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qui, en multipliant les rameaux autour de la souche slave, lui ferait pousser des racines plus profondes sur le sol natal.

Après ces réflexions générales, nous allons entrer dans les détails que comporte le cadre où nous devons nous renfermer; nous commencerons par quelques notions géographiques.

L'empire de Russie s'étend en longitude depuis 15° 27′ jusqu'à 207° 45′ à l'est du méridien de Paris; le point le plus méridional est sur la frontière de la Géorgie, à 39° 44' de latitude, et le point le plus rapproché du pôle, sur le continent, est un cap de la Sibérie à 78° 15', entre le lénisseï et le Léna. Quelques-unes des îles de la mer Glaciale s'avancent un peu plus vers le nord; mais, d'après les cartes les plus récentes, elles n'atteignent pas le 80°; ainsi les parallèles extrêmes qui renferment l'empire russe sont séparés par un intervalle de près de 40°; la largeur moyenne de cette vaste étendue de pays n'est guère que de cinq cents lieues. De l'ouest à l'est, des documents officiels lui assignent au moins trois mille trois cents lieues jusqu'aux limites de l'Asie, sans y comprendre les possessions d'Amérique. Sous les mêmes parallèles, le climat est plus froid et plus sec vers l'est, et la population devient plus considérable à mesure que l'on se rapproche de l'Europe. Le nord et le sud offrent des différences naturelles bien plus frappantes; l'extrémité méridionale est voisine de ces contrées heureuses où la tradition a placé l'Éden, tandis qu'à l'extrémité opposée, l'exces du froid ne laisse d'autre asile à la nature vivante que le fond des eaux. Au sud, des montagnes, non moins élevées que les hautes sommités des Alpes, ont leur cime couronnée de glaciers, et déploient sur leurs flancs et à leur base tout le luxe de la plus riche végétation; au nord, point de terrains d'une élévation remarquable, point d'autres plantes qu'un petit nombre de mousses et de lichens. Il semble que l'intervalle qui sépare des contrastes si marqués devrait présenter les gradations de ce passage, c'est

à-dire, les phénomènes qui les caractérisent; cependant les régions de la Russie centrale n'offrent sur une étendue immense que des formes vulgaires, et le voyageur, au prix même de quelque fatigue, voudrait échapper à l'aspect monotone des sites qu'interrogent en vain ses regards.

Cependant la Russie a quelques chaînes de montagnes, telles que les monts Altai et les monts Ourals; mais, contrairement aux lois de la perspective, l'éloignement les a grandies aux yeux de plusieurs géographes. Ce qui prouve incontestablement que la chaîne de l'Oural n'atteint qu'une hauteur assez médiocre, c'est qu'elle est couverte jusqu'au sommet de grands arbres et de plantes qui conviennent à la nature du sol et à la latitude diverse où elles végètent. L'Altaï est plus élevé; quelques-unes de ses cimes sont entièrement dépouillées; mais on n'y trouve pas de glaciers comparables à ceux des Alpes, quoique la limite de la congélation permanente y soit au-dessous de cette même limite au nord de l'Italie et au sud de l'Allemagne. Ainsi le plateau de l'Asie centrale, vaste plaine entre les chaînes du Taurus et de l'Altaï, n'a pu, comme on l'a supposé, dominer les eaux diluviennes, lorsque, selon les livres de Moïse, les plus hautes cimes du Caucase, et par conséquent celles des Alpes, étaient submergées.

La route de Pétersbourg à Moscou traverse le Voldaï, petite contrée où le terrain affecte des formes plus variées, ce qui a valu le nom de Suisse russe à ces monticules modestes, les seuls qui coupent l'uniformité du pays. En réalité, cette Suisse en miniature ressemblerait plutôt à la forêt des Ardennes, si les arbres verts ne dominaient dans le gouvernement de Novgorod, et si les roches schisteuses des Ardennes ne présentaient une plus grande variété de formes que les coteaux calcaires du Voldaï.

