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Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la communauté de Gérardmer fut administrée par un maire, assisté d'un conseil, analogue au Conseil municipal.

Ce Conseil était composé d'un nombre de membres variant de 6 à 13. Les conseillers portaient le nom de jurés ou d'élus; ils étaient choisis parmi les notables de la communauté et renouvelés tous les ans, par l'assemblée des principaux habitants qui se réunissait, à la sortie de la grand'messe du dimanche, devant la « maison commune, » l'hôtel de ville de l'époque (2).

Le Conseil de la communauté désignait un greffier (3) pour tenir registre de ses décisions. Ce registre s'appelait << Registre des Résolutions faictes par les sieurs maire, gens de justice et jurez de la communauté de Gérard

(1) Voir dans le Bulletin de 1892-93 l'Introduction et les deux premières parties. (2) En 1732, les jurés étaient T. Martin. - J.-B. Martin. - N. Martin.

- Denyot. - Michel. Pierrot. Bresson.

Viry.

Gégoult. Gley. - Claudel. Coultret. Gérard.

(3) L'usage a conservé de nos jours le nom de greffier aux secrétaires de mairie. La charge de greffier et de tabellion communal fut héréditaire dans les familles Claudel. Gérard. Paxion.

mer. » Les Registres des Résolutions sont conservés aux archives communales depuis 1693.

Un agent financier était adjoint à la municipalité; dès le commencement du XVIIIe siècle il s'appelait le comptable; en 1738 il fut remplacé par le syndic, fonctionnaire analogue aux receveurs municipaux actuels.

Enfin le Conseil de la communauté comprenait en outre une sorte d'huissier, l'échevin municipal.

L'assemblée de la communauté s'occupait de toutes les questions qui intéressaient la bonne administration du pays, et on peut ajouter qu'elle s'en occupait avec beaucoup d'intelligence.

C'était elle qui nommait tous les fonctionnaires municipaux, nombreux comme on va le voir.

Il y avait les commis ou collecteurs d'impôts, chargés de lever les impôts; les employés de la capitation, qui levaient l'impôt par tête; les asseyeurs, qui asseyaient, répartissaient les impôts; les jurés, qui partageaient avec le maire les droits de police et d'administration générale; les chaptolliés ou fabriciens, qui tenaient les comptes de la fabrique.

Elle désignait également les fonctionnaires subalternes comme les forestiers, les pastrouilleurs, les visiteurs de taverne, chargés de la police des cabarets, les bangars ou gardes-champêtres (banvouds dans le patois du pays); les porteurs de pain bény et ceux qui étaient chargés d'empêcher le scandale pendant la messe paroissiale.

C'était l'assemblée communale tout entière qui désignait ces fonctionnaires. La formalité à laquelle donnait lieu leur nomination, se bornait à inscrire, annuellement, sur le registre des délibérations de l'assemblée, la mention suivante: Liste de ceux qui sont choisy pour porter la charge de commis, de bangar, etc.

Généralement, en raison même de l'étendue de la com

munauté, la liste portait une douzaine de noms pour chaque fonction (14 pour les bangars).

Elle se terminait par cette formule : Tous les particuliers ci-dessus qui ne remplissent pas bien leur charge, sont condamnés à une amende de 5 francs.

L'assemblée communale nommait aussi, avec l'agrément du curé, le MAITRE D'ÉCOLE. (Voir Instruction).

Nous examinerons plus loin, en détail, les attributions des principaux de ces fonctionnaires municipaux.

L'assemblée municipale s'occupait de l'administration des biens communaux; nous avons vu (Acensements) avec quel soin jaloux elle surveillait ses terrains et l'énergie avec laquelle elle défendait ses droits; c'était elle qui affermait les propriétés communales (moulins, scieries), établissait les bannies, répartissait les affouages, fixait les limites de la vaine pâture.

Elle s'occupait activement de l'entretien et de la réparation des chemins, des ponts et de la police intérieure. Les étrangers qui voulaient usurper le droit de bourgeoisie à Gérardmer, étaient, nous l'avons dit, fort malmenés.

