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envahies, puisque les richesses du palais de l'Ermitage allaient être transportées à Arkhangel.

Le 25 juin, Kowno était occupé, et le passage du Niémen effectué; le 27, Napoléon se porta sur Wilna, espérant que Barclay de Tolly lui livrerait bataille; mais ce général incendia ses magasins, rompit le pont jeté sur la Wilia, et se replia à marches forcées vers le Nord, dans la direction du camp retranché de Drissa. Le 28, l'empereur entra à Wilna; deux ponts furent construits immédiatement, et Murat, à la tête de la cavalerie, se mit à la poursuite de Barclay de Tolly.

Le prince Eugène ne passa le Niémen que le 29; dans les premiers jours de juillet, il vint prendre position à quelques lieues au sud de Wilna, pour empêcher la seconde armée de se réunir à la première.

Cependant Bagration, pressé par le roi de Westphalie, se retira sur Novogrodek. Il se porta ensuite à Nikolaef, dans le but de gagner le camp de Drissa, en passant devant le front de l'armée française. « Les Cosaques de Platof lui donnèrent avis qu'ils venaient de se heurter contre la cavalerie de Grouchy et contre les avantpostes de Davoust... Alors Bagration opéra sa retraite vers l'est, en marchant à Bobrysk sur la Bérézina.

<«< Tout avait donc réussi à la droite de Napoléon, pendant que la seconde armée russe fuyait, laissant le corps de Dokhtourof derrière elle, cerné et compromis; les Autrichiens, commandés par Schwartzemberg, ayant traversé le Bug à Droghiczin, s'étaient avancés jusqu'à Proujani; ils coupaient ainsi, des deux autres armées ennemies, celle de la réserve sous les ordres de Tormassof.

« A la gauche des Français, le succès n'était pas moins complet; le jour même où l'empereur passait le Niémen à Kowno, Macdonald le traversait à Tilsitt; et, se portant à Rossiéna sur la route de Riga, par Mittau, il déborda en quelques marches l'extrême droite des Russes (M. Mor

tonval). » Oudinot, après quelques avantages remportés sur Wittgenstein, s'empara de Wilkomir, dont les Russes n'eurent pas le temps de détruire les magasins; Ney, détaché sur le flanc de Barclay de Tolly, que menaçait le roi de Naples, paralysait ainsi les mouvements de la première armée de l'Ouest.

Les généraux de l'empire qui ont écrit l'histoire de cette mémorable campagne ont presque tous regardé ces premières opérations comme savamment conçues et habilement exécutées; habitués à des guerres faites dans des pays de ressources, et qui se terminaient par une grande bataille ou par la prise d'une capitale, ils ont jugé que Napoléon avait fait tout ce qu'on pouvait attendre d'un grand tacticien, en isolant les corps ennemis qui, en se retirant dans des directions divergentes, se trouvaient de plus en plus dans l'impossibilité de s'entr'aider. Mais on peut leur objecter que, sur un échiquier aussi vaste, les chances de la guerre étaient en faveur de l'armée qui se retirait en détruisant derrière elle les subsistances, et en attirant l'ennemi dans des routes à peine tracées, que les pluies devaient rendre impraticables. Ce système, que les Russes n'avaient pas adopté d'abord, s'est présenté tout naturellement, précisément parce que les combinaisons stratégiques de Napoléon ne leur permettaient pas d'engager le combat avec toutes leurs forces. Leur cavalerie infatigable se prêtait d'ailleurs merveilleusement à une retraite défensive; et, de plus, en dévastant quelques provinces, ils inspiraient au peuple, que son ignorance disposait au fanatisme, une haine profonde qui s'est manifestée constamment, non-seulement lors de l'invasion, mais encore à l'époque la plus désastreuse de la retraite. Au reste, on ne peut affirmer que la retraite, à tout prix et à tout événement, ait été adoptée par les Russes comme leur seul espoir de salut; leurs mouvements étaient une suite de tâtonnements, et leurs efforts se bornaient presque toujours à paralyser les mou

vements de l'ennemi. Le génie militaire de Napoléon explique cette circonspection; et, en effet, c'était beaucoup gagner que de neutraliser les conceptions d'un capitaine qui avait tant de fois vaincu l'Europe.

