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sures de ce ministre, furent cruellement détrompés. L'impératrice revint sur ses pas, et trouva l'exaspération portée au comble: les arcs de triomphe que ce même peuple avait élevés en son honneur avaient été renversés, et les débris en jonchaient la route. Elle déploya une fermeté qui alla jusqu'à la rigueur, n'ignorant pas qu'elle ne régnerait qu'à ce prix. On prit les mesures les plus sévères pour comprimer le mécontentement; on interdit jusqu'aux conversations sur la politique et le gouvernement, et le despotisme ne recula pas même devant le ridicule de prohiber toute pensée séditieuse. Les Russes n'en pensèrent pas moins; et, sous un calme apparent, il était aisé de voir que le trône de Catherine était miné de toutes parts. Trop clairvoyante pour s'abuser, cette princesse cherchait en vain dans quelles mains se réunissaient les fils du complot. Orlof avait couru quelques dangers. Les soupçons se portèrent sur les plus hauts fonctionnaires de l'État; enfin la princesse Dachkof fut rappelée de Moscou, et l'impératrice ne négligea aucun moyen de séduction pour l'engager à révéler ce qu'elle pouvait savoir; mais cette jeune femme, dont les services avaient été si mal récompensés, reçut froidement ces avances; elle déclara ne rien connaître, en ajoutant que, sût-elle quelque chose, elle était incapable de rien divulguer.

Catherine comprit que des succès éclatants pourraient seuls lui faire pardonner son élévation; elle se sentait la force de dominer toutes ces intrigues obscures; et, sans s'écarter de la prudence, elle porta ses vues sur un théâtre plus digne de son génie.

Depuis Pierre le Grand, l'empire russe s'était soutenu par son propre poids; mais la politique, sans suite et sans unité, avait constamment varié, selon le caractère et l'intérêt des favoris; cependant les règnes d'Anne et d'Élisabeth avaient été glorieux pour les armes moscovites; et les avantages obtenus sur Frédéric avaient donné aux troupes cette confiance avec laquelle on peut tout entreprendre. Mu

nich, qui avait étudié les ressources de la Turquie, avait entrevu le parti qu'on pourrait tirer des populations slaves et grecques, attachées à la Russie par les liens d'une commune religion. En un mot, Catherine avait à sa disposition de puissants éléments de succès; il s'agissait de les coordonner pour les mettre en œuvre. Il faut dire, à la gloire de Pierre le Grand, que le plan était tracé; mais l'exécution exigeait peut-être une politique plus déliée que celle du réformateur.

Les provinces baltiques étaient incontestablement réunies à l'empire; l'épuisement de la Suède, l'anarchie de la Pologne, étaient autant de garanties de ce côté; mais le point important, la conquête d'une partie du littoral de l'Euxin, qui, seule, pouvait rendre toute leur valeur aux provinces méridionales, se présentait comme un problème dont la solution intéressait toutes les puissances de l'Europe. Depuis près d'un demi-siècle, la Russie, arrachée violemment à ses mœurs, semblait n'accepter qu'à regret des innovations auxquelles elle était redevable de sa nouvelle puissance; cependant la civilisation s'infiltrait par mille canaux, en dépit de toutes les résistances; dans cette oscillation, il fallait empêcher la nation de reculer, et la précipiter, pour ainsi dire, au milieu de l'Europe, pour multiplier les points de contact, et la mettre dans l'impossibilité d'abdiquer le rang où l'avait fait monter le génie d'un homme.

On voit que le double projet d'un agrandissement vers l'Orient, et du démembrement de la Pologne, était tellement connexe, que ces deux plans devaient réussir à la fois, ou échouer l'un par l'autre. En effet, sans la Crimée et des forces respectables sur la mer Noire, la possession de la Pologne était précaire; et, d'un autre côté, le développement de l'empire vers le Bosphore, présentait sur la frontière occidentale trop de points vulnérables pour que les avantages de la conquête en couvrissent les inconvénients.

