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un reproche à leur incapacité, et même comme l'engagement de les mettre au moins au même niveau que des provinces conquises. Tous ces motifs portèrent l'empereur Nicolas, après les événements de 1831, à remplacer la constitution de 1815 par un statut organique qui ferait de la Pologne une partie cohérente avec le reste de l'empire. Ce statut conserve à la Pologne son ancien titre de royaume, mais sans représentation nationale. La liberté de la presse y est restreinte comme dans le reste de la Russie; des directeurs relevant du lieutenant remplacent les ministres. Les affaires importantes et le budget annuel sont soumis en dernier ressort à l'examen du conseil de l'empire, où l'on a créé une section spécialement chargée de ces attributions. L'armée n'est plus qu'une armée russe, et les juges nommés par le roi sont amovibles. La constitution prescrivait aux tsars de se faire couronner à Varsovie rois de Pologne, et de prêter le serment en termes formels; le statut veut que le couronnement des empereurs de Russie et rois de Pologne soit solennisé par une seule et même cérémonie qui aura lieu à Moscou, en présence des députés de toutes les parties de l'empire. Selon la charte de 1815, en cas de régence, celle-ci devait se composer de quatre membres élus par le sénat, et du ministre secrétaire d'Etat: il était stipulé qu'elle siégerait à Pétersbourg, sous la présidence du régent de l'empire de Russie. Le statut se contente d'indiquer que le pouvoir du régent de Russie s'étendra sur la Pologne. Enfin un article de la constitution d'Alexandre abolissait la peine de confiscation; le statut la rétablit pour les crimes d'Etat qui seront définis ultérieurement. On voit que, grâce à ces nouvelles formes, les Russes n'ont plus rien à envier aux Polonais.

Les voïévodies qui correspondent aux gouvernements dans le reste de l'empire sont celles qui formaient autrefois les palatinats de même nom; c'est-à-dire, de Mazovie, de Kalisch, de Plotsk, d'Augustow, de Podlaquie, 5 Livraison. (RUSSIE.)

de Lublin, de Sandomir et de Cracovie. On a distrait de cette dernière voïévodie la ville de Cracovie et le territoire de la rive droite de la Vistule.

Varsovie est la capitale de la voïévodie de Mazovie; les neuf faubourgs de la ville en composent la partie la plus considérable et la plus ornée. Un seul de ces faubourgs, celui de Praga, est construit sur la rive droite du fleuve; les huit autres et la ville ellemême s'étendent à l'opposé, sur un espace de plus d'une lieue. La fondation de Varsovie remonte à l'an 1200; c'est sous le règne de Sigismond III qu'elle est devenue la capitale du royaume de Pologne. Sa population a varié, en raison des circonstances politiques, de quatre-vingt mille à cent cinquante mille âmes. En 1830, avant l'insurrection, on l'évaluait à cent trente mille habitants, sans compter la garnison ni les étrangers.

Le faubourg de Praga communique avec la capitale au moyen de trois ponts en bois. Autrefois il était vaste et populeux; mais, pris d'assaut et rasé par Souvorof, en 1794, il n'a pu se relever depuis ce désastre.

Varsovie, quoique privée de monuments de premier ordre, frappe par un aspect général de propreté et d'élégance qui annonce une capitale; le quartier juif fait seul exception. Parmi les édifices nous citerons : le château royal situé sur une hauteur qui domine les deux rives de la Vistule, achevé et embelli par Stanislas-Auguste, et résidence impériale quand le tsar se trouve à Varsovie : depuis l'insurrection jusqu'en 1832, c'est là que se réunissaient les deux chambres; la colonne élevée à Sigismond par son fils Vladislas IV (cette colonne à été taillée dans un seul bloc de marbre, elle est surmontée de la statue en bronze de Sigismond III, tenant la croix d'une main et le sabre de l'autre); le palais de Saxe, résidence des deux Auguste, le nouveau théâtre national, le palais du lieutenant du royaume, le palais Bleu, aujourd'hui propriété de la famille Zamoyski, et que le roi Auguste avait fait bâtir pour sa maîtresse: quatre se

