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cendre à terre et de faire le tour des écueils; mais le prince rejette cet avis comme indigne de son courage, et reste à Bélobérége où son armée eut à souffrir les plus cruelles privations. Cerné de toutes parts, il tente un dernier combat, et périt avec presque tous les siens. Kouria, chef des ennemis, lui coupa la tête, et se fit une coupe de son crâne.

Telle fut la fin de Sviatoslaf, qui eût brillé au premier rang parmi les princes russes, si sa prudence eût égalé sa rare intrépidité.

YAROPOLK.

972-980. Après la mort de Sviatoslaf, Yaropolk régnait à Kief, Oleg, sur les Drevliens, et Vladimir à Novgorod. Svéneld, compagnon d'armes d'Igor et de Sviatoslaf, nourrissait une haine violente contre Oleg qui avait tué son fils, après l'avoir surpris chassant sur ses domaines. Il engage Yaropolk à lui déclarer la guerre. Oleg rassemble une armée et s'avance à la rencontre de son frère; mais il est vaincu et contraint de se sauver à Obroutch où il tombe dans un fossé, et les fuyards passent sur son corps; Yaropolk, en le voyant dans ce triste état, l'arrosa de ses pleurs et demanda à Svéneld: Est-ce donc là ce que tu désirais? Vladimir, craignant les suites de l'ambition de son frère, passe la Baltique et se réfugie chez les Variègues. Yaropolk s'empare aussitôt de Novgorod.

Cependant Vladimir n'était pas oisif. Associé aux entreprises périlleuses des Normands, il attache à sa fortune un grand nombre de ces guerriers, et s'avance contre Novgorod : Allez avertir mon frère, dit-il aux lieutenants d'Yaropolk, que je marche contre lui, et qu'il peut s'apprêter à me combattre.

Polotsk obéissait au Variègue Rogvolod, dont la fille, la belle Rognéda, était fiancée à Yaropolk. Vladimir demande sa main; mais celle-ci répondit qu'elle ne s'unirait jamais au fils d'une esclave. Irrité de ce refus, il prend la ville, tue Rogvolod et ses fils, et épouse Rognéda. Après cette vengeance, il

réunit ses forces et s'avance contre Kief, où Yaropolk s'était renfermé. C'était le sort de cette ville d'être prise par la ruse. Vladimir entame secrètement des négociations avec un voïévode nommé Bloud, qui avait toute la confiance d'Yaropolk. Ce traître excite les soupçons de son maître contre les Kiéviens, et lui persuade de se retirer à Rodnia, à l'endroit où la Ross se jette dans le Dniepr : bientôt il lui représente l'impossibilité de résister, et lui conseille de se mettre à la merci de son frère. Le trop crédule Yaropolk y consent, et va trouver Vladimir déjà maître de Kief. A peine entré dans le palais de Sviatoslaf, deux Variègues se jettent sur lui et le massacrent. Ainsi périt le fils aîné de Sviatoslaf après un règne de sept ans: il laissa une épouse enceinte, ce qui ne l'avait pas empêché de rechercher Rognéda, la polygamie étant chose permise parmi les païens de l'Orient.

VLADIMIR.

980-1014. Les Variègues, auxquels Vladimir était redevable de la victoire, exigèrent un tribut de chaque habitant; le prince, n'osant leur résister avant de s'être mis en mesure de le faire avec succès, temporisa, et bientôt ces auxiliaires intéressés furent trop heureux de se retirer en Grèce; cependant il retint les plus habiles et les plus braves. Ce prince, tourmenté par les remords, déploya un grand zèle pour les idoles, en même temps qu'il se livrait aux voluptés avec une passion effrénée. Rogneda lui donna quatre fils, Isiaslaf, Mstislaf, Yaroslaf et Vsevolod; après la mort d'Yaropolk, il prit à titre de concubine sa belle-sœur, qui était grosse et qui accoucha bientôt de Sviatapolk; il eut de trois autres épouses Vouicheslaf, Sviatoslaf et Mstislaf, Boris et Gleb. S'il faut en croire les chroniques, ce prince lascif n'eut pas moins de huit cents concubines. Cependant l'amour des femmes ne lui fit négliger ni la guerre ni les soins de l'administration. Les Lekhes ou Slaves polonais