A l'exception de la Tauride et du Caucase, la Russie est en général d'un aspect assez monotone. Vers le milieu du siècle dernier, le gouvernement

avait conçu le projet de border d'arbres la route de Pétersbourg à Moscou. Si l'on a exécuté ce projet, écrivait alors Montesquieu, le voyageur doit périr d'ennui entre les deux rangs de cette allée. » Cette idée a été abandonnée. Depuis, on a pensé que le meilleur moyen d'abréger pour le voyageur cette route d'environ deux cents lieues (sept cent vingt verstes), c'était de la rendre commode et praticable dans toutes les saisons: on y a construit une chaussée qui est presque terminée.

Depuis que la Russie est définitivement maîtresse du royaume de Pologne et d'une partie de la Moldavie, elle se trouve en possession de quelques appendices des Carpathes; mais comme ces élévations, d'ailleurs peu considérables, dominent à l'est une vaste étendue de plaines simultanément incorporées à l'empire russe, elles n'altèrent que d'une manière peu sensible l'aspect général du pays.

Sans grouper, comme l'ont fait plusieurs géographes, en systèmes plus ou moins ingénieux, les montagnes de la Russie, nous n'y reconnaîtrons que trois chaînes caractérisées : les monts Ourals, le Caucase et l'Altaï. Quoique cette dernière soit scindée en sections qui portent des noms différents, cette discontinuité n'est pas primordiale, et l'inspection des intervalles n'a laissé aucun doute sur l'ancienne réunion de ces chaînes partielles; elle est constatée par les traces encore visibles des causes physiques qui ont opéré la séparation.

En examinant le sol de l'Asie centrale, et surtout le bassin de la Caspienne, on leur trouve, dans certaines parties, un air de jeunesse qui semblerait attester la retraite récente des eaux marines. Des portions considérables de terrain profondément détrempé, une multitude de lacs salés; après de longues sécheresses, le sol couvert d'efilorescences salines que les vents réduisent en poussière, la flore des terrains salés qui domine partout, tels sont les faits qui viennent à l'appui de cette hypothèse, et que l'on peut remarquer, à une distance considérable du rivage,

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en Asie et en Europe. Le pays conserve à peu près le même aspect jusqu'à la Chine. Au nord de l'Altaï, les terrains salés se prolongent jusque dans la Sibérie, et transportent dans ces froides régions les incommodités du voisinage de la Caspienne. Au sud de l'Asie, on trouve aussi des contrées dont le desséchement ne paraît pas dater de plus loin que celui des pays que nous venons de mentionner: telle est, par exemple, le fertile et riant pays de Cachemire. L'Afrique et l'Europe occidentale, au contraire, seront considérées comme des terres antiques. Les dépôts de la mer n'y gisent plus sur le sol; il faut les chercher dans les roches ou à une certaine profondeur, et presque tout ce que les eaux atmosphériques pouvaient dissoudre, entraîné dans les fleuves par leurs affluents, a été restitué au bassin des mers. En comparant l'épuisement de ces terres vieillies avec la puissance de végétation des terrains sortis les derniers du sein des eaux, on reconnaîtra que la Russie ne sera pas moins redevable à la nature qu'à l'étendue de son sol, de la richesse et de la prospérité auxquelles il lui est donné d'atteindre un jour.

Complétons ce que nous avons dit de l'aspect général du pays par quelques données hydrographiques. La navigation de la mer Caspienne peut être considérée comme une proprieté de la Russie; certes, la Perse n'est pas en état de lui en disputer les avantages. Isolée au milieu des terres, cette mer s'étend depuis 36° jusqu'à 47° de latitude septentrionale, et sa longitude est entre 44° et 53o, à l'est du méridien de Paris. Sa largeur varie sensiblement; en quelques endroits, elle est au-dessous de trente lieues marines, et en d'autres, elle a trois fois cette étendue.