Enfin c'était l'administration communale qui présentait aux ducs les suppliques intéressant les habitants; ces requêtes, à formule stéréotypée, commençaient presque toujours ainsi : AS. A. R. le duc de Lorraine, supplient (ou remontrent) très humblement les habitants et manants de Gérardmer. Invariablement dans ces requêtes, demandant, pour la plupart, une réduction d'impôt ou une exonération de taxe, les pétitionnaires rappelaient la stérilité de leur pays, sans ressources en dehors du pâturage, de l'élevage du bétail et de la fabrication des fromages; si bien que les ducs de Lorraine, persuadés de la prétendue misère des habitants de Gérardmer, leur accordèrent beaucoup de franchises et de faveurs.

Dans les grandes circonstances, quand il s'agissait d'un évènement qui intéressait toute la communauté, les habitants se réunissaient en grand nombre à la maison commune et prenaient, à l'unanimité, une résolution que signaient les membres présents..... quand ils pouvaient signer.

La résolution de 1713, qui porte 226 signatures, croix et marques, est une énergique protestation contre les usurpations de terres acensées (1).

Celle de 1718, relative aux préparatifs à faire pour ériger une nouvelle église, porte 155 signatures et croix (2).

FONCTIONNAIRES MUNICIPAUX

1o Maire. Le maire était choisi parmi les « hommes les plus anciennement mariés de la commune et sans reproche. » La charge de maire était annuelle; on nommait le maire « au plaid annal » qui était tenu à Vagney par les représentants du duc et de l'abbaye de Remiremont. Le maire sortant faisait une sorte de rapport sur sa gestion, et son successeur prêtait serment entre les mains du prévôt d'Arches et du lieutenant de l'église Saint-Pierre de Remiremont.

Le maire exerçait gratuitement ses fonctions; seulement toutes les fois qu'il faisait un voyage pour la communauté ou passait ses journées à surveiller, soit des travaux communaux, soit l'acensement des terres, soit la délivrance des affouages, il lui était payé une somme variant de 2 francs à 3 francs par jour.

La charge de maire fut toujours considérée comme un grand honneur, à tel point qu'en 1696, un sieur Claude

(1) Archives communales D. D. I. (2) Id. D. D. XII.

Bexon prétendit « escamoter l'office de maire perpétuel (1). »

Dès 1720, on rencontre dans les registres l'expression de maire « moderne, » elle signifie « maire actuel, » par opposition à « maire ancien. »

Voici comment se faisait l'installation du maire moderne (2).

Par devant nous Léopold, Barron De Lamarre, conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel au bailliage royal de Remiremont, officier du roi.

...

J.-B. Noël, avocat en la cour, officier de l'insigne église et Chapitre Saint-Pierre de Remiremont, et Me Andreu, partie publique (pour le roi et le Chapitre).

...

Sont comparus les habitants et sujets communs de la paroisse de Gérardmer par N. Pierrat, leur maire sortant, lequel nous a présenté J.-L. Viry pour porter la charge de maire au dit Gérardmer; Viry a volontairement accepté cette charge, en a pretté le serment entre nos mains au cas requis et a promis de bien et fidellement en faire les devoirs...

...

Nous avons ordonné au dit Joseph Viry, maire moderne de Gérardmer, de remettre au greffe du siège, dans la quinzaine, un rôle contenant les noms et dénombrement des sujets de la communauté, de même qu'un rôle des nouveaux entrans et cabaretiers.

Le maire sortant nous a présenté le registre des rapports de justice faits à Gérardmer pendant le courant de l'année dernière, pour être les amandes par nous échacquées (acceptées pour un chiffre de).

...

Le registre contenant les rapports avec l'échacque (21 68 8d.), a été remis au maire moderne pour faire lever les amendes qu'il a payées à l'instant. Le maire sortant nous a présenté, pour greffier de la communauté, A. Gegout, qui a volontairement accepté cette charge et en a prêté le serment entre nos mains...

Maires de Gérardmer (1626-1816).

Toutes les fois que nous avons eu occasion de le faire,

(1) Archives communales B. B. II. Il fut poursuivi de ce chef. (2) B. B.II. Acte du 26 Septembre 1774.

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