L'empereur se trouvait à Wilna, et déjà les troupes manquaient du nécessaire, les convois n'ayant pu suivre la marche rapide de l'armée: les soldats erraient dans les villages pour s'y procurer des vivres; sur la fin de juin, la température, de brûlante qu'elle était, devint froide; et, pendant trois jours, une pluie abondante et glaciale rompit les chemins et rendit les communications presque impraticables. Les maladies se déclarèrent; les chevaux, nourris de seigles encore verts, mouraient par milliers. Il fallut abandonner cent pièces de canon et cinq cents caissons. Près de trente mille traînards erraient sur la route qu'avait suivie l'armée de Kowno à Wilna. Les approvisionnements, venus par le Niémen et la Wilia, ramenèrent bientôt l'abondance; des services de toute espèce furent organisés. La ville, transformée en un vaste entrepôt, fut mise à l'abri d'un coup de main; et l'empereur chargea un gouvernement provisoire de l'administration générale de la Lithuanie. La population polonaise, appelée aux armes, fournit six régiments d'infanterie et cinq de cavalerie; l'élite de la noblesse s'offrit à servir auprès de Napoléon comme garde d'honneur. Alexandre, dans l'intention de sonder les projets de Napoléon, dépêcha vers luí le général Balachef; le motif ostensible de sa mission était d'offrir une suspension d'hostilités, sous la condition que l'armée française rétrograderait jusqu'au Niémen. Si, comme on l'a dit, l'empereur de Russie avait voulu seulement gagner du temps, afin de dégager les Cosaques de Platof et le corps de Bagration, ses propositions eussent été plus modérées, et il n'eût pas fait choix de Balachef, connu par son dévouement aux intérêts de l'Angleterre. Napoléon ne pouvait accepter ce que lui imposait un ennemi en pleine retraite, et la dé

marche du parlementaire russe n'eut d'autre résultat que celui de prouver que le sort des armes déciderait seul de cette grande querelle.

Cependant le hasard, ou plutôt la vigilance des généraux russes, trompa les prévisions de Napoléon. Doktourof passa devant le front de l'armée française, et, grâce à cette manœuvre audacieuse, au succès de laquelle il dut sacrifier ses équipages et une partie de son arrière-garde, il rejoignit Barclay de Tolly aux environs de Swentzianí. Bagration, non moins heureux, et poursuivi mollement par Jérôme, gagna de vitesse les colonnes de Davoust, et s'ouvrit le chemin de Smolensk. Cette marche habile décida du sort de la campagne.

Les dix-huit jours que l'empereur passa à Wilna, pour rétablir l'organisation des corps et mettre de l'ordre dans toutes les parties du service matériel, laissèrent à l'ennemi le temps de se rallier et de se reconnaître. Des juges sévères ont considéré ce retard comme une grande faute; d'autres, tout en lui attribuant une influence que des événements imprévus rendirent décisive, l'ont regardé comme nécessité par les circonstances.

Quoi qu'on en ait dit, la situation de l'empereur à Wilna, après la jonction des corps ennemis, était déjà trèscritique. Les fatigues et les privations avaient décimé son armée à peine entrée sur le territoire russe : la saison lui avait opposé des obstacles sur lesquels il n'avait pas compté, et qui pouvaient se reproduire avec plus de danger lorsqu'il aurait laissé ses troupes dans un pays dévasté. S'il essuyait un revers, l'Autriche et la Prusse, qu'il laissait derrière lui, pouvaient tout à coup rompre une alliance onéreuse, et leurs troupes, jusqu'alors contenues, devenues ennemies d'auxiliaires qu'elles étaient, détruisaient toute l'économie des combinaisons stratégiques. Le rétablissement intégral de la Pologne se présentait comme un puissant appui; mais était-ce à l'instant où ses alliés combattaient sous les drapeaux de l'empereur, qu'il était

prudent de morceler leur territoire? Une faute qui a été remarquée par ceux qui ont étudié l'état de la Pologne, et qui échappa au génie de Napoléon, c'est de n'avoir pas tiré parti des juifs, qui auraient pu rendre aux Français de si grands services pour tout ce qui regardait le transport du matériel.