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maines suffirent à sa construction; le monument élevé à la gloire de Copernic, situé en face de la maison où se rassemblait la société philomatique, récemment dissoute, en vertu d'un oukase, pour avoir admis dans son sein le général Skrzynecki. La bibliothèque de la société fut envoyée à Pétersbourg: déjà, lors du premier partage de la Pologne, les Russes s'étaient emparés de celle de Mittau; au second, de celle de Nieswierz, héritage de la famille Radziwil; et au troisième, en 1795, de l'immense collection de Varsovie, rassemblée par Zaluski, qui en avait fait don à la nation, après en avoir lui-même écrit le catalogue en vers, dans le genre des racines grecques. Toutes ces bibliothèques composent la partie la plus considérable de la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. Nous citerons encore le palais de La zienki, bâti par Stanislas-Auguste, surnommé Augustulus par les patriotes de l'époque; le Belvéder, séjour du grand-duc Constantin; le lazaret d'Uiazdow, le plus beau et le mieux organisé qui existe en Europe. Si nous ajoutons quelques promenades spacieuses et plusieurs églises, nous aurons nommé tout ce qui mérite une attention particulière dans l'ancienne capitale de la Pologne. On regrette qu'un patriotisme mal entendu ait porté les Russes à détruire le monument qu'on était sur le point d'inaugurer en l'honneur du prince Poniatowski, et qu'on devait au ciseau du célèbre Torvallsen. Nous dirons encore, pour expliquer à ceux qui ne connaissent point Varsovie, la cause du résultat final de la dernière lutte, que cette ville n'a point de retranchements permanents, et que dans les siéges qu'elle a eu à soutenir on l'a fortifiée à la hâte. Son assiette ne la rend point susceptible d'une défense longtemps prolongée, et il lui faudrait au moins soixante mille hommes pour résister à cent mille assaillants.

Les autres villes de la Mazovie ont peu d'importance. Sandomir, célèbre par le séjour qu'y ont fait plusieurs rois de Pologne, n'a plus que deux mille habitants: la plupart des autres

villes de Pologne présentent aussi le spectacle d'une rapide décadence. Heureusement le sol n'a rien perdu de sa fertilité, et, sous ce rapport du moins, les malheurs qui ont pesé sur cette terre de liberté et d'héroïsme seront faciles à réparer.

Dans l'aperçu rapide que nous venons de donner de l'empire russe, nous avons dû abréger les détails et omettre tous ceux qui n'auraient fait que compliquer notre marche, sans faire mieux comprendre l'ensemble. Nous avons esquissé à grands traits la configuration du so!, en signalant les éléments de prospérité qu'il recèle; en constatant ce qui est, nous avons quelquefois hasardé d'indiquer ce qui pourrait être : nous avons montré la Russie puissante par son étendue, par son armée, par sa marine qui semble appelée à de hautes destinées, mais surtout riche de ses produits, et forte de cette majestueuse unité gouvernementale, de ce système politique qui ne varie point au milieu de tous les changements qui ébranlent et désunissent le reste de l'Europe; mais, en même temps, nous avons montré les points vulnerables de cet empire gigantesque, la difficulté de centraliser ses forces avant que les États menacés aient eu le temps de se mettre sur leurs gardes, les embarras financiers qui l'empêcheraient de faire à lui seul une guerre outre frontières, le défaut d'homogénéité dans les populations qui le composent, le vice moral de ses institutions toutes entachées de servitude, la nécessité pour longtemps encore de cette même servitude, et la difficulté de régénérer la nation par la liberté sans que tout l'édifice s'ecroulât sur les réformateurs. Ces difficultés sont grandes sans doute, mais la sagesse du gouvernement l'est aussi. S'il parvient à les surmonter, l'Europe devra s'estimer heureuse que les tsars, contents du territoire sur le quel s'étend leur domination actuelle, conservent les États de l'Occident comme des types de constitutions plus curieuses qu'alarmantes.

Ces notions préliminaires aideront à comprendre l'histoire qui va suivre,

comme l'histoire elle-même expliquera les différents âges de l'existence politi que de ce peuple, qui a été préparé par une longue enfance et de cruelles épreuves à l'état de force et de grandeur où nous le voyons aujourd'hui, et auquel l'avenir semble réserver un développe ment tel que les fastes du monde n'of frent rien qui lui puisse être comparé.