Sur une mer si étroite, où le navigateur ne trouve que difficilement un abri contre la tempête, où il n'a pas la faculté de louvover, il était indispensable de bien étudier le fond et de multiplier les sondes. Ces opérations ont confirmé ce qu'avait fait conjecturer

l'inspection du pays environnant. Cette mer est moins profonde que certains lacs des Alpes dont la superficie est vingt mille fois moindre. Les plaines adjacentes se prolongent sous les eaux par une pente presque insensible; ses côtes sont presque partout inaccessibles, si ce n'est pour de petites embarcations. On estime que sa profondeur n'excède pas dix brasses. Des roches cachées sous les eaux augmentent encore les dangers de la navigation, et ne laissent aux vaisseaux qu'une voie étroite et bordée d'écueils; mais, par une sorte de compensation, les poissons, les phoques et les oiseaux aquatiques, s'y trouvent dans une prodigieuse abondance, et offrent une source inépuisable de richesses. L'excessive population de ces eaux est favorisée par une végétation avec laquelle nulle autre mer n'offre rien de comparable. Presque partout le fond se couvre de plantes, et les joncs qui s'élèvent au-dessus des eaux, à une grande distance des bords, forment des fourrés où les bêtes fauves trouvent un asile. Les sangliers se plaisent surtout dans ces retraites aquatiques, et c'est là que les chasseurs vont les relancer.

Suivant Pallas, la Caspienne ne serait qu'un lac formé par les fleuves qui viennent y verser leurs eaux : cette opinion ne paraîtra que spécieuse, si l'on considère que le bassin de cette mer est couvert de productions marines, que les coquillages qu'elle nourrit ont leurs analogues dans l'Océan, que ses eaux sont plus salées que celles d'aucune autre mer, et que ses poissons, qui fournissent à la pêche de si grands bénéfices, sont du nombre de ceux qui passent plus de temps dans la mer que dans les fleuves où ils font leurs voyages annuels. Il est incontestable d'ailleurs que la Caspienne couvrit autrefois des contrées qu'elle a délaissées peu à peu pour se renfermer dans ses limites actuelles, et il est probable qu'à une époque plus reculée encore elle communiquait avec l'Océan par l'intermédiaire de l'Euxin, de la Propontide et de la Méditerranée, réunis alors en une seule mer intérieure, où le Cau

case formait une île, et les sommités de la Tauride quelques îlots.

La mer Noire, quoique assez rapprochée de la Caspienne, offre avec cette dernière des différences sensibles. Les eaux du Pont-Euxin ont une superficie double; les côtes en sont plus accessibles et se prêtent plus généralement au cabotage; des ports sûrs et en grand nombre s'y ouvrent aux navigateurs lorsqu'ils se trouvent assaillis par ces tempêtes fréquentes qui ont valu à cette mer le nom d'inhospitalière. La Russie possède environ la moitié de ces côtes, depuis les bouches du Danube jusqu'aux frontières méridionales de la Géorgie.

En comparant l'ensemble des bassins des fleuves qui se jettent dans la Caspienne, à l'étendue des contrées qui déversent leurs eaux dans la mer Noire, on voit que celle-ci reçoit moins que l'autre; cependant ses eaux sont moins salées, soit parce que l'évaporation y est moins active à raison de sa profondeur, soit parce que la Caspienne, ayant été séparée la première de la masse des eaux occidentales, a conservé plus longtemps un degré de salure considérable.

La mer Baltique est une des frontières naturelles de la Russie. Depuis l'acquisition de la Finlande suédoise, elle n'a plus à s'étendre au nord-ouest. La situation de la nouvelle capitale à l'embouchure de la Néva, dans le golfe de Finlande, a dû faire prévoir que la côte occidentale du golfe de Bothnie subirait tôt ou tard la destinée de ce littoral prolongé jusqu'en Livonie, et que la Baltique formerait entre les deux États une séparation moins équivoque qu'une ligne idéale tracée à travers des bois et des marais. Dans la prévoyance d'une guerre maritime vers ces parages, la Russie a jugé utile de s'emparer des îles d'Aland, à l'entrée du golfe Bothnique, et de celles d'OEsel et de Dago, sur les côtes de la Livonie et de l'Esthonie.

