclamations.

Le roi de Suède poursuivait ses avantages en Pologne: après avoir battu les Saxons à Klissova et à Poltavesk, il venait de s'emparer de Thorn. La déchéance d'Auguste, déjà consommée, avait soulevé de nouvelles intrigues. Charles XII, qui d'abord avait favorisé l'election de Jacques Sobieski, appuyait le parti de Stanislas Leczenski. Ce jeune magnat, que repoussait le vœu général, et même Radzievski, fut élu, le 12 juillet, par une minorité qui ne représentait que le parti suédois.

Pierre semble s'attacher plus étroitement à son allié, à mesure que la fortune lui devient plus contraire; et, dans cette conduite, la politique était du même côté que la générosité : il entrait dans ses plans d'occuper son ennemi au cœur même de la Pologne, tandis qu'il pénétrerait en Livonie. Mais Schérémetief est battu en Courlande par Lövenhaupt, qui bientôt se retire devant le tsar, accouru au secours de son général, avec un renfort considérable. L'occupation de Mittau dédommagea les Russes de l'échec qu'avait essuyé Schérémétief. C'est dans cette ville que des soldats mosco

vites, désignés pour occuper une église, refusèrent de s'y établir, parce que les tombeaux qui s'y trouvaient avaient été fouillés et pilles par les Suédois: il fallut, pour vaincre leurs scrupules religieux, qu'un colonel de la garnison suédoise attestât, par écrit, que ses propres soldats étaient les auteurs de cette profanation. Il est probable que la discipline sévère que le tsar avait introduite dans ses troupes n'était pas étrangère à cette conduite, que plusieurs écrivains ont expliquée par le respect des Russes pour les sépultures.

De temps à autre, la répugnance de la nation pour les usages européens se manifestait par des murmures et des révoltes. Une sédition, fomentée par un jeune raskolnik, nommé Stenka, éclata dans la ville d'Astrakhan; mais elle fut bientôt réprimée par la présence de Schérémétief. Trois cents des plus coupables furent envoyés et exécutés à Moscou.

Leczinski venait enfin de s'asseoir sur le trône des Jagellons: Auguste, par une puérile ostentation d'un titre sans pouvoir, répond à ce nouveau revers par l'institution de l'ordre blanc. Cependant il se rend au camp de Tykoczine, près du tsar, qui essaye de relever son courage: il fait hommage à ce roi déchu des drapeaux enlevés à Stanislas par Mentchikof; et, ce qui valait mieux, il lui remet une armée, fournissant ainsi à son allié, avec l'exemple de la victoire, les moyens de l'obtenir. La mauvaise étoile d'Auguste rendit ce secours inutile le général suédois Renschild défait un corps saxo-russe dans la grande Pologne, ,et massacre ses prisonniers. Bientôt Charles, sans s'arrêter aux représentations réunies de presque tous les souverains de l'Europe, se jette dans la Saxe, et fait tout plier devant ses armes. Le tsar vole de Pétersbourg à Kief; il organise, encourage, et s'avance sous les ordres de Mentchikof, pour secourir ce roi sans sceptre, dont Pimpéritie va lasser enfin sa patience. Auguste venait de s'enfuir en Saxe, et de conclure avec Charles un traité honteux il a tout promis pour ache

ter des conditions moins défavorables. Il s'est engagé à livrer les Russes qui le soutenaient, et ce général Patkul, dont le courage et le dévouement méritaient une autre récompense.

La guerre continuait avec des chances diverses Pierre essuya un échec devant Vibourg; et Mentchikof battit les Suédois près de Kalisch, s'empara d'un matériel considérable, et fit prisonnier le général Menderfeld. Auguste, dont le traité avec Charles était encore secret, contribua, malgré lui, à cet avantage; et, par un effet bizarre de sa fortune, il se vit obligé de faire amende honorable pour cette victoire, qui l'embarrassait plus que n'eût fait

un revers.

