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difficulté de reconnaître l'emplacement de quelques-unes des villes les plus célèbres de la presqu'île. Théodosie ellemême, emportée dans ce tourbillon des guerres intestines, avait disparu entièrement, ou laissant si peu de vestiges de son existence, que, dès l'année 1270, lorsque les Génois eurent fondé sur son emplacement une nouvelle ville, nommée Caffa, leurs historiens prétendirent qu'ils avaient choisi pour cela un lieu désert.

Les Génois et les Vénitiens avaient commencé, dès la fin du XI° siècle de l'ère chrétienne, à tenter quelques opérations commerciales avec les peuples de la mer Noire; les premiers s'étaient particulièrement dirigés vers la Tauride. D'abord ils y échangeaient les marchandises manufacturées de l'Europe contre les blés que cette péninsule produisait en si grande abondance; mais, à la suite des invasions, la décadence de l'agriculture, tout en diminuant les exportations des céréales, ne fit qu'inspirer aux Génois un plus vif désir de prendre un pied à terre sur le littoral de la Crimée, afin de mieux étendre leurs relations dans l'intérieur et de connaître les ressources qu'ils pouvaient en espérer soit en pelleteries, soit en sel, en vins et autres denrées. L'arrivée des Tatares-Mongols leur sembla favorable pour l'exécution de ce projet. Une colonie génoise, sous la conduite de d'Auria (ou peut-être d'un Doria), vint débarquer sur l'emplacement de l'ancienne Théodosie, et obtint du khan des Tatares, moyennant un riche présent, la permission d'y élever quelques magasins pour servir d'entrepôt aux marchandises (1270 après J.-C.). Cela fait, les colons s'étendirent un peu au-delà du terrain qui leur avait été concédé; puis ils firent entendre au khan que la prudence voulait qu'on ne laissât pas ainsi de riches dépôts exposés à un coup de main dans un pays encore infeste par des vagabonds et des pillards. Ils creusèrent donc un fossé; devant ce fossé ils jetèrent quelques pierres, qui finirent par se transformer en bastions; enfin, ils

élevèrent, à la grande mortification du khan, une redoutable ceinture de remparts, et, dans le centre, ils bâtirent Caffa. Le Tatare s'aperçut trop tard de son imprudence; il se plaignit fortement, mais, du haut de leurs remparts, les Génois se prirent à rire en voyant passer cette colère impuissante. Caffa devint bientôt une ville riche et florissante; vingt années lui suffirent (1289) pour s'élever à un tel degré de puissance, qu'elle put envoyer des galeres au secours de Tripoli de Syrie, alors serrée de près par les ennemis de la chrétienté. Non contents de cela, les Génois formèrent des établissements, plus ou moins importants, sur tout le littoral de la Crimée. C'est ainsi qu'on vit paraître Soldaja, près de Soudak, à 45 verstes au sud-ouest de Caffa. En cet endroit, la forteresse génoise s'élevait sur une tour carrée qui, de nos jours encore, domine les fortifications que les Russes y ont ajoutées au commencement du dernier siècle. Du haut de cette tour, les sentinelles génoises découvraient une vaste étendue de pays, et observaient, sans les redouter, les mouvements de l'ennemi. La hauteur de ce colosse semble prodigieuse par la disposition des parois qui forment, avec le rocher, des lignes perpendiculaires. De tout côté se présente un abîme_dont_un œil exercé peut seul sonder la profondeur sans redouter ni éblouissement, ni vertige.

On voit également des ruines de forteresses genoises auprès de Sebastopol, de Balaclava, de Panticapée et dans l'île Taman.