étaient alors gouvernés par Metchislaf; Vladimir lui déclara la guerre et lui prit plusieurs villes. Dans les deux années qui suivirent, il apaisa une révolte des Viatitches, s'empara du pays des latviagues, entre la Lithuanie et la Pologne, et poussa ses conquêtes jusqu'au golfe de Finlande. Vainqueur de ses ennemis, Vladimir voulut arroser de sang humain ses idoles grossières. Le sort désigna un jeune Variègue dont le père était chrétien. Celui-ci essaya en vain de détourner le glaive idolâtre de la tête de son fils; en insultant aux faux dieux, il irrita la multitude, qui égorgea le père et le fils. Ce furent, dit l'historien russe, les premiers et les derniers martyrs du christianisme à Kief; l'Église grecque les a mis au rang des saints, sous les noms de Jean et de Théodore.

Après avoir courbé sous le joug les Radimitches qui s'étaient révoltés, le grand prince marcha contre les Bulgares orientaux, qui habitaient sur les bords du Volga et de la Kama: il les défit. Mais le voïévode Dobrinia qui commandait les Novgorodiens, ayant remarqué les chaussures de cuir des prisonniers, dit à Vladimir : Les Bulgares ne consentiront point à rester nos tributaires, allons plutôt chercher des peuples qui portent des lapti (*). Vladimir goûta la sagesse de ce conseil, et retourna comblé de gloire dans sa capitale.

Cependant Rognéda, chassée du lit de Vladimir par ses concubines, résolut de venger à la fois ses anciennes injures et son humiliation récente. Un jour que le prince était allé la visiter dans sa retraite près de Kief, il s'endormit, et sa femme levait déjà le bras pour le poignarder, lorsqu'il se réveilla tout à coup. Rognéda désarmée lui reprocha en pleurant le meurtre de ses frères et l'abandon où il la laissait, ainsi que son jeune fils Isiaslaf. Vladimir, qui voulait la tuer de sa propre main, lui ordonna de se revêtir de la robe nuptiale et d'attendre la mort,

(*) Chaussure faite avec de l'écorce de bouleau ou de tilleul.

6 Livraison. (Russie.)

couchée sur un lit somptueux. Déjà i! était entré dans l'appartement, lorsque Isiaslaf, instruit par Rognéda, présente à son père une épée nue, en lui disant: Tu n'es pas seul, ton fils sera témoin de ton action. Vladimir jette son glaive à terre, et rassemble les boyars. D'après leur conseil, il pardonne à son épouse, en faveur d'Isiaslaf, et leur donne en apanage la principauté qui appartenait à Rogvolod.

Cependant les peuples voisins envoyèrent des ambassadeurs à Vladimir pour l'engager à embrasser leur religion. Les Bulgares le sollicitaient d'adopter le mahométisme; les houris faillirent le décider, mais la circoncision lui parut un usage odieux, et la défense du vin contrariait ses habitudes et celles du peuple : Le vin, dit-il, fait la joie des Russes; nous ne pouvons nous en passer. Il renvoya les députés catholiques allemands, en leur disant: Ce n'est point du pape que nos pères ont reçu une religion. Il rejeta le judaïsme, parce que les Juifs n'avaient plus de patrie; enfin la religion grecque fit une forte impression sur son esprit. Alors il rassembla les boyars', et leur demanda leur avis. Tout homme loue sa religion, lui répondirent-ils; si vous voulez choisir la meilleure, envoyez des hommes sages dans les différents pays, afin qu'ils puissent reconnaître quel est celui de tous les peuples qui honore Dieu de la manière la plus digne de lui. La magnificence du culte grec frappa ces députés d'admiration: ils rendirent compte au prince de leur mission, et comme il hésitait encore, les anciens le déterminèrent par l'exemple de son aïeule Olga.