Cependant Pierre se rend en Pologne, pour appuyer le parti contraire aux Suédois et à Stanislas: en renonçant à replacer sur le trône un allié aussi malheureux que faible et incapable, il ne négligeait rien pour retenir Charles en Pologne, dans la crainte que ce prince ne vint l'attaquer au Coeur de la Moscovie. Pour gagner du temps, il fit même quelques ouvertures d'accommodement par l'entremise d'un ministre de France en Saxe; mais Charles XII répondit avec arrogance, qu'il ne traiterait de la paix que dans Moscou. « Mon frère Charles, dit Pierre, veut faire l'Alexandre; mais il n'a pas affaire à un Darius. »

Depuis ce moment, Charles XII semble prendre à tâche de lasser la fortune de son camp d'Altranstadt, il fait trembler l'Europe, et, affectant un mépris insensé pour ses ennemis, il se charge, dit-il, de les chasser à coups de fouet de Moscou et du monde entier. Pierre répondait à ces bravades par un redoublement d'activité ; son génie a compris que l'instant décisif est venu; il ne néglige aucun moyen humain pour envelopper son rival dans ses fautes, et il met au nombre de ses chances de succès le dédain même de son orgueilleux adversaire. Il anime les troupes de sa présence, court à Grodno, y laisse quelques bataillons, et s'éloigne après avoir donné à ses

généraux l'ordre de se retirer devant l'ennemi.

Charles XII foule enfin le sol russe; il a franchi la Bérésina, et, trop confiant dans les promesses de Mazeppa, hetman des Cosaques de l'Ukraine, il s'enfonce dans un pays inconnu et sans ressources; il attendait un secours de seize mille hommes que lui amenait le général Lövenhaupt. Pierre l'apprend, et s'avance à marches forcées pour empêcher cette jonction; il rencontre l'ennemi à Lesno, et, quoique inférieur en nombre, puisqu'il n'avait que onze mille soldats, il bat Lövenhaupt, s'empare de sa caisse, de ses bagages et de son artillerie. Avant l'action, il avait donné l'ordre à ses Cosaques de tirer sur quiconque fuirait, fût-ce sur lui-même. Cette bataille de Lesno, comme il l'a dit luimême, fut la mère de celle de Poltava.

L'étoile de Charles commençait à pâlir; Rosen avait été défait par GaÎitzin; en Ingrie, ses armes n'étaient pas plus heureuses enfin, lui-même trouve une résistance opiniâtre au passage de la Desna. Ce Mazeppa, qui devait soulever en sa faveur toute I'Ukraine, est réduit à se réfugier dans le camp des Suédois. La position de Charles devenait de plus en plus critique : les maladies, la disette, les fatigues ont détruit une partie de son armée, et la rigueur de l'hiver (1709) ajoutait à tant de fléaux. C'est au milieu de ces circonstances désastreuses qu'il repousse la paix. Pierre ne lui demande que l'Ingrie, berceau de sa ville favorite; il offre un dédommagement pour Narva; à la modération de ses prétentions, on dirait qu'il est lui-même en péril: mais l'indomptable Charles se refuse à tout; rebelle aux conseils de la prudence, il regarde toute concession comme un déshonneur, et n'a foi que dans son épée. Mazeppa, qui tremble d'avoir à rendre un compte sévère de sa conduite, lui montre Poltava comme un lieu de ressources, et la prise facile de Gaditch et de Véprin l'entretient dans cette

illusion.

