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Un gouffre est l'héritier avare
De ton peuple et de tes palais.
Tu n'es, à la vue alarmée,
Qu'une solitude enflammée

Que parcourt la mort et l'horreur :
Un jour, les siècles en silence,
Planant sur ton cadavre immense,
Frémiront encor de terreur.

Tel un sapin dont les ombrages
Couronnaient la cime des monts,
Dévoré du feu des orages,
Tombe et roule dans les vallons;
Il tombe! les forêts voisines
Redisent long-temps aux collines
Sa chûte et la fureur des cieux :

Les vents en dissipent la poudre,
La seule trace de la foudre
Le rappelle encore à nos yeux.

Par le C. LE BRUN.

AU PREMIER CONSUL

BONAPARTE.

On dit que d'Apollon la lyre vous enchante;
Et vous la préférez aux trésors de Plutus.
Un héros, ami des vertus,

Aime le talent qui les chante.

Par le C. DESAINTANGE.

COUPLETS.

Trouvés dans le berceau de l'orphelin, recueilli par S. A. R. madame la princesse Louise de Prusse, princesse de Radziwill. En février 1801, (Berlin.)

A peine aux rayons du matin,
Tendre fleur, je venais d'éclore,
Le bras rigoureux du destin
Déjà menaçait mon aurore :
Presque en naissant j'allais périr,
Proscrit par la nature entière:
Quelle main viendra secourir
L'enfant qu'a délaissé sa mère?

C'est la vertu, l'humanité,
C'est la céleste bienfaisance,
Qui, sous les traits de la beauté,
A ranimé mon existence :
Louise à l'orphelin en pleurs
Offre un asile tutélaire ;

Elle m'ouvre ses bras sauveurs,
Et je retrouve une autre mère.

O vous, dont les tendres secours
A mon malheur donnent des charmes,
Hélas! des auteurs de mes jours,

Par pitié, respectez les larmes :

Peut-être un fantôme d'honneur Vous cache le nom de mon père; Mais, j'en appellé à votre cœur, Plaignez sur-tout ma pauvre mère.

Avec trop de sévérité

Ne condamnez pas sa faiblesse ;
L'inflexible nécessité

M'arracha seule à sa tendresse:
J'ai vu ses pleurs et ses sanglots,
Ses tourmens, sa douleur amère;
J'entends encor ses derniers mots :
«Que le ciel te donne une mère ! »

Calme l'horreur de tes regrets,
Infortunée; oui, je respire :
Mais ne connaitrai-je jamais
Tes caresses et ton sourire ?
Ah! viens en secret quelquefois,
Expiant ton erreur première,
Baiser la main à qui tu dois

Le bien si doux d'être encor mère.

Louise, ô mon auguste appui!
Dans les cris de ma faible enfance
Vous entendez, dès aujourd'hui,
L'accent de ma reconnaissance :
A vos dons daignez ajouter
Une faveur pour moi bien chère :

Qu'il me soit permis de porter
Le nom de ma seconde mère. (1)

Par le C. BIGNON.

ÉPIGRAMM E.

DAMON, chez la docte Emilie,
Défendait chaudement les écrits de Mercœur,
Et s'écriait : C'est en vain que l'envie
A les déprécier s'acharne avec fureur.
Malgré les traits de la critique,
Par-tout on les voit circuler.

Je peux, répond quelqu'un, savamment en parler;
Depuis long-tems, dans ma boutique,

Des ouvrages nombreux qu'il a fait publier
Je débite par jour au moins un exemplaire.
Eh bien! repart Damon, on voit si j'exagère,
Et l'on peut sur ce fait à monsieur s'en fier;

Car monsieur, sans doute, est libraire?
-Non, monsieur; je suis épicier.

Par le C. GOBET.

(1) La princesse Louise a effectivement fait donner son nom à sa fille adoptive. On avait trouvé dans les langes les deux lettres initiales S. B. que l'on a traduites ainsi, Esbé. L'enfant porte les trois noms suivans, Louise Malving Esbé, (Note de l'auteur.)

VERS ANACRÉONTIQUES.

LES

Es fleurs nouvellement écloses
On encor pour moi des appas :
Éloignez ces cyprès, approchez-moi ces roses,

Disait le vieillard Philétas.

Chers enfans, conduisez mes pas

Aux treilles de Bacchus, aux rives du Permesse,
Quelquefois même aux bosquets de Paphos.
La vieillesse est un doux repos;

Mais il faut l'animer : les jeux de la jeunesse,
Ses plaisirs, ses rians

propos,

Émousseront pour moi le ciseau d'Atropos.
Je jouirai d'un jour de fête;

Des lilas de Tempé, des pampres de Naxos,
On y couronnera ma tête.

Vieillards, fuyez les tranquilles pavots; Chantez Bacchus, l'Amour, et le dieu de Délos. Songez que sur le tems et sa faux qui s'apprête, Un jour heureux de plus est un jour de conquête, Et le prix des plus longs travaux.

Par feu TRESSAN.

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