Dans la ferveur de son zèle, il lève une forte armée, et se rend, par mer, dans la ville grecque de Kherson, décidé à conquérir le baptême comme un butin. Il fait débarquer ses troupes dans le golfe, et cerne la ville de tous côtés. Mais les Khersoniens opposèrent une résistance opiniâtre; enfin, un traître, nommé Anastase, informe les Russes que la ville n'était approvisionnée d'eau que par des puits

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dont il leur indique la position. Vladimir ruina les conduits, et les Khersoniens furent obligés de se rendre. Tout fier de cette victoire, il fit demander aux empereurs Basile et Constantin la main de la princesse Anne leur sœur, leur déclarant qu'en cas de refus, il attaquerait Constantinople. L'empire était déchiré par des séditions: les généraux Sclérus et Phocas étaient en pleine révolte contre leurs souverains; il fallut subir les conditions de Vladimir, dont les empereurs espéraient d'ailleurs se faire un allié puissant. Ils lui imposèrent seulement la condition de se faire chrétien. La princesse, bien qu'à regret, s'embarqua pour Kherson, dont son arrivée signala la délivrance. La chronique rapporte que Vladimir souffrait beaucoup d'une ophthalmie, et qu'il recouvra l'usage de ses yeux, au moment où l'archevêque lui eut imposé les mains. Les boyars, témoins de cette guérison miraculeuse, se firent immédiatement baptiser; et, à la suite de cette solennité, on célébra les fiançailles.

Vladimir donna des secours à Basile, renonça à sa conquête, et n'emmena de Kherson où il fit bâtir une église, que quelques prêtres, et ce même Anastase qui l'avait aidé à prendre la ville. Il se contenta, au lieu de butin, de vases saints et de reliques. De retour à Kief, il détruisit les idoles, et ordonna au peuple de se faire baptiser. I fit construire une église, sous l'invocation de saint Basile, sur l'emplacement où s'elevait la statue de Péroun, et fit venir de Constantinople des architectes pour élever un temple à la sainte Vierge. Cependant tous les Russes ne recurent point le baptême, et le paganisme subsista jusqu'au douzième siècle dans quelques provinces. Vladimir fonda aussi des écoles où il fallait traîner les fils des familles de distinction; car l'écriture était regardée à cette époque comme une œuvre de sorcellerie.

Vladimir avait douze fils; à ceux que nous avons déjà nommés il faut ajouter Stanislaf, Pozvizd et Soudis

laf. Selon l'usage établi, il partagea ses États en principautés. Il donna Novgorod à Yaroslaf; Polotsk à Isiaslaf, Rostof à Boris, Mourom à Gleb; le pays des Drevliens à Sviatoslaf; la ville de Vladimir à Vsévolod; Mstislaf eut en partage Tmoutorokan, et Sviatopolk, Tourof, qui subsiste encore dans le gouvernement de Minsk.

Pour protéger la Russie méridionale contre les invasions des Petchénègues, il fonda de nouvelles villes, et entoura de murailles Bielgorod. Bientôt la guerre contre les Crovates l'appela sur les frontières de la Transylvanie et de la Galicie. Vainqueur de ses ennemis, il marche contre les Petchénègues qui ravageaient les environs de Kief. La chronique rapporte que le prince des Petchénègues lui proposa de décider leur querelle par un combat singulier entre deux champions choisis dans les deux armées. Le Russe fut vainqueur et les Petchénègues prirent la fuite; mais quelque temps après ils reparurent, et entourèrent la petite armée de Vladimir, qui fut forcé de se cacher sous un pont. Dans cette position critique, il fit vœu de bâtir, dans la ville de Vassilief, une église en l'honneur de la Transfiguration qui tombait le même jour. Les ennemis s'éloignèrent, et l'érection d'un nouveau temple témoigna de sa piété reconnaissante. Des festins pompeux et des distributions de vivres parmi le peuple signalèrent cette délivrance.

Vladimir porta l'observation des vertus chrétiennes jusqu'à épargner les malfaiteurs, et à négliger de réprimer l'insolence des Petchénègues; mais les évêques lui représentèrent que la fermeté dans le prince était la sauvegarde de ses peuples; et il reprit le glaive de la justice en même temps que celui du guerrier. Les Petchénègues reparaissaient encore tout à coup ils assiégent Bielgorod, et s'éloignent, craignant sans doute l'approche de Vladimir, qui se trouvait alors à Novgorod; enfin Nestor n'en parle plus, pendant un laps d'environ dix-sept ans. Il fapporte à l'an 1000 la mort de Rognéda; à l'année suivante, celle

d'Isiaslaf. En 1011, mourut l'épouse de Vladimir, la princesse Anne.