Arrivé devant cette ville, où Mentchik of fait pénétrer habilement un renfort, il s'écrie: Nous avons appris aux Russes l'art de faire la guerre; » paroles prophétiques qui devaient bientôt recevoir une plus complète application. Le tsar, qui était allé à Azof et à Taganrok pour empêcher le khan de Crimée de donner des secours à Charles, retourne à Poltava, pour achever par le courage le succès que sa prudence avait préparé. Un billet attaché à une bombe lui apprend que la place va manquer de munitions. Cette circonstance le détermine à l'attaque. Les Suédois, qui ne craignaient rien tant que l'inaction, prennent l'offensive; ils remportent d'abord quelques avantages; mais bientôt le combat devient général : après deux heures d'une lutte terrible, et malgré les efforts héroiques de Charles, qui, blessé d'un coup de feu, se faisait porter de rang en rang sur un brancard, les Suédois furent rompus sur tous les points, et tout ce qui avait échappé au fer des Russes se rendit à Mentchikof. Charles XII, Mazeppa et quelques centaines de cavaliers cherchèrent un asile sur le territoire ottoman.

Pierre vient de recueillir les fruits de son infatigable constance; le héros du Nord fuit devant ses jeunes légions; le sentiment d'un juste orgueil et d'une noble reconnaissance éclate dans la proclamation qu'il adressa à ses soldats. « Je vous salue, leur dit-il, enfants chers à mon cœur, vous que j'ai formés à la sueur de mon front; fils de la Russie, qui lui êtes aussi indispensables que l'âme l'est au corps. » Il écrit à Apraxin « Grâce à Dieu, voilà la pierre fondamentale de Pétersbourg solidement fondée; je crois que nous en resterons maîtres, ainsi que de son territoire. Pour récompense de sa conduite, le tsar fut promu au grade de général-major et de contre-amiral. Cette persévérance dans son système hiérarchique est admirable au moment d'une telle victoire. Tout autre que lui eût regardé comme superflu de se soumettre désormais à une règle qu'il avait jugée nécessaire dans les pre

miers temps. Le résultat parlait assez haut en faveur de ses plans réformateurs, pour que l'intelligence qui avait tout créé ne se montrât partout qu'au premier rang: mais il a éprouvé toute la puissance de l'exemple, et ce n'est pas à l'instant où il recueille le fruit de ses travaux qu'il changera de marche pour redevenir un souverain ordinaire. D'ailleurs, son œuvre n'est pas achevée; pour un caractère de cette trempe, la gloire acquise n'est qu'un encouragement à la gloire à venir, et le terme de ses travaux sera celui de sa carrière mortelle. Nous ne voulons pas faire la part de l'homme plus grande qu'elle ne l'est en effet; nous croyons avec l'Anglais Perri et avec Lévêque que les circonstances ont favorisé Pierre, et que la perte de la bataille de Poltava aurait pu le renverser du trône et changer la face du nord de l'Europe mais quel est l'homme avant exercé sur le monde une influence durable, dont on ne puisse en dire autant? Que la Providence ou le hasard l'ait servi dans ce moment décisif, les admirateurs de Pierre en conviendront eux-mêmes; mais ce qui le fait grand aux yeux de l'historien impartial, c'est qu'il n'a rien négligé pour arracher ce succès à la fortune; c'est que ce triomphe n'est pas seulement un avantage de rival à rival, sans autre résultat que du sang répandu et une date glorieuse dans les fastes militaires, mais bien une nécessité qui lie le passé à l'avenir dans cette œuvre civilisatrice qui est la pensée et l'occupation de sa vie entière. Quelques écrivains ont fait bon marché de la gloire de Pierre, pour relever celle de Catherine II Voltaire a quelquefois retenu l'éloge avec une intention ingénieusement adulatrice; Lévêque, appréciateur plus exact des faits, a donné à ses blâmes mesurés tout le poids d'une impartialité apparente; M. de Ségur a mieux saisi le caractere de son héros; mais, avec ce style qui lui appartient, il a poétisé le souverain le plus positif qui eût jamais existé, et il a quelquefois affaibli par l'éloquence ce qu'il suffisait de raconter avec simpli

