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Géorgie, et les contraignit à embrasser le christianisme. Mais, en l'année 1220, les Mongols, que conduisaient les généraux de Tchinghis-Khan, entrèrent dans l'Arménie et se portèrent de là vers le Caucase, qu'ils traversèrent en entier, semant partout, sur leur passage, la dévastation et la mort. La vieillesse de George IV fut abreuvée d'amertumes par une suite de malheurs qui offrent peu d'intérêt historique. Il laissa un fils en bas âge, qui régna depuis sous le nom de David IV, et confia sa tutelle à sa sœur Rousoudan. Cette princesse s'empara de la couronne en 1224, au détriment de son neveu. Sous son règne, les Mongols rentrèrent dans l'isthme caucasien, et y causèrent encore une fois d'épouvantables ravages. A dater de cette époque, jusqu'à la fondation du nouveau royaume de Perse (1500 de J.-C.), l'histoire géorgienne se confond avec celle des conquêtes de Tchinghis Khan et de Timour-Lang (Tamerlan). Seulement on voit briller, de temps en temps, quelques beaux faits d'armes inspirés par le désespoir des vaincus. Des succès momentanés laissent aux peuples opprimés le temps de respirer; mais les conquérants ne tardent pas à revenir, grossis et murmurant comme les vagues de la tempête. De 1305 à 1346, plusieurs combats méritent à George VI le surnom de Très-Illustre. En 1388, Tamerlan ravage de nouveau la Géorgie, dont il emmène le roi, Bagrat, prisonnier. Celui-ci feint de se convertir à la religion de Mahomet; il gagne ainsi la confiance du vainqueur, lui demande une armée pour rentrer dans ses états et en appeler les habitants au musulmanisme le guerrier mongol donne dans le piége, et envoie ses soldats à la mort. Furieux ensuite et rugissant comme un lion, il rentre en Géorgie, où, dans trois expéditions successives, il dévaste les villes, les campagnes les monastères; fait couler des flots de sang et ne détruit pas moins de sept cents villages, tandis que George VII, fils et successeur de Bagrat, se cache dans les gorges les plus reculées du

et

Caucase. En 1404, Tamerlan abandonne enfin ce malheureux pays; George descend de ses montagnes, reprend successivement Tiflis et les principales forteresses occupées par les Persans, et vit encore quelques années tranquille et heureux, autant qu'il pouvait l'être au milieu des ruines de sa patrie, encore fumantes du sang géorgien. Dix années après, Alexandre, de la maison de Bagration, réunit sous sa domination tous les pays géorgiens.

De 1500 à 1703, c'est-à-dire jusqu'au règne de Vakhtang VI, le dernier roi de la branche principale des Bagratides, on voit se succéder douze i monarques du nom de David, Louarsab, Simon ou George, tous tributaires de la Perse, quelquefois en état de rébellion, mais toujours victimes des dissensions intestines. En 1618, Chah-Abbas emmène cinq cent mille Géorgiens des deux sexes, et les dissémine sur le sol de la Perse. Les royaumes de Kakheth et de Karthli se forment des débris de celui de Géorgie; puis ils se fondent l'un dans l'autre, se séparent de nouveau et se réunissent encore. Les provinces, à cette époque, étaient administrées par des gouverneurs qui prenaient le titre de Khans. Enfin, Vakhtang VI, qui attacha son nom à un code long-temps vénéré, et l'un des plus belliqueux souverains du Caucase, vient interrompre, par d'éclatantes vertus, cette longue obscurité, jusqu'à ce que, vaincu lui-même et ayant épuisé toutes ses ressources, il se jette dans les bras de la Russie, et se retire à Astrakan, pour y mourir en paix (*).

