les gouvernements de Kherson, de Iékatérinoslaf, de Tchernigof, de SaintPétersbourg, en Bessarabie et en Géorgie. Ces écoles, qui sont entretenues par les communes, répondent aux écoles de villages (Dorf-schulen) de l'Allemagne. Les colonies étrangères en Russie sont au nombre de 410, y compris les colonies grecques, bulgares et juives, et renferment ensemble une population de 250,000 âmes, dont les quatre cinquièmes d'Allemands: or, comme le nombre d'élèves qui fréquentent les écoles des Alemands colonisés est de plus de 35,000, on verra, d'après le chiffre total des élèves de tout l'empire, que si l'on représente par l'unité la civilisation des Allemands colonisés, celle des Russes ne sera exprimée que par un vingtième. Mais les Allemands fixés en Russie sont moins avancés que leurs compatriotes nationaux; c'est donc une mesure au moins intempestive que d'avoir mis obstacle à l'enseignement par des étrangers, au lieu de se contenter de prendre à leur égard de légitimes mesures de précaution. Les Tatars, à l'exception de ceux qui existent encore à l'état nomade, savent presque tous lire et écrire. Il y a ordinairement une école près de chaque mosquée. Le mollah exerce en même temps les fonctions de maître d'école. Du reste, ces établissements ne ressemblent en rien aux autres écoles élémentaires. La maison est ordinairement achetée par un riche Tatar; un autre se charge de l'entretien soit pour un an, soit pour plus longtemps, selon sa fortune ou sa dévotion. La maison se compose d'un petit vestibule et d'une grande salle dont le plancher est disposé en pente. Sur cette élévation, chaque élève occupe un espace d'environ deux pas de long, où il place son matelas, ses effets, et même ses ustensiles de cuisine que chacun doit apporter avec soi. Cette salle sert en même temps de classe, de dortoir et de réféctoire pour les élèves, et de logement pour le maître. Les enfants tatars sont envoyés à l'école à l'âge de sept à huit ans, et ils y restent pendant cinq années, à l'exception de ceux qui se vouent à l'état ecclésiastique, et dont les études durent beaucoup plus longtemps. Les objets d'enseignement sont les dogmes de la religion mahométane, la lecture et l'écriture arabes, et quelquefois, selon les besoins locaux, le persan et le boukhare. Les Tatars n'apprennent point aux écoles leur langue maternelle, attendu, disent-ils, qu'il serait superflu de faire des dépenses pour un enseignement qu'on peut recevoir chez ses parents. Le maître n'est point rétribué en argent, mais en nature, c'est-à-dire, en vêtements ou en denrées qu'on lui envoie en forme de présents. La population professant l'islamisme s'élève, dans la Russie d'Europe, à 1,287,407 âmes, et habite particulierement les gouvernements d'Orenbourg, Kasan, Viatka, Nijni-Novgorod, Astrakhan, Saratof, Penza, Perm et la Tauride. Il existe dans ces divers gouvernements 561 écoles mahométanes, renfermant environ 14,000 élèves. La population juive, groupée dans les provinces polonaises successivement incorporées à l'empire, depasse un million d'âmes. Les écoles israélites sont au nombre de 3,523, toutes indépendantes de l'action du gouvernement; cependant plusieurs écoles qu'on pourrait appeler mixtes ont été fondées dans le but de perfectionner l'éducation scientifique de quelques jeunes Israelites; le règlement de 1835 ne peut manquer d'exercer une heureuse influence sur l'état moral et la civilisation de cette classe industrieuse, si longtemps et si injustement opprimée. Le total des écoles spéciales et diverses dans tout l'empire est de 1622, renfermant 127,864 élèves. Le tableau suivant présente l'état de l'instruction publique en Russie. Sur ce nombre d'élèves, 44,000 environ reçoivent une instruction supérieure; les autres se contentent de connaissances élémentaires ou pratiques. Ainsi le nombre des élèves qui suivent les écoles est à