La navigation sur la Baltique est presque aussi périlleuse que sur la mer Noire les vagues en sont courtes et abruptes; le vent d'ouest y souffle

quelquefois avec violence, et si constamment qu'il refoule les eaux du golfe de Finlande et inonde les terres basses. Pétersbourg, si sérieusement menacé par les eaux il y a quelques années, eût été peut-être entièrement détruit si le vent eut soufflé quelques jours de plus dans la même direction.

Les eaux de la Baltique ne sont presque pas salées dans la partie la plus enfoncée de ses deux grands golfes, en sorte qu'on y trouve les poissons des eaux douces, et que la glace s'y forme à la même température que sur les fleuves et les lacs. C'est sur ses bords que l'on recueille l'ambre jaune, substance qui a excité la curiosité des anciens, et dont les naturalistes modernes n'ont pas encore expliqué l'origine d'une manière satisfaisante.

Cette mer est présentement le canal par lequel la Russie entretient ses grandes relations commerciales avec l'Occident; mais sa marine marchande y est peu considérable, et c'est à peine si le pavillon de l'empire se fait remarquer parmi ceux des autres nations dans les ports les plus fréquentés, tels que Cronstadt, Pétersbourg, Riga, etc.; cependant nul pays n'est mieux pourvu de tout ce que réclament les constructions navales; mais c'est moins peut-être dans le caractère russe qu'il faut chercher la cause de cet éloignement pour la carrière de marin, que dans la nature des institutions. L'amour du pays ne saurait être plus actif dans une terre de servitude, que dans les pays où l'homme peut faire tourner au profit de tous la liberté que lui assurent des lois protectrices; cette cause il faut la chercher ailleurs : d'abord l'immense majorité de la population russe est attachée au sol par une main de fer: d'un autre côté les marchands, constamment en rapport avec les étrangers, reconnaissent la supériorité de ces derniers dans les transactions commerciales, et se sentent plus à l'aise sur le sol natal, où la vente des produits bruts leur présente un résultat net et facile. Quant aux Russes dont l'éducation a développé l'intelligence, comme ils appartiennent presque tous

à la classe des nobles, ils n'appliquent point leurs connaissances au négoce; mais ils ont un goût décide pour les voyages, et, sans les mesures prohibitives du gouvernement, ils aimeraient autant peut-être qu'aucun autre peuple les excursions lointaines et le séjour des pays étrangers. Il est juste de faire remarquer aussi que les tra tés, onéreux au commerce russe, et qui à diverses époques ont été conclus avec l'Angleterre, n'étaient point de nature à encourager l'exportation des produits par l'entremise des marchands du pays.

Les tsars ont pu former une marine militaire avec plus de facilité; mais, dans la Baltique, les gros temps qui règnent une grande partie de l'année, et le peu d'étendue de son lit, seront toujours un obstacle aux connaissances pratiques du marin. La Baltique ne peut être d'une grande importance pour la Russie que sous le rapport commercial. Dans l'hypothèse d'une guerre maritime au nord, l'Europe aurait le temps d'envoyer ses flottes sur les points menacés; dans la mer Noire, les expéditions peuvent être plus promptes, et les résultats, obtenus avant que les flottes sorties des ports de la Méditerranée soient en mesure de s'y opposer.

Quant à l'aspect général du littoral de la Baltique, il offre plusieurs points véritablement pittoresques, surtout sur les côtes de la Finlande naguère suédoise. Des blocs immenses de granit d'un brun sombre, ou revêtus de mousses et de lichens, se groupent majestueusement sur un sol inondé dans les fonds, et recouvert, sur les escarpements, d'arbres verts dont le port élancé permet à la vue de s'étendre au loin, et qui contrastent avec les formes sévères des mélèzes et des cyprès; mais, plus généralement, les bords n'offrent que des plages sablonneuses parsemées de chétives habitations.