Depuis long-temps le zèle religieux des Géorgiens et l'horreur que leur inspirait le joug des mahometans les avaient portés à rechercher secrètement l'alliance de la Russie. Cette puissance s'était déja, depuis le règne d'Ivan-Vassilievitch, étendue jusqu'au pied du Caucase, et, dès l'année 1555, plusieurs tribus tcherkesses avaient

(*) Pour quelques Orientalistes, ce prince n'est que le cinquième de son nom.

reconnu son vasselage.' En 1586, un roi de Kakéthi se mit sous la protection du czar Fodor, et trois ans après, une ambassade géorgienne vint implorer son secours contre les Turcs. Cet

événement se renouvela souvent et inspira aux Russes cette convoitise des provinces caucasiennes qu'ils ont, depuis, si largement satisfaite. En 1722, Pierre-le-Grand traverse le dé

filé de Derbent, et vient assiéger le vieux Chamacki, où des sujets de son empire avaient été lâchement assassinés par les Persans. Un traité lui assure la possession des provinces qui bordent la mer Caspienne; mais quelques années après, elles sont rendues à Nadir-Schah. Enfin, arrive le règne d'Héraclius, deuxième du nom. Si la dignité de l'histoire nous permettait de reproduire ici une expression devenue proverbiale, nous dirions que ce fut le commencement de la fin. Heraclius, voulant se soustraire à la domination des Persans, se constitua vassal de Catherine II, par le traité de Gheorgiewsk (24 juillet 1783). Douze années après, une armée persane vient ravager ses états pour punir cette désertion; Aga-MohamedKhan s'empare de Tiflis, l'abandonne au pillage, met tout à feu et à sang, et emmene vingt mille prisonniers. Héraclius ne reçoit de la Russie que d'impuissants secours ; il meurt (1798) accablé de chagrins et de regrets. Son fils George n'a pas un règne plus tranquille. Constamment occupé à guerroyer contre les montagnards lesghis et les Persans, il implora la protection de l'empereur Paul I, et mourut avec la certitude qu'il était le dernier roi de Géorgie. La reine Marie, sa veuve, voulut d'abord s'opposer aux prétention des Russes; on dit même qu'elle fi poignarder un officier supérieur que le général Tzitzianoff avait chargé de la conduire à Moscou. Enfin elle se rendit, et son fils David, ayant peu après (1800) fait une entière cession à l'empereur Alexandre de l'héritage de ses pères, tous deux se retirèrent à St-Pétersbourg. A dater de cette époque, la Géorgie de

vient une province russe; elle n'est plus du domaine de l'histoire.

chrétienne, et appartiennent, pour la Les Géorgiens professent la religion plupart, à l'église grecque orthodoxe. Dans cette nation, les hommes sont grands et robustes; ils ont l'humeur guerrière et quelquefois farouche; ils sont intelligents, hospitaliers, mais ignorants et peu affables. Leurs femmes ont des traits délicats et réguliers, le regard doux, la taille élancée et la peau blanche. Leur beauté leur a de A l'époque où les provinces du Cautout temps valu une grande célébrité. case n'étaient pas sous la protection de la Russie, les Géorgiennes peuplaient les harems de l'Orient, et partageaient avec les Circassiennes l'hon

neur de donner des souveraines à l'Asie.

Les belles-lettres ont été cultivées avec quelque succès par les Géorgiens. La traduction de la Bible, qui remonte au VIII siècle, est restée le premier et le plus beau monument du pur idiome de ce peuple. Les rois de ce pays envoyaient ordinairement quelques jeunes gens choisis s'instruire dans les écoles d'Athènes; aussi les mythographes grecs, les ouvrages de leurs anciens philosophes et ceux des Pères de l'Eglise, ont-ils été traduits en géorgien. Plus tard, des rapports suivis avec les musulmans de l'Arabie et de la Perse amenèrent dans la littérature du Caucase une invasion du goût de ces peuples. Au XVIIIe siècle, les dynasties royales des Moukraniens et du Kakheth produisirent les littérateurs les plus distingués. La traduction de la Bible, revue et complétée par les soins de trois rois, fut imprimée à Moscou, et plusieurs des meilleurs ouvrages français du siècle de Louis XIV obtinrent le même hon

neur.

La langue géorgienne, dont la plus belle époque date du règne de Thamar, tient, par la ressemblance d'une grande partie de ses mots, aux idiomes persan et arménien. Sans être rude la prononciation, elle est so

nore et abondante en articulations fortes (*).