La Crimée, depuis sa réunion daus les mains d'un pouvoir homogène commençait à reprendre cette importance politique qui lui avait été enlevée par son démembrement intérieur à l'époque des invasions. Dès 1266, Mangou-Khan l'avait cédée à son neveu, Oran, à titre de fief relevant de la suzeraineté du Kaptchak et lui payant tribut. Cette intempestive émancipation ne fut pas le premier coup porté à la puissance du nouvel empire. Les lieutenants de Tchinghis n'enten

ant plus la voix redoutable du maître, herchaient à se rendre indépendants. [ogaï, le plus célèbre d'entre eux, réussit, grace à la protection de empereur Michel Paléologue, et fut premier chef de ces fameux Tataresogaïs qui passèrent dans la steppe u Kouban et dans la Tauride au comencement du XVIIe siècle. Gênes, heureuse et fière d'avoir quis une colonie aussi importante, purvut à son gouvernement par des is qui témoignaient tout le prix l'elle y attachait. Chaque année elle envoyait un consul choisi dans l'une $ familles génoises les plus consirées. Ce haut fonctionnaire emmeit avec lui un proconsul chargé de remplacer en cas de décès. Le consul ntourait de magistrats et d'employés i tous devaient être Génois. Enfin, métropole institua l'office de Khatria et celui de Campagna. Le preier résidait à Gênes: c'était un vétable ministère des colonies, dont nom seul rappelait la plus impornte des possessions de la république. second était établi à Caffa: il juait les contestations survenues entre Génois et les Tatares; souvent imme ces derniers, pleins de confiance ns son équité, en appelaient à ses cisions pour les différends qui s'éleent entre eux.

Cependant les Vénitiens n'avaient vu d'un œil d'indifférence le déoppement de la nouvelle colonie gése. Le moment vint où leur jaloudut éclater, ne pouvant endurer plus longue épreuve. Ils envoyèdonc, en l'année 1296, vingtgalères qui mirent la colonie à et détruisirent en quelques jours rage de plusieurs années. C'en fait de cet établissement si les ents ne fussent venus au secours vaincus. L'hiver, cette année-là, l'une rigueur excessive; une horfamine désola la presqu'île enà tel point que les Vénitiens, avaient cru prendre possession paradis terrestre, se virent cons d'abandonner leur nouvelle iête, après y avoir perdu le tiers Livraison. (CRIMEE.)

de leurs soldats. Ils avaient jeté les bases de plusieurs établissements sur la côte septentrionale de la presqu'île Trachée, dans la mer d'Azow; on croit y reconnaître, de nos jours, les ruines d'une ville qu'ils y avaient fondée.

Les Génois, rentrés chez eux, s'appliquèrent si bien à réparer les désastres de cette année fatale, que la ville de Caffa se vit, en peu de temps, plus florissante que jamais. Elle avait acquis, en 1318, une telle importance que le pape Jean XXII la choisit pour résidence d'un évêque métropolitain, dont la juridiction s'étendait du Pont-Euxin jusqu'au pays des Russes.

Depuis un siècle le royaume du Bospore n'existait plus. La république de Cherson, abandonnée à elle-même par l'impuissance des empereurs byzantins, avait également subi le joug des Tatares. Ceux-ci et les Génois do minaient seuls alors dans la Crimée. Mais les fiers Liguriens traitaient les descendants des compagnons de Tchinghis avec le mépris que les peuples civilisés témoignent aux barbares, et ces derniers, à leur tour, ne supportaient qu'avec impatience le voisinage de ce peuple marchand qui s'était introduit chez eux à l'aide d'un vil stratagème. La paix, on le voit, ne pouvait être de longue durée; la guerre éclata, en 1342, à la suite d'un meurtre commis par un Génois sur un Tatare. Le khan qui régnait alors dans la presqu'île résolut de tirer une vengeance éclatante de cet assassinat, mais il eut l'orgueil de croire que sa volonté suffirait pour chasser des voisins aussi incommodes; il leur signifia donc d'avoir à évacuer immédiatement tous leurs établissements sur une terre qui n'était point à eux. On devine la réponse des Génois; elle fut telle que le khan ne crut pas devoir user d'une plus grande longanimité. Il s'avanca à la tête d'une puissante armée, et vint mettre le siége devant Caffa. Son espoir de s'emparer de cette ville fut déçu complétement; il ne put ni l'enlever de vive force, ni la prendre par

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difficulté de reconnaître l'emplacement de quelques-unes des villes les plus célèbres de la presqu'île. Théodosie ellemême, emportée dans ce tourbillon des guerres intestines, avait disparu entièrement, ou laissant si peu de vestiges de son existence, que, des l'année 1270, lorsque les Génois eurent fondé sur son emplacement une nouvelle ville, nommée Caffa, leurs historiens prétendirent qu'ils avaient choisi pour cela un lieu désert.