la population totale de l'empire dans le rapport approximatif de un à cent quarante. Le gouvernement poursuit avec persévérance la tâche d'éclairer le peuple russe; mais s'il peut décréter l'établis sement d'un collége ou d'une académie, il est impuissant à donner la vie scientifique et morale. En dépit de toutes les précautions, les moyens dont se sert la Russie pour distribuer les lumières dans les diverses classes de sa hiérarchie sociale, étant le produit d'une civilisation plus complète, conservent l'esprit de leur origine; et ils pousseront les intelligences à la liberté qui est inséparable de la science, ou au désespoir. Entre ces deux alternatives il ne peut y avoir qu'un état mixte et apathique, où tombent quelquefois les peuples qui ont passé par toutes les phases politiques, mais qui ne peut convenir longtemps à une nation qui est dans la période la plus active de son développement. Les derniers voyages de l'empereur Nicolas, sa visite inattendue à Bernadotte, sés excursions en Allemagne, qui rappellent l'activité inquiète de Pierre le Grand, ont sans doute un but politique; mais le défaut de ren 252,311 seignements positifs ne nous permet pas de caractériser ces démarches. Nous nous contenterons de répèter que le but du cabinet russe est de rompre, ou tout au moins de neutraliser l'alliance anglo- française : il manie habilement à cet effet tous les incidents qui naissent de la question hollando-belge, de celles d'Afrique et d'Espagne, et des embarras où s'est jetée la France en rompant ses relations amicales avec la Suisse et le Mexique. Pendant que la Russie embrouille tous ces fils, elle protége à sa manière la Porte ottomane, la Grèce et la Perse; et déjà les contrées limitrophes de l'Inde s'émeuvent sous son influence. Toutefois, plus elle approche du but, plus l'Angleterre s'inquiète; et le dernier pas sera plus difficile que tous les autres. Les mœurs russes, sous le règne actuel, ont repris une allure plus nationale; encore un quart de siècle de cette séquestration de l'empire en Europe, et le caractère asiatique aura envahi les plus hautes classes de la société, qui, sous l'empereur Alexandre, se faisaient remarquer par une politesse et une élégance de langage dont s'étonnèrent souvent les cours étrangères. On peut dire que les sciences militaires ont été seules en progrès; les arts et les lettres, qui ont besoin pour fleurir du soleil de la liberté, se courbent sous le niveau des institu tions. Depuis la mort du poëte Pouchkin, les écrivains russes ont quelquefois fait preuve de talent; mais le génie et la véritable inspiration ont disparu. Après tout, qu'importe? La civilisation, en Russie, n'a pour mission que de perfectionner l'obeissance; tout ce qui sortirait de cette limite, le pouvoir le regarderait moins comme un avantage que comme un obstacle. Quant au caractère personnel de l'empereur Nicolas, il est écrit tout entier dans l'allocution qu'il a adressée à la députation de Varsovie en octobre 1835 nous le résumerons en deux mots: inflexibilité et persévérance. Ses actes les plus absolus ont une empreinte de grandeur; il possède l'art difficile d'associer son peuple aux mesures qui affermissent l'absolutisme; étrange spectacle que celui de tant de millions d'hommes qui applaudissent à leur propre assujettissement, parce que le reflet de la gloire militaire dore leurs chaînes! Nicolas ne s'est point signalé personnellement par de hauts faits militaires; mais il sait donner l'impulsion, démêler et récompenser le mérite; dans une guerre européenne, il ferait marcher jusqu'au dernier homme, et dépenserait le dernier rouble, plutôt que de céder sur un point qui engagerait l'honneur de sa couronne. Il a montré un grand sang-froid dans des circonstances difficiles: son attitude, lors de la révolution militaire de Saint-Pétersbourg, en 1824, a donné la mesure de sa