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Durant le séjour des troupes russes en Allemagne, les habitants recevaient en pavement des assignats russes; la réalisation de ces valeurs ayant présenté des difficultés, on annonça par la voie des journaux que des bureaux spéciaux étaient établis à Berlin et à Koenigsberg pour l'escompte de ces billets au cours du change.

Les compagnies de commerce n'hésitèrent pas à avancer des fonds au gouvernement russe ; et la parole d'Alexandre leur parut une suffisante garantie. En même temps que la Russie assurait définitivement sa prépondérance en Europe par ses envahissements en Pologne, elle débordait dans l'Orient par ses acquisitions en Perse. Le traité qu'elle conclut avec cette dernière puissance fut confirmé en septembre 1814. En vertu de ces nouvelles stipulations, la Russie étendait sa frontière méridionale de la Caspienne à l'Euxin, et de l'Euxin au Bosphore. Ces nouvelles délimitations préparaient à la Russie de faciles triomphes et lui ouvraient le chemin des Indes.

(1815.) Tandis que les ministres assemblés en congrés morcelaient l'ancienne et la nouvelle Europe, plutôt d'après les convenances du moment que pour établir un équilibre imaginaire, Napoléon suspendait par sa présence toutes ces laborieuses combinaisons: l'homme qu'on avait présenté comme usé et impopulaire avait traversé presque seul cette France encore étonnée de sa défaite. Tous les débris de la grande armée se groupèrent autour du grand capitaine; la jeunesse se leva avec enthousiasme et salua de généreuses acclamations l'illustre proscrit. Toutes les blessures de la France saignaient encore; les esprits faibles, quí font toujours la grande majorité, d'accord cette fois avec les esprits

sages, n'envisageaient qu'avec épouvante les suites d'une nouvelle invasion; mais, dans ces circonstances, l'énergie impose ses résolutions au grand nombre; et tous subirent les mêmes conséquences. Nous passerons rapidement sur les événements militaires de cette campagne, à laquelle les armées russes ne purent prendre une part active. « Près de quatorze cent mille hommes furent mis sur pied par les souverains alliés. Napoléon n'en eut à combattre à Waterloo qu'un peu plus de deux cent mille; de sorte qu'en supposant une victoire, il lui restait à terrasser plus d'un million d'ennemis. Les Anglais et les Prussiens parurent seuls sur le champ de bataille de Mont-Saint-Jean. Les Russes, qui étaient destinés à former l'armée du moyen Rhin, ne purent, malgré des marches forcées, arriver à temps. Ils étaient au nombre d'environ cent soixante et dix mille hommes, commandés par les généraux Barclay de Tolly, Dokhtourof, Raïevski, Sacken, Langeron, Jermolof, Vintzingerode et Pahlen... Les empereurs de de Russie et d'Autriche apprirent à Heidelberg la nouvelle de la défaite des Français; leurs généraux n'eurent plus qu'à recevoir les capitulations de quelques places de guerre. Dès lors Alexandre jugea inutile de faire avancer les trois corps qui composaient la totalité de son armée d'invasion; celui de Barclay eut ordre de poursuivre seul sa route; et, arrivé au cœur de la France, dans la distribution des quartiers d'occupation, les pays d'entre Seine et Oise, et ceux que baignent la Meuse et la Moselle, fui furent assignés... Cette fois, les souverains alliés entraient plus en ennemis qu'en libérateurs dans un pays moins touché des bienfaits de la restauration qu'humilié de recevoir un roi de l'intervention étrangère. Les ambitions que le premier morcellement de la France n'avait qu'à demi satisfaites, les haines encore vivantes de la Prusse et de l'Angleterre et qu'avait contenues la modération d'Alexandre, les rancunes de l'émigration qui rêvait l'ancien ré