Les Génois et les Vénitiens avaient commencé, dès la fin du XI° siècle de l'ère chrétienne, à tenter quelques opérations commerciales avec les peuples de la mer Noire; les premiers s'étaient particulièrement dirigés vers la Tauride. D'abord ils y échangeaient les marchandises manufacturées de l'Europe contre les blés que cette péninsule produisait en si grande abondance; mais, à la suite des invasions, la décadence de l'agriculture, tout en diminuant les exportations des céréales, ne fit qu'inspirer aux Génois un plus vif désir de prendre un pied à terre sur le littoral de la Crimée, afin de mieux étendre leurs relations dans l'intérieur et de connaître les ressources qu'ils pouvaient en espérer soit en pelleteries, soit en sel, en vins et autres denrées. L'arrivée des Tatares-Mongols leur sembla favorable pour l'exécution de ce projet. Une colonie génoise, sous la conduite de d'Auria (ou peut-être d'un Doria), vint débarquer sur l'emplacement de l'ancienne Théodosie, et obtint du khan des Tatares, moyennant un riche présent, la permission d'y élever quelques magasins pour servir d'entrepôt aux marchandises (1270 après J.-C.). Cela fait, les colons s'étendirent un peu au-delà du terrain qui leur avait été concédé; puis ils firent entendre au khan que la prudence voulait qu'on ne laissât pas ainsi de riches dépôts exposés à un coup de main dans un pays encore infesté par des vagabonds et des pillards. Ils creusèrent donc un fossé; devant ce fossé ils jetèrent quelques pierres, qui finirent par se transformer en bastions; enfin, ils

élevèrent, à la grande mortification du khan, une redoutable ceinture de remparts, et, dans le centre, ils bâtirent Caffa. Le Tatare s'aperçut trop tard de son imprudence; il se plaignit fortement, mais, du haut de leurs remparts, les Génois se prirent à rire en voyant passer cette colère impuissante. Caffa devint bientôt une ville riche et florissante; vingt années lui suffirent (1289) pour s'élever à un tel degré de puissance, qu'elle put envoyer des galeres au secours de Tripoli de Syrie, alors serrée de près par les ennemis de la chrétienté. Non contents de cela, les Génois formèrent des établissements, plus ou moins importants, sur tout le littoral de la Crimée. C'est ainsi qu'on vit paraître Soldaja, près de Soudak, à 45 verstes au sud-ouest de Caffa. En cet endroit, la forteresse génoise s'élevait sur une tour carrée qui, de nos jours encore, domine les fortifications que les Russes y ont ajoutées au commencement du dernier siècle. Du haut de cette tour, les sentinelles génoises découvraient une vaste étendue de pays, et observaient, sans les redouter, les mouvements de l'ennemi. La hauteur de ce colosse semble prodigieuse par la disposition des parois qui forment, avec le rocher des lignes perpendiculaires. De tou côté se présente un abîme dont un œil exercé peut seul sonder la profon deur sans redouter ni éblouissement ni vertige.

On voit également des ruines d forteresses genoises auprès de Sébas topol, de Balaclava, de Panticapée dans l'île Taman.

La Crimée, depuis sa réunion dai les mains d'un pouvoir homogèn commençait à reprendre cette impo tance politique qui lui avait été e levée par son démembrement intérie à l'époque des invasions. Dès 12€ Mangou-Khan l'avait cédée à son i veu, Oran, à titre de fief relevant la suzeraineté du Kaptchak et payant tribut. Cette intempestive ém cipation ne fut pas le premier c porté à la puissance du nouvel emp Les lieutenants de Tchinghis n'en

dant plus la voix redoutable du maître, cherchaient à se rendre indépendants. Nogaï, le plus célèbre d'entre eux, y réussit, grace à la protection de l'empereur Michel Paléologue, et fut le premier chef de ces fameux TataresNogaïs qui passèrent dans la steppe du Kouban et dans la Tauride au commencement du XVIIe siècle.