La population de la Géorgie, dans ses limites actuelles, s'élève à 400,000 individus environ, et se compose d'indigènes, d'Arméniens qui fuyent devant la persécution mahométane, de Juifs, de Kourdes, de Tatares, de Persans et de quelques Turcomans, dans le district de Bortchalo. Les Arméniens ont, en quelque sorte, le monopole du commerce, les Georgiens se livrant de préférence à la culture des terres.

Outre les vignobles du Kakethi qui fournissent à la Géorgie tout le vin nécessaire à la consommation, on cultive, dans les trois provinces de l'ancien royaume, la garance, le mûrier, les céréales et surtout le riz. Le Karabagh est renommé pour sa belle race de chevaux persans. Les moutons sont fort nombreux dans toute la contrée; les bœufs, les cochons, et généralement les animaux domestiques de l'Europe font partie de ses richesses agricoles.

Tiflis, que traverse le Kour, ou Cyrus, est encore la ville la plus importante de la Géorgie moderne. (Voy. la pl. 4.) Prise et saccagée plusieurs fois, notamment en 1796, elle a été reconstruite avec goût. Elle se divise en ville vieille, sale et tortueuse, et en ville neuve, dont les rues n'ont pas moins de 60 pieds de largeur; les maisons y sont construites en briques, et surmontées par de grandes terrasses sur lesquelles les femmes aiment à se rassembler dans les belles soirées d'été. On y voit les dames âgées causer entre elles et prendre des rafraîchissements, tandis que les jeunes filles dansent au son de la guitare ou du tambour de basque. (Voy. pl. 11.)

On remarque à Tiflis de belles places, (*) Nous devons à l'obligeance de M. Brosset, auteur de plusieurs ouvrages de philologie géorgienne, la communication de quelques notes intéressantes sur la langue et la littérature de la Géorgie.

Voyez aussi les divers fragments insérés dans le Journal asiatique, et surtout les savants écrits de M. Klaproth.

de vastes caravansérails, des hôpitaux, une cathédrale et un jardin botanique. Sa population, composée d'indigènes, d'Arméniens, de Russes, de Juifs et de Persans, peut s'élever à 30,000 ames. Le choléra-morbus y a fait plusieurs fois d'assez grands ra

vages.

L'abondance des marchandises de toute nature et de tout pays, la variété des costumes orientaux, le passage des chameaux et des chevaux, donnent à Tiflis un aspect pittoresqué et animé, que les étrangers ne peuvent se lasser d'admirer.

Mtshetha, dont l'origine se perd dans les traditions bibliques, est aujourd'hui presque entièrement ruinée, à l'exception de la cathédrale et de la forteresse; sa population ne dépasse pas 1000 à 1200 ames.

Gori est situé à 20 werstes N.-O. de Tiflis, sur la Pchiani, à peu de distance du confluent de cette rivière et du Kour; cet emplacement rappelle l'ancienne Gorsenna. C'est la seconde ville du royaume, sous le rapport de la population et du commerce; on y voit huit églises, dont une appartient au rit catholique.

Souram, dans le Karthli, est remarquable par la beauté du pays environnant. Le château est situé sur une montagne élevée, d'où la vue peut plonger dans les étroites vallées qui conduisent en Iméréthi. (Voy pl. 10.) A une werste de Souram, un groupe de cabanes, entourées de peupliers, sert à la quarantaine des voyageurs qui viennent d'Akaltzike.

Rouissy est un petit village de Karthli, que nous mentionnons pour signaler une église d'une architecture élégante, dont l'origine remonte au moyen âge. (Voy. le n° 2 de la pl. 1.)

Elisabetpol, capitale du khanat de Gandjah, est déchue de son ancienne prospérité, bien qu'elle compte encore 12,000 habitants; les vastes solitudes qui l'entourent sont remarquables par des ruines immenses et d'intéressantes antiquités. De ce nombre est la colonne de Chamkhor, dont on ignore à la fois l'origine et l'usage primitif. Elle

est construite en briques rouges, posées par assises régulières; sa hauteur est d'environ 200 pieds. On y remarque une galerie extérieure, à laquelle conduit un escalier en spirale.