gime pur, en un mot, toutes les passions de cupidité et de mauvais vouloir se trouvaient d'accord avec la politique pour consommer l'affaiblissement, si non la ruine de la France. Les dispositions d'Alexandre lui-même, à l'égard du peuple français, n'étaient plus aussi bienveillantes; il lui en coûtait, sans doute, de voir que la France, qui avait reçu avec enthousiasme les Bourbons et la charte, eût renoncé spontanément à cet ordre de choses pour se jeter de nouveau dans une carrière de troubles et de périls: le tsar avait cru trop facilement ce qu'il désirait et ce qui n'était guère possible: il s'était flatté de concilier le bonheur des vaincus avec les prétentions des vainqueurs. Des manifestations éclatantes l'abusèrent en 1814, comme la levée de boucliers de 1815 échappa à son appréciation à la première de ces époques, la voix d'un parti pouvait seule se faire entendre, et il prit cette voix pour celle de la nation entière, unanime dans ses vœux comme dans ses réprobations; en 1815, c'était encore un parti qui s'était imposé momentanément, et qui, disposé à s'ensevelir sous les ruines du pays, ne pouvait trouver une résistance efficace dans une fraction de la population lasse de sacrifices et avide de repos, ou dans les hommes de Coblentz, étourdis d'un coup si inattendu et privés de l'appui des étrangers.

Il fallait aux alliés une indemnité et une garantie: épuisée d'hommes, la France devait encore être démembrée et couvrir d'or toutes les traces de ses désastres.

Le traité de Paris stipula les exigences de la conquête; il fut signé le 20 novembre; celui de la sainte alliance l'avait été le 20 septembre, environ deux mois avant. Pour bien faire comprendre cette œuvre de mysticisme et de politique, nous emprunterons le récit de l'historien d'Alexandre.

« Dès 1814, l'empereur Alexandre avait eu des relations avec madame de Krudener. Depuis quelques années, cette femme célèbre remplissait le Nord du bruit de ses succès dans la

mission si singulièrement évangélique qu'elle s'était donnée, ou, si l'on veut, qu'elle avait reçue des inspirations exaltées d'une âme religieuse et ardente, et d'un cœur qui surabondait de zèle et de tendresse pour l'humanité. On sait que, née dans une position élevée, et au milieu des douceurs de l'opulence, douée d'une beauté dont l'attrait était irrésistible, madame de Krudener renonça à ces avantages, jeune encore, pour accomplir, en annonçant aux hommes la parole de Dieu, un apostolat dont le but n'était rien moins que la conversion du genre humain. Jusque-là, comme il arrive ordinairement aux fondateurs de sectes, elle avait trouvé plus de partisans dans les cabanes que dans les palais; et les princes, loin de se faire ses prosélytes, l'avaient persécutée, jugeant dangereuses les prédications et même les aumônes au moyen desquelles elle entraînait les populations à sa suite. D'ailleurs elle pouvait enflammer les passions des classes souffrantes, et fournir un prétexte aux rébellions, en mêlant à ses prières des prédictions menaçantes contre les puissants de la terre qui s'écartaient de la droite voie. Cependant, comme elle avait annoncé la chute de Napoléon, sa réputation de prophétesse commença, en 1814, à s'établir avec une sorte d'universalité; et voyant, dans le grand changement qui s'accomplit en Europe, une occasion favorable pour tenter la révolution religieuse qu'elle-même méditait, elle se rendit à Paris en même temps que les souverains alliés. C'était sur l'appui d'Alexandre qu'elle comptait particulièrement, non-seulement parce que la Russie semblait désormais devoir être la modératrice des grands débats qui s'élèveraient pour la reconstruction de l'Europe, mais encore parce qu'elle savait que quelque chose dans l'âme de ce souverain sympathisait avec ses propres idées sur la nécessité d'une révolution religieuse. <«< Il est, en effet, incontestable qu'Alexandre était, par la nature de son organisation morale et physique, prédisposé au mysticisme, et à subir l'em