Catherine avait d'abord adopté une

politique de modération ou plutôt d'expectative, pour réparer ses finances, organiser ses ressources, et prendre conseil du temps et des circonstances. Un émissaire partit secrètement pour sonder les dispositions des Grecs; quant à la Pologne, il y avait des ménagements à garder avec la Prusse et l'Autriche, dont les forces disponibles pouvaient arrêter l'essor d'une ambition inconsidérée. D'ailleurs des engagements avaient été pris au sujet de cette république entre Pierre III et Frédéric; et les changements apportés dans cette alliance la laissaient subsister dans tout ce qui convenait également aux deux souverains. Les principales bases de ce traité étaient : qu'à la mort d'Auguste III, la Pologne serait gouvernée par un Polonais; que les dissidents seraient protégés, et admis à toutes les prérogatives des autres citoyens; enfin que la Russie disposerait, selon ses convenances, du duché de Courlande. La première de ces stipulations était loin d'avoir été dictée dans l'intérêt de la liberté polonaise; on voulait, au contraire, en isolant ce pays de toute autre influence dynastique, l'envelopper dans l'anarchie de ses institutions, et déjouer les espérances de quelques seigneurs qui méditaient une tardive réforme. De cette manière, la Russie, excitant l'animosité des partis, et neutralisant les unes par les autres toutes les influences, conservait son prétendu protectorat jusqu'à ce que tous les intérêts vinssent s'absorber dans le sien propre. Frédéric trouvait ainsi la route frayée; et, placé comme observateur à portée de ce grand conflit, il pouvait tracer sa part avec son épée.

Catherine débuta par l'occupation de la Courlande. Ce duché qui venait d'échoir au prince Charles de Saxe, fils naturel d'Auguste, se trouvait dans une position singulière. Il relevait politiquement de la Pologne, depuis l'exil de Biren; et en même temps ses revenus étaient perçus par des autorités russes, sous prétexte de certaines réclamations pécuniaires, auxquelles Biren n'avait pas satisfait.

Quelques historiens prétendent que Catherine, en dépouillant le prince Charles, cédait à un ressentiment personnel non moins qu'à des considérations politiques: nous croyons que, dans les grandes mesures, l'impératrice savait sacrifier des questions secondaires d'amour-propre, et que le hasard seul a pu les associer à des raisons d'État. Son motif était facile à démêler; voulant exclure la maison de Saxe de la succession de Pologne, il ne lui convenait pas que le fils d'Auguste gouvernât le duché, et conservât un pouvoir qui pouvait lui faire porter plus haut ses prétentions. L'imprudence du roi, son père, fournissait à Catherine un prétexte plausible; il avait, en accordant l'investiture de la Courlande à son fils, reconnu implicitement les droits de la Russie et ceux de Biren, dans le cas où son exil cesserait. Quinze mille Russes s'établirent dans le duché; Graudentz fut occupé militairement, et l'on commença contre le jeune duc ces démonstrations malveillantes par lesquelles on espérait le dégoûter d'une souveraineté si précaire.

Catherine envoya à Varsovie le comte Keyserling, en qualité d'ambassadeur; et elle écrivit de sa main à Poniatovski: « J'envoie Keyserling en Pologne, avec « ordre de faire roi, vous, ou le prince « Adam Czartoriski, votre cousin. >> Poniatovski déguisa d'abord sa joie; il paraissait ne désirer autre chose que de retourner comme ambassadeur de Pologne auprès de Catherine: mais son ambition, qu'il croyait cacher sous le voile d'une passion romanesque pour l'impératrice, ne put échapper au baron de Breteuil, qui donna avis à la cour de France de tout ce qui se préparait.

Le vieux roi de Pologne, à l'instant où le parti Czartoriski comptait sur la protection moscovite pour réformer la constitution, reçut une lettre de Catherine qui lui enjoignait de rappeler son fils de Courlande; Charles était entré à Mittau le jour même de l'occupation des troupes russes; Biren, son compétiteur, le suivait de près, et s'ap

prêtait à rentrer en souverain dans cette province que la fortune lui avait donnée et reprise, pour la lui rendre après les épreuves d'un long exil.