Gênes, heureuse et fière d'avoir acquis une colonie aussi importante, pourvut à son gouvernement par des lois qui témoignaient tout le prix qu'elle y attachait. Chaque année elle y envoyait un consul choisi dans l'une des familles génoises les plus considérées. Ce haut fonctionnaire emmenait avec lui un proconsul chargé de le remplacer en cas de décès. Le consul s'entourait de magistrats et d'employés qui tous devaient être Génois. Enfin, la métropole institua l'office de Khazaria et celui de Campagna. Le premier résidait à Gênes: c'était un véritable ministère des colonies, dont le nom seul rappelait la plus importante des possessions de la république. Le second était établi à Caffa: il jugeait les contestations survenues entre les Génois et les Tatares; souvent même ces derniers, pleins de confiance dans son équité, en appelaient à ses décisions pour les différends qui s'élevaient entre eux.

Cependant les Vénitiens n'avaient pas vu d'un œil d'indifférence le développement de la nouvelle colonie génoise. Le moment vint où leur jalousie dut éclater, ne pouvant endurer une plus longue épreuve. Ils envoyèrent donc, en l'année 1296, vingtcinq galères qui mirent la colonie à sac, et détruisirent en quelques jours l'ouvrage de plusieurs années. C'en etait fait de cet établissement si les éléments ne fussent venus au secours des vaincus. L'hiver, cette année-là, fut d'une rigueur excessive; une horrible famine désola la presqu'île entière, à tel point que les Vénitiens, qui avaient cru prendre possession d'un paradis terrestre, se virent contraints d'abandonner leur nouvelle conquête, après y avoir perdu le tiers

2 Livraison. (CRIMEE.)

de leurs soldats. Ils avaient jeté les bases de plusieurs établissements sur la côte septentrionale de la presqu'île Trachée, dans la mer d'Azow; on croit y reconnaître, de nos jours, les ruines d'une ville qu'ils y avaient fondée.

Les Génois, rentrés chez eux, s'appliquèrent si bien à réparer les désastres de cette année fatale, que la ville de Caffa se vit, en peu de temps, plus florissante que jamais. Elle avait acquis, en 1318, une telle importance, que le pape Jean XXII la choisit pour résidence d'un évêque métropolitain, dont la juridiction s'étendait du Pont-Euxin jusqu'au pays des Russes.

Depuis un siècle le royaume du Bospore n'existait plus. La république de Cherson, abandonnée à elle-même par l'impuissance des empereurs byzantins, avait également subi le joug des Tatares. Ceux-ci et les Génois dominaient seuls alors dans la Crimée. Mais les fiers Liguriens traitaient les descendants des compagnons de Tchinghis avec le mépris que les peuples civilisés témoignent aux barbares, et ces derniers, à leur tour, ne supportaient qu'avec impatience le voisinage de ce peuple marchand qui s'était introduit chez eux à l'aide d'un vil stratagème. La paix, on le voit, ne pouvait être de longue durée; la guerre éclata, en 1342, à la suite d'un meurtre commis par un Génois sur un Tatare. Le khan qui régnait alors dans la presqu'île résolut de tirer une vengeance éclatante de cet assassinat, mais il eut l'orgueil de croire que sa volonté suffirait pour chasser des voisins aussi incommodes; il leur signifia donc d'avoir à évacuer immédiatement tous leurs établissements sur une terre qui n'était point à eux. On devine la réponse des Génois; elle fut telle que le khan ne crut pas devoir user d'une plus grande longanimité. Il s'avanca à la tête d'une puissante armée, et vint mettre le siége devant Caffa. Son espoir de s'emparer de cette ville fut déçu complétement; il ne put ni l'enlever de vive force, ni la prendre par