pire des idées religieuses, même jusqu'aux illusions de l'illuminisme. Sans parler de cette tendance si générale dans le Nord, et qui n'excepte pas les esprits de l'ordre le plus élevé, on peut regarder le mysticisme comme le résultat d'une loi de développement des passions commune à tous les individus chez qui la sensibilité du cœur et l'activité de l'imagination ne sont pas dominées par une raison énergique et par un caractère vigoureux. Lorsque les organes s'émoussent, et que les jouissances sensuelles échappent, il faut nécessairement que, privées d'une activité intellectuelle suffisante pour remplacer ce qu'elles ont perdu, ces âmes trompées, mais nobles et élevées, cherchent dans la sphère sans limites des affections religieuses un vaste dédommagement. En élevant les termes ou les données de cette proposition à leur plus haute puissance, on explique madame de Krudener; et c'est à peu près de la même manière qu'il faudrait raisonner pour rendre raison du singulier changement qui, en 1815, s'était opéré dans les idées et les vues politiques de l'empereur Alexandre, s'il ne suffisait pas, historiquement parlant, d'en constater le fait.

« Ce fait, c'est la sainte alliance. La source de ce pacte fut évidemment une profonde préoccupation mystique de la part d'Alexandre. Depuis 1814, les instructions et les exhortations de madame de Krudener avaient produit leur effet. Elle s'était emparée habilement de ce qu'il y a toujours de vivant et de chatouilleux dans le cœur d'un roi.... Alexandre, disait-elle, a reçu mission de réédifier ce que Napoléon avait eu mission de détruire. Alexandre est l'ange blanc de l'Europe et du monde, comme Napoléon en fut l'ange noir.

« On attribue à l'influence de madame de Krudener la modération que montra ce souverain dans les transactions qui se firent à cette époque avec la France (*). Ce qu'il y a de sûr au

(*) Madame de Krudener n'aurait pas eu de prise sur le caractère de ce prince, si cette modération n'eût pas été dans la na

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moins, c'est qu'elle tenait à Paris des conférences mystiques où se réunissaient les souverains alliés... Son crédit dut s'augmenter lorsque le retour de l'île d'Elbe et la journée de Waterloo vinrent confirmer toutes ses prédictions. On a même attribué à madame de Krudener l'idée de la sainte alliance; et il est vrai qu'elle avait rêvé l'union des rois, mais dans l'intérêt universel des peuples. Elle voulait christianiser le monde selon les principes de l'Église primitive; elle voulait la paix universelle, et ne voyait d'autre moyen d'y parvenir que l'alliance des puissants du siècle cimentée par la religion... Voici, au surplus, une particularité digne de remarque et que nous rapportons comme certaine.

L'empereur Alexandre ayant, au mois de novembre 1815, minuté de sa main le projet de la sainte alliance, remit son brouillon à M. Gentz, pour le porter au prince de Metternich, afin que celui-ci rédigeât, d'après ce projet, une convention ou un traité dans les formes consacrées par l'usage. M. de Gentz, avant de remettre ce papier au prince de Metternich, le montra au duc de d'A..., en lui disant : L'empereur m'a chargé de remettre à M. de Metternich ce chiffon de papier qu'il a écrit dans une intention trèschrétienne; vous verrez les conséquences que cela aura dans la politique de l'Europe... Ce fut pour cet habile ministre un trait de lumière sur le caractère de l'empereur Alexandre, que jusque-là il n'avait peut-être pas bien compris, et sur lequel il ne connaissait pas encore le moyen d'agir avec efficacité. M. de Metternich abaissa modestement ses projets devant la sublimité de cette idée, s'exalta devant la grandeur des résultats qu'elle promettait, et n'oublia rien pour se montrer pénétré du même esprit de mysticisme. Voilà donc deux faits, savoir l'origine de la sainte alliance, et l'origine de l'influence du cabinet

ture comme dans les principes du royal adepte.

autrichien sur celui de Saint-Pétersbourg, qui ont une source commune, s'expliquent l'un par l'autre, comme la cause et l'effet. »