Reportons maintenant nos regards sur ce qui se passait au camp des Russes, et empruntons le récit de M. Mortonval, qui résume avec lucidité les meilleures relations de cette mémorable époque.

«

Barclay, déjà rejoint par le corps de Dokhtourof, était resté jusqu'au 3 juillet à Swentziani; il se retirà sur la Dwina, dans la même direction qu'avait suivie Wittgenstein. Le roi de Naples, soutenu à droite par le maréchal Ney, et à gauche par Oudinot, suivait pas à pas les Russes avec deux corps de cavalerie de réserve et trois divisions du corps de Davoust; il eut d'abord avec l'arrière-garde ennemie quelques engagements de peu d'importance. Le 5, à Widzy, une action plus longue et plus disputée, dans laquelle la supériorité de notre artillerie lui donna l'avantage, décida les Russes à précipiter leur mouvement vers Drouina, où ils passèrent le fleuve; et le 10, arrivée devant le camp retranché de Drissa, l'armée de Barclay s'y en ferma tout entière, à l'exception du corps de Wittgenstein, destiné à renforcer la garnison de Dunabourg, où il entra le 13 juillet.

« Le roi de Naples s'arrêta aussitôt à Opsa, et rappela près de lui Oudinot, qui avait suivi les mouvements de Wittgenstein; il réunit également autour de son quartier général le corps de Ney, et la cavalerie des généraux Montbrun et Nansouty; observant l'ennemi dans cette position, il y attendit les ordres de l'empereur.

« Alors seulement Napoléon put connaître l'effet de ses premières manœuvres, et former un nouveau plan d'opérations d'après leur résultat général à sa droite, Davoust se portait sur Mobilef, où il devait précéder Bagration; quant à Jérôme, en rece

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vant la décision de son frère qui le plaçait sous les ordres du maréchal, il ne prit conseil que de son orgueil blessé, et quitta sur-le-champ l'armée... L'empereur détacha les Saxons sous les ordres de Reynier, et les fit rétrograder pour renforcer, à Slonim, le corps de Schwartzemberg opposé à l'armée de Tormassof. Junot remplaça le roi de Westphalie dans le reste de son commandement; mais il se trouvait alors trop isolé de Davoust pour le seconder efficacement.

<< Rien ne retenait plus désormais Napoléon à Wilna, qui avait cessé d'être le centre des manoeuvres de son armée. Le but de Barclay, en occupant le camp retranché de Drissa, semblait être de couvrir Pétersbourg; mais sa manœuvre laissait libres toutes les routes de Moscou, et rendait impossible sa jonction avec la deuxième armée. L'empereur résolut de porter à Polotsk, sur le chemin de Vitebsk, une grande masse de forces qui pouvait de la

prendre à revers le camp retranché, tandis que Murat, Ney et Oudinot, l'attaquant de front et sur les flancs, contraindraient Barclay à sortir de cette position: alors il eût été facile de rejeter les Russes dans la Courlande, où se trouvait Macdonald, et de les forcer de livrer bataille adossés à la mer, avec un nouvel ennemi sur les bras.

« Ce plan adopté, le vice-roi d'Italie, qui avait déjà pris le chemin d'Osmiana, fut dirigé sur Gloubokoić; la garde impériale s'y rendit par Swentziani. Les Bavarois, sous les ordres de Gouvion Saint-Cyr, avaient franchi les derniers le Niémen; à peine arrivés à Wilna, l'empereur les passa en revue, et les fit partir immédiatement pour aller prendre position aux environs de la même ville de Gloubokoié, rendezvous général du corps à la tête duquel il allait agir du côté de Polotsk.