fermeté. Quand le choléra éclata dans sa capitale, on l'a vu s'avancer, le front sévère, au milieu d'une populace furieuse, lui reprocher en termes brefs et incisifs son égarement, et la faire tomber à genoux d'un geste. En 1828, les Russes reprirent, à Varna, plusieurs canons conquis sur les Polonais en 1444, lorsque Ladislas Jagellon périt au siége de cette ville. Nicolas, à la vuede ce trophée, ordonna de transporter ces pièces à Varsovie pour en faire un monument national. C'est par l'autorité de l'exemple, non moins que par ses avertissements su prêmes, qu'il exerce une influence irrésistible sur les masses; il a le droit de recommander l'ordre, l'économie et les vertus de la famille, lui dont les mœurs sont rigides, et qui ne déploie de magnificence que pour récompenser d'éclatants services, ou pour l'établissement de fondations utiles. Certes, sa sévérité a fréquemment dépassé les bornes; mais, pour bien juger un prince, il faut lui tenir compte de certaines exigences de position : la plus impérieuse, peut-être, a été cette sorte de réac tion qui, dans les États despotiques, imprime souvent à la politique du nouveau souverain une marche contraire à celle de son prédécesseur; soit que les abus du règne qui vient de finir, s'attribuent aux traits caractéristiques les plus saillants du dernier autocrate, soit que le nouveau maître, presse de faire acte de puissance, entre instinctivement dans le despotisme en s'éloignant des limites où, comme les autres, il a dû marcher le front courbé. Or, nous avons vu que les qualités dominantes d'Alexandre étaient la clémence, et une douceur de formes qui n'excluait point une grande finesse de vues: c'en était assez pour préparer la Russie et le monde au gouvernement dur, franc et entier de l'empereur Nicolas : d'ailleurs, quand un homme d'un caractère fort est maitre absolu de soixante millions d'âmes, comment ne serait-il pas tenté de briser violemment les résistances; et, quand son agrandissement personnel n'est que l'expression de la puissance collective de tout un peuple, peut-on nier que ses efforts revêtent un caractère imposant? Ce prince peut quelquefois errer dans les moyens; mais, aux yeux de son peuple, le but l'absout; l'autocrate fait son devoir, pourquoi l'Europe ne fait-elle pas le sien? Les ancêtres de Nicolas ont dit aux Russes Abjurez vos coutumes, vos mœurs, pour adopter les mœurs et les coutumes étrangères: Nicolas, prématurément, selon nous, a dit aux Russes: Votre civilisation mûrira d'ellemême; désormais vous marcherez seuls.... FIN DE LA RUSSIE. CONTENUES DANS LA RUSSIE. Abo, ville dévastée par un incendie en Administration municipale des villes, 28 Albâtre, belles carrières à Koungour, A Aléoutes, iles qui renferment quelques cratères tantôt fuinants, tantôt lançant des Pahlen dans la conspiration contre Paul Ier, et soutenu par lui pour son avénement au trône (V. les relations, 398 a — 411 a); idée de sa position, de ses qualités, de son ca- ractère, 4 b413 a; abandonne les plans de Paul Ier; lève l'embargo mis sur les bâtiments anglais; Markof, ambassadeur russe, est expulsé de France; le tsar s'oc- cupe d'améliorations administratives, réunit la Géorgie à l'empire, a une entrevue avec le roi de Prusse, déclare la guerre à la France, 413 b-417 a; envoie une ambas- sade pour obtenir l'entrée dans les États chinois, réprime les empiétements de la Suède et les incursions des Lesghis; après l'enlèvement d'Ettenheim, fait remettre une note terminée par un ultimatum, sur la quelle M. de Talleyrand est chargé de noti- fier la réponse; effectif auquel est portée l'armée russe, 417 a421 b; utiles ré- formes à l'intérieur; la Russie refuse de re- connaître Napoléon empereur; campagne d'Austerlitz; traité de Presbourg; entrevue de Napoléon et de l'archiduc Charles; la Russie renouvelle avec la Porte le traité de 1798, signe un traité de paix