Déjà parvenu à la vieillesse, Vladimir vit un de ses fils se révolter contre lui. Yaroslaf, prince de Novgorod, venait de refuser de lui payer un tribut de trois mille grivna (*) et de se déclarer indépendant. Vladimir s'apprête à marcher contre le rebelle, qui appelle les Variègues à son secours; mais le prince tombe malade, confie à Boris le soin de cette guerre, et meurt peu de jours après, sans avoir désigné de successeur. Sviatopolk, neveu de Vladimir, était à Kief; les boyars, qui redoutaient son ambition, voulaient lui cacher la mort de Vladimir; mais bientôt la nouvelle s'en répandit; le corps fut solennellement déposé à côté de celui de la princesse Anne, dans l'église de Notre-Dame. L'histoire a donné à Vladimir le surnom de Grand : il l'eût mérité par ses exploits et par l'heureuse influence du christianisme sur ses Etats; mais le sang de son frère, son amour pour les voluptés, et son ambition, font douter si les vertus de sa vieillesse l'emportent sur les crimes de sa vie païenne. Son règne est célèbre dans les contes populaires et dans les chroniques modernes, où l'on exalte les hauts faits de ses guerriers.

SVIATOPOLK.

1015-1019. On lit dans Ditmar, historien allemand contemporain, que Sviatopolk, gouverneur de la ville de Tourof, voulut, à l'instigation de Boleslas, roi de Pologne et son beaupère, se soustraire à la domination de la Russie; mais que le grand prince, averti à temps, le fit enfermer avec son épouse et un évêque allemand

(*) Les Russes furent longtemps sans connaître l'usage des monnaies; leur commerce se faisait par échanges; et les signes représentatifs de la valeur des objets varierent aux différentes époques. Quand on eut assigné une valeur monétaire aux peaux et aux fourrures, la grivna fut évaluée à dix kopeks ou sols: maintenant le kopek ne vaut qu'un centime.

nommé Rheinberg. Vladimir avait pardonné à son neveu: mais à peine fut-il dans la tombe, que Sviatopolk se fit proclamer souverain, en distribuant aux citoyens les trésors de l'épargne. Cependant Boris revenait avec ses troupes, il apprend la mort de son père et l'avénement de Sviatopolk. A cette nouvelle, il refuse de marcher contre son frère aîné, et ses guerriers l'abandonnent pour aller rejoindre l'usurpatcur. Celui-ci dépêche des députés à Boris pour l'assurer de son amitié; mais en même temps il part, arrive de nuit à Vouichégorod, et exige des boyars la tête du jeune prince. Des assassins se rendirent à sa tente où il était en prière, et il fut indignement massacre. Sans perdre de temps, Sviatopolk mande à Gleb que Vladimir, dangereusement malade, veut lui parler: comme Boris, il périt victime de l'artificieuse cruauté de son frère; Sviatoslaf, prince des Drevliens, eut le même sort. Déjà Sviatopolk s'applaudissait du succès de tant de crimes, lorsque Yaroslaf prit les armes. Ce prince, qui avait appelé les Variègues, laissait Novgorod exposée aux insultes de ces étrangers; enfin les citoyens, poussés à bout, en égorgèrent un grand nombre. Yaroslaf dissimule son ressentiment; il mande près de lui les principaux auteurs de cette vengeance, comme pour se justifier, puis il les fait tous égorger. Dans la même nuit, il apprend la mort de Vladimir, et les crimes de Sviatopolk. Il se rend sur la place publique, s'accuse d'avoir fait périr des Novgorodiens, leur parle des dangers qu'il court, et se met à la merci de leur générosité. Cet aveu de ses fautes, cette confiance dans son peuple, touche les cœurs; on lui pardonne, on jure de le défendre. Il sort de la ville à la tête de quarante mille hom