Cependant la diète de 1762 allait s'ouvrir; tous les partis étaient en présence: Bruhl, malgré ses efforts, prévoyait le sort réservé à la maison de Saxe; tantôt il flattait les Russes, tantôt il s'adressait aux Czartoriski, dont les créatures occupaient les principaux emplois de la république; il essayait en vain de les intéresser à l'affaire de la Courlande, et s'apercevait trop tard que l'appui de la Russie les mettait en position de tout entreprendre. En attendant, il s'appuyait sur l'animosité du prince Radziwil, ennemi déclaré des Czartoriski. Cette diète fut sur le point d'être ensanglantée; un autre abus, l'opposition d'un membre, la fit dissoudre.

Les affaires se compliquaient de plus en plus; l'idée de convoquer une nouvelle diète effrayait Bruhl; et l'établis sement du tribunal en Lithuanie avait mis en présence Poniatovski et Radziwil; le premier ne craignit pas d'appeler à son secours une armée russe; c'était le conseil que donnait Keyserling à l'impératrice. Auguste, pressé de déposséder son fils, s'était adressé au sénat de Pologne; et les délibérations ayant blessé l'orgueil de Catherine, elle fit avancer des forces en Pologne, sous prétexte de les envoyer en Ukraine; en même temps, elle fit signifier à Auguste qu'il eût à sévir contre ses ministres qui lui avaient manqué d'égards; quant à la Courlande, Keyserling avait hautement demandé raison au gouvernement polonais de l'injure faite à la Russie, en disposant de cette souveraineté. Auguste, à peine convalescent d'une maladie qui avait fait craindre pour ses jours, partit pour ses États d'Allemagne, que les traités venaient de lui rendre; dompté par l'âge et le malheur, il n'osa faire face au danger, et donna au prince Charles l'ordre d'abandonner sa couronne à Biren. Le jeune duc, après avoir été bloqué pendant six mois dans son palais, sans se

ni

laisser intimider par les menaces, décourager par mille vexations, conserva jusqu'au bout une conduite ferme et digne, et ne céda qu'aux injonctions paternelles. Il s'éloigna de cette capitale qui lui avait servi de prison, et se rendit à Dresde, auprès de son père.

Cependant la Pologne n'était pas seulement menacée par la Russie; les troupes prussiennes vivaient à discrétion dans la grande Pologne et la Prusse polonaise. Le khan des Tatars, Crim Ghiréï, exigeait des sommes énormes en réparation de certaines mesures hostiles; mais, sur l'intervention officieuse de la France, il réduisit ses prétentions à quatorze mille ducats. Le roi de Prusse, qui suivait avec anxiété la politique de Catherine, l'enivrait d'encens et de flatteries, et ne s'en tenait pas moins sur ses gardes. A son instigation, Crim Ghiréï déclara qu'il ne souffrirait pas que les Russes restassent sur le territoire de la république ; et Frédéric, qui craignait que la Pologne ne se reconstituat plus puissante, représenta à l'impératrice l'inconvénient d'appuyer l'élévation des Czartoriski par une armée; tandis que son but, quel qu'il fût, pouvait être atteint avec moins d'éclat. Catherine se rapprochait tous les jours de la politique de ce prince, non qu'elle fût dupe de ses avances, mais parce que son propre intérêt le lui conseillait. Elle retira donc ses troupes de la Pologne, malgré les instances de Poniatovski, lui recommandant d'attendre qu'Auguste eût fermé les yeux, et lui montrant la vacance du trône comme le terme prochain de son élévation. On dit qu'à la nouvelle de la retraite des Russes, ce jeune ambitieux ne put retenir ses larmes, et se plaignit amèrement au vieux Keyserling, qui lui reprocha froidement sa juvénile impatience.

Peu de temps après, Auguste expira, et Bruhl le suivit de près, couronnant une vie d'intrigues par une fin épicurienne (*).

(*) Il fit apporter le plus délicieux vin de Hongrie, et mourut en le buvant à la santé de ses amis.