avec la France, 421 b429 b; débats entre la France et la Prusse, hostilités, Iéna; l'électeur de de 1807 contre la Russie, Friedland; en- rendue à ce sujet par Alexandre, embargo mis sur les vaisseaux anglais; sur les arti- cles secrets du traité de Tilsitt, 429 b- des Turcs, renversement de Sélim; la Va- lachie est gouvernée par un divan de Russes et de boyars du pays; expédition en 1808 de la Russie contre la Suède, occupation de la Finlande suédoise; déposition de Gus- tave IV, 437 a-447 b; guerre d'Espagne, échec de Baylen; conférence d'Erfurt; lettre adressée par Napoléon et Alexandre au roi d'Angleterre ; l'Autriche attaque la Bavière; Vienne est occupée par les Français; Essling, Raab, Wagram; traité de Schönbrünn, mariage de Marie-Louise; nouveaux soins donnés par Alexandre à l'administration in- térieure; succès des Russes sur les Turcs, paix de Boukharest, ib. 447 b — 453 a; si- iuation de l'Europe en 1812; Alexandre lève des armées; Napoléon arrive à Dresde, donne quelques espérances aux Polonais, est privé de l'appui de la Suède et de celui de la Turquie; dispositions et marches des deux armées, Napoléon déclare la guerre; sa si- tuation déjà critique à Wilna, 453 a — 459 b; mouvements et engagements entre les deux armées; Napoléon reçoit à Wilna la députation de la diete du grand-duché de Varsovie; manifestes d'Alexandre qui se rend à Moscou, puis à Abo, où il décide jusqu'à Vitepsk; deux corps de l'armée russe se réunissent sous les murs de Smo lensk; positions des corps formant les ailes des deux armées; prise de Smolensk; le combat de Polotsk décide Napoléon à mar- cher sur Moscou; une division française prend la grande redoute de Chevardino, 463 a- 467 a; victoire des Français à Borodino, entrée à Moscou, incendie de la ville; Napoléon fait des propositions de paix ; brusque attaque par les Russes à Vin- kovo, combat sanglant à Malo-Iaroslavetz, les Français repoussent encore les Russes à Viazma; Napoléon et plusieurs corps ren- trent à Smolensk; combats soutenus par les Français dans leur retraite au milieu de souffrances inouïcs; passage de la Bérézina; Napoléon confie à Murat le commandement de l'armée et rentre à Paris, 467 a — 480 a; les Français évacuent Wilna; défection d'un corps prussien, Posen et Berlin sont éva- cués par les Français; en 1813, Napoléon est vainqueur à Lützen, Bautzen et Wurt- chen; rupture du congrès de Prague, efforts de l'Angleterre; victoire de Napoléon à Dresde, échecs essuyés par Oudinot et Van- damme; Monsieur se rend au quartier gé- néral des puissances alliées, 480 a--486 a; 1814, Champ-Aubert, Montmirail, Vau- champ, Arcis-sur-Aube, capitulation de - tenir les Grecs, ses paroles à M. de Châteaubriand sur ce sujet; congrès de Vé- rone, débats avec la Turquie; associations secrètes en Russie, 502 b-511 a; maladie sérieuse d'Alexandre, inondation de Saint- Pétersbourg; état des négociations avec la Porte; réduction de la masse des assignats, malaise du commerce, contrebande exercée par les juifs; colonies militaires, 511 a— 517 a; mort d'Alexandre; discussion de l'auteur sur les assertions avancées à ce sujet; peu de temps après, mort de l'impératrice; résumé sur le caractère des princes qui ont succédé à Pierre Ier; portrait d'Alexandre, traits anecdotiques, 517 a, 529 a. Alexandre Mikbaélovitch (1319-1328), nommé grand prince par Usbeck, est aussi chef de Novgorod; Schevkal, cousin d'Us- beck, et ses Tatars sont taillés en pièces à Tver par les Russes; Usbeck dévaste plu- sieurs villes et donne la grande principauté à Jean, prince de Moscou ; Constantin, frère d'Alexandre, reçoit d'Usbeck la prin- cipauté de Tver; Alexandre, sommé de comparaître devant Usbeck, fuit en Lithua- nie, et dix ans plus tard se présente à Us- beck qui lui rend son apanage, mais qui 112 a. Alexandre Newsky (1247-1263) reçoit Alexis Mikhaelovitch (1645-1676) brigue |