La Géorgie ottomane a été enlevée dernièrement à la Turquie; nous mentionnerons, dans cette province, Akhaltzikhé, ville importante et très-peuplée, où l'on trouve une bibliothèque, un collége, et la belle mosquée d'Ahmed, construite sur le modèle de Sainte-Sophie de Constantinople.

Dans l'ancienne Albanie, qui forme aujourd'hui le Daghestan méridional, on remarque Derbent, dont nous avons déja parlé sa population est de 8000 habitants; l'ancienne Kouba, que l'insalubrité de son climat fait abandonner peu à peu par tous ses habitants; la nouvelle Kouba, située à peu de distance; Koura, où réside le Khamoutai-Khan, sorte de prince brigand, qui reçoit un tribut de la Russie; Yarsi, où demeure le kadi du Tabasséran, autre chef d'une population féroce, qui n'est soumise à la Russie que nominalement, et dont le chef est même pensionné par cette puissance; Barchly et Tarkou servent également de repaires à des Khans ou Tchamkals, que la Russie est obligée de stipendier pour préserver ses sujets de leur brigandage. Chacun de ces petits souverains peut mettre de 6 à 8000 hommes sur pied. Voilà, à notre avis, la véritable position sociale qui sert de transition entre le voleur de grand chemin et le conquérant à la manière d'Alexandre. Ces nations appartiennent, par la naissance et la langue, aux Tatares, aux Kalmouks et aux Cosaques.

Dans le Chirvan, province située au sud du Daghestan, les usages se rapprochent beaucoup des mœurs persanes. Les harems musulmans y sont alimentés par des esclaves circassiennes et de jeunes et belles bayadères tatares. Les villes les plus remarquables sont le vieux et le nouveau Chamacki, Bakou et Salian. Le vieux Chamacki est une ville célèbre dans la mémoire des peuples caucasiens; elle fut jadis l'en

trepôt du commerce de l'Orient. Ses ruines imposantes, ses vastes caravansérails, ses palais, et l'heureux choix de sa position, attestent son ancienne opulence, ainsi que l'industrie qui distinguait ses 100,000 habitants. Détruite et dépeuplée par les Turcs, les Mongols et les Russes, elle fixa, en 1820, l'attention du général Yermoloff, qui s'occupa sérieusement à relever ses ruines. Cette louable entreprise a été couronnée d'un plein succès, et tout présage au vieux Chamacki une ère nouvelle de prospérité.

Nous avons déja parlé de Bakou au sujet des fameux puits de naphte. Son port est le plus fréquenté de la mer Caspienne. La pêche des phoques se fait sur une île située à quelques lieues seulement; elle donne chaque année de 5 à 6000 individus. La soie, le safran, le riz, la garance et le sésame constituent les ressources agricoles des environs de Bakou, et généralement du Chirvan.

Salian est une petite ville qui tire de la pêche toute sa richesse : elle est située dans un angle que forment deux bras du Kour. Au-delà de ce fleuve, en allant au S.-E., commence le désert de Moghan.

Sur la route militaire, qui de Tiflis mène à Mosdok, on trouve, au-delà de Mtsketha, Ananour, petit bourg de 2 à 300 habitants, où les voyageurs font quarantaine avant d'entrer en Géorgie; Kasbek, où réside le chef des Össètes (*); Dariel, forteresse qui donne son nom au défilé; Vladikawkas, d'origine moderne, résidence du gouverneur de la province du Caucase; Mosdok, ville commerçante, et forte station militaire; et, enfin, plusieurs villages et quelques stanitza de Cosaques.

PAYS DES MONTAGNES.