HISTOIRE DE RUSSIE.

CHAPITRE PREMIER,

Quelques notions éparses dans les écrits des anciens ont signalé l'existence des premiers habitants de la Russie méridionale, et l'absence totale de monuments nous réduit à ces données incomplètes sur le climat et les mœurs de la Scythie. Environ cinq cents ans avant J. C., des colonies grecques s'établirent sur les côtes de fa mer Noire. Olvia, fondée par les Milésiens, subsista jusqu'à la chute de l'empire d'Occident. Panticapée et Phanagorie, la ville de Tanaïs, sur l'emplacement de laquelle s'élève Azof, étaient des cités considérables du royaume du Bosphore; Kherson en Tauride resta libre jusqu'au temps de Mithridate.

Les Scythes, refoulés des bords de la Caspienne par les Messagètes, passèrent le Volga, et après avoir ravagé une partie de l'Asie méridionale, ils se fixèrent entre l'Ister et le Tanaïs (le Danube et le Don). Cette nation nomade, et de moeurs guerrières, se subdivisait en un grand nombre de peuplades, dont quelques-unes, adonnées à l'agriculture, reçurent la dénomination de Scythes laboureurs: ceuxci habitaient les bords du Dniepr.

Hérodote parle de plusieurs peuples dont l'origine n'était point scythe, tels que les Agathyrses en Transylvanie; les Nèvres en Pologne ; les Androphages et Mélanchlènes en Russie; les Sarmates, au delà du Don; les Budins, les Gélons, les Irques, et quelques autres. A l'Orient, vers l'Oural, étaient les Agrippéens, que Karamzin croit être les Kalmouiks.

En avançant vers le Nord, les no

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tions deviennent encore moins préci-
ses, parce que les rapports commer-
certaines limites.
ciaux ne s'étendaient guère au delà de

Issédons qui paraissent avoir exploité A l'orient des Agrippéens étaient les les mines de la Sibérie méridionale. Enfin, à l'est de la Caspienne, et sur l'emplacement qu'occupent de nos jours les Kirguiz, erraient les Messagètes aux lances de cuivre, et aux armes dorées.

naient le nom de Scythie aux contrées Il est constant que les Grecs donseptentrionales qui forment la Russie d'Europe et celle d'Asie, comme ils nommaient les Indes tous les pays qui s'étendaient à l'orient; et cette dénodu Nord, longtemps après que les mination resta attachée aux peuples Scythes proprement dits eussent disparu sous les efforts successifs des Macédoniens, des Gètes et des Sarmates qui finirent par absorber les restes de ces peuplades belliqueuses. Les Sarmates, divisés en deux grandes branfirent de fréquentes excursions dans ches, les Roxolans et les Yasiges, les terres de la domination romaine, et inquiétèrent sérieusement les dominateurs du monde.

figurer, à côté des Roxolans et des Vers le temps de Marc-Aurèle, vient Yasiges, un nouveau peuple qu'on croit être de même origine que les anciens Messagètes; ce sont les Alains qui habitaient alors entre la Caspienne les Sarmates du sud-est de la Russie, et le Pont-Euxin; après avoir expulsé ils prirent possession d'une partie de la Tauride.

Les Goths parurent au troisième
tation, et firent trembler Rome dégé-
siècle; ils portèrent au loin la dévas-
nérée; bientôt, las de détruire, ils
fondèrent un Etat puissant qui, au
quatrième siècle, embrassait une partie
considérable de la Russie d'Europe.

Huns, sortis de la Chine, viennent se
Vers la fin du quatrième siècle, les
ruer sur la partie sud-est de la Russie.
Tel est l'effroi qu'ils inspirent, que
Hermanrik, roi des Goths, se tue
pour échapper à l'eselavage. Les Goths

d'Orient se soumettent, et ceux d'Occident s'établissent dans la Thrace.