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C'est vers cette époque que Napoléon reçut à Wilna la députation de la diète du grand-duché de Varsovie. Le sénateur Wibeski, s'adressant à l'empereur au nom de la diète confédérée qui avait déclaré, le 28 juin, le rétablissement de la Pologne, prononça

ces paroles: Dites, sire, que la Pologne existe, et ce décret sera pour le monde équivalent à la réalité. La réponse mesurée de l'empereur refoula l'enthousiasme dans les cœurs polonais; il était visible que, tout en comptant sur leur courage, on se réservait la faculté de sacrifier leur cause à des intérêts généraux.

L'assiette du camp de Drissa avait été choisie sans discernement; les travaux immenses qu'on y avait entassés devenaient inutiles, parce que la position pouvait facilement être tournée; dans l'hypothèse d'une attaque générale par les forces dont Napoléon pouvait disposer sur ce point, il n'était guère probable que ces ouvrages arrêteraient longtemps l'ennemi.

La seconde armée avait opéré sa jonction à Drissa; le but principal des Russes était atteint par la concentration d'une grande partie de leurs forces. Le 27 juin (9 juillet nouveau style), jour anniversaire de la bataille de Poltava, Alexandre rendit le manifeste suivant :

a Guerriers russes!

« Vous avez enfin atteint le but vers lequel vos regards étaient tournés. Lorsque l'ennemi osa franchir les limites de notre empire, vous étiez sur les frontières disposés à les défendre; mais, jusqu'à ce que l'entière réunion de nos troupes pût être effectuée, il fallut arrêter votre courage et se retirer dans cette position. Nous sommes venus ici pour rassembler et concentrer nos forces. Nos calculs ont été heureux la totalité de la première armée est en ce lieu.

<< Soldats! le champ est ouvert à votre valeur, si noblement docile à se modérer, si ardente à soutenir la réputation que votre nom s'est acquise; vous allez cueillir des lauriers dignes de vousmêmes et de vos ancêtres. Ce jour, naguère signalé par la bataille de Poltava, doit vous rappeler les exploits de vos pères; le souvenir de leur valeur, l'éclat de leur renommée vous engagent à surpasser l'une et l'autre par la gloire de vos actions! Les ennemis de la Russie connaissent déjà votre valeur.

Allez donc dans l'esprit de vos ancêtres, et anéantissez l'ennemi qui ose attaquer votre religion et votre honneur jusque dans vos foyers, à la vue de vos femmes et de vos enfants.

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Dieu, témoin de la justice de notre cause, sanctifiera vos bras par ses bénédictions. »

Tandis que l'empereur Alexandre appelait la religion au secours de la politique, tandis que, dans le reste de l'empire, la noblesse et le clergé, excitant la haine du peuple contre des ennemis hétérodoxes, transformaient cette lutte en guerre nationale, on décréta une nouvelle levée d'un homme sur cent. Bientôt on comprit qu'il devenait urgent d'évacuer le camp de Drissa. L'armée se porta à marches forcées sur Vitepsk, dans l'intention d'arriver à Smolensk avant les Français, et de se mettre ainsi en communication avec les corps de Tormassof, de Bagration et de Tchitchagof.

Alexandre courut à Moscou, et, confiant dans le patriotisme de l'ancienne capitale de la Russie, il publia le manifeste suivant :

« A notre ancienne ville et capitale de Moscou.

« L'ennemi, avec une perfidie sans exemple, et des forces qui répondent à son ambition démesurée, a pénétré dans les provinces de la Russie. Son dessein est de ruiner notre pays. Les armées russes brûlent du désir de se jeter sur ces bataillons; mais notre sollicitude paternelle ne peut accepter un sacrifice aussi désespéré. Nous ne pouvons souffrir que nos braves sujets soient sacrifiés sur les autels de ce Moloch. Pleinement convaincus des perfides intentions de notre ennemi, et des puissants moyens qu'il a préparés pour l'exécution de ses projets, nous n'hésitons pas à déclarer à notre peuple le danger où se trouve l'empire. La nécessité commande la réunion de nouvelles forces dans l'intérieur, pour soutenir celles qui sont en présence de l'ennemi. Pour assembler ces nouvelles armées, nous nous adressons à l'ancienne capitale de nos ancêtres, à la ville de Moscou. L'existence de notre