Nous comprendrons d'abord, dans cette section, deux peuples qui ont entre eux les plus grands rapports,

(*) La planche septième est une vue du mont Kasbeck, ou Mqinwari, autrefois rocher de Prométhée.

lés Abases et les Tcherkesses. Chacun d'eux, vivant en aristocratie militaire, ou plutôt disséminé en républiques féodales, présente le curieux spectacle d'une nation qui a bravé les conquérants et traversé les siècles, en conservant la physionomie de l'état social primitif, les mœurs belliqueuses, le mépris de la propriété, le penchant au vol, les relations du maître avec ses esclaves, et, sur toutes choses, le respect le plus profond pour les droits de l'hospitalité.

ABASES.-L'Abasie se divise en deux régions, la grande et la petite. La Grande-Abasie forme le littoral de la mer Noire, en remontant vers le nordouest, depuis la limite de la Mingrélie jusqu'à la ville d'Anapa, enlevée dernièrement aux Turcs. La Petite-Abasie est comprise dans les régions supérieures entre la rivière Malka et le Kouban, à l'endroit où ces deux courants d'eau prennent leur source. La première fut fréquentée, dès la plus haute antiquité, par les navigateurs grecs, et, plus tard, par les Romains. Là étaient les Zykhes (Zycs), les Achæens, les Kerketes, les Sanniges, et quelques autres qui se sont fondus dans les deux groupes qui font l'objet de cet article. Peut-être les Grands-Abases sont-ils les descendants des Égyptiens qui vinrent en Colchide sous la conduite de Sésostris: c'est du moins ce qu'on pourrait arguer de leur constitution physique. Ils ont la tête comprimée, le bas du visage court et le nez saillant.

Les Géorgiens donnent aux Abases le nom d'Abkassi; plusieurs géographes appellent leur pays Abkassie, et même Avogasi; eux-mêmes, enfin, prennent le nom d'Abzné.

Ce peuple est fort ancien dans le Caucase. Il fut autrefois soumis tour à tour aux Lazes, aux Géorgiens, aux Romains, aux Mongols et aux Persans, ou plutôt il fit alternativement, avec chacune de ces nations, ces traités hypocrites que le plus faible reçoit du plus fort, avec la condition tacite de les fouler aux pieds à la première occasion. L'an 550, sous l'empereur Jus

tinien, les Abases furent convertis au christianisme. Les Turcs ont essayé maintesfois depuis de les amener à leur culte. Il en est résulté qu'ils ne sont ni chrétiens, ni mahométans, leur religion se bornant à quelques pratiques superstitieuses, au milieu desquelles on retrouve les traces imparfaites qu'y ont laissées les missionnaires de l'Evangile et ceux du Koran. Du temps du Bas-Empire, le zèle pieux des chevaliers de la chrétienté et l'ardeur entreprenante des peuples commercants attirèrent à la fois chez eux des Francs et des Génois, dont ils ont conservé le souvenir. Ils montrent encore de vieilles églises élevées par les premiers, et même des épées et autres armes qui appartiennent à l'époque des croisades. Il est possible aussi que ces objets aient été apportés chez eux par les Arabes, qui les avaient enlevés aux prisonniers chrétiens. Quant aux Génois, leur nom, légèrement altéré, s'est conservé dans cette contrée, où les habitants aiment à parler des Djenovés, mot qui se rapproche trop de l'italien genovese pour qu'on puisse s'y méprendre.

Les Abases vivent dans un état perpétuel d'hostilité avec leurs voisins les Russes de Soudjouk-Kalé et les Mingréliens; mais ils n'ont pas d'ennemis plus redoutables que le peuple avec lequel précisément ils sembleraient devoir le plus sympathiser, les Tcherkesses. Ceux-ci, qui les traquent dans les forêts comme des bêtes fauves, ont pris sur eux un si grand ascendant moral, que l'Abase se considère presque comme l'esclave né du Tcherkesse.

La Russie entretient une croisière sur les côtes abasiennes; ce qui n'empêche pas ces incorrigibles forbans de se risquer en mer sur des bateaux longs et plats, semblables aux cameræ des anciens Goths, et de courir sur les navires marchands que le calme a surpris dans les parages de cette mer toujours inhospitalière.

Les femmes abases sont fort belles; elles allaient autrefois alimenter les marchés d'Anapa et de Tiflis, où les

3 Livraison. (CIRCassie et Géorgie.)

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