A la nouvelle de cette mort, l'inquiétude générale se manifesta par des regrets; le deuil sembla réunir un instant tous les partis; les affaires cessèrent, et le primat de Pologne prit en main les rênes du gouvernement.

Le caractère de l'archevêque de Gnesno, Lubienski, n'était pas à la hauteur des circonstances; naturellement minutieux et conciliant, il s'efforçait de calmer les ressentiments, au lieu d'organiser un parti énergique, seul moyen d'imprimer à la nation incertaine et divisée un élan libérateur. L'absence de compétiteurs étrangers prouvait clairement que désormais la Pologne, quel que fût son avenir, dépendait de la volonté de Catherine. Le nouvel électeur de Saxe se présenta seul pour briguer cette couronne précaire; et, malgré l'activité et les intrigues de sa femme, cette prétention isolée ne servit qu'à faire ressortir l'inégalité de la lutte. Keyserling, se conformant à l'esprit de ses anciennes instructions, flattait habilement l'amour - propre national, et déclarait que Catherine ne souffrirait pas qu'un étranger montât sur le trône; le cabinet russe était donc maître de l'élection, et spéculait sur les troubles que ne pouvaient manquer de faire éclater les abus de la constitution élective: quant aux Czartoriski, ils espéraient, comme nous l'avons déjà remarqué, faire servir la protection russe à leur propre élévation, et à l'établissement d'un pouvoir plus régulier. Catherine tenait dans sa main le fil de toutes ces intrigues; se réservant de l'embrouiller ou de le rompre, suivant l'opportunité des circonstances. Pour ajouter plus de poids à toutes les considérations de désintéressement et de régénération qu'elle mettait en avant, Keyserling annonça que l'impératrice allait rembourser le montant des réclamations particulières auxquelles avait donné lieu le séjour des troupes russes en Pologne. Le primat, dans cette répartition, avait une part de quatorze mille ducats; ce mode de séduction était d'autant plus dangereux, qu'il se présentait avec le caractère de la justice.

Toutefois, la disposition générale des esprits annonçait que la nation prenait au sérieux les avances de Catherine; on croyait qu'elle se contenterait d'appuyer le vœu général, pourvu qu'il tombât sur un Polonais. Tous les yeux se portaient sur Branitski, également recommandable par son patriotisme éprouvé et sa haute réputation militaire. Keyserling, sans heurter de front les sympathies nationales, se contentait d'annoncer comme chose arrêtée et indubitable le couronnement de Poniatovski. « Il est bien «jeune, disait-il en parlant de lui, << mais il suivra de bons conseils; et, quand il sera roi, je me charge de sa << conduite. >>

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Un choix si extraordinaire, déterminé uniquement par le caprice d'une femme; ce trône dont elle récompensait un succès de boudoir; l'ambition moscovite se trahissant par le mépris qu'on affectait pour les plus hautes convenances; en un mot, toute la conduite du gouvernement russe jetait dans les esprits sérieux l'incertitude et le mécontentement. On se flattait encore que l'Europe ne verrait pas sans s'émouvoir l'asservissement de la Pologne; mais ceux qui trouvaient dans la nécessité un prétexte pour ne prendre conseil que de leur intérêt privé, se rapprochaient de Poniatovski. Ce jeune ambitieux agissait ostensiblement d'après les conseils de ses oncles, dont l'influence le soutenait; tandis qu'il se méfiait de leurs desseins secrets, tout prêt à se débarrasser de leur tutelle, dès qu'il n'aurait plus besoin de leur appui. De leur côté, les Czartoriski, tout en favorisant l'élection de leur neveu, ne négligeaient rien pour se rendre maîtres de son esprit, espérant qu'ils conserveraient plus tard assez d'ascendant pour mener à fin leurs vues particulières. En attendant, ils ne cessaient de lui présenter comme suspects les citoyens les plus vertueux de la république.