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les séparait. Enfin ceux de Novgorod profitent de la nuit, traversent le Dniepr, et tombent à l'improviste sur Sviatopolk qui, après une courte et vaine résistance, s'enfuit vers Boleslas. Celui-ci se hâte de conclure la paix avec Henri II, empereur d'Allemagne, et ayant grossi son armée de troupes soldées, il vient camper sur le Boug. Yaroslaf le joignit bientôt. Un voievode ayant plaisanté Boleslas sur son embonpoint excessif, ce prince s'élança à cheval dans le fleuve, et mit les Russes en déroute. Suivi de quatre hommes seulement, Yaroslaf s'enfuit à Novgorod. Tout cède aux armes victorieuses du roi de Pologne, qui veut mettre le siège devant Kief: cette ville ne tarde pas à lui ouvrir ses portes, et Sviatopolk rentre dans son ancienne capitale.

Cependant les Novgorodiens ne voulurent point laisser partir leur prince, qui se disposait à se réfugier chez les Variegues: ils s'imposèrent volontairement, appelèrent à leur secours les Variègues, et prirent euxmêmes les armes.

Pendant ces préparatifs, l'ingrat Sviatopolk faisait massacrer les Polonais, pour se soustraire à la tutelle de son beau-père; Boleslas échappa au danger qui le menaçait, et sortit de Kief, emmenant les sœurs d'Yaroslaf et plusieurs boyars russes. Anastase, ancien favori de Vladimir, le suivit, emportant avec lui les trésors de la capitale. Poursuivi par les Russes, le roi de Pologne les défit complétement sur les bords du Boug, qui depuis ce nouvel échec fut appelé le fleuve Noir. Après cet exploit, Boleslas abandonna la Russie.

Cependant Yaroslaf, profitant du départ des Polonais, marche contre Kief, et taille en pieces les troupes de Sviatopolk, qui oppose en vain la plus vigoureuse résistance. Ce misérable, dont le nom éveille l'idée de tous les crimes, alla expirer dans les déserts de la Bohême.

YAROSLAF.

1019-1054. Yaroslaf jouissait paisi

blement de sa victoire; mais le sang de Vladimir était fecond en discordes. Briatcheslaf, fils d'Isiaslaf, s'était emparé de Novgorod, et retournait à Polotsk avec un riche butin: Yaroslaf le défit et délivra les prisonniers.

Mstislaf, prince de Tmoutorokan, avait aidé l'empereur à détruire la puissance des khozars dans la Tauride. Quelques années plus tard, Mstislaf, vainqueur dans un combat singulier contre le terrible Rédédia, prince des Circassiens, s'empara de la famille et du pays du vaincu. Enflammé par ce succès, il porta ses vues ambitieuses vers les bords du Dniepr. Kief lui ferma ses portes, mais Tchernigof se rendit. Yaroslaf était occupé à calmer une sédition à Souzdal; à la nouvelle des succès de Mstislaf, il court à Novgorod, organise ses forces et marche contre son ennemi. Les deux armées s'attaquèrent au milieu d'un orage épouvantable; la fortune, longtemps douteuse, se déclare enfin pour Mstislaf. Ce généreux prince partagea sa nouvelle conquête avec son frère, auquel il céda la partie occidentale du fleuve.

Les Tchoudes s'étaient soulevés; Yaroslaf les soumet, et fonde, pour les contenir, la ville de Youriej ou de Dorpat. L'annee suivante, réuni à son frère, il attaque et prend Belz, et recouvre toutes les villes de la Russie Rouge qu'avait reprises Boleslas, et que Metchislaf, son fils dégénéré, essaya à peine de protéger.

Mstislaf mourut sans enfants, à la suite d'une partie de chasse; constamment heureux dans ses expéditions, sa générosité ne fut pas au-dessous de ses exploits.

Yaroslaf restait maître de tout l'empire; il avait épousé Anne, fille d'Olof, roi de Suède, qui lui avait apporté en dot la ville d'Aldéigabourg, ou Vieille Ladoga; dès que Vladimir, l'aîné de ses fils, eut atteint sa seizième année, il lui donna l'investiture de Novgorod.

Vers cette époque, les Petchénègues se jetèrent encore sur les terres de Kief: Yaroslaf se hâta de les joindre;

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