Si l'aspect du pays est froid et uniforme, comparé au littoral de la Méditerranée et de la mer Noire, les nombreuses vicissitudes par lesquelles

ont passé ces contrées, tour à tour ravagres et conquises par les Suédois, les Slaves encore barbares, les chevaliers teutoniques et porte-glaive, les Polonais et les Russes, offrent un vif intérêt à l'observateur; on cherche à démêler les traits primitifs de la physionomie de toutes ces populations, et on les retrouve quelquefois sous les modifications de la conquête.

La mer Glaciale, que les Russes nomment l'Océan du Nord (Sévernii Okean), s'étend depuis la Laponie suédoise jusqu'au détroit de Bering; elle forme plusieurs golfes dont le plus spacieux est la mer Blanche, célèbre dans l'histoire de la navigation des Rus

ses.

La géographie et l'hydrographie des régions polaires ne consistent encore qu'en données incomplètes, et il est probable que les lieux non encore observés sont précisément ceux où la navigation trouverait le plus d'obstacles; ainsi il reste peu d'espoir d'ouvrir entre l'Europe et la Chine une route plus courte dans les eaux polaires que celle qui est actuellement suivie par le commerce: le passage qu'on aurait trouvé praticable dans certaines circonstances, pourrait être obstrué par les glaces l'année suivante, et fût-il constamment navigable, la dépopulation des côtes sur une étendue de plus de douze cents lieues marines, et l'absence totale de lieux de refuge, en cas de désastres, seraient des causes suffisantes pour faire abandonner cette voie de communication, d'autant plus qu'en calculant le temps moyen des traversées, on trouverait peut-être que la route ordinaire est encore la plus expéditive. Mais si le commerce doit renoncer à cette navigation périlleuse, les sciences naturelles y poursuivront sans doute avec fruit le cours de leurs investigations intéressantes. Les glaces amoncelées en montagnes flottantes dont la base plonge dans les eaux à une grande profondeur; des roches, et des glaçons non moins anciens peut-être, où sont ensevelies tant d'espèces d'animaux antédiluviens, tels sont les traits caractéristiques de ces contrées, et dont le

monde savant accueillerait avec un vif empressement une description fidèle et surtout des dessins exacts.

Une partie de l'océan Oriental est maintenant comprise dans l'empire russe, qui avait déjà pris possession de l'archipel des Kouriles et de celui des Aléoutes. On a appelé mer d'Okhotsk le golfe où se trouve la petite ville de ce nom; dénomination qui paraîtra ambitieuse à nos géographes, mais qui s'explique naturellement, quand on considère le littoral de l'empire russe, qui n'est baigné que par des golfes ou des mers d'une médiocre étendue.

Lorsque la Sibérie aura une population plus nombreuse, et par conséquent plus civilisée, lorsque des villes russes s'élèveront sur le continent américain, et que, sur les archipels intermédiaires, les produits de la culture et des arts auront remplacé les fourrures, le pavillon russe protégera un commerce actif dans tous les ports des deux continents et de l'Océanie. Cette partie de l'empire des tsars semble appelée par ses ressources au plus haut développement de puissance et de prospérité; et si, un jour, la Russie était obligée de replier ses frontières devant les forces réunies de l'Europe, c'est en s'adossant à ces provinces éloignées qu'elle redeviendrait invincible, et pourrait se préparer en toute sécurité à des luttes ultérieures. Peut-être aussi que, parvenue à ce point qui est la maturité des États, la Sibérie se lasserait d'obéir à un gouvernement éloigné de plusieurs milliers de lieues, et que la Russie pé ricliterait par une des causes qui auraient constitué sa grandeur.

Les principaux fleuves de la Russie ont un cours dont le développement semble en rapport avec l'étendue de cet empire. En partant de l'Asie septentrionale, on trouve d'abord l'Amour, fleuve russo-chinois, dont le cours sinueux n'a pas moins de mille lieues, et parcourt environ 36° en longitude. Suivant l'usage des Russes et des peuplades sibériennes, un courant formé de la réunion de deux rivières reçoit un nom qu'il porte jusqu'à son embou,

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