Le prince Adam, fils d'Auguste Czartoriski, crut devoir abandonner ses prétentions par déférence pour son père; la comtesse Bruce, qui lui avait

accordé les dernières faveurs, s'était mis en tête de le faire roi de Pologne; et Catherine, dont l'affection pour Poniatovski n'était plus qu'un tendre souvenir, avait hésité, comme on l'a vu précédemment, entre les deux cousins. Le désistement du seul rival qu'il eût à craindre, ouvrait un champ libre à Poniatovski, pour lequel, d'ailleurs, le vieux Keyserling avait la prédilection d'un maître pour son pupille. Ce rusé diplomate, longtemps professeur, avait débuté dans les affaires par l'élection de Biren au duché de Courlande; érudit, débauché, rompu à tous les genres d'intrigues, il avait conservé de ses premières occupations quelque chose de magistral; et même, soit pour étudier le caractère de Poniatovski, soit velléité de pédagogue, il avait donné à ce jeune prince des leçons de grammaire.

Parmi les intrigues qui se croisaient au pied du trône de Catherine, nous citerons celle d'un baron Ostren, qui voulait porter au trône le comte Oginski, émule de Poniatovski en politique et en succès de salons. Ce jeune homme se rendit à Pétersbourg, comptant que ses agréments personnels lui vaudraient la préférence; mais il échoua comme amant et comme négociateur.

Cependant le primat avait obtenu un simulacre de réconciliation. Pour mettre plus d'ensemble dans les réformes dont chacun sentait le besoin, on avait différé la convocation des diétines, dont l'ouverture fut remise au mois de février 1764; la diète générale devait avoir lieu au mois de mai suivant. En attendant, on se préparait, selon l'usage, à la diète de convocation, où l'on se promettait l'établissement de nouvelles lois, conformes à l'esprit des innovations projetées. C'était la constitution tout entière qu'on se proposait de reviser.

Les Czartoriski n'avaient pas d'autre plan; mais ils craignaient de se laisser pénétrer, prévoyant bien que l'appui de Catherine leur ferait défaut dès qu'ils se seraient déclarés pour une réforme. Le grand trésorier Vesel proposa de s'en tenir à un gouvernement

aristocratique, et de couper court aux intrigues en abolissant la royauté. Outre qu'un pareil exemple eût pu devenir dangereux pour Catherine, il contrariait trop directement ses vues d'agrandissement, pour qu'elle permît de débattre librement les avantages qui devaient en résulter. Keyserling déclara que ni la Russie ni la Prusse ne permettraient la moindre altération dans l'ancienne constitution. Il fallut renoncer à la manifestation régulière des vœux de la noblesse; mais le primat, dans ses universaux, indiquait, à ne pas s'y méprendre, les causes véritables des abus: et tout le monde comprit que, s'il y avait un salut à espérer, c'était par la coopération active de chacun à l'œuvre de la délivrance générale. Malheureusement chacun interprétait les besoins de l'État selon le parti auquel il appartenait; et, dans le même parti, on différait encore sur les moyens. Au contraire, la Russie, avec sa volonté habile et constante, soutenue par de bonnes troupes, marchait à son but d'un pas lent mais sûr. Le roi de Prusse calculait froidement les avantages qu'il tirerait de ce crime politique; et Kaunitz, qui ne pouvait lutter contre deux alliés si puissants, prévoyait qu'on le désintéresserait au jour du partage.

Catherine, pour l'exécution de son dessein, épuisait toutes les sources des revenus de l'empire, et suspendait même la paye des troupes, certaine qu'elle serait amplement dédommagée de ces sacrifices. On l'instruisit de la résistance que les Polonais apportaient à ses volontés; et, comme on ajoutait qu'ils répugnaient à voir monter sur le trône un homme dont ils avaient vu le grand-père économe dans une petite terre du prince Sapiéha, elle rougit de dépit, et s'écria: Quand il l'aurait été lui-même, je veux qu'il soit roi, et il le sera.

Panin favorisait de tout son crédit l'élévation de Poniatovski, soit pour contenir Orlof dont la faveur lui portait ombrage, soit qu'il voulût ménager un trône à sa souveraine, dans le cas où le grand-duc Paul serait appelé par un parti vainqueur à ceindre le dia

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