cité. D'autres ont été plus frappés des taches nombreuses de ce règne que des faits qui le rendent unique dans l'histoire du monde; peut-être ont-ils été de bonne foi; peut-être aussi, en s'adressant à des lecteurs etrangers, ont-ils cédé au désir de flatter des rivalités nationales : quoi qu'il en soit, quand on écrit l'histoire d'un peuple, il faut savoir se placer dans le milieu qu'ont traversé les hommes et les faits, ou l'on s'expose à mal juger les uns et les autres. Pierre a eu ses défauts et ses vices, mais il a eu des vertus privées ; et quand on le considère comme souverain, quand on mesure le pas immense qu'il a fait faire à son peuple, on oublie involontairement le mal, et l'admiration qu'inspire l'œuvre se reporte entièrement sur le fondateur.

La bataille de Poltava fixa sur le tsar les regards de toute l'Europe; Charles XII avait élevé son piedestal. Les ministres des cours étrangères vinrent le complimenter sur sa victoire. Celui de la reine Anne le salua du nom de très-haut et très-puissant empereur.

Quelque temps avant, comme pour essayer son influence sur l'une des plus puissantes cours de l'Europe, il demanda à la reine Anne le châtiment de quelques fonctionnaires qui avaient fait emprisonner pour dettes son ambassadeur Matvéef. On lui répondit que ceux dont il se plaignait avaient été emprisonnés ou bannis. Pierre n'ignora pas sans doute qu'il n'en était rien; mais cette satisfaction ostensible lui suffisait.

Charles, du fond de sa retraite, essayait d'armer le sultan contre la Russie, et donnait l'ordre à ses généraux de reprendre l'offensive en Pologne. Pierre fait encourager la noblesse polonaise; le compétiteur est forcé de céder le trône à Auguste: aussitôt il se hâte de conclure un traité d'alliance offensive et défensive avec les rois de Pologne, de Danemark et de Prusse (*), et mettant la neutralité

(*) Selon Voltaire, le traité avec la Prusse fut simplement défensif.

de l'Allemagne sous la garantie de l'empereur, de la diète germanique et de la Hollande, il ferme l'Europe à son ennemi (*). Après ces dispositions, il visite Pétersbourg, y ordonne la construction d'un vaisseau de 54 canons, qui portera le nom de Poltava, et retourne à Moscou étaler le spectacle d'une pompe triomphale qui surpassera en magnificence toutes celles dont l'ancienne capitale a été témoin, comme sa nouvelle victoire efface les avantages déjà obtenus. L'artillerie, les drapeaux, les bagages enlevés à l'ennemi, défilèrent entre les deux régiments des gardes; mais ce qui attirait surtout l'attention des spectateurs, c'était le brancard où, pendant l'action, s'était fait porter l'intrépide Charles XII, et qu'on avait trouvé sur le champ de bataille. Le souverain figurait parmi ses troupes au rang de général major, prix de sa belle conduite dans cette mémorable journée.

De cette solennité militaire, le tsar s'élance à d'autres succès: Elbing lui ouvre ses portes ; il assiste au siége et à la prise de Vibourg par Apraxin ; mais il manque à sa loyauté ordinaire en retenant prisonniers, malgré les termes de la capitulation, quatre mille Suédois renfermés dans la place. Riga, Dunamund, Pernau, Kexholm, Revel, sont en son pouvoir, et désormais la Livonie est soumise.

Vers la même époque, il maria au duc de Courlande une des filles d'Ivan, et il s'occupait, dit-on, de projets plus vastes encore, lorsque l'orage qui se formait en Turquie l'obligea à courir au plus pressé.

L'influence du ministre français à Constantinople, et surtout les efforts de Poniatovski, avaient enfin arraché au divan une déclaration de guerre contre la Russie. La France avait intérêt à susciter au tsar des obstacles dans

(*) Il avait offert à l'empereur un secours de vingt mille hommes, pour l'aider dans la guerre au sujet de la succession d'Fspagne, sous la seule condition d'ètre nommé prince du saint empire, et d'avoir voix à la diète.

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