nom dans le tableau des nations est menacée. L'ennemi dénonce la destruction de la Russie. La sûreté de notre sainte Église, le salut du trône des tsars, l'indépendance de l'ancien empire moscovite, tout annonce hautement que l'objet de cet appel doit être reçu par nos fidèles sujets comme une loi sacrée... Puissent les cœurs de notre noblesse et ceux des autres ordres de l'État propager l'esprit de cette sainte guerre qui est bénie du Très-Haut, et combattre sous la bannière de notre sainte Église!

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Dans un second manifeste adressé à la grande nation russe, on remarque des passages qui indiquent plus clairement encore que la lutte prendrait le caractère d'une guerre d'extermination. Le despotisme ne peut parler de liberté à des esclaves; il craindrait même d'être compris; mais il met en jeu les haines vivaces dont il a conservé le germe dans les préjugés nationaux; au lieu de lauriers, il montre aux masses la palme du martyre, et rend faciles les plus grands sacrifices en les entourant du prestige religieux.

« La Russie, proclamant ce manifeste, a invoqué la protection de Dieu; elle oppose aux machinations de son ennemi une armée forte en courage, et ardente à chasser de son territoire cette race de sauterelles qui brûlent la terre, et que la terre repoussera de son sein outragé. Nous appelons toutes nos communautés religieuses à coopérer avec nous à une levée générale contre le tyran universel... Saint synode, et vous, membres de notre Église, dans tous les temps votre intercession a appelé sur notre empire la protection divine! Peuple russe, ce n'est pas la première fois que tu as arraché les dents de la tête du lion... Unissez-vous; portez la croix dans vos cœurs et le fer dans vos mains, et jamais la force humaine ne pourra prévaloir contre vous... >>

Ces proclamations portèrent leurs fruits; le clergé seconda la noblesse, qui s'imposa des sacrifices de tout genre; les marchands offrirent de l'argent; dans le seul gouvernement de

Moscou, on vota une levée de quatrevingt mille hommes et un subside d'un million et demi de roubles. Penza et Novogorod suivirent cet exemple, et l'élan se communiqua jusqu'aux provinces les plus reculées de l'empire.

Le synode de Moscou et le clergé de cette ville, au milieu de toutes les pompes du rit grec, firent hommage à l'empereur d'une relique miraculeuse, et le métropolitain Platon lui

adressa en cette occasion solennelie un discours dont les images bibliques étaient propres à exalter les passions de la multitude.

« La ville de Moscou, s'écriait-il, la première capitale de l'empire, la nouvelle Jérusalem, reçoit son Christ, comme une mère dans les bras de ses fils zélés; et, à travers le brouillard qui s'élève, pressentant la gloire brillante de sa puissance, elle chante dans ses transports: Hosanna! béni soit celui qui arrive! Que l'arrogant, l'impie Goliath, des limites de la France, apporte l'effroi aux confins de la Russie, la religion tutélaire, cette fronde du David russe, brisera soudain sa tête orgueilleuse! >>

Alexandre confia la garde de la relique à la milice de Moscou, et, à la suite de cette cérémonie, il partit pour Pétersbourg. Là, s'adressant aux intérêts plus qu'aux sentiments, il déclara que la paix avec l'Angleterre était conclue, et que le commerce allait reprendre une nouvelle vie; la paix de Boukharest, dont les dispositions avaient été consenties dès le 29 juin, venait d'être définitivement signée. Il s'agissait encore de s'assurer d'un résultat de la plus haute importance: nous voulons parler de la coopération active de la Suède. Alexandre se rendit en toute hâte dans la ville d'Abo, où l'attendait Bernadotte. Ce fut au milieu de la Finlande, dans le sein même de la capitale de cette province, enlevée aux Suédois par les Russes, que le prince royal de Suède accepta les conditions de l'autocrate russe, et s'engagea à porter les armes contre ses anciens compagnons d'armes, ou plu tot contre leur chef qui s'obstinait à

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