Jusqu'à cette époque, Alexandre avait paru peu favorablement disposé à l'égard de M. de Metternich, soit à cause du partage de la Saxe qu'avait appuyé la Russie contre le vœu de l'Autriche, soit pour des causes qui échappent à l'appréciation parce qu'elles tiennent à des répugnances de pure organisation. Le génie du diplomate avait calculé toute la portée d'un concert parfait entre les grandes puissances parmi lesquelles la Russie tenait le premier rang; il n'ignorait pas que si l'ambition se joignait à la force, l'Allemagne n'aurait fait que changer de maître; il saisit donc avec empressement l'occasion de contenir le plus dangereux de ses alliés par un frein moral, et de l'enchaîner dans les liens de tout un système dont le mérite semblerait remonter jusqu'à celui qui en avait conçu la première idée. Ce plan avait encore un autre avantage: il lui donnait les moyens de reconstituer la vieille Allemagne, en raffermissant les préjugés aristocratiques auxquels les idées nouvelles et le contact des mœurs françaises avaient porté de rudes atteintes. La solidarité des intérêts monarchiques, établie par la sainte alliance, ajournait indéfiniment les espérances constitutionnelles dont on avait flatté les peuples au moment du danger; dans cette combinaison de la force matérielle et du principe de légitimité appuyé au droit divin, toutes les résistances devenaient vaines et immorales; c'était l'âge d'or de l'absolutisme, qui, pour l'honneur et la sécurité de son système, travailla franchement au bien-être matériel des peuples: mais les conséquences mêmes de ce bien-être favorisaient le dévelopLement intellectuel; et plus les peuples recevaient, plus ils se trouvaient en droit de demander. D'ailleurs cet édifice reposait sur des bases fragiles, sur une existence individuelle. Les idées révolutionnaires, comprimées plutôt que vaincues, réagirent à cette époque,

mais sans ensemble et avec toute l'imprudence du désespoir; les événements du Piémont, de Naples, de Portugal et d'Espagne, offrirent à la sainte alliance l'occasion de se prouver par des actes: mais la rigueur qu'elle déploya dans ses mesures répressives, et le caractère de sombre religiosité qui les distinguait, justifièrent les méfiances; et dans un siècle où la tolérance remplace la foi, la sainte alliance dut apparaître aux peuples comme une inquisition d'État. A chaque instant les conséquences de ce système venaient se heurter contre les intérêts les plus vitaux des gouvernements qui s'efforçaient de le maintenir: de là, la nécessité de tant de congrès, où les difficultés du moment n'étaient levées que par des mesures qui devaient bientôt en faire surgir de nouvelles. « Dans ces réunions, dit Rabbe, M. de Metternich pouvait déployer avec succès toute l'adresse et toute la puissance des facultés oratoires et les ressources d'un esprit aussi délié qu'on puisse l'imaginer. Là, le ministre conjurateur des périls de la royauté n'avait besoin, pour accréditer son système, que de l'énergique magie de ces tableaux où les complots et les crimes du génie démocratique prêt à rompre ses chaînes, apparaissaient comme une vision fantasmagorique.

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L'empereur Alexandre, victime de cette séduction politique dont le succès était favorisé par des événements qui semblaient, en effet, menacer avec les dynasties régnantes le fondement de toute autorité non constitutionnelle, était cependant ramené de temps en temps par sa droiture naturelle à des idées toutes différentes. Il savait prévoir que les circonstances seraient plus fortes que les principes; et, tout en subissant la direction que lui imprimait le cabinet autrichien, il semblait attendre avec une sorte d'impatience le moment où là force des choses viendrait le décharger du fardeau de sa responsabilité. Plus d'une fois on lui a entendu proférer ces paroles remarquables: Je ne sais pas jusqu'à quel point et jusqu'à quel temps on

pourra faire ce que l'on fait dans ce moment-ci. A l'époque de la révolution de Naples, se trouvant à Varsovie, il disait à M. de la Ferronnays, ambassadeur de France: Les affaires de Naples ne nous regardent pas; puisque le peuple napolitain respecte la famille régnante et n'attaque pas la légitimité, on n'a à se plaindre que des formes par lesquelles s'est manijesté le vœu public, et je ne pense pas qu'il soit utile d'employer la force contre cette manifestation. Cependant, dès qu'il fut à Troppau, et ensuite à Laybach, Alexandre consentit à toutes les mesures jugées nécessaires par l'Autriche. »