Les Antes, peuples de la mer Noire, subissent le joug des Goths, dont Balambar, roi des Huns, les délivre. L'incendie, le meurtre et la ruine signalent le passage d'Attila, et avec lui disparaît la puissance terrible des Huns. Une nuée de Vandales, d'Alains et de Suèves traverse le Rhin; et trouvant plus de butin à mesure qu'ils descendent vers le sud, ils vont s'établir en Espagne et en Portugal.

Les Ongres et les Bulgares, auxquels les annales byzantines assignent la même origine qu'aux Huns, quittent le Volga et l'Oural, envahissent les bords de la mer d'Azof, de la mer Noire, et s'avancent jusqu'à Constantinople.

Les Slaves apparaissent sur la scène, mêlés au flux et reflux de cette foule de peuples qui combattent, triomphent et passent. Les Slaves étaient répandus depuis l'Elbe et la Baltique jusqu'à la mer Noire. Quelques-unes de leurs tribus avaient pénétré en Bohême, en Saxe et en Moravie. Avant Justinien, il est rarement question des Slaves; mais à cette époque ils commencèrent à agir contre l'empire, de concert avec les Ongres et les Antes, et de tous les barbares, ils se montrèrent les plus redoutables.

Les Avars, vaincus par les Turcs, abandonnèrent les déserts de la Tatarie. Ces derniers, reste des Huns, associés à quelques hordes de même origine, conquirent le midi de la Sibérie; à en juger par les objets précieux trouvés par les Russes dans les tombeaux de ces Turcs d'Altaïs, ils devaient avoir quelque teinture du commerce et de la civilisation.

Les Ogors, vaincus par les Turcs, passent sur les rives occidentales du Volga, et prennent le nom des Avars dont la puissance était déchue. Ils imposent des conditions à Justinien, mettent leur alliance à prix, et subjugent les Ongres, les Bulgares et les Antes. Leur roi, Baïan, traverse en conquérant la Moravie et la Bohême, bat Sigebert, roi des Francs, et revient

sur le Danube. Là, réuni aux Lombards, il extermine les Gépides, et s'empare de la Dacie et de la Pannonie, abandonnée par les Lombards qui tournaient leurs vues sur l'Italie. Ainsi, en 568, la puissance des Avars embrassait depuis le Volga jusqu'à l'Elbe; et dès le commencement du siècle suivant, ils s'étendaient sur une grande partie de la Dalmatie. Les Turcs, comme épuisés par leurs conquêtes, disparurent bientôt de l'Europe, abandonnant aux Avars tout le littoral de la mer Noire.

Cependant les Slaves du Danube allèrent attaquer Tibère qui régnait à Constantinople. Ce prince engagea Baïan à épouser sa querelle, et ce khan des Avars, irrité de l'orgueil des Sla ves, entra dans leur pays à la tête d'une puissante armée, y exerça des ravages inouïs, et s'empara de toute la Dacie. Plus tard, il les incorpora à ses troupes ; mais tout en profitant de leur valeur, sa politique jalouse les sacrifia dans les entreprises les plus périlleuses.

Enfin les Slaves de la Bohême secouèrent le joug des Avars; Samo, leur chef, donna la liberté à leurs esclaves, et la victoire fut le fruit de cette liberté. Devenu roi, il défit Dagobert, roi des Francs. Singuliers effets des circonstances diverses! Les Slaves fondent leur grandeur par la liberté, et dix siècles plus tard, la servitude les rend plus redoutables que jamais. A partir de cette époque, leur puissance s'accrut rapidement; des tribus nombreuses de Slaves se fixèrent en Hongrie; au commencement du septième siècle, d'autres chassèrent les Avars de l'Illyrie où ils fondèrent la Croatie, la Slavonie, la Servie, la Bosnie et la Dalmatie. Leurs migrations n'en continuent pas inoins; et quelques-uns d'entre eux vont s'établir dans l'Asie mineure. Cependant ceux qui habitaient sur les bords du Danube, obéissaient encore aux Avars, qui bientôt durent se soumettre aux Bulgares victorieux. Les conquêtes de ceux-ci furent partagées entre les fils de Couvrate; l'un d'eux, nommé Asparouk, fonda en Mœsie le royaume des Bulgares. Tous ces peu

ples barbares, qui ont rendu à l'empire romain les dévastations qu'il avait répandues sur le monde, se corrompaient par le contact des mœurs et des richesses de leurs ennemis vaincus; car la civilisation, qui double les ressources des peuples qui l'ont acquise par degrés, démoralise et tue les nations qui s'imaginent qu'on peut la conquérir comme un butin.