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famine; bien plus, la longueur du siége réduisit ses propres soldats à un état de dénûment tef, qu'il vit le moment où lui-même serait forcé de se livrer à discrétion aux assiégés. Alors, il accepta la médiation que Gênes lui offrait en faveur de sa colonie. Une paix hypocrite, fut jurée entre les parties belligérantes les Tatares reconnurent l'existence de droit des colonies liguriennes; les colons, à leur tour, permirent à un préfet tatare de résider à Caffa, pour y régler les affaires de police et de commerce qui concernaient uniquement les hommes de cette nation; ce magistrat devait être choisi par le khan et confirmé par les Génois. Ces conditions furent exécutées durant plusieurs années, quoique souvent aftéréés par des contestations frivoles en apparence, cruelles par les résultats.

Le temps arriva où l'empire du Kaptchak, déja affaibli par la défection de Nogai, allait tomber sous les coups d'un ennemi formidable. Toktamisch régnait en 1406, lorsque Tamerlan vint le renverser du trône. La défection éclaircit aussitôt les rangs des vaincus, et l'on vit surgir de ce démembrement du Kaptchak trois nouveaux états indépendants: le khanat de Kasan, celui d'Astrakan et ceJui de Crimée. Les troubles qui furent la conséquence immédiate de cette dissolution, se manifestèrent avec une - grande violence parmi les Tatares de la péninsule. L'anarchie était à son comble; plusieurs prétendants à la souveraineté s'étaient présentés simultanément, et chacun avait ses créatures. Le sang allait couler, tandis que le peuple flottait encore indécis et consterné. En ce moment critique, un berger, nommé Ghéraï, vient trouver les chefs assemblés, conduisant avec lui un jeune homme de dix-, huit ans, Hadjy, qu'il leur présente comme le descendant de Batou-khan et de Toktamisch. Persécuté par ses parents, ce jeune rejeton d'une race illustre avait dû sa conservation à la pitié de Ghéraï. Les chefs hésitaient sur le parti qu'ils avaient à prendre,

lorsque le peuple s'écria qu'il ne vou lait pas d'autre souverain que le jeune Hadiy. Celui-ci, par reconnaissance pour son bienfaiteur, prit alors le nom de Ghérai, et fut le chef d'une dynastie souveraine qui, depuis l'année 1440 jusqu'en 1783, donna des khans à la Crimée. La famille des Ghéraï, quoique déchue du trône, n'est point éteinte; c'est elle qui fournirait des sultans à Constantinople, si la race de ces derniers venait à manquer. Quant au berger, il fut anobli, et sa descendance est connue dans l'histoire sous le nom de Tschaban-Ghéraï.

1. Hadjy - Ghéraï régna glorieusement jusqu'en 1467. Il eut plusieurs démêlés sérieux avec les colons; it, s'en tira toujours heureusement. Son fils aîné, Nour-Eddaulah, devait lui succéder, mais il fut chassé par son frère Menghely.

II. Menghély-Ghéraï Ier est le plus illustre des khans de Crimée. Il partage avec Mithra-dates l'honneur d'attacher à cette contrée de glorieux souvenirs historiques. Apprenant que son frère s'était réfugié auprès de Ĉasimir IV, roi de Pologne, et qu'il en avait été accueilli favorablement, il craignit que ce monarque, dont il connaissait les liaisons avec le khan du Kaptchak, ne tentât de replacer sur le trône le légitime successeur de Hadjy. Il crut, en conséquence, devoir rechercher l'assistance des Russes, qui obéissaient alors au grand prince Iwan III. Pendant qu'il négociait pour se ménager ce puissant auxiliaire, il éprouva de la part de son plus jeune frère, Hayder, le traitement qu'il avait lui-même fait subir à Nour-Eddaulah. Renversé du trône et ne voyant de salut que dans la protection des Génois, il s'enfuit à Caffa, dont le consul l'accueillit avec bienveillance, et lui assigna Mankoup pour résidence. C'était une forteresse située à douze verstes de Balaclava. Peutêtre Menghély-Ghéraï eût-il terminé dans cet exil son obscure existence sans un événement qui, portant à la fois un coup terrible à ses protecteurs comme à ses ennemis, lui rendit le

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