Par une conséquence toute naturelle d'un système si ombrageux, l'esprit d'opposition surgit de toutes parts; bientôt forcé à se cacher, il fut réduit à conspirer dans l'ombre, et n'en devint que plus dangereux. Dès l'année 1816, quelques jeunes Russes, revenus de l'étranger après les campagnes de 1813, 1814 et 1815, et connaissant la tendance politique de plusieurs sociétés secrètes qui existaient alors en Allemagne, concurent l'idée d'établir en Russie des associations semblables (Rapport sur la commission d'enquête. Saint-Pétersbourg, 1826). Quoique le but de ces associations réformatrices ou révolutionnaires ne fût bien connu que quelques années plus tard, néanmoins le gouvernement en apprit assez pour concevoir de l'inquiétude; et ces indices, trop vagues pour déterminer des poursuites ostensibles, empêchèrent Alexandre de sortir du cercle où l'avait enfermé la politique de l'Autriche.

(1817 et 1818.) Nous avons cru devoir anticiper sur les temps postérieurs pour expliquer les causes de la politique de la sainte alliance, ainsi que le rôle que M. de Metternich sut ẩmposer à Alexandre, en profitant à la fois de ses bonnes intentions et de ses faiblesses; nous allons tracer sommairement les traits les plus saillants du règne de ce prince, à partir de l'époque où nous avons interrompu notre récit; nous suivrons pour l'ordre des faits

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son historiographe, dont nous resserrerons l'exposé.

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Alexandre, après avoir passé en revue ses troupes dans les plaines de Champagne, se dirigea sur Bruxelles pour y conclure le mariage de sa sœur, la grande - duchesse Anne, avec le prince d'Orange. Il voulut visiter le champ de bataille de Waterloo : le roi des Pays-Bas, le prince d'Orange et le prince de Prusse l'y accompagnèrent. Après avoir examiné les diverses positions, ils se rendirent ensemble à la ferme de la Belle Alliance. Là, Alexandre ayant demandé un verre de vin, dit, en le prenant, aux deux princes: « Oui, c'est véritablement la belle alliance, aussi bien celle des États que celle des familles. Fasse le ciel qu'elle soit de longue durée! L'empereur traversa rapidement l'Allemagne, mais il s'arrêta quelque temps à Berlin, pour y arrêter le mariage du grand-duc Nicolas avec la fille du roi, la princesse Charlotte de Prusse. L'Autriche ne vit pas cette alliance sans inquiétude; les Russes devinèrent que le sacrifice que ferait de sa religion cette jeune princesse serait compensé par la perspective d'une cou-. ronne, et que les droits du grand-duc Constantin seraient sacrifiés. Après avoir assuré, autant qu'il appartenait de le faire à une prévision humaine, l'avenir de sa famille et celui de l'empire, il se rendit en Pologne, et fut reçu à Varsovie avec cet enthousiasme qui n'est souvent que la voix de l'espérance, et qui tombe quand cette espérance s'évanouit. Il assura aux habitants qu'il voulait faire tout ce qui pouvait fonder leur repos et combler leurs vœux. Les actes suivirent de près ces promesses; il annonça que bientôt les troupes russes évacueraient le territoire; et il donna à ce peuple, sinon la liberté orageuse d'autrefois, du moins un gouvernement constitutionnel, avec les restrictions du protectorat, c'està-dire de la dépendance. Les esprits éclairés ne s'abusèrent pas sur la portée d'un tel bienfait; c'était trop de liberté pour une annexe de la Russie; c'en était trop peu pour les frères des

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