Suivant Nestor, les Slaves du Danube, chassés de la Mosie par les Bulgares, et de la Pannonie par les Voloques, s'étaient jetés dans la Russie, la Pologne et quelques pays limitrophes, tandis que d'autres peuplades slaves continuaient à habiter les côtes méridionales de la Baltique. Au reste, la confusion et le mélange de ces hordes, tantôt s'établissant à demeures fixes, mais plus souvent errantes, soit par goût, soit par nécessité, ont vainement exercé la sagacité des historiens curieux des origines. L'étymologie du mot slave qu'on fait dériver du mot slava, qui veut dire gloire, pourrait jeter quelque jour sur cette question. Les habitudes guerrières des Scythes leur faisaient envisager la gloire dans des expéditions aventureuses; peut-être le mot slaviani ne signifiaitil dans le principe, que les hommes de guerre désignés pour ces expéditions à main armée; et ils le conservaient ensuite, non plus comme désignation caractéristique, mais comme dénomination nationale, soit hors de leur pays, soit lors qu'ils étaient forcés d'y revenir. En admettant cette hypothèse, on pourrait concilier bien des contradictions apparentes. Ainsi les Vénèdes, les Androphages, les Nèvres dont parle Hérodote, et les Gètes subjugués par Trajan, pourraient provenir de la même souche scythe, et avoir donné naissance aux diverses tribus slaves, modifiées par les Huns, les Vandales, Turcs et les Goths.

les

Quoi qu'il en soit, les Slavo-Russes paraissent comme nation dès le règne de Trajan. Des Slaves, de même origine que les Lekhes de la Vistule, s'établirent sur les bords du Dniepr, et prirent le nom de Polaniens, c'est-à

dire, habitants de plaines, qui, par la suite s'appliqua aux seuls Polonais. Cette dénomination, empruntée à une circonstance accidentelle, viendrait encore à l'appui de notre hypothèse en ce qui regarde l'origine du mot slave; car il est naturel qu'un peuple ait un nom avant de s'intituler glorieux.

Deux frères, Radime et Viatko, furent les chefs des Radimitches et des Viatitches. Les premiers se fixèrent sur les bords de la Soja, dans le gouvernement actuel de Mohilef, les seconds sur l'Oka, dans les gouvernements de Kalouga, de Toula et d'Orel. Les Drevliens, ainsi nommés de leur pays couvert de forêts, vivaient dans la Volhynie; les Doulèbes ou Boujaniens, le long du Boug; les Loutitches et les Tivertses, sur le Dniepr; les Crovates blancs, aux environs des monts Krapaks; les Sévériens, sur les bords de la Desna, de la Séma, de la Soula; les Drégovitches, dans les gouvernements de Minsk et de Vitepsk; les Krivitches, dans ceux de Pskof, de Vitepsk, de Tver et de Smolensk; les Polotchans, sur la Dvina, à l'embouchure de la Polota; et enfin, sur les bords du lac Ilmen, les Slaves proprement dits, qui, avant la naissance de J. C., fondèrent Novgorod (*).

La fondation de Kief est attribuée par Nestor à un Polanien nommé Kiï, mais sans fixer l'époque, non plus que celle de l'origine d'autres villes slaves, telles que Iszborsk, Polotsk, Smolensk, Tchernigof, etc. Les Krivitches fondèrent les trois premières, et elles existaient dès le neuvième siècle; Tchernigof ainsi que Lubetch ne furent connues qu'au dixième.

Outre les Slaves, la Russie renfermait un grand nombre d'autres peuples: les Mériens, près du lac Klechtchine; les Mouromiens, sur l'Oka, à son embouchure dans le Volga; les Tchérémisses, Mechtchères et Mordviens, au sud-est des Mériens; les Lives en Livonie; les Tchoudes en Esthonie, vers le lac Ladoga; les Naroviens, près Narva; les Jamiens